J'écris des natures mortes
Détails immobiles dans le décor
Quand tout bouge trop vite dehors
Le besoin de se recentrer
Sur un point fixe, une métaphore
De l'errance à la mélancolie
De l'agitation à l'absence de bruit
La nature morte s'exprime en silence
La nature morte n'en demeure pas moins vivante
A la fois permanence et instant
Une coupe de fruits
Porcelaine blanche
Dentelée
Sur un buffet en pin ciré
Une orange, un citron, une pomme rouge
Quelques noix autour
Le petit matin diffuse une lumière de velours
Chaque jour est fait de drame ou de beauté
De grandeur de décadence
Le plus souvent de petits riens
Du quotidien
Une coupe de fruits immobile
La porcelaine est imputrescible
Son contenu promis au déclin
J'écris une nature morte
Aujourd'hui, à cette heure
Pour me souvenir de ces fruits
De leurs contours
Dans le petit matin d'une lumière de velours