Articles de barbaraburgos
La princesse et le petit pois
J'ai acheté des petits pois au marché, phrase constative (source: my Lady Voltaire personnelle), information essentielle pour l'évolution de l'univers. Un petit pois pour l'homme, un pois de géant pour l'humanité, en somme. Et une question me taraude, pourquoi Andersen eut l'idée d'en placer un sous vingt matelas pour débusquer la princesse idéale ?
J'aurais bien convoqué Jean-Sol pour ce problème existentiel ou Sigmund pour une analyse substantielle, mais ils m'avaient fait tous deux savoir qu'ils organisaient une fête clandestine dans une cave germanopratine. Je me retrouvai bien isolée pour répondre à mes interrogations. Je décidai de prendre l'escargot par les cornes (un inconscient avait entrepris l'ascension de ma baie vitrée) et de chercher moi-même la solution.
Ce prince, insatisfait par tous les succédanés de noblesse, voulait trouver la vraie princesse. Un avatar bovaryen ? Savait-il penser par lui-même ? Car c'est sa mère, la reine, qui eut l'idée de placer le petit pois sous le matelas. Se figurait-elle qu'il n'y aurait pas de seins plus réconfortants que les siens ? Et la princesse a-t-elle donné son consentement pour épouser ce mari niais ? Fuyait-elle une mère abusive, un père alcoolique, un prétendant insistant ? Etait-elle une punkette anachronique, révoltée contre le système ? S'est-elle écriée au matin: "oh la daronne ton plumard il est grave pérave, j'ai passé la pire nuit de ma life"
Toutes ces hypothèses me trituraient les méninges, m'empêchant de dormir la nuit.
Au petit matin, je décidai de préparer les petits grains printaniers. Je repensais au prince et à la princesse. Lui qui voulait le meilleur, elle incapable de feindre ses émotions. Fallait-il les blâmer ou les féliciter de ne pas se contenter de la médiocrité ? Ont-ils pu prétendre au bonheur à effiler d'avril les écrins vert tendre pour en récolter les billes suaves ?
Mais comme je comptais les petits pois pour les répartir équitablement dans les assiettes, je constatai (phrase constative, Lady V ?) qu'il en manquait un.
Sous le lit de qui avait-il atterri ?
La promesse de l'aube
Envie d'ailleurs, de plus tard, d'aurores boréales, rallumer les étoiles avec Apollinaire, sommes-nous en guerre ? Est-ce une fin annoncée ce fléau qui essaime et le doute et la mort ? Comment faire espérer une jeunesse en attente de promesses. Celle de l'aube, décrite dans les plus belles pages de la littérature, est éristique. Et je tique tique tique du tac au tac.
"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances." Romain Gary- La promesse de l'aube-
L'amour d'une mère aussi grand soit-il ne pourra jamais combler la soif et l'appétit de partir à la découverte de sa propre vie, de se frotter à la rugosité des cailloux sur le chemin, caresser la mousse onctueuse des sous-bois, s'offrir aux regards neufs, aux bouches voluptueuses.
Rien ni personne n'est irremplaçable. L'amour maternel doit seulement apporter la certitude que tout est possible, réalisable. Croire et croître en soi avec la force de cette maman qui croit en son enfant. L'accompagner sur le chemin vers plus loin, le guider à travers les ronces, les ornières, les groseilliers. Car la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Ce petit ruisseau que l'on imaginait couler serein éternellement en est l'illustration. Un jour les éléments se déchaînent, la terre tremble, les lits débordent, le magma entre en fusion. Pourtant la vie est là, malgré tout, malgré les catastrophes naturelles, malgré les particules lourdes, les goudrons noirs du doute qui tapissent les poumons, entravent l'oxygène. Alors sortir, respirer, trouver un nouveau souffle, une bulle d'air, imaginer Chloé dans ses ronds de savon, monter au belvédère d'un jardin séculaire, voir la ville d'en haut c'est plus spectaculaire. Les vieilles pierres toujours debout, les arbres centenaires. La beauté résiste. Cligner des yeux, les rouvrir en changeant les filtres. Ne pas laisser les mots en -eur s'immiscer sous les paupières, lourdeur, laideur, tiédeur. Le cœur de la ville palpite, il est à portée de main, aujourd'hui plus qu'hier. Le soleil au zénith, Zoël le Zoeil joue à cache-cache dans les buissons, en un battement de cils il sort de son cocon. De chrysalide il devient papillon. Magie des mots, imago. Métamorphose, anamorphose. Tromper le zoeil pour que le beau reprenne ses droits. Puisqu'il est là, puisqu'au printemps tout rené, tout reverdit, puisque les couleurs, les rayons du soleil, le bruissement du vent, la musique des fleurs, la poésie.
Et je l'affirme, à l'instar d'Eluard, la nuit n'est jamais complète, au-delà des tempêtes, des certitudes ébranlées, des idéaux à la baisse, chaque aube tient sa promesse
D'or !
Je door
Porte fermée
Paupières closes
Si loin si près
Je dream
Fenêtre rose
Vue dégagée
So far so close
I hope
Caresse d'espoir
Entrevoir ton ombre
Dans le brouillard
Je dark
Sous les décombres
Reflets du lac
Dans la pénombre
Je door
Passage ouvert
Des heures d'or
And even more mi amor
My lovely mystery
I miss you Mister
Miss terre with you
Wasted rendez-vous
Like a failure
We missed each other
Un neverland
At any time
Difficult rhyme
To lie on the sand
Too late
To regret
I miss you Mister
Miss terre with you
I leave the Earth
Dreaming about us
Above the clouds
The sun will bright
At any time
And everywhere
My lovely mystère
Moonlight
La nuit scintille
Verras-tu les mêmes étoiles
Quand ton soleil se couchera ?
Verras-tu la lune pâle
Et l'ombre chaude de mes bras ?
Le temps défile
Sera-t-il un jour facile
D'envisager un rendez-vous
Entre la lune et le soleil
Une douce éclipse sans tabou ?
La nuit brûle
Rayonnait-il trop fort le soleil
Sur la lune rousse aux mille éclats ?
Des champs de blé rouge vermeil
Précieuses étoiles rouge grenat
Le temps s'effile
Est-il trop tard ?
Recoudre de fil en aiguille
Les lambeaux d'un soleil en guenille
D'une lune noire
Accentuation
Sans ambiguïté
Je t'écris
Avec un tréma sur le i
Cette histoire vaut de l'or
Elle transcende les corps
Sans ambiguïté
Amitié
Avec accent intense sur le é
Le hasard est farceur
Il n'est jamais à l'heure
Sans ambiguïté
Frimas
Pas d'accent sur le A
Caprice du temps
Brouillard givrant
Sans ambiguïté
Rêver
Avec circonflexe
Je reste perplexe
Sur les accents complexes
Et si l'ambiguïté se révèle
Utopie
Avec point sur le i
Étreintes passionnelles
Mon ami
Sans ambiguïté
Avec trémolo dans la voix
Point sur le i tréma
Accent sur le é
D'une rare intensité
Exégèse
- Tes derniers billets sont un peu chelous, je comprends pas tout
- Je peux t'en faire une explication, mais attends, d'abord j'allume le feu, il fait un froid de gueux
- Tu sais bien qu'il ne faut pas se découvrir d'un fil, en avril
- Je sais, je ne me suis pas dévêtue, seul le fil de mes pensées est un peu décousu
- Oui j'avais remarqué, je te rappelle que je suis le premier concerné, je fais des loopings dans ton bocal, c'est un vrai dédale là-haut, un gloubi-boulga de mots. Et la langue de Molière ne te suffit pas, tu n'as pas peur de choquer en employant des mots anglais ?
- Je ne suis pas académicienne et je recueille les mots d'où qu'ils viennent. Du fin fond des Corbières, de la City, de la cité. Ils débarquent souvent en fanfare, nuées de chrysalides, puis éclosent tôt ou tard. Ils prennent parfois le contrôle sur mes idées, je me laisse entraîner dans leur vertige si bien qu'à la fin ce que j'ai écrit n'est pas forcément ce que je pense sur le moment. Par exemple à l'aube je ne fall pas down, c'était juste pour le jeu de mot avec dawn, aube en anglais. J'en ai fait un autre avec call et décolle, je reste pourtant au sol et n'attends pas forcément un phone call
- Ah , je comprends mieux maintenant. Et tu ne crains pas que le fantôme de Stendhal vienne te chatouiller les pieds ?
- Tu sais bien que je ne crois en rien, pas plus aux fantômes qu'en l'être humain. Mais s'il vient quand même je lui offrirai un thé
- Un thé noir bien sûr
- J'essaie de me sortir des clichés, de ne pas me laisser aller à la facilité, alors je le laisserai choisir. Peut-être préfèrera-t-il une chartreuse
- Et pourquoi tu le transformes en dealer ?
- Les mots, encore les mots, héroïnes, cristallisation, il ne m'en faut pas plus pour partir en divagation....
- Et le métal c'est ta nouvelle passion ? J'ai un peu peur que tu mettes le son à fond, tu sais que je vis au plafond
- Pas d'inquiétude, j'en écoute parfois en voiture, je peux faire des excès de paresse, rarement de vitesse, donc pas à fond. Le jour où je décide d'en diffuser, je te laisserai à la maison, et c'est pas à toutes les saisons (tiens il faudra que je demande à mes deux créations originales dans quelle collection on classe ce son).
As-tu d'autres questions ?
- Qui est Yorick ?
- C'est le crâne du bouffon du roi qui apparaît dans Hamlet, symbole de la nature périssable des corps, une allégorie de ce qu'a été la vie, de ce que sera la mort. Et un clin d’œil à mon amie Clémence et son génial asticot https://www.youtube.com/watch?v=KV338tZ_68o
- To be or not to be si j'ai bien compris
- En quelque sorte oui. Et profiter de la vie avant de not to be
- Deviendrais-tu sage ?
- C'est un des avantages de l'âge...
- Je te trouve pourtant siphonnée parfois
- Disons que je suis follement sage
- Je suis d'accord avec toi sur l'adage
- Quant à Louis, Elsa et les décalages horaires, s'agit -il d'Aragon et de son amour inconditionnel pour Elsa Triolet ?
- C'est bien plus encore. L'histoire d'un rêve, digne d'une œuvre littéraire, douce et violente chimère qui s'écrit dans les interlignes, une conviction intense et intime
- Merci pour tes explications, tu éclaires my twilight zone. Ton idée d'écrire en prose est tombée à l'eau ?
- Le problème c'est que je ne fais pas toujours ce que je veux avec les mots !
Prévert
Parce que Jacques Prévert n'est pas mouru le 11 avril 1977
Prévert
Sur le mur de l'hôtel de ville
Mon nom écrit à l’encre indélébile
Emotion imperceptible à l’oeil nu
Le démon de la poésie jette sur moi son dévolu
Je deviens pour une seconde
La muse amusée du musée improvisé
Je compose en prose les vers de mon poète préféré
Des pré-vers en Somme
Allongée sur les bords de la Marne
Puis réveillée par les cris colorés d’un oiseau sans cage
J’hèle un taxi
C’était pourtant un oiseau de Paradis
Reconduisez- moi à Paris bien sûr je n’ai pas ri
Vert: mélange de jaune et de bleu
Pré-vert: avant le mélange la couleur brute la couleur pure
Jacques Jaune-Bleu célèbre poète français né à Neuilly en 1900
Sur le mur de l’hôtel de ville
Barbara à l’encre indélébile
C’était moi l’étrangère inconnue
Je n’étais pas encore née
Tu n’avais pas encore mouru
Nous nous sommes rencontrés
Dans un endroit absolu
Tu faisais un inventaire
Au coin de la rue des Saints Pères
Je marchais Boulevard St Germain
Tu m’as fait un signe de la main
Mais je ne t’ai pas vu
Je n’étais pas encore née
Tu n’étais pas encore mouru
Jacquot je m’ennuie
De ne t’avoir jamais croisé
Pourquoi je n’étais pas encore née
Quand tu m’as vue sous ce porche
Epanouie sous la pluie
Heureusement nous nous sommes retrouvés
Dans ce musée improvisé
Et sur le mur de l’hôtel de ville
Tu as crié mon nom à la craie indélébile
Je n’avais pas encore vécu
Tu n’étais pas encornet
Et puis l’encre a séché
System of a down
I fall down
Dès l'aube
The dawn
Je fais pas le job
En translation
C'est pas raccord
Cet english word
Voltaire falls down
Shakespeare comes on
Pas de clarté
At dawn
Ego chuté
I fall down
No bright
After the night
Zadig zigzague
A Copenhague
Yorick s'évade
Vent dans le crâne
I fall down
I leave the Earth
Just at dawn birth
Jet lag
Décalage horaire
Un halo de lumière
Quand je me lève
Tu t'endors
Si tu rêves
Viens me rejoindre
On marchera dehors
On verra l'aube poindre
Pareille aux rimes anciennes
Où le sort se déchaîne
Je passe la main dans mes cheveux
Tu te retournes un peu
Nos doigts s'effleurent
Au delà de ce décalage d'heures
Ton regard amical
Sur mes lèvres entrouvertes
Instille une ombre tropicale
Sidération discrète
En écho le sonnet symbolique
D'un parfum exotique
Décalage horaire
Nostalgie passagère
Elle revient toujours la portière
Claquer sur un hypothétique baiser
Le plan reste figé
Stop motion
Extrêmes émotions
Ô temps suspends ton vol
Comme si un stupide poème
Pouvait changer les rôles