Articles de barbaraburgos
Lyrisme
Je me lis et me relie
Des intimes connexions
Le soir au fond de mon lit
Explorent mon moi profond
Quand les mots sont à la fête
Je peux sauter au plafond
S'ils deviennent maux de tête
Je plonge dans les bas-fonds
Bois la coupe jusqu'à la lie
En maudissant les démons
Friands de mes insomnies
Infâmes petites bêtes
Parasites de la nuit
Qui entendent faire recette
Avec ces mauvais génies
Extirper de mon inconscient
Les failles les plus secrètes
Me dévorer du dedans
D'une manière indiscrète
Je me lis et me relie
Une intime conviction
Quand sonnera l'hallali
Plus de doutes ni de questions
Auto-stop
Les rendez-vous manqués
Hasard ou destinée ?
Assis sur le bord des routes
Combien ont espéré
Au carrefour des doutes
Croiser l'humanité
Juste une main tendue
Petit bout d'amitié
Un regard ingénu
Sourire illuminé
Combien tendent le pouce
Pour ne pas louper le coche
Combien tentent en douce
D'instaurer une approche
Etablir le contact
Debout sur le chemin
Tout en gardant intactes
Ses croyances en l'humain
Et combien restent là
Amers et convaincus
Que rien n'est ici-bas
Plus fourbe et plus tordue
Qu'une belle mécanique
Conduite par des goujats
Le féminin s'applique
Il porte même des bas
Les rendez-vous manqués
Destinée ou hasard
Peuvent-ils espérer
Une rencontre plus tard ?
En agitant son pouce
Discret signe de la main
Deviendrait-elle plus douce
Cette vie entre humains ?
Energie atomique
Les échos sourds d'un ciel alcalin
Parce que l'été s'enfuit
Sourd aux confidences
Sourd à l'éclat du cristal
D'une terre assoiffée
De diamant brut
Elle est devenue
Immondices
La pluie se fait acide
Sur les visages endeuillés
Balafres au vitriol
Coups de lame
Ecorchures
Le sang coule
Parce qu'il ne peut plus fournir l'oxygène
L'alchimie n'opère plus
Une hache plantée dans la terre
Bombe atomique
Une lueur dans la nuit
Pales des hélicoptères
Fureur de l'eau
Bruit assourdissant de l'eau
Mortelle et vitale
Vitale et assassine
Les arbres flanchent
Fétus emportés par les flots
Les châteaux de sable ou de pierre
S'effondrent
La poésie s'effondre aussi
Un ciel alcalin
Chargé d'échos sourds
Bombe à retardement
Une guerre perdue d'avance ?
Une dernière lueur
Comme un coup de hache
Et le bruit du sang saturé d'hydrogène
Strip-tease
Je me suis mise à nu
Impudeur relative
Le corps même dévêtu
Une émotion furtive
Les profonds sentiments
La part la plus intime
Reste intacte en dedans
Nul regard ne l'abime
Je me suis mise à nu
A un moment j'ai cru
Que je pourrais y croire
A ces reflets perçus
Ce trouble en miroir
Les images dupliquées
Demeurent illusoires
Impressions inversées
Dans une lumière noire
Je me suis découverte
Une sensation bizarre
La peau n'est pas inerte
Elle garde en mémoire
Au plus vif de son être
Le poids de son histoire
Des frissons parcourus
Aux piqûres d'insectes
Accrocs dans le tissu
Cicatrices suspectes
Je me suis mise à nu
Impudeur relative
Le corps même dévêtu
Sait parer les dérives
Les sentiments ténus
Ainsi que les plus denses
Ne se laissent pas ravir
Même le temps d'une danse
Se vêtir se dévêtir
Au fond quelle importance
Fable affable
Les fourmis fourmillent
Les lézards lézardent
Le héron flemmarde
Le soleil scintille
Les abeilles butinent
Les canards canardent
Les bourdons cafardent
L'été dégouline
Les moustiques piquent
Les oiseaux gazouillent
Les pigeons roucoulent
Le temps élastique
Les mouches se mouchent
Les crapauds coassent
Les corbeaux voraces
Le soleil se couche
Les mouches du coche
Ils ont si peu à dire
Ceux qui ont loupé le coche
Ils restent sur le quai
A écouter les cloches
Ou continuent à suivre
Leur chemin étriqué
Une route balisée
Morne et sans surprise
Chaque jour à chaque heure
Le train-train les enlise
Les mêmes causes produisent
Sans cesse les mêmes effets
Ils ont pour seul désir
L'idée de recommencer
Pauvres êtres soumis
A la peur d'avancer
Pas une fois dans leur vie
Un soupçon d'imprévu
Une graine de folie
Ne leur tombera dessus
Ils se mettent à l'abri
Derrière des paravents
Ou de grands parapluies
Qu'ils ouvrent à chaque instant
Pour se protéger de tout
Du moindre sentiment
Des poètes ou des fous
Et quand la pluie descend
Ils ne vont pas se mouiller
Ils sont plutôt contents
De voir les autres trempés
Ce qu'ils ne savent pas
Ces fades indigents
C'est que les aléas
Les caprices du temps
Peuvent parfois offrir
De l'or aux plus chanceux
La chaleur d'un sourire
Un clin d’œil malicieux
Messieurs les tristes sires
Restez donc à couvert
Vous éviterez le pire
Et peut-être la misère
Mais vous vous priverez
Des clartés éphémères
La joie inopinée
D'une source de lumière
A trop vouloir parer
A tous les contretemps
Il se peut que l'été
Meure précocement
Fleur bleue
Une fleur bleue a poussé
Sur la terre craquelée
Une fleur délicate
Sur le sol morcelé
Une fleur imprudente
Ainsi de s'aventurer
Sur cette prairie ardente
Tarie et désolée
Une fleur bleu du ciel
Profond et nuancé
Une fleur circonstancielle
Dans ce décor vicié
Par sa teinte lénifiante
Instille de la fraîcheur
Une goutte rassurante
Variation de couleur
Un charmant camaïeu
Petite fleur perdue
Parmi le jaune en feu
Jolis pétales issus
Du mystère abyssal
L'origine du monde
L'énigme sidérale
De cette roche ronde
Faut-il être un peu bête
Ou sacrément toqué
Pour qu'une fleur bleuette
Au lieu de la contempler
Inspire dans la tête
Une foule de questions
Sur cette vieille planète
Les sources de sa création
Faut-il être un peu sot
Ou tantinet poète
Pour voir un renouveau
Dans cette fleur bleuette
L'espérance colorée
D'une ère plus clémente
Quand sur la paille brûlée
Poussent encore des plantes
Onirisme
Il est minuit
A l'horloge de mes rêves
Minuit
Le temps d'une courte trêve
La nuit
A le parfum sauvage
Des vagues
Indomptables envies
Du large
De ponts sur l'infini
Minuit
A l'horloge des voyages
Les mots
Lasso du souvenir
Tous seuls
Ou membres d'équipage
S'enfuir
Sans but
Sans crainte du naufrage
Sceller
Par des accords barbares
Les ancres
Aux murs
Éminents des grands phares
La nuit
Quand les bateaux s'égarent
Bondir
Dans une fièvre féroce
Inscrire
De ses griffes dans la roche
Crier
D'une singulière force
Les désirs insoumis
Minuit
Les rêves en approche
Si les arbres*
Bouffée d'air
Solidaire
L'air liquide ?
L'arbre solide
Poumon vert
De la Terre
Entité
Des racines
Pas des pieds
Feuilles d'argent
Par moment
Sans billet
Pour servir
L'indécence
D'un consumérisme
A outrance
De l'oxygène
Insuffler
Aux humains
Des poèmes
Air teinté
De pureté
Atmosphère
Plus légère
L'arbre soumis
Aux caprices
Du progrès
Arbres sciés
Débités
Massacrés
Tronçonnés
Arbres brûlés
En fumée
Air vicié
Asphyxie
Les humains
Crèveront
Par un manque de respect
Location
D'un caillou
Menacé
Extinction
Incendie
Mots jetés
Dans le vent
Une bouteille
Dans l'air
Si les arbres
Êtres vivants
Se délabrent
Au présent
Dans le futur
Mauvais temps
L'air obscur
Remplacera
La clarté
De l'azur
Il est temps
Désormais
De planter
De l'oxygène
Préserver
Le poumon de la Terre
De l'écorce
Une force
Plus humaine
Solidaire
Pas de billet
Un bulletin
Le permis d'exister
Même sans tête
Ou sans pied
Si le sang
Ne coule pas
Dans les veines
Seule la sève
Nourrira
Le possible d'un rêve
Respirer
Inspirer
Sans entrave
De l'air pur
Dans un havre
Respecter
La culture
D'une idée
Erronée
De la nature
Si les arbres
Demain
Dans les urnes
Déposaient
Leur bulletin
En -oir
Avancer dans le passé
Mémoire
Avancer sur une allée
Y croire
Avancer tant qu'il est temps
Victoire
Faire remuer ses lèvres
Savoir
Avancer musicalement
Bougeoir
Avancer les doigts brûlants
Ivoire
Avancer en tatonnant
Surseoir
Porter un fruit à sa bouche
Vouloir
Avancer dans tous les sens
Prévoir
Avancer vers la lumière
Miroir
Avancer à découvert
Mouvoir
Et te donner de l'espoir