Articles de barbaraburgos
Effectivement
Une maison à la mer
Une maison dans le désert
Une maison à l'abri
De toutes les intempéries
Une maison sans plafond
Une maison sans mur
Une maison à ton nom
Une maison sous l'azur
Un amour vagabond
Sans domicile fixe
Se passe de béton
De pierres à l'édifice
Une maison en carton
Caractère éphémère
De ce passage sur Terre
De nos pas vagabonds
Forcément
Le spectacle est le même depuis un fauteuil d'orchestre ou depuis un strapontin au 4ème balcon. Pourtant la perception en sera différente. Confortablement installé sur son séant, Monsieur le Président du Département, somnole discrètement, tout en saluant ses détracteurs ou ses partisans d'une main molle. Surgit aussitôt Mathilde de la Mole, qui n'a absolument rien à faire dans l'histoire ainsi que l'emploi intempestif d'adverbes dans les billets de l'année.
Tout ceci pour s'interroger sur la place de chacun. D'un siège réservé à une place assise, debout, à pas de place du tout.
Chaque chose à sa place, chaque chose a sa place ? Un enfant placé, une remarque déplacée.
Un fauteuil d'orchestre, un strapontin, le spectacle commence, regardez bien.
Pourtant Monsieur le Président du Département s'endort.
L'enfant placé sur le strapontin applaudit des deux mains.
Les populations déplacées tanguent sur la Méditerranée.
Le spectacle continue. Inlassablement. Depuis la nuit des temps.
Des théâtres antiques. Passe-droits devant. Déjà. Antan. Jadis et Naguère. Parallèlement. (S'invitent Verlaine et une parenthèse, ça faisait longtemps)
Assis. Debout. Placé. Déplacé. Replacé. Décalé.
Chacun cherche sa place. Ou son chat. Surtout si le chien est allé chasser
Ailleurs
Je ne rêve plus
C'est un fait
Indépendant de ma volonté
A choisir
Je préfèrerais
Continuer
Et me réveiller
Les yeux
Remplis d'images éthérées
Au contraire
Dès que je les ouvre
Pleine lumière
Plus de filtre pour teinter
Ma réalité
J'ai consulté
Rappelez-vous
Il est facile pour moi
D'obtenir un rendez-vous
J'ai une ligne directe
Avec Freud et ses adeptes
Il m'a dit
Les rêves c'est obsolète
Sig, je croyais que c'était un peu ton fonds de commerce
Ça l'était mais ce n'est plus vraiment d'actualité
Le rêve ne fait plus recette
Il faut se résoudre à la réalité brute
Accepter le matin de prendre un uppercut
Et tant pis pour les images colorées
Les histoires farfelues
Ce qui était vrai hier
Aujourd'hui ne l'est plus
Ainsi
Pour manger sur le pouce
Au pied levé
Il faut être acrobate
Ou alors très affamé
Et si l'envie vous prend
De boire du petit lait
Mieux vaut lever le coude
Plus haut que le poignet
Pour bien manger à l'oeil
Sans se mettre le doigt dedans
Il faut avoir du nez
Parfois montrer les dents
Je ne fais pas la fine bouche
Habituellement
Pourtant pour ce billet
Rien de très croustillant
Je reste sur ma faim
Et vue que j'ai déjà mangé mon poing
Je vais garder l'autre pour demain
Lointain
La Montagne Noire
Saupoudrée
De sucre glacé
Figée
Sous les nuages gris
Pas feutrés
Dans la crème Chantilly
Au milieu des châtaigniers
Silence
Parmi les grandes futaies
Opalescence
Sur les branches des sapins
Dentelles à l'orée des forêts
Au bord des lacs
Reflets immaculés
De loin
Des sommets meringués
La Montagne Noire
Givrée
Teintes irisées ce soir
Rarement
C'est pas tous les jours qu'on rigole
Au bord de la rigole
En soignant sa pécole
Aux perles de rosée
C'est pas tous les jours qu'on se poile
Auprès du poêle
En se retirant les poils
A la pince à désopiler
Dans la poêle à frire
J'ai fait revenir
Deux tranches de rire
A partager
Les gens sérieux
Sérieusement
Se sont indignés
Ont demandé
Remboursement
Du dit billet
Je leur ai dit
Pour être remboursé
Faut avoir payé
Et là c'est gratuit
Totalement free
Oui mais à ce tarif-là
Moi j'achète pas
Libre à vous
Sachez Madame
Que je ne vous félicite pas
J'en suis vraiment désopilée
Je vais attraper un lumbago
A rire comme un cachalot
Pliée en deux auprès du poêle
Qu'est-ce qu'on se poile
Partout
Je n'aurai pas le temps de tout faire
D'aller à Canberra
Parcourir la Terre entière
Revenir en cargo
Visiter Bora-Bora
Et aussi Bornéo
Planter un baobab
Le regarder pousser
A l'ombre du motager
Je n'aurai pas le temps de tout faire
De lire tous les livres
D'apprendre tous les mots
Du plus laid au plus beau
J'aurais pourtant voulu
Gober un dictionnaire
En extraire des thèmes
Puis écrire des poèmes
Pour te dire je t'aime
Je n'aurai pas le temps de tout faire
Alors j'ai décidé
D'aller à Carpentras
Plutôt qu'à Canberra
C'est un peu plus éthique
L'avion vole moins haut
Mais pas très diététique
Dans cette ville-là
On suce des berlingots
Peut-être
Je t'émeus
De mes émois
Tu m'émeus
De toi à moi
On s'émeut
Sait mieux
Nous deux
Ce qui nous émouvait
Hier
Ce qui nous émouvra
Demain
Et nos mains
En mouvement
Scandent une chanson
D'antan
Tant et tant
De rêves mouvants
De pas dans le sable
Lents
De murmures
D'océan
Nous nous mouvions
Habilement
Nous émouvions
D'un rayon vert
A l'horizon
Je ne sais plus quand
Peut-être hier
Longtemps
Après un après-midi
De tonnerre de nuages
D'éclairs de grondement
En somme un orage
Je scrute le couvercle
En quête d'une éclaircie
Dans l'air limpide du soir
Je me regarde en miroir
J'aperçois les stigmates
De multiples tempêtes
La peau est délicate
Et bien souvent reflète
Plutôt que les victoires
Les nombreuses défaites
Tout comme la planète
Qui garde en elle les traces
Du temps qui se déchaîne
Ainsi que du temps qui passe
Il faut parfois longtemps
Avant que ne revienne
Cette croyance en l'espoir
Il faut parfois longtemps
Avant que ne s'éteigne
Cette sourde rengaine
Il faut parfois longtemps
Avant de l'entrevoir
Cette belle éclaircie
Dans l'air limpide du soir
Beaucoup
Si quand y'en a pour un, y'en a pour deux, pourquoi en faire pour deux quand on est deux. Autant en faire pour un puisque y'en aura pour deux. Le problème se complique si un invité surprise arrive. Il pourrait se dire, l'invité, si y'en a pour deux, y'en a pour trois. Il ignore le postulat. Les hôtes, gênés de ne pas inviter l'invité, font l'effort de partager leur maigre pitance. Et là, on toque à la porte. Bonne année et surtout la santé, blablabla, mais entrez donc s'il vous plaît, on va trinquer à la nouvelle année. Et les hôtes en train de calculer. Et le dîner en train de mijoter. Et le train en train de siffloter. L'heure tourne, les ventres sont affamés. Vous resterez bien dîner, bien volontiers, quand y'en a pour deux, y'en a pour trois et quand y'en a pour trois y'en a pour quatre ! Les hôtes, partis à la cuisine, reviennent dépités, on pouvait s'en douter, le dîner a cramé