Articles de barbaraburgos
Histoire d'eau
Pour laver l'eau sale
Faut-il de l'eau
Et du savon ?
En voilà une drôle de question
L'eau qui a lavé
A dévalé
Tant de tuyaux
Qu'elle est usée
Mais pas moyen de se reposer
Elle qui rêverait
D'un coin tranquille pour stagner
Ou s'écouler en ondes fines
S'évaporer
Puis revenir en goutelettes
Tendre rosée
Elle ne veut plus
Voir des corps nus
Faire trempette
Toujours contrainte
De faire des bulles de savonnette
Elle préfèrerait
Etre eau sauvage
Se libérer
De ce recyclage
Rythme effréné
Fuir le plastique
Vivre au grand air
Faire de la musique
Sur les gouttières
Pleuvoir de rage
En un éclair
Et s'assagir
Sur un nuage
Se recueillir
S'offrir enfin
A la lumière
Pour voir fleurir
Dans le lointain
Un phénomène
Circonstantiel
Presque un poème
Sur le jardin
Quand se promène
Un arc-en-ciel
En miroir
S'il n'y avait pas de glaces
Aurions-nous la même notion
Du temps qui passe
Une réflexion
Pas la menace des années
La peau flétrie le teint fâné
Si la photographie n'avait pas existé
Aurions-nous les mêmes souvenirs
Du temps passé
Un élixir
Pas les regrets des choses enfuies
L'oeil enjoué les mains unies
S'il n'y avait pas l'oubli
Aurions-nous les mêmes envies
Dans le temps futur
Une sinécure
Pas le poids lourds des secrets
Le regard clair le coeur léger ?
Minimum
Finalement de quoi avons-nous besoin ?
De quelques particules élémentaires
D'un peu de pain
De l'eau de l'air
De la chaleur d'une main
Des racines dans la terre
Des frissons sur l'épiderme
D'une mélodie dans l'oreille
Une chanson ou un poème
De voir un lever de soleil
Au fond de quoi avons-nous besoin ?
D'une pensée qui s'élève
Dans le ciel des clairs matins
D'un brin d'air d'un peu de pain
Et la possibilité d'un rêve
Et la possibilité d'un rêve
Dans quel sens ?
Gravir les plus hauts sommets
Plonger au plus profond des océans
Prendre un métro bondé
Ecrire des mots dans le vent
A pas de fourmi
A pas de géant
Chacun avance sur les sentiers
Ou sur de longues autoroutes
Avec ses certitudes
Et ses doutes
L'envie de se surpasser
En prenant de l'altitude
Ou de s'enterrer vivant
Dans les entrailles bitumées
Pour d'aucuns extravagances
Pour d'autres morne existence
Des rouages bien huilés
Paroi abrupte de la roche
Ou béances abyssales
Parfois le temps s'effiloche
Autour d'une vie bancale
Un piton qui se décroche
Un caillou dans la chaussure
Une fissure un reproche
Et la vie devient moins sûre
Aqua poney
L'hippocampe
Campe campe
Dans une zone du cerveau
Mais il campe campe campe
Mais il campe aussi dans l'eau
La prunelle de tes yeux
Brille brille brille
La prunelle de tes yeux
Un iris ou une pupille
Une pupille de la nation
Jolie fleur abandonnée
En attente d'adoption
Pour tenir en équilibre
Assis à califourchon
Ou écouter des vers libres
Place alors à l'étrier
Nichée au creux de l'oreille
Soit sous la plante des pieds
Plante plante plante
Plante plantée au pied de l'arbre
L'arbre qui cache la forêt
La forêt après la plage
Toute proche de l'océan
La plage de sable fin
Où en cette automne campe
Campe campe campe
Un petit cheval des eaux
Hippocampe campe campe
Campe aussi dans le cerveau
C'est la vie
Qu'elle soit bonne ou misérable
Dans les vertes oasis
Ou enlisée dans le sable
Composée d'oaristys
Ou de rimes misérables
Chaque vie est un mystère
En quête d'élucidation
Pour certains réel enfer
Une frêle embarcation
Pour d'autres un empyrée
Le voyage est différent
Depuis le pont d'un voilier
Une croisière d'agrément
Ou ultime solution
Pour espérer exister
Remarquable parangon
Combat dans l'adversité
Quand l'ici n'est plus ailleurs
A l'intérieur des maisons
Quelques-uns touchés au cœur
Imaginent des solutions
Puis retournent sur canapés
Digérer leurs illusions
Oasis
Oaristys
Vers de sable
Vers misérables
Chaque vie est un mystère
Un paradis
Un enfer ?
Here and now ?
J'ai érigé la procrastination
En religion
Dieu existera demain
C'est certain
Et pourquoi faire aujourd'hui
Ce que j'aurais pu faire hier
Puisque rien n'était écrit
Dans ce livre éphémère
Condamnés à être libres
Désir existentialiste
De Jean-Sol Partre la fibre
Ou vision aquoiboniste
Sur un fil en équilibre
Danse le funambuliste
Ce billet n'est pas fini
Je continuerai demain
Procrastinerai lundi
Peut-être bien
En fanfare
Moi aussi comme Bobby
Je voulais jouer de l'hélicon
En toutes saisons
Puis de la trompette
Les nuits de fête
Du trombone
En automne
De la caisse claire
En hiver
Du saxo
Quand il fait chaud
Du tuba
Dans le froid
Du tambour
Tous les jours
Et de tous ces instruments
Au printemps
Mais je ne sais jouer de rien
Pas très douée de mes deux mains
Alors au lieu d'écrire mon billet quotidien
Je danse au son de la fanfare
Dans l'air du soir
J'écoute les cuivres
Et je m'enivre
Fissures
Ceux qui préfèrent les fissures
Les aspérités au plafond
Les lézardes sur les murs
Les brèches les déchirures
A la surface uniforme
La fadeur du décorum
L'insipidité des choses
Ceux qui n'ont pas peur
Des épines de la rose
Des cailloux dans la chaussure
Des ornières sur le chemin
Ni de la poésie en prose
Le kintsugi japonais
L'art du bol de thé cassé
D'une fin faire un début
La fêlure crée l'objet
Le regard dans la rayure
La fissure du plafond
S'échappe au-delà des murs
Et caresse les papillons
Réflexivité
Un brin de poésie chaque jour
Une fleur à la boutonnière
Pas un signe ostentatoire
Un remède à l'aquoibon
Quand parfois dans l'air du soir
Se réveillent les papillons
Ceux qui volent à reculons
Et se brûlent à la lumière
Dans le miroir le reflet
Du sillon des longues années
Mais dans la glace les grimaces
Une pointe d'ironie
Alors un brin de poésie
Apaiser la peau flétrie
Une fleur à la boutonnière
Aujourd'hui n'est pas hier