Articles de barbaraburgos
Zoo zoo
Un rhino féroce
Une girafe de bière
Un singe en hiver
Un lion d'or à Venise
Un boa autour du cou
Une autruche dans un trou
Un éléphant en porcelaine à Limoges
Un crocodile en larmes
Deux zèbres unis pour le meilleur et pour le pire
Et un raton-laveur qui passe dans l'inventaire
Un loup des steppes
Une panthère armée
Un lynx à lunettes
Un tigre dans le moteur
Un panda au volant
Un léopard qui revient
Un pingouin en habit du dimanche
Un dromadaire à Gruissan
Une baleine de sous-vêtement
Et cinq ou six ratons-laveurs
Des enfants au zoo
Un homme zozo
Une femme féline
Un bébé dans un porte kangourou
Un ours mal léché
Un vautour de France
Un élan vital
Un serpent qui danse
Un garde-barrière
Et plusieurs ratons-laveurs de Prévert
Ailée
Il faut un L pour s'envoler
Aussi un seul pour se balader
Marcher serein sur le sentier
Pour un poème il est doublé
Permettra-t-il de s'affranchir
De toutes les contraintes
Enfin être libre
De tout écrire ?
L'orthographe est une révérence
Envers le sens des mots
Une politesse de la plume
Plumes d'oiseaux
Avec deux ailes
Aller plus haut ?
Tutoyer les anges en plein ciel ?
Prendre de l'altitude
Monter sur la table
Changer de point de vue
En mettre sur les I
Les laisser en suspension
A la fin de la phrase
Au détour d'un regard
Deux L pour elle
Un seul pour lui
Une propension à s'évader ?
Les Illusions perdues
Comédie humaine
Peinture balzacienne
De la vie parisienne
Lucien de Rubempré
Se jette dans l'arène
Chardon dans le fossé
Il y croit de toute son âme
Quitte à la vendre au diable
La capitale condamne
Les êtres misérables
Insectes incongrus
Brûlés par la lumière
Les apparences tuent
Des charmes de surface
Aux objectifs pervers
Jeux de rôles corrompus
Mieux vaut rester à sa place
Ne pas viser le dessus
Au risque d'être broyé
Par l'invincible masse
Une société de masques
Je parais donc je suis
Qu'importe si tout au fond
Se cache un cœur d'homme
Dans les aréopages
Seul compte l'emballage
Tout se vend et s'achète
Le talent le succès
La bonne réputation
Qu'importe si tombent les têtes
Avides d'inaccessibles quêtes
Un retour au fossé
Lucien Chardon
Abandonne Rubempré
Et toutes ses illusions
Place du Salin
Un jeune homme prend un café en terrasse
La jeune fille de la table d'à côté lui plaît
Mais il n'ose pas l'aborder
Elle fume une cigarette avec grâce
Il vient d'arrêter
Il va pourtant se risquer à lui en demander une
Au risque de rechuter
Elle la lui offre en souriant
Lui propose son briquet
Leurs mains se frôlent
Ils échangent des banalités
L'air est frisquet malgré un ciel clément
Il doit retourner travailler
Elle a encore un peu de temps
Il rentre payer son café
Puis repart l’œil pétillant
Elle fait de même un moment après
Sa consommation a déjà été réglée
Par le jeune homme attentionné
Elle est à la fois touchée
Et désolée de ne pouvoir le remercier
J'étais à l'intérieur
Témoin de cette embellie du quotidien
J'imagine la suite
Un rendez-vous tacite
Le lendemain
Place du Salin
Du matin au soir
De l'aube au crépuscule
Regards
Paroles
Frôlement
Du soir au petit matin
Caresses
Vertige
Alanguissement
De l'aurore à la tombée du jour
Sillons
Murmures
Cheminement
De la nuit aux premières lueurs
Abandon
Musique
Égarement
De l'aube au crépuscule
Entailles
Sutures
Pansement
Du début à la fin
Des regards
Des paroles
Apaisement
Un matin un soir
La panthère des neiges
L'homme photographie l'animal
Le contraire est plus rare
Quelle bête afficherait dans son salon
Un portrait d'hominidé ?
La panthère du Tibet
Préfère jouer à chat
Se fondre dans le décor
Défier la caméra
Elle est passée par ici
Repassera-t-elle par là ?
L'homme derrière son objectif
Apprivoise ses attentes
Il devient contemplatif
Éloge d'une valse lente
Il découvre la poésie
La beauté à l'état brut
Loin de la fureur et du bruit
Il faut parfois une chute
Un hiatus sur le parcours
Pour savourer les minutes
Dans le silence alentour
Au milieu d'un ciel extrême
S'avance un vol de vautours
Les métaphores du poème
Un cliché à contre-jour
L'homme capture l'instant
L'animal libre prend tout son temps
Bureautique
Un trombone en coulisses
Une épingle à nourrice
Des crayons à mine dure
Un effaceur pour les ratures
Une gomme ronde
Et des pensées vagabondes
Un stylo à pointe fine
Un surligneur qui surligne
Des phrases multicolores
Un écran dans le décor
Un tapis pour la souris
Et des pensées qui s'enfuient
Une attache parisienne
Un rayon entre les persiennes
Des rendez-vous planifiés
Un post-it pour annuler
Un bâton de colle blanche
Et des pensées en avalanche
A peau près
La peau est une frontière
Une apparence
Une surface de contact
Entre le dedans et le dehors
Aux variations multicolores
Une évidence
Un peu de tact
Pour des frissons
Quel sera l'impact
D'un effleurement
D'une pression
Sur l'étendue
De la chair nue
La peau est une barrière
Une protection
Une surface de transition
Entre le dedans et le dehors
Des variations sur tout le corps
En transparence
Des veines bleues
Une ignorance
De tous les enjeux
Palpitations
Les mains perdues
Cherchent à tâtons
Un voie d'issue
La peau est une lisière
Un cuir tendu
Entre le dedans et le dehors
Des émotions
Mises bord à bord
Des cicatrices
Sur le tissu
Les reflets crasses
Du temps qui passe
Crânes dégarnis
Profonds sillons
Déclin prévu
Vers l'inconnu
????
Les bruits du monde
Eparpillés
Un chien aboie
Un froissement d'ailes
Une feuille tombe
Fin de l'automne
Vrombissement
Chant des oiseaux
Une cour d'école
Frottement des pas
Sur le gravier
Etrangeté
De ce brouhaha
Pourquoi le chien aboie ?
Pourquoi est-il chien ?
Pourquoi suis-je moi ?
S'il est un créateur de l'univers
Qui aurait créé ce créateur ?
Si la science ne peut tout expliquer
A quel saint faut-il se vouer ?
J'ai la tête pleine de questions
Pourquoi les routes, le goudron
Pourquoi écrire, pourquoi se taire
Pourquoi des murs, pourquoi le ciel
Pourquoi les fourmis, pourquoi les avions
Pourquoi les joies pourquoi les peines
Pourquoi une virgule et pourquoi pas
Aucune utilité à ces points d'interrogation
Juste une déambulation
Un petit matin gris
Puis une éclaircie
Une rue
Un lundi
Voeu pieu
J'ai comme l'angoisse
Que la nuit passe
Sans avoir fermé les yeux
Comme l'angoisse
Que tu te lasses
De moi peu à peu
Les moutons sautent
Dans le pré
Je les dénombre par milliers
Pas moyen de trouver le repos
Ni sur le ventre ni sur le dos
J'entends la chouette hululer
Elle a de la chance
Car son mari
Est lui aussi un oiseau de nuit
Mes mouvements sont délicats
Pour ne pas secouer le matelas
Je m'impatiente
Pendant que toi
Tu scies du bois
J'ai comme l'angoisse
Que la nuit passe
Sans avoir fermé les yeux
Comme l'angoisse
Que tu te lasses
De moi dans ton pieu
Tu pourrais te montrer
Solidaire
Faire le hibou
Pour ton petit chou
Te caler sur les mêmes horaires
Ce serait hulotte comme tout
De toute la nuit faire les fous
Mais tu écrases comme une souche
Tu dors à fond sur l'oreiller
Aucun moyen de te faire bouger
J'ai comme l'angoisse
Que tu te lasses
De ne pas me voir fermer les yeux
Comme l'angoisse
De ne plus trouver ma place
Dans ton pieu