Articles de barbaraburgos
Qui plut le moins...
Il a plu
Plut-il
A la terre cet onguent
Cette caresse subtile
D'un peu d'eau du firmament
Échappée en ondes graciles
Il a plu
Crut-il
Que la terre humidifiée
Par quelques gouttes futiles
Offrirait mille bouquets
Étancherait les soifs fébriles
Il a plu
Sut-il
Que la terre imbibée
De cette substance fertile
Pourrait un jour s'assécher
Et alors devenir hostile
Il a plu
Mais beaucoup moins que prévu
Mais qui peut pleuvoir moins
Demain pourra pleuvoir plus ?
Il pleut trop ou pas assez
Jardinier quel dur métier !
C'était l'été
C'était la mer sur un plateau
C'était un verre de vin blanc
C'était du sel et de l'eau
C'était des rayons couchants
C'était un instantané
C'était du rose et du blanc
C'était un sourire discret
Cétait après trop longtemps
C'était un théâtre antique
C'était un retour au goût
C'était des notes de musique
C'était rien et presque tout
Nuit et bleu
Bleu nuit
Bleu toi
Bleu luit
La nuit
Sans bruit
Toi
Moi
Lui
Minuit
Suffit
Bleu roi
Bleu toi
Bleu nuit
L'émoi
S'enfuit
Sans bruit
Bleu luit
Bleu soir
Bleu tard
La nuit
S'enfuit
Et toi
Et moi
Et lui
Souris
Les souris dans le grenier
Sont-elles montées par l'échelle
Par l'échelle du meunier
Qui depuis s'en est allé
Sans un grain de blé à moudre
Sans une goutte à son moulin
Il a fini par se résoudre
A dormir sur une meule de foin
Sur une meule autrefois
Il broyait les céréales
Aujourd'hui il n'a plus foi
En l'homme cet animal
Qui grignote par petit bout
Comme les souris du grenier
Les ressources du caillou
Sans paraître se soucier
De ce qui se passera demain
Quand ne poussera plus le blé
Quand ne poussera plus le pain
Couché sur sa meule de foin
Il regarde les étoiles
L'avenir est incertain
Pour l'homme et pour l'animal
Mais aucun des deux ne sait
Que le chronomètre est lancé
Une extinction programmée
Des congénères du meunier
Des bestioles dans le grenier
Croc en jambe
Le crocus késako ?
Le nom latin du croco ?
Une chaussure
Une couleur
Espiègle animal rongeur ?
Petite fleur
Des sous-bois
De l'automne
Un éclat ?
Les branches craquent
Près du lac
Les feuilles
Se laissent aller
Le parterre
Se colore
De reflets
Mosaïque de lumière
Fins pétales
En violet
Le crocus
Qu'est-ce que c'est ?
Une sorte de crocodile ?
Une fleur
Au pistil
Empreint de saveurs subtiles ?
En automne
Les sous-bois
Se teintent de mille éclats
Ode à la lueur
Comment redonner le sourire
A celui qui a déserté
Le fleuve et ses forces vives
Il se retrouve de l'autre côté
Perdu sur la mauvaise rive
En regardant s'échapper
La vie et ses forces vives
La vie et ses bons côtés
Comment insuffler l'envie
A celui qui a renoncé
Et au jour et à la nuit
Perdu sur le bas-côté
Il a remisé l'espoir
Au plus profond du tiroir
Il a remisé l'envie
Et de jour comme de nuit
Comment rallumer la flamme
Dans les yeux de celui qui
N'a que l'expérience des drames
Et des choses qui s'enfuient
Sans personne à ses côtés
Pour servir de garde-barrière
Sans personne pour rallumer
La plus petite lumière
Je vous pose la question
A vous gens de l'académie
Est-ce tout en haut du béton
Ou dans un jardin sans arbre
Derrière des murs de prison
Face à des visages de marbre
Que renaîtra l'étincelle
Quand il faudrait
Juste un peu de ciel
Juste un peu d'herbe
Juste un seul verbe
S'il suffisait d'une goutte de miel
Dans les regards un peu de soleil
Quand il faudrait
Juste l'essentiel
Juste un peu de ciel
La force vive
D'un doux sourire
Sur l'autre rive
Pour revenir
Gastronomie !
J'ai trempé un croissant de lune
Dans un nuage de lait
Joué avec les anneaux de Saturne
Puis je me suis éclipsée
J'ai dégusté un éclair
Léger goût de paradis
A travers un trou de ver
Voyage dans la galaxie
J'ai connu des heures divines
Des restaurants étoilés
A se pourlécher les babines
Juste sous la Voie Lactée
Mais j'ai perdu la mémoire
Des pensées trop nébuleuses
Égarement dans un trou noir
Une fin bien hasardeuse
Caminando
Pourquoi ne pas partir encore
Pourquoi ne pas partir plus loin
Ailleurs un autre décor
Ailleurs un autre chemin
Un mouvement de la tête
Un mouvement du corps
De la main un seul geste
Du pied un seul effort
Premier pas impulsé
Premier pas qui ignore
Vers où il faut aller
Vers où se trouve le nord
Se munir d'une boussole
Se munir d'un bâton
Avancer sur le sol
Avancer à tâton
Sentir sous le soleil
Sentir sous le vent frais
Les nuances vermeilles
Les nuances mordorées
Du temps de l'équinoxe
Du temps des heures passées
Innocents paradoxes
Innocentes envolées
Un jour au bout de la course
Un jour négligemment
Scintillera la Grande Ourse
Scintillera le moment
Alors tant qu'il est temps encore
Pourquoi ne pas partir plus loin
Voir ailleurs si le décor
Mène sur le même chemin
Plumes
Sept degrés Celsius
En dessous dessus
Que faut-il porter
Pour se réchauffer ?
Des dessous brodés
Des dessus ouatés ?
Un pull bleu canard
Dans l'air frais du soir
Glisser sous la couette
Des plumes douillettes
Un duvet moelleux
Regard cotonneux
Caresses du cocon
Douces sensations
Sept degrés Celsius
Sens dessous dessus
Que faut-il ôter
Pour se dévoiler ?
Dessous dentelés
Dessus molletonnés ?
Puis s'abandonner
Chaleur tempérée
Peu avant minuit
Dans le creux du lit
Crapotinage
Le dimanche
Page blanche
Sempiternelle litanie
Mais aujourd'hui
C'est mardi
Les crapauds en ont marre aussi
Qu'on les prenne pour les maris
Des grenouilles alanguies
On les imagine crapules
Parce que couverts de pustules
On les accuse de maléfice
Peu de vertu
Beaucoup de vices
Anomalie dans le diamant
Ils rêvent pourtant
D'apothéose
Sans se soumettre aux contes de fée
Ne désirent pas de métamorphose
Tout ce qu'ils veulent c'est être eux-mêmes
Dans la vraie vie
Ils me l'ont dit
Un petit poème
En ce mardi
Pour qu'ils pardonnent
Toutes nos offenses
Et que dans la mare
En père peinard
Ils puissent croire
A l'insouciance
D'être crapaud
Fuir l'exigence
De sembler beau