La promesse de l'aube

barbaraburgos Par Le 17/04/2021 0

Dans Avril 2021

Envie d'ailleurs, de plus tard, d'aurores boréales, rallumer les étoiles avec Apollinaire, sommes-nous en guerre ? Est-ce une fin annoncée ce fléau qui essaime et le doute et la mort ? Comment faire espérer une jeunesse en attente de promesses. Celle de l'aube, décrite dans les plus belles pages de la littérature, est éristique. Et je tique tique tique du tac au tac.
"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances." Romain Gary- La promesse de l'aube-
L'amour d'une mère aussi grand soit-il ne pourra jamais combler la soif et l'appétit de partir à la découverte de sa propre vie, de se frotter à la rugosité des cailloux sur le chemin, caresser la mousse onctueuse des sous-bois, s'offrir aux regards neufs, aux bouches voluptueuses.
Rien ni personne n'est irremplaçable. L'amour maternel doit seulement apporter la certitude que tout est possible, réalisable. Croire et croître en soi avec la force de cette maman qui croit en son enfant. L'accompagner sur le chemin vers plus loin, le guider à travers les ronces, les ornières, les groseilliers. Car la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Ce petit ruisseau que l'on imaginait couler serein éternellement en est l'illustration. Un jour les éléments se déchaînent, la terre tremble, les lits débordent,  le magma entre en fusion. Pourtant la vie est là, malgré tout, malgré les catastrophes naturelles, malgré les particules lourdes, les goudrons noirs du doute qui tapissent les poumons, entravent l'oxygène. Alors sortir, respirer, trouver un nouveau souffle, une bulle d'air, imaginer Chloé dans ses ronds de savon, monter au belvédère d'un jardin séculaire, voir la ville d'en haut c'est plus spectaculaire. Les vieilles pierres toujours debout, les arbres centenaires. La beauté résiste. Cligner des yeux, les rouvrir en changeant les filtres. Ne pas laisser les mots en -eur s'immiscer sous les paupières, lourdeur, laideur, tiédeur. Le cœur de la ville palpite, il est à portée de main, aujourd'hui plus qu'hier. Le soleil au zénith, Zoël le Zoeil joue à cache-cache dans les buissons, en un battement de cils il sort de son cocon. De chrysalide il devient papillon. Magie des mots, imago. Métamorphose, anamorphose. Tromper le zoeil pour que le beau reprenne ses droits. Puisqu'il est là, puisqu'au printemps tout rené, tout reverdit, puisque les couleurs, les rayons du soleil, le bruissement du vent, la musique des fleurs, la poésie.
Et je l'affirme, à l'instar d'Eluard, la nuit n'est jamais complète, au-delà des tempêtes, des certitudes ébranlées, des idéaux à la baisse, chaque aube tient sa promesse

 
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