Articles de barbaraburgos

Dans Mars 2024

Hier ou peut être la veille

Par Le 13/03/2024

Hier c'était la sainte Rosine
L'occasion de me rappeler
Cette figure carcassonnaise
Qui arpentait les rues de la ville 
Et comme le faisait Émile 
Demandait à chaque passant
Une petite pièce de monnaie
En précisant néanmoins que le bon dieu la leur rendrait
Elle promenait toute la journée
Un vieux landau et sa poupée
Manteau usé
Sourire édenté
Elle faisait partie du décor 
Rosine dormait-elle dehors ?
Émile rentrait bien au chaud
Puisqu'il habitait à l'asile
Des personnages de roman
Ils vivaient pourtant dans la ville 
Une autre époque, un autre temps
Où tout en étant différents
Les oubliés de la société
Pouvaient se faire intégrer
Tout le monde les saluait
Une parole un sourire 
Une petite pièce de monnaie
Le bon dieu jamais ne la rendit
Mais il rappela auprès de lui
Et la Rosine et l'Émile
Jamais plus on ne les revit
Arpenter les rues de la ville 
Ils doivent maintenant rembourser
Tout le crédit que dieu leur a fait
Il manque quand même pas d'air celui-là 
De reclamer les intérêts
A ceux qu'il a ainsi créés
Mais voilà que pendant que j'écrivais
L'heure a trop vite fait d'avancer
Et j'ai loupé la publication du billet

 

 

 

 

 

 

Dans Mars 2024

Du coq à l'âne

Par Le 11/03/2024

Une assemblée plénière en plein air
Une assemblée plénière hier
Une assemblée plénière en plein air hier
Je ne comprends pas trop ce mot
Je l'ai lu trop tôt 
Je n'aime pas trop les assemblées
Je préfère être seule à l'ombre d'un pommier
Pourquoi un pommier
Parce que si une pomme tombe je peux la manger
Mais la dernière récolte est passée depuis belle lurette
Et la nouvelle n'a pas pas esquissé la moindre fleurette
Si, les bourgeons bourgeonnent à fond
Il y eût en tout cas, ou il y aura, lors d'une saison, l'ombre d'un pommier 
Et je pourrais m'y allonger, m'y reposer, m'y alanguir
Ainsi alanguie à l'ombre d'un pommier
Je profiterais d'un courant d'air frais
En croquant le fruit de l'arbre sus-cité
Je me délecterais des enfantillages
Du jeu du soleil
Dans le vert feuillage
Printemps ou automne
Demain, aujourd'hui 
Tant que l'aube éclaire
Chaque fin de nuit
Plus aucun rapport avec l'assemblée alors ?
Pas le moindre

 

Dans Mars 2024

Bon gré, mal gré

Par Le 10/03/2024

Les regrets quand ils t'assaillent
Ils te lâchent pas
Pourquoi j'ai choisi ce chemin là, ce chemin A
Alors que j'aurais préféré le chemin B
Les regrets de ne pas avoir fait le bon choix
D'avoir dit oui, d'avoir dit non
D'avoir rien dit
D'avoir abandonné
De ne pas avoir su lâcher

Quand les regrets t'assaillent
Ils te lâchent pas 
Pourquoi le temps est passé si vite  
Pourquoi là il s'est embourbé
Après toutes ces longues années
Il faut apprendre
A être là 
A la bonne heure
Au bon endroit 

Ils t'assaillent les regrets quand tu t'y attends pas
A la croisée d'un chemin
Et tu ne sais plus très bien
S'il s'agit du A, du B
Ils t'assaillent quand tu crois
Avoir fait le bon choix
Ils reviennent s'embourber
Dans ce temps si long à écouler

Alors donne-leur un coup de pied
Un coup de poing, un coup d'épée
Ou mieux observe-les
Puis aide-les à vivre leur vie
A se transformer 
Les beaux regrets bien apprêtés
Se changeront d'un coup de crayon
En de possibles résolutions 

Dans Mars 2024

Black tea

Par Le 09/03/2024


En chinois 
Le thé ne se boit pas
Il se goûte 
Une cérémonie ancestrale
Gong fu cha
"Prendre le temps du thé"
Les gestes sont précis
Délicats
Un voyage sensoriel
Humer, écouter, déguster
De petits bruits apaisants
Les images à l'écran 
Valse lente des couleurs
Tel un tableau
Une peinture en mouvement 
Rêverie esthétique
Un voyage
De l'Afrique à l'Asie
L'avenir est-il tracé 
Peut-il être modifié ?
Des vies, des destins ?
Une robe de mariée
Une robe à col monté
Itinéraire hors du temps
Puisque seul compte le présent
Le partage de l'instant
Puisqu'ici ou bien ailleurs 
A Abidjan, à Canton
Ou au Cap Vert
Les regards lorsqu'ils se croisent
Parlent tous
D'un rêve secret
Une nouvelle vie
Une rencontre 
Des retrouvailles
En filigrane
Un fil d'Ariane
Le goût du thé
Les petits bruits
Valse lente des couleurs 
Puisqu'ici ou bien ailleurs
Au présent
Intemporalité de l'instant 

 

 

Dans Mars 2024

Plumes

Par Le 08/03/2024

Plumes colorées côté jardin
Oiseau sauvage égaré
Gallinacé très élégant
Port de tête altier
Dandinement
Dandy dandy
Le faisan

Plumes en danger côté jardin
Fauve aux aguets
Félin très affamé
Entrechats sournois
Affolement
Dandy dandy
Le faisan

Plumes colorées côté jardin
Humaine troublée
Contemplatrice très émue
Mouvements d'ailes vers les nues
Enchantement 
Dandy dandy 
Le faisan 

Dans Mars 2024

Grande duduche

Par Le 07/03/2024

Un grand duc
Au grand duché du Luxembourg
Il s'appelle Luc
Est noctambule
Et déambule
Toutes les nuits
Dans les rues du bourg

La grande duchesse
Du grand duché du Luxembourg
S'appelle Charlotte
Elle a un pont et une statue
Portant son nom
Toutes les nuits
Fait les cent pas de large en long

Elle attend Luc
Son très grand duc 
Du grand duché du Luxembourg
Cet oiseau de nuit
Qui déambule
Dans les rues
A la recherche d'un improbable but

La grande duchesse Charlotte
N'est pas une chouette hulotte
Elle n'aime pas
Passer ses nuits tout éveillée
Elle voudrait bien dormir un peu
Mais le grand duc
Ce n'est pas ce qu'il veut

Il préfère de loin
Marcher du soir au matin
Et parcourir toutes les allées
De son grand duché
Encore une histoire à dormir debout
Pourtant grand duc
N'est pas hibou 

 

Dans Mars 2024

Dysphorie de genre

Par Le 06/03/2024

La matin
Le routine 
Toujours le même
Se réveiller
Et trouver 
Une prétexte pour se lever
Gagner sa pain
Avant que ça sente la sapin
Pourtant certains jours
C'est pas facile
De se motiver
Atteindre sa bute
Sans trébucher 
Il faut sans cesse réinventer
Sa quotidien 
Pour supporter
Cette train-train 
Toujours la même
La matine
Le routin 
Mais aux soirs 
S'allument
Dans les regards
Un dose de fantaisie
Une soupçon de poésie
Les étoiles s'illuminent
Et les mots déraillent
Et les rimes 

 

 

 

 

Dans Mars 2024

Impérativement

Par Le 05/03/2024

Apprends
Ce que te dit la vague
Ce que chante le vent
Apprends
A regarder les visages
A regarder les gens
Apprends
Les lignes de tous les livres
Les mots de toutes les langues
Apprends
Les limites de ton corps
La constance dans l'effort
Apprends
Le goût de chaque mets
Le plaisir de créer 
Apprends
Tous les jours quelque chose 
Tous les jours au présent 
Apprends
A penser par toi-même
A profiter de l'instant 

 

Dans Mars 2024

Auto insatisfaction

Par Le 04/03/2024

Il dort dans sa voiture
Les passants passent devant
Baissent la tête pour ne pas voir
Et continuent leur route
La voiture, elle, stationne
Elle ne peut plus démarrer
Il est assis
Il a moins froid que dehors
Une vision panoramique de la rue
Et des passants qui passent
Qui courent
Qui trainent des pieds
Au volant de son auto immobile
Il voit défiler le genre humain
Dans le rétroviseur
Des sourires et des pleurs 
Et les passants passent
Et lui reste sur place
Pour tuer tout ce temps
Il rêve qu'il a cinq ans
Au volant de sa voiture
Il imite le moteur
Vroum vroum
Il circule à bord de son bolide
Il voit du pays 
Les passants qui passent
Lui font un signe de la main
Il a cinq ans et la vie est légère
Il a cinq ans et s'endort doucement
Au volant de son auto immobile
Et là c'est l'accident
Sans froissement de tôle
Sans effusion de sang
Il s'endort pour longtemps
La vie est légère
Au volant de son auto immobile
Il a cinq ans 

 

 

 

 

 

Dans Mars 2024

Éléments terre

Par Le 03/03/2024

Je n'ai pas d'aspirateur balai, c'est un fait et je vis très bien sans. Il semblerait pourtant que la société se divise en deux catégories. Ceux qui en ont un et les autres. 
Ainsi armés, les heureux détenteurs de l'appareil, font une déclaration de guerre à la poussière. Plus la moindre particule à des mètres carrés à la ronde. Tout doit être lisse, tout doit briller.
Et le balai de mémé, un manche en bois muni de fibres végétales à son extrémité (ça c'est celui de mémé, il existe la même version en synthétique), est remisé au placard voire au musée. Autrefois les femmes (beaucoup plus rarement l'autre sexe) passaient manuellement l'outil sur le sol afin de le débarrasser des particules indésirables. Le mouvement actionné de droite à gauche ou inversement, permettait de constituer un petit tas (appelé cheni à certains endroits, à prononcer ch'ni ). Le dit ch'ni est ensuite ramassé à l'aide d'une pelle et d'une balayette pour plus de praticité. Le tout sera déposé dans une boîte à ordures ou relâché en pleine nature puisque tout n'est que poussière et retournera à la poussière.
L'opération ne nécessite aucune énergie dérivée de matière fossile ou nucléaire, ne produit aucun décibel et permet à son propriétaire de se dégourdir les jambes, le poignet et de faire des pliés-relevés. 
Bien sûr l'aspirateur balai offre un résultat plus performant avec beaucoup moins d'efforts, beaucoup plus de précision. La poussière ne vole pas, elle est emprisonnée par des filtres supersoniques qui au pire ne recrachent qu'une fine pellicule de poussière nettoyée de toute saleté. C'est un peu comme la lessive qui lave plus blanc que blanc de Coluche. 
Nous sommes d'ailleurs passé de l'ère du "plus" à l'ère du "sans". Si bien que maintenant pour vendre plus cher il faut en mettre moins. Sans gluten, sans additif, sans huile de palme... mais ça ce sera un autre billet.
En attendant je vais aller passer mon aspirateur balai sans fil, sans électricité, sans filtre à particules, dans le silence d'un dimanche venté.

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