Articles de barbaraburgos
Des haies sans houx*
Les arbres poussent plus haut
Que la limite autorisée
Ils dépassent ils dépassent
Ils vont percer le ciel
Du bout de la branche la plus élevée
Peut-être crever les nuages
Alors l'eau se mettrait à dégringoler
Un déluge incontrôlable
Une fin du monde assurée
C'est pourquoi il faut tailler
Tout ce qui dépasse
La limite autorisée
Les plus hautes branches
Des arbres qui prennent leur liberté
Ceux qui taquinent les nuages
Sans vouloir les faire pleurer
Leur rêve, atteindre les étoiles
Ne plus avoir de limite imposée
Quelle drôle d'idée pour un arbre
De devenir une haie
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Ici, ailleurs
Quand je suis ici
Je rêve d'ailleurs
Quand je suis ailleurs
Je voudrais revenir
Quand je reviens
Je prends un billet pour plus loin
Il semblerait
Que cette insatisfaction
Ne soit définie
Ni par la destination
Ni la distance
Ni le lieu de résidence
Plutôt un manque d'apaisement
Intérieur
Une peur ?
Ou un besoin incessant
De renouveau
Une envie de découvrir
Ce qui est beau
Ailleurs est un peu plus loin
Qu'aujourd'hui
Qui lui-même demain matin
Aura fui
A quoi servent tous ces repères
Temporels
A calculer les horaires
De tous les trains ?
Tandis que je rêvais d'ailleurs
Le train lui a déraillé
Adieu la valise
Et les projets
Des pas
Des petites vies très bien réglées
Pas de faux pas ni sur le côté
Aucune surprise
Aucune bévue
Même l'imprévu est programmée
Le mur d'en face
Pour horizon
La petite lucarne
En guise d'évasion
Des petites vies très bien réglées
Pas de pas de deux ni pas chassé
Aucun écart
Aucune fantaisie
Même l'inconnu est devancé
La rue d'en face
A traverser
Seule aventure
De la journée
Pendant ce temps d'autres rêvent d'ailleurs
De changements dans le décor
De petites vies plus en couleur
De pas à deux ou pas chassé
Imaginer plus loin que le mur d'en face
Un horizon plus dégagé
Que le passage piétonnier
Chacun choisit de traverser
Soit sur les traits soit à côté
Certains ont besoin de plus d'espace
D'un sentiment de liberté
D'élargissement du champ de vision
Leur principale source d'angoisse
Réside dans la rue d'en face
Dans une petite vie trop bien réglée
Où chaque détail est programmé
Chacun choisit sa propre cadence
Le pas de l'oie ou le pas de danse
Maudit soit-il
Je Mallarmé de ne pouvoir écrire mon billet en temps et en heure, lorsque je vis un arc-en-ciel dans le ciel gris. Oh un Rimbaud me dis-je car je me parle souvent anglais. C'est Baudelaire coloré, c'est plus joli que de l'air transparent. De même qu'un Prévert est plus inspirant qu'un pré bleu. Et tout dépend de quel sens vient le Vian, vent d'est ou vent d'ouest. Si l'un est à l'océan, Lautréamont pellier, le nuancier sera différent. Inutile de tourner autour du Poe, hier en un battement de paupière s'est transformé en à présent, j'avais donc bien raison de Mallarmé
Paille
Les pieds dans l'eau
Le clapotis
Chapeau de paille
La poésie
Les oiseaux
Les pieds dans l'eau
Le papotis
Cocktail à la paille
Les amies
Les roseaux
Les pieds dans l'eau
La nostalgie
Un feu de paille
Les oublis
Les photos
Les pieds dans l'eau
L'embellie
Fétu de paille
Les après-midi
Les bientôt
Star system
Je n'entrerai jamais dans la Pléiade
C'est un fait
J'avais pourtant rêvé de côtoyer les étoiles
M'envoler
Chaque jour j'essaie de gravir une marche
M'élever
Un peu plus haut que le plancher des vaches
Sans succès
C'est que je ne suis pas légère légère
Je le sais
Il faut trouver des subterfuges
Des secrets
Pour espérer caresser les sommets
Avec grâce
Car il advient que parfois se cassent
En chemin
Les espoirs comme de fragiles glaces
Sans tain
Pourtant des reflets dans la mare
Au soir
Disent qu'il est encore temps
De croire
Même si ce n'est pas l'océan
Le miroir
J'ai remisé les instants de gloire
Au grenier
Je n'entrerai jamais dans la Pléiade
Qui sait ?
Livrez-vous
Le livre est un objet intime.
Le premier contact est visuel, "eyes contact" en bon français ! On se laisse séduire par sa présentation, son titre, son caractère d'écriture, son illustration. On le prend alors en main. On le touche, on évalue sa forme, le grain de son papier, on le retourne pour découvrir la quatrième de couverture. On le feuillete, on hume ses parfums.
Puis on entre dans le vif du sujet, première ligne, on s'imprègne peu à peu, on le savoure, on le déguste.
Le livre alors pénètre l'âme, il se laisse caresser, parfois maltraiter. On tourne ses pages en mouillant son doigt du bout des lèvres.
Il partage souvent notre lit , se cache dans les draps, nous accompagne dans nos rêves les plus secrets.
Une fois l'acte de lecture terminé, on se sent plein et vide à la fois. On le pose amoureusement sur sa table de chevet pour avoir à portée de main le plaisir de le reprendre.
Lire, s'émouvoir, frissonner, tressaillir, réfléchir, rire, pleurer...
Peinture
J'écris des natures mortes
Détails immobiles dans le décor
Quand tout bouge trop vite dehors
Le besoin de se recentrer
Sur un point fixe, une métaphore
De l'errance à la mélancolie
De l'agitation à l'absence de bruit
La nature morte s'exprime en silence
La nature morte n'en demeure pas moins vivante
A la fois permanence et instant
Une coupe de fruits
Porcelaine blanche
Dentelée
Sur un buffet en pin ciré
Une orange, un citron, une pomme rouge
Quelques noix autour
Le petit matin diffuse une lumière de velours
Chaque jour est fait de drame ou de beauté
De grandeur de décadence
Le plus souvent de petits riens
Du quotidien
Une coupe de fruits immobile
La porcelaine est imputrescible
Son contenu promis au déclin
J'écris une nature morte
Aujourd'hui, à cette heure
Pour me souvenir de ces fruits
De leurs contours
Dans le petit matin d'une lumière de velours
Voir la mer
Voir la mer voir la mer
Depuis un belvédère
Oublier oublier
Ses repères
Goûter l'air goûter l'air
L'atmosphère
Le vent du Nord
Soulève les poussières
Voir la mer voir la mer
Depuis un promontoire
Observer observer
Ses espoirs
Naviguer naviguer
Vers le large
Le vent salé
Transporte les messages
Voir la mer voir la mer
Prendre de la hauteur
Inspirer inspirer
L'oxygène iodée
S'envoler s'envoler
Sur un nuage
Admirer admirer
Les couleurs les reflets
Le rivage
Reverso
Frühjahrsmudigkeit n'est pas le nom d'un volcan islandais ou d'un plat au menu d'un restaurant suédois, c'est un mot, composé de frühjahrs qui signifie printemps et müdigkeit, fatigue, en allemand.
Il existe tout un tas de mots intraduisibles en français, comme Iktsuarpok un mot inuit qui exprime le sentiment d’anticipation qui pousse à regarder autour de soi quand on attend quelqu’un qui n’est pas encore là.
Voorpret est un mot néerlandais qui signifie éprouver du plaisir avant de prendre du plaisir à faire quelque chose, par exemple prendre du plaisir à anticiper un voyage. Ça me rappelle un souvenir d'enfance ou pendant une année entière, avec mon amie Isabelle nous avons imaginé un pique-nique idéal à 200 mètres de chez nous. Nous avions 6 ans et bien évidemment pas la permission de partir seules. Nous l'avons fait des années après mais rien ne fut jamais aussi succulent que dans nos projets. C'était un véritable voorpret que la préparation de ce repas champêtre.
Plus commun le Hyggelig danois pour évoquer une ambiance chaleureuse typiquement représentée par un feu de cheminée.
Et qui porte en lui son Sielunmaisema ?
Je peux parfois souffrir de Torschlusspanik ou de Monologophobia, ce dernier étant facile puisqu'anglais.
Je pratique assez fréquemment le Tsundoku mais je tente de m'améliorer.
J'excelle en Niksen et en Lexiphanicism.
Tout ça parce que je cherchais un mot à ma fatigue printanière et je ne suis même pas allée à Anvers
Il en existe tout plein aussi délicieux les uns que les autres :https://chroniquesdunouveaumonde.com/2018/01/22/les-mots-etrangers-intraduisibles-en-francais/