Le froid d'avril recouvre la poésie de ses fils gris
Quand l'homme dort toujours dans sa voiture
Il ne dit rien, il ne se plaint pas, il n'est plus en colère
Il a appris à se taire
Il n'a pas eu à traverser la Méditerranée pour se faire refouler
Il a été mis au ban de la société, petit à petit
Un appartement, un véhicule en état de marche
Puis un jour la panne, l'accident
Il est si fragile ce fil d'avril
Nous passons avec nos vêtements propres, nos voitures à crédit, entretien compris
Nous mangeons à faire péter les boutons de nos pantalons estampillés "le Jean français"
Nous achetons nos légumes en circuit court, agriculture bio ou raisonnée
Nous nous sentons concernés par les problèmes de société
Sous le froid d'un printemps hivernal l'homme dort toujours dans sa voiture
Il est fragile ce fil d'avril dont il ne faut se départir
Il est fragile ce fil qui lie les divers êtres d'une même espèce
Certains tendent la main pour secourir les naufragés en train de se noyer
D'autres leur enfoncent la tête sous l'eau ou coulent le bateau
La plupart ne font rien, écrivent quelques mots
Chacun rentre chez soi, au volant de son auto
Et lui il reste là, s'accrochant à un fil
Un fil ténu d'avril
Qui lui n'en finit pas
De passer du chaud au froid