Articles de barbaraburgos
Dalisque
Un arbre à feuilles caduques
Dans la baie de Cadaquès
Une tournée des grands-ducs
Sous le caducée d'Hermès
Une maison à Port-Lligat
Des montres dégoulinantes
Un arbre à feuilles plates
Sur une plage incandescente
La caducité du temps
Persistance de la mémoire
Un camembert bien coulant
L'absence d'olives noires
Des fourmis sur les cadrans
Un arbre aux branches mortes
La facétie de l'instant
Le geste d'une main accorte
Un arbre à feuilles caduques
Obsolescence ordinaire
La noblesse du grand-duc
Aux heures crépusculaires
Caisse d'épargne ?
Il faudrait mettre en réserve
La chaleur des heures d'été
Quand des beaux jours vient la trève
Pouvoir la restituer
Aux matins blanchis de glace
Sur la campagne engourdie
Prolonger l'état de grâce
Dans une douce embellie
Il faudrait en faire de même
Au temps des plus grands bonheurs
Thésauriser les je t'aime
Les diffuser tous en choeur
Durant les plus longs hivers
Autour de la cheminée
Quand les soirées solitaires
S'éternisent jusqu'en mai
Il faudrait n'est qu'une formule
Car le monde est ainsi fait
Jamais ce qu'on accumule
Ne peut venir remplacer
La magie de l'éphémère
Petits moments fugitifs
L'instant d'une vie sur terre
Est toujours estimatif
De deux choses
Y'aura-t-il quelqu'un
Quelqu'une
Dans le silence de la nuit
Une présence opportune
Pour désengluer l'ennui
Cette substance insipide
Qui s'immisce sous les pores
Une curieuse notion du vide
Aux variations incolores
Y'aura-t-il au clair de l'un
Une réflexion de l'une
Sous la voûte éthérée
L'espace d'une libre tribune
Pour exprimer ses idées
L'essence de l'entendement
Qui se cache sous les brumes
Pincée de discernement
Sans une once d'amertume
Y'aura-t-il d'aucuns
D'aucunes
A travers ce vaste monde
Un écho à la fortune
Pour faire d'une seule seconde
Un avenir souverain
Qui se profile dès l'aube
Gommant au bord du chemin
Les aspérités du globe
Lipgramme
Le billet d'hier m'inspira un lipogramme en O, qui devint lipgramme en l'absence de ladite lettre
Sécheresse
Pas d'eau
Difficile
D'écrire
A la manière
De Rimbaud
En cultivant chaque lettre
Sans cet élément liquide
Absent des terres arides
Nulle place aux énigmes
Juste une petite virgule
Dans cet autre paradigme
Réduit à quelques particules
Et en guise de réplique
Des phrases entre guillemets
Quand le système métrique
Ne peut ainsi appeler
La littérature qui rime
Sentiments effervescents
Dans les parts les plus intimes
D'un esprit évanescent
Sécheresse
Avec et sans eau
Difficile
D'écrire
A la manière
De Rimbaud
Et se prétendre félibre
Si le verbe n'est pas libre
Si le texte est entravé
Par des astreintes factices
Des parenthèses affectées
Dans les derniers interstices
Quand la plume est affutée
Le vers demeure éternellement beau
Signé Verlaine
Signé Rimbaud
Il sait tenir en haleine
Guérir les peines
Panser les plaies
Ce que je ne saurais pas faire
Même si j'étais infirmière !
D'août
Et si les mots se taisaient
S'ils refusaient de rimer
Si personne ne me lisait
Pas même Lisa alitée
Si les longues journées d'août
Ne finissaient pas l'été
Et si la somme de tous les doutes
S'étiraient jusqu'en juillet
S'il ne restait rien à dire
Aucune histoire à écrire
Pas la moindre goutte d'O
Dans le ciel de mes idéaux
Et si l'encrier tari
Les idées au fond du puits
Plus de nappe phrénétique
Pour abreuver en pratique
Les pieds de la poésie
La rubrique néologie
Et si la terre motagère
Ne nourrissaient plus demain
Les boutures éphémères
Ni les lettres du jardin
Un silence cacophonique
Oxymore paroxysmique
Et si les mots se taisaient
S'ils refusaient de rimer
Si le mois de juillet enfui
Ne laissait derrière lui
Qu'une multitude de doutes
Jusqu'à la fin du mois d'août
Poésie
Des poèmes
Au fil du temps
Sur la peau
Des vêtements
Des mots
Fils tissés
Enlacés
Effets de plume
Effets de manche
Sous la brume
Sur les planches
Un poème
Du dimanche
Rimes blanches
La peau aime
Les égards
Les poèmes
En miroir
Plume de verre
En finesse
Manche légère
Une caresse
Fil de l'eau
Mots bateaux
Fil cousu
A peau nue
Calligramme
Une main
Qui s'enflamme
A dessein
Une peau aime
Le satin
Un poème
Pour demain
Par-i par-eil
J'ai fait deux tartes soleil
A déguster entre amis
Débouché une bonne bouteille
Tandis que le jour s'enfuit
Il sera demain la veille
D'un avenir accompli
Par delà monts et merveilles
Sur les chemins à l'abri
Sans aller jusqu'à Marseille
Encore moins à Paris
Quand la lune se réveille
Que les verres sont remplis
Un liquide rouge vermeil
Coule sur ce paradis
Les invités sous la treille
Affichent un sourire ravi
Dans l'osier d'une corbeille
Une abondance de fruits
Pêches prunes ou groseilles
Framboises myrtilles cassis
A l'ombre d'une tarte soleil
Les appétits sont assouvis
Lorsque les yeux s'ensommeillent
Aux alentours de minuit
A ce moment sans pareil
Il est temps de dire merci !
Guet-apens
En goguette sur une gondole
Se gobergeaient sans égard
Un groupe de vilains canards
Gontran Gustave Gudule
Goguenards à particule
Sur les canaux de la lagune
Gueulaient dans le clair de lune
Et leur gouaille tapageuse
Gâchait la nuit silencieuse
Gavés de grands crus classés
De géantes assiettes étoilées
Ils divaguaient dans le noir
Galvanisaient les regards
L'un des trois tente une gigue
Point n'était futé le zigue
Bien sûr la gondole bascule
Gontran Gustave Gudule
Se retrouvent immergés
Ils ne savaient pas nager
Le canal grouillant de carpes
Ils auront servi d'agapes
Aux gros poissons affamés
Quand on ne sait pas naviguer
Sur une embarcation tanguante
Mieux vaut prendre la tangente
Et pour faire ribouldingue
Se tenir à la carlingue
Sanguine
Du rouge
Jusqu'au bout des doigts
Couleur vive
D'apparat
Du rouge
Jusqu'au bout des lèvres
Teint porcelaine
De Sèvres
Du rouge
Jusqu'au bout des veines
Des transports
De l'oxygène
Du rouge
Jusqu'au fond du cœur
Les tourments
Et les ardeurs
Du rouge
Jusqu'au fond du verre
Les écrits
Vaines prières
Du rouge
Jusqu'au fond des tripes
Toutes les passions
S'extirpent
Quand il faut payer
Comptant
Rubis sur l'ongle
Ou à crédit
Du rouge
Sur les non-dits
Et plus tard
Dans les regards
Bonhommie
Il était plus grand qu'un homme
Bien plus haut que quatre pommes
Une stature de colosse
L'envergure de l'albatros
Un regard panoramique
Sur l'univers et sa musique
Par ses oreilles d'éléphant
Les cris et chuchotements
Résonnaient fort en dedans
Dans son coeur hypertrophié
Il recelait les secrets
D'une part de l'humanité
Sous son allure de géant
Se cachait une âme d'enfant
Quand de ses yeux coulait de l'eau
Il remplissait des ruisseaux
Il était plus grand qu'un homme
Et croquait à pleines dents
Tous les arbres couverts de pommes
En attendant le printemps
Ses mains ouvertes sur le monde
Se tendaient avec chaleur
Des kilomètres à la ronde
Il promenait sa bonne humeur
Et s'il riait dans sa course
Sans vouloir gêner personne
Il déclenchait des secousses
Parfois même des cyclones
Il était plus grand qu'un homme
Les petites gens ne l'aimaient pas
Ils le trouvaient tous hors norme
Trop ceci ou trop cela
Alors le plus grand des hommes
Pour fuir sa mauvaise fortune
En faisant un pas de gnome
S'est retrouvé sur la Lune
De là-haut il pouvait voir
L'étendue de la galaxie
Ses congénères se mouvoir
Microscopiques fourmis
Il était plus grand qu'un homme
Mais ressemblait point par point
En comparant son génome
A tous les autres êtres humains