Vous souvenez-vous de cette seconde sur le quai
Dans cette gare où nos regards se sont croisés
Vous souvenez-vous de cette minute, sourire aux lèvres
Dans le tumulte de gens pressés une courte trêve
Vous souvenez-vous de cette heure autour d'un verre
Un brouillard de fumée, l'avenir pourtant si clair
Vous souvenez-vous de ce soir, gênés, presque émus
Nos mains se sont frôlées en lisant les menus
Vous souvenez-vous de cette nuit, du bruit des trains
De nos deux corps dans le même lit, ce doux écrin
Vous souvenez-vous de cette journée d'insouciance
Jouer à faire semblant, des rôles comme dans l'enfance
Vous souvenez-vous de ces semaines indomptables
Nous étions amoureux transis mais coupables
Vous souvenez-vous de ces mois fébriles, insensés
Notre folie à la censure n'a pas résisté
Vous souvenez-vous de ces saisons indiscrètes
La chaleur de l'été, nos blessures secrètes
Vous souvenez-vous de ces années de mensonges
Les étreintes passionnées puis le remords qui ronge
Je vous aimais dans la chaleur torride de ce premier été
Je vous aimais dans la flamboyance des couleurs automnales
Je vous aimais dans le vent d'hiver et son souffle glacial
Je vous aimais dans la fraîcheur limpide des matins printaniers
Je vous aime Madame
Mais il est temps pour moi maintenant
De déposer les armes
Et pourtant je ne peux donner à Dieu
Ce qu'il réclame, c’est à vous
A vous seule, Madame
Que j'ai offert toute mon âme
A notre ultime rendez-vous