Articles de barbaraburgos
Pierre ou Paul ?
Il était solide comme un roc
Mais avait un coeur de pierre
Et parce que la vie est dure
Il gardait toujours
Un caillou dans sa chaussure
Il marchait en claudicant
Sur le gravier des allées
Ne restait pourtant pas de marbre
En face des fleurs ou des arbres
Il aimait glaner des galets
Au bord de toutes les rivières
Pour faire des ricochets
Un plaisir bien éphémère
Puis s'étendre sur un rocher
En observant les étoiles
Ces petites pépites perchées
Quand l'univers se dévoile
Il était solide comme un roc
A n'en pas douter
Son prénom commence par un P
Ce n'est pas Paul
Si cela était
Il s'appuierait sur une épaule
Pour avancer
Ne lui jetez pas la pierre
Si son coeur ne battait plus
Pour l'humanité entière
Il s'était épris d'une statue
Une beauté minérale
Qui jamais ne lui a répondu
Une histoire si banale
Entre les individus
Tu déconnes !
Une tour de Babiole
A l'endroit ou à l'envers
Les mots s'affriolent
En prose ou vers
Les questions en espagnol
Les réponses en anglais
Ce n'est pas une parabole
Ni même un lapsus linguae
Une note en cyrillique
Sur un morceau de papier
En écriture manuscrite
Des idéogrammes japonais
Quand les langues se mélangent
Dans un joyeux tintamarre
Il s'ensuit de nombreux échanges
Par les gestes et les regards
Du mot à l'idée ou de l'idée au mot
Anacoluthe ou pléonasme
Descendre en bas monter en haut
Porte ouverte à tous les fantasmes
Quel que soit le niveau
Dans la connaissance du langage
La maîtrise de tous les mots
A n'importe quel étage
D'une tour de Babel antique
Ne plus être seul plus alone
Au cœur d'une cité mythique
Une nouvelle Babylone ?
Ciel !
Over the rainbow
Au pied de l'arc-en-ciel
Indigo
Indigo
Blue morning
Des reflets
Des reflets
Un prisme
Fragments
Eclats de verre
Fissure
De la lumière
Eclair
Dans les iris
Des reflets
Rouge feu
Des variations
Bleu indigo
Des sommets
Enneigés
Over the rainbow
Et puis le gris
Et puis des mots
Et puis la pluie
La pluie
Homonygramme
Je suis allée prendre un rêve
Que j'ai siroté alanguie
Dans une paillotte sur la grève
En bien charmante compagnie
Libérée de mes souliers de vair
J'ai foulé le sable chaud
Les yeux tournés vers l'univers
Ajustement des idéaux
Je me suis mirée dans l'eau claire
Au milieu des rimes à écrire
De la mer j'ai bu un verre
Une vision de l'avenir
De ce sérum physiologique
Murés dans ses convictions
Un palindrome stylistique
Une vérité sans concession
Je suis allée prendre un rêve
Puis la nuit s'est éclipsée
Restait bien droit sur la grève
Un grand verre d'eau salée
Et une pantoufle de vair
Abandonnée sur les galets
Trente ans
Trente ans
C'est un printemps
Même le 29 novembre
Précieux moments
Aux reflets d'ambre
Symbole de joie et d'harmonie
Une jeunesse qui s'épanouit
A l'aube d'une nouvelle décennie
Trente ans
Ce n'est qu'un début
Et toute l'étendue
Du champ des possibles
Des prairies verdoyantes
Des rêves accessibles
Aux couleurs sémillantes
Aux limites extensibles
A trente ans
Ou à n'importe quel âge
Il est important
De ne pas rester sage
Cueillir à chaque jour
La rose et le lilas
Même si sur le parcours
Les épines piquent parfois
Avoir trente ans
Un 29 novembre
C'est quand même un printemps
C'est encore un début
Respire tous les parfums
Et des fleurs et de l'ambre
Les rêves sont étendus
Les possibles extensibles...
Le clan des italiens
Ils étaient cinq
Comme les doigts de la main
Jamais bien loin
Ils ont connu le chagrin
De quitter la terre natale
Mais à quiconque n'ont reproché
Cette peine capitale
Toujours unis
Toujours serrés
Ils ont su sur le chemin
Semé d'embûches et de cailloux
Faire face à tous les coups
Ils sont partis l'un après l'autre
Injustice du destin
Beaucoup trop tôt pour quelques uns
Ceux qui restaient
Etaient comme les doigts de la main
Jamais bien loin
Ils ont laissé en héritage
Toutes ces valeurs d'un autre âge
Qui nourrissent mon jardin
J'en ai écrit bien des pages
Aujourd'hui je me souviens
De toutes les soirées d'été
Quand on allait prendre "le frais"
Sur la terrasse des italiens
Après des journées de labeur
Loin des séries télévisées
Elle était plus belle la vie
Dans ce petit bout d'Italie
A la sortie du village
Un petit coin de paradis
Et des moments de partage
Ils ne possédaient pas grand chose
Peu d'objets peu de moyen
Mais ils étaient riches du plus grandiose
Du plus éclatant des biens
De l'or à chaque matin
Ils étaient unis
Comme les cinq doigts de la main
Chaque histoire a une fin
Je veux rendre ici hommage
A l'aînée des italiens
Qui a connu le grand âge
Et l'absence de tous les siens
Tu vas pouvoir les retrouver
Lina
Tous tes frères et soeur aimés
Joseph, Alphonse, Marcel, Nora
Passe leur notre bonjour
Et sachez bien qu'ici bas
Nous penserons à vous toujours
Jour de marché
Aujourd'hui j'ai fait des courses
Sur la constellation de la Grande Ourse
Demain je ferai le marché
Sur l'étoile du berger
Je rapporterai des rêves bien frais
A l'abri dans mon panier
Et puis j'irai boire un verre
Au-dessus de la stratosphère
En observant l'univers
Je cueillerai la lumière
A l'issue d'un trou de ver
Je glanerai des pépites
Sur une météorite
Ainsi bien achalandée
Je préparerai un festin
Saupoudré
De poussières d'étoiles
Et de songes enfantins
Paréidolie
Une auréole est apparue
Au plafond de mon salon
Pourtant pas un ange déchu
Plutôt un aigle ou un faucon
Qui déploient leurs grandes ailes
En me guettant depuis ce ciel
Cette cloison horizontale
Censée me protéger du dehors
M'empêcher de voir les étoiles
Me mettre à l'abri des météores
Quand la toiture n'est plus étanche
Que les certitudes prennent l'eau
Il est temps de prendre sa revanche
Sur les caprices de la météo
De voir les ailes d'un ange
Dans une trace d'humidité
De ces tâches un peu étrange
En faire un test de personnalité
Purée !
Quand la brume matinale
Sur le jardin jette un voile
Difficile de distinguer
Le bon mot à employer
Dans cette purée de pois
Il est aisé de confondre
La grammaire et le graminé
Les synonymes du concombre
J'avance en tatonnant
Dans cette atmosphère opaque
A la recherche du signifiant
Parmi les légumes en vrac
Se goberger d'aubergines
J'en ai déjà fait des lignes
Sans toutefois perdre la tête
Trouver l'adjectif parfait
Rimant avec feuille de blette
Attribut ou épithète
Le chou est cuit
COD
Le chou est à la chèvre
COI
Ce que la bonne est au curé
Dieu saura me pardonner
C'est bien lui qui a grisé
De ces vapeurs matinales
Un ciel qui n'a rien demandé
Qui se réveille bancal
Dans une purée de pois
Aurait-il la gueule de bois ?
Sur les chemins de la philosophie
J'écoute Schopenhauer
En prenant l'air
Pas une mélodie
Je ferais mieux
D'écouter Malher
Une symphonie
Car pour Arthur
Seules les douleurs
Du monde durent
Schopenhauer
Etait-il punk
No Future
Avant l'heure
Eudémonologie
A bas les idéologies
Fausses rumeurs
Sur le bonheur
Juste une absence
De souffrance
C'est déjà ça
Etre ce que l'on est
Pas ce que l'on a
Le phénomène
Vient de l'intérieur
L'art d'être heureux
Selon Schopenhauer
Qui dit mieux ?
Je l'écoute en prenant l'air
Pas une mélodie
Ni du malheur
En symphonie