Articles de barbaraburgos

Sur un trapèze

Par Le 01/02/2021

Je m'endors dans le décor à l'envers
Suspendue par les pieds
Quelle idée pour trouver des rimes en -é
Des vers en -ers
Cacher ses impudeurs dans des alexendrins
Des sonnets des quatrains
Un dédale idéologique
Suivre le fil liturgique
De ces allitérations idylliques
Un point de vue différent
Sur le monde et les gens

Ridicules fourmis
Agitées de tremblements
Des hommes tout petits
Secoués par le vent

Suspendue par les pieds
Je regarde
A l'envers
Le décor vaciller
Dans un élan d'impudeur
Je me défais de mes dessous
J'envoie valser les erreurs
Les tabous
J'en vois passer de toutes les couleurs
Des pensées de quat'sous
J'abandonne mon corps
Au balancement du trapèze
Puis fatiguée de chercher une rime en -èze
Dans l'envers du décor
Je m'endors

Des chiffres et des lettres

Par Le 31/01/2021

31 janvier, 31 billets, le compte est bon. Les résolutions de la nouvelle année ne se sont pas encore envolées. Elles résistent au vide, au covid (le féminin pour ce mot là ne me plaît pas), aux mauvaises nouvelles des étoiles, aux soirs où le ciel se voile.
Elles s'amusent avec les mots les jours plus beaux, en font des salades russes, gravissent des montagnes à sensation quand l'écriture automatique prend le relais.
En parlant de ciel, il est en train de nous dégringoler sur la tête rappelant des souvenirs qu'on aurait voulu oublier. Pourquoi l'eau ne reste-t-elle pas dans son lit ? Souffre-telle d'insomnie, elle aussi ? N'est-il pas assez confortable ce lit là pour que tu veuilles t'en échapper ? Moi j'aimerais bien rester dans le mien cette nuit, il est chaud et douillet, aucune envie de m'en extirper pour aller écoper tes débordements. Je voudrais bien dormir sur mes deux oreilles, lovée dans le creux de mes oreillers moelleux.
Pas d'eau s'il te plaît mon Dieu (promis je croirai en toit), juste dodo. Le T est un lapsus, une manifestation de mon inconscient, je crois en toi mon toit, (et j'ai croisé les doigts quand je lui ai promis de croire en lui). C'est pas aujourd'hui que je vais commencer à croire en quelqu'un, surtout quand ce quelqu'un n'existe pas, j'ai déjà mis presque 50 ans à croire en moi.
Ceci dit ce soir Il n'est vraiment pas content, j'ai l'impression qu'il fait gronder le firmament. A demain s'Il ne me foudroie pas.

 

Le jour d'après

Par Le 30/01/2021

Parce qu'aujourd'hui est la veille de demain et le lendemain d'hier. Quand l'absurdité vous saute en pleine figure un soir de lune du loup, que déjà qu'on ne croyait pas beaucoup, on ne croit plus du tout.
Et Charlotte Delbo à la rescousse, pour redonner un peu de sens à l'existence

Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants

...Vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d’argent
comment comment
vous pardonner d’être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie
faites quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d’être habillés de votre peau de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.

 

Il y a toujours pire que le pire et boire en terrasse un lointain souvenir.
Sisyphe roule son rocher, à 18h va-t-il se coucher ?

https://www.franceculture.fr/emissions/poeme-du-jour-avec-la-comedie-francaise/priere-aux-vivants-pour-leur-pardonner-d-etre

 

 

 

 

 

Aujourd'hui

Par Le 29/01/2021

Parfois la vie s'arrête en plein vol, au milieu des projets et des rêves d'une deuxième jeunesse.
Pas le temps de dire au-revoir. Hier, il se promenait serein dans les rues de son village, aujourd'hui on parle de lui au passé.
Et tout d'un coup la conscience de la fragilité de l'existence.
On le sait mais on ne vit jamais comme si chaque jour était le dernier.
On remet sans cesse au lendemain ce qui pourrait être fait le jour même. On laisse partir les gens qu'on aime ou on ne le leur dit pas assez. On se laisse envahir par les détails du quotidien, endormir par le train-train.
Pourtant une fois le choc digéré, le temps reprend sa course et on oublie que d'un moment à l'autre peut s'afficher le générique de fin, un "The End" des vieux films hollywoodiens. Et pas de saison 2 en tournage, pas de page à tourner quand survient le terme du voyage. Clap de fin et regrets pour les vivants.
Alors il faut vivre et aimer tant qu'il est temps, c'est une banalité mais on l'oublie trop souvent.
Profiter des levers du soleil et des nuits de pleines lunes, d'un vol de libellule, d'un battement d'ailes de coccinelle, de la clarté des soirs d'été sous la tonnelle.
Profiter de la vague, des embruns, du goût du sel sur les mains. S'aimer nu, peau à peau , se caresser, s'embrasser.
Se sentir vivre, exister et vibrer. Aujourd'hui.

 

Gloubi-boulga

Par Le 28/01/2021

Une multitude de sujets s'offraient à moi aujourd'hui. Des policiers dansant la macarena dans un commissariat, aux mirlitons de Roland Barthes en passant par la lune du loup ce soir, jusqu'aux explications de Yann Arthus-Bertrand quant à l'origine du monde, je ne savais plus où donner de la tête.
Pour la création de l'humanité, j'ai maintenant la preuve qu'Il n'y est pour rien. Il nous a fait croire qu'il avait bosser six jours et s'était reposé le dernier. Que nenni, il avait posé une semaine de RTT, laissant le soin aux roches volcaniques de faire le job (le pauvre Job s'est bien fait avoir). Voilà donc plus de 2000 ans que notre civilisation se fourvoie et s'est laissée berner par des croyances oiseuses. Et Il ne nous a même pas envoyé le moindre petit SMS d'excuse. Je sais pas vous mais moi je ne l'ai pas reçu, pourtant ceux du gouvernement me parviennent alors qu'Il ne prétexte pas d'avoir égaré mon numéro.
En tout cas, maintenant que je sais d'où je viens, je peux enfin savoir où je vais. Mais le temps passant à toute allure, et avant de savoir où je vais, voilà qu'il faut que je publie mon billet si je veux dans les clous rester (sans mauvais jeu de mots (pas du tout le style de la maison) )

Si six scies scient six...

Par Le 27/01/2021

Sidonie se donnait la peine de rêver davantage, elle aurait l'avantage de s'évader plus facilement
Silex ne l'était plus, de l'étincelle jaillirait l'éblouissement
Ciboulette dans l'omelette, sensations évaporées
Silhouette plus fine, si Louis aminci
Citronelle dans les plats, plus de goût au repas
Citrouille, être rassuré
Cicéron, c'est pas carré
Sidéré, c'est dire hé
Cigare, grève des trains
Simagrée, du canard
Cithare, ce billet
Silence !
Siphonée!

Idée à liste

Par Le 26/01/2021

Trouver l'idée, aller la dénicher chaque jour, dans la lumière du levant, vision panoramique des sommets, danse des flammes dans la cheminée, langueur d'une soirée. Parfois elle jaillit telles les langues de feu du crépuscule, parfois elle reste tapie entre une parenthèse et une virgule. Pas toujours évident de la cueillir, l'accueillir, la faire passer par toutes les circonvolutions du cerveau, la convertir en mots, les assembler en phrases, les faire rimer pour plus de légèreté, y mettre du sens ou du non-sens. Laisser ses doigts courir sur le clavier, pianoter, une musique intérieure, et là, elle rappliquent par milliers (sans exagérer).
Et le mot "idéalise" s'autodétruit par une faute de frappe, "idéalyse" (lyse, du grec ancien lysis: dissolution), dissolution de l'idéal et apparition du banal dans le ciel de janvier.
Idéaux à la baisse à la station Abbesses (cf métro parisien), au pied de la butte Montmartre à l'heure où ferment les théâtres, où les muses s'ennuient dans les musées, où personne plus ne s'amuse dans les caves de Saint-germain-des-Prés puisqu'il y a eu un avant mais plus d'après. Ce n'est pas comme la pluie et le beau temps.
Et après tout ça, faudra encore appeler Lacan (voir billets précédents les précédents) pour analyser mon inconscient.
Je suis pas sortie de l'auberge bien que même pas entrée, elle sont toutes fermées.

 

 

 

Quartier libre

Par Le 25/01/2021

Aller faire un tour dans le coin pour ne pas tourner en rond. Il est cependant possible de tourner en rond dans un coin alors qu'on ne peut trouver aucun coin dans un rond. Ainsi les poissons rouges ne se cognent jamais le petit orteil à l'angle des pieds de la table du salon. C'est aussi parce qu'ils écoutent bien leur maman poisson (qui est bien gentille) et mettent toujours leurs chaussons.
Je tourne en rond dans les coins hypothétiques de mon aquarium
Des réminiscences du carré de l'hypoténuse m'amusent
Mon hypothalamus m'envoient des signaux de détresse
Et j'acquiesce
On ne peut pas sans cesse détourner les mots, qui par ailleurs ne sont pas le pluriel de mal, et les faire tourner en rond dans un bocal
"Ah bon excusez-moi je croyais qu'on pouvait
 a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
 a dit l'oiseau"
Pardon à Prévert pour cet emprunt inopportun, c'est mon hypophyse qui fait des bêtises

Le Quartier libre original c'est celui-là

J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l'oiseau
Ah bon
excusez moi je croyais qu'on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l'oiseau.

La nostalgie camarade !

Par Le 24/01/2021

Il est des musiques "madeleine" qui font ressurgir les souvenirs de moments précis. Tel accord, voilà que se plante un décor oublié, telle mélodie et apparaissent des visages amis,
Mais à quoi sert la nostalgie ? Ce qui a été vécu ne le sera plus.
Et que deviennent les souvenirs dans la mémoire de ceux qui les ont partagés avec nous ? Toutes ces personnes croisées, avec qui on a fait un bout de chemin, puis perdues de vue à un carrefour. Ces noms rayés dans les répertoires, envolés pour Tahiti ou vivant tout près d'ici. Des amis le temps d'une chanson, puis le disque continue sa gravitation.
Une tendre pensée pour tous ces bons moments passés, fous rires mémorables qui résonnent toujours plus de vingt ans après.
"Que sont mes amis devenus ?"
Je les évoque souvent, pensent-ils à moi de temps en temps ?

Cardiopathie

Par Le 23/01/2021

Entendu  ce matin au marché; "il est mort jeune, il avait des problèmes de coeur".
Pauvre homme! Pas de nom, pas d'âge, seulement cette information, "des problèmes de coeur".
Est-il mort d'un amour déçu, d'une peine dont il n'aurait pas eu le dessus ?
Une thrombose des sentiments, mort de trop d'indifférence, une vie en déshérence? 
Un accident vasculaire, nécrose coronarienne, un manque cruel d'oxygène.
Un trouble du rythme quand les coeurs ne battent plus à l'unisson, hypertension.
Angine de poitrine quand le coeur se serre d'avoir trop souffert.
Si au moins il s'était épris d'une infirmière peut-être aurait-elle pu le sauver.
Mieux vaut s'assurer que l'autre ait son brevet de premiers secours avant de succomber à l'amour !

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