Sous couvert du ministère
Ils sont venus jouer à la guerre
Des chars, des tanks, tout le bataclan
Ils étaient tout un régiment
Jusqu’aux confins du cimetière
Où reposaient ceux de la der des ders
Partis la fleur au canon
Combien de mères ont pleuré leur garçon ?
Pauvre Trapel
Pauvre rivière
De l’eau a coulé sous tes ponts
Picasso et sa colombe, Boris Vian, Louis Aragon
Ne sont plus hélas de ce monde
L’instinct de colère en moi gronde
Je ne lis plus le nom des rues
Difficile de distinguer
Au milieu de cette cohue
L’impasse de la Paix, la place de la Liberté
Pauvre Trapel
Pauvre clocher
Village de mon enfance
Ils t’ont volé aujourd’hui
Un jour de ton insouciance
Dans le décompte du temps qui fuit
Le bruit des bottes, les chemises noires
Ont résonné, vaine mémoire
Seuls les anciens redoutaient encore les cris
Triste rencontre des souvenirs avec l’oubli
Pauvre Trapel
Pauvre amnésie
Bien sûr il ne faut pas exagérer
Ce n’était qu’un simulacre
Une parodie de massacre
Un jeu de guerre sans danger
L’occupant n’était pas étranger
Il était même payé par l’occupé
Le fruit de nos contributions
Pour amuser le bataillon
Pauvre Trapel
Pauvres dindons
En d’autres temps, d’autres accents
Au nom de la nation
Il fallut prendre les armes
Faire taire ce vacarme
Sous l’uniforme
Se cachaient pourtant des hommes
Pires ou meilleurs
Ces hommes avaient pourtant un coeur