Articles de barbaraburgos

Dans 2013

Hommage

Par Le 05/08/2013

La plupart d'entre nous passe dans la vie sans faire de bruit, sans se plaindre d'un sort souvent malheureux, douloureux. Que reste-t-il de ce passage, parfois des enfants, des photos, des images.
Aujourd'hui un hommage à une grande âme, que celui qui est sensé exister là-haut n'aura pas épargné.

Elle aurait bien aimé les fleurs, mais n'aurait sûrement pas voulu tous ces pleurs, pourtant inévitables. Parce qu'elle ne voulait jamais déranger personne.
Parce qu'on ne dit pas assez à ceux qui nous entourent, l'importance qu'ils ont à nos yeux, qu'on les ait côtoyé toute une vie, ou à quelques moments précis.
Je ne la connaissais finalement que très peu, mais nous prenions plaisir à nous retrouver le samedi après-midi, chez Tata, ma grand-mère. Je ne l'ai jamais entendu se plaindre, elle avait toujours le sourire et un mot attentionné pour chacun. Mes enfants me demandaient toujours «elle sera là Monique ? », comme un repère, l'assurance de passer un bon moment en sa compagnie.
Nous partagions un morceau de gâteau, une tasse de thé, on parlait de la pluie, du beau temps, jamais du mal du voisin.
On percevait parfois une solitude pesante, aussitôt effacée d'un revers de la main, parce qu'il fallait bien poursuivre son chemin. Ce sentier des contrebandiers à travers les Pyrénées, qu'avaient emprunté ses parents, en espérant trouver richesse et liberté. Mais rien n'était jamais acquis d'avance, elle le savait et l'expérience le lui a bien rappelé.
J'ai été heureuse de l'inviter chez moi, avec ma grand-mère, pour leur montrer les travaux réalisés dans la maison. Elle avait apporté un paquet de madeleines, parce qu'elle savait que les enfants les aimaient. La madeleine est la symbolique du souvenir d'enfance chez Proust, elle restera pour nous désormais ce souvenir d'elle et la reconnaissance dans ses yeux de cette invitation.
De son enfance, elle évoquait souvent le premier vélo que lui avait offert son parrain (mon grand-père), et combien elle en était fière. Je l'imagine maintenant roulant sans souci sur les chemins de la liberté, et si je suis sûre d'une chose aujourd'hui, malgré mes doutes et mes croyances, c'est que pour elle, il existe un paradis, qu'elle y aura une place de choix, y que los abuelos seguro la cuidaran mucho .

 

 

 

 

 

 

                                                                                        

Dans 2013

Onirique apparition

Par Le 03/08/2013

Les évidences, les questions, mornes ignorances, les échos sourds, longue distance. Un vieux sage boudhiste, japonais, dans un tableau à l'encre de Chine, écrivit un haïku dans sa langue natale, que bien sûr, je ne compris jamais. Quelle signification donner à ce bout de papier, y avait-il une explication sur mon passé, mon présent, mon avenir. J'ai gardé ces lettres dessinées avec application, sans chercher à y trouver une réponse. Des signes indéfinissables, que je relisais dans un jardin japonais, sur un pont en bambous. Un cygne noir allait et venait sur cette mare artificielle. Un oiseau exotique, par erreur sans doute dans ce décor , attendait les vents propices pour repartir vers de lointaines contrées.
Dans cette flaque factice, le vieux sage m'est apparu, une boussole à la main, pas un mot, pas un geste, juste l'objet déposé à mes pieds. Retrouver ou perdre le nord, partir à l'ouest ou suivre le chemin de l'orient. Je ne le saurai jamais, l'oiseau exotique s'est emparé de l'objet, s'en est certainement servi pour revenir d'où il venait. J'en suis heureuse pour lui.
Le black swan a continué ses aller retours, puis d'un rocher a déboulé un vautour, d'un pré, une vache à lait. Et des entrailles de la terre, une éruption volcanique a recouvert de lave ce décor incertain. Tout est resté figé, je n'ai pas eu de réponse à la question posée.

Dans 2013

Questionnement

Par Le 26/07/2013

Parfois mes billets ont des points, parfois ils n'en ont pas. Ne me demandez pas pourquoi ou posez-moi la question.Mais est-ce bien utile de toutes façons?
Rien n'est plus absurde qu'une vie de fourmi, Sisyphes éternelles, fréquemment bombardées d'insecticide.Faut-il, comme Sisyphe, les imaginer heureuses? N'ayant pas un cerveau proportionnel à la complexité de la question, je doute qu'elles se la posent.
Quant à moi, l'ayant à peine plus développé, je m'abstiendrai d'une éventuelle réponse.J'aurais aimé savoir philosopher, mais que voulez-vous, à chacun son rocher, son accomplissement voué à un échec sans fin, chacun sa croix, lourde des cris de Jésus, chacun sa foi dit le canard à sa cane et cancane en ricanant, elle le gave tellement, il a hâte d'en finir, elle est la prochaine sur la liste. Il n'ira pas à ses funérailles, il a déjà tout prévu, la camarde ne surprendra pas le canard. Avec quelques camarades, ils s'envoleront à l'aube à la recherche d'un lac perdu, en mangeant des madeleines.

Dans 2013

Matinale pensée

Par Le 26/07/2013

La poésie, l'art brut, street art, danse, expression, émotions, créations, du dedans vers le dehors, exorciser le sort, dire, bouger, sentir le corps vibrer, l'esprit s'enflammer. Faire et se défaire des carapaces, casser la glace et les miroirs, se regarder face à face, jeter des tubes de peinture sur une toile, du néant tirer l'unique expression de soi, sans filtre, sans limite. Du rien donner un sens, des douleurs extraire l'essence, se nourrir du vide pour trouver la plénitude.
Un mot, un geste, une trace de peinture, derniers remparts avant l'abandon, dernières murailles avant la rupture entre soi et le monde, dernières suppositions entre l'être et ses questions.

"La vraie création ne prend pas souci d'être ou de ne pas être de l'art." Jean Dubuffet

Dans 2013

Drame

Par Le 25/07/2013

Je voulais faire un billet sur le train-train quotidien, mais ce n'eût pas été de bon goût aujourd'hui, vu qu'un train a déraillé faisant des morts et des bléssés, des qui partaient et ne sont jamais arrivés.
Le TGV est-il plus assassin que le train-train quotidien? C'est un drame, une atrocité, images chocs, tôles écrasées.
Personne ne prévoit la fin, chacun sait cependant qu'elle sera certaine, annoncée ou subite, douloureuse ou anesthésiée. Et tant qui meurent seuls, abandonnés comme des chiens.Pas de gros titres pour la misère invisible, ceux  qui meurent de l'intérieur, rongés par les tumeurs, voilà un mot qui ne trompe pas sur son issue. Tu meurs, dehors, dedans, dans ton lit, dans un train, dans la rue, étendu sur des coussins, une hache ou un stylo à la main. Mais nul ne sait quand, aujourd'hui ou demain?

Dans 2013

Tut tut

Par Le 24/07/2013

Deux cons klaxonnent, le premier n'avance pas, tut tut, fait le deuxième, tut tut répond le premier, tu le vois bien que je peux pas avancer. Tut tut tut redit le deuxième, tut tut tut tut, fait le premier, traduction, tu le vois pas Ducon que je peux pas passer. Tuuuuuuutttttttttttttttt, le deuxième s'excite sur son klaxon, ça lui fait passer le temps, lui prouve qu'il a raison, que s'il était en premier, lui il serait passé.
Le premier descend, excédé, il est en retard, son chat est mort, sa maison a brûlé, il est en retard sur son passé. Le deuxième était d'humeur plutôt gaie, un rendez-vous, une soirée, une jolie fille, voiture décapotée, bronzage u.v, gourmette au poignet.Il ne craint rien ni personne et il va lui rentrer dedans à ce nase à la voiture pourrie. Il pourrait contourner les plots, se faufiler entre les deux poteaux, prendre de l'élan et franchir cette tranchée, quel empoté.
Pendant qu'il réfléchissait à ces éventualités, l'autre s'est approché sans un bruit, sans un mot il lui a fait manger son klaxon, par la bouche, le nez et le front.Du sang sur le volant, le tuuuttt ne s'est plus arrêté.
Le feu est passé au vert, le premier est parti sans se retourner.

Dans 2013

Soldes

Par Le 23/07/2013

C'est encore les soldes m'avertit une publicité aussi stupide qu'encombrante. Alors une question s'est imposée à moi, dois-je suivre la mouvance et mettre mes mots au rabais. Moins 30% sur les mots laids, les soldes c'est toujours des trucs moches et pas très seyants mais sous prétexte d'affaires en or, on dépense notre argent. L'or étant plus cher que l'argent, c'est toujours le dindon, qui, quoi qu'il arrive se retrouve plumé, ou le pigeon, ça dépend s'il est farci ou non.
Le premier que je solderais c'est justement solde, moins 70% d'emblée pour solde de tout compte.
Le deuxième, espoir, qui je le rappelle n'est pas un verbe du 3ème groupe, mais un nom tout ce qu'il y a de plus commun, pas vraiment sincère, de faux espoirs, des espoirs déçus, trahis, perdus. La faux appelle la faucheuse, métaphorique ou mécanique. Le blé, la blondeur ou la vénalité.Moins 80% sur les souvenirs qui ne viennent jamais sous formes de pièces ou de billets. Il est rare de les payer cash, ils reviennent à crédit, réclamant intérêt, usufruit. Tiens celui je l'offre pour tout achat supérieur à deux mots, j'aime pas.
Celui sur lequel je ne ferai aucun réduction c'est le mot sommeil, qui m'emporte déjà

Dans 2013

Variation sur Chloé

Par Le 19/07/2013

Du chiendent s'implantait dans les synapses de Chloé, les crocs bien acérés, si bien que les connexions ne s'établissaient plus entre ses différents neurones, chacun choisissant à sa guise de profiter de ce repos imprévu ou de n'en faire qu'à sa tête. L'un pensait blanc, meringue, dragées, un autre voyait rouge, sang, coquelicot, peinture, tableau, tel autre n'était plus que noirceur, nuit sans étoile, jour sans soleil, yeux clos, néant. Aucun ne pouvait communiquer entre eux, le chiendent se répandait et l'espoir diminuait.
Ce n'était ni mieux ni pire que le nénuphar et les doublezons tout aussi inutiles. L'issue devait cependant en être la même.
Les murs rétréciraient et Colin n'aurait plus que ses yeux pour pleurer ou pour en faire ce qu'il voudrait puisque lui malgré tout serait vivant.

Dans 2013

Variation sur l'Etranger

Par Le 19/07/2013

Parce qu'un jour il n'y aura plus rien que vent et poussière, six pieds sous terre, à l'abri pour rimer
Parce que quand le jour d'avant ressemble au jour d'après et qu'il est pire encore
Parce que Meursault n'a pas pleuré maman
Parce que le soleil était d'acier et la lame brûlante
Parce qu'il était aussi absurde d'être là qu'ailleurs
Parce que si j'avais le prix Nobel de littérature je n'irai pas à Stockholm
Au moins une certitude évidente, la seule, à part bien sûr celle d'une fin inéluctable
Délectable, détectable, décelable
Meursault a-t-il haï son bourreau?

Dans 2013

Couvercle

Par Le 18/07/2013

Le couvercle sur la marmite en cuivre clapote, l'eau bout.Un fait sans importance, elle finit par s'échapper, s'évaporer, se transformer de son état initial en un néant de fumée.Puis plus rien, des goutelettes invisibles. La marmite continue à chauffer, le couvercle ne bouge plus, la chaleur devient intenable. Et la marmite commence à se calciner, du noir, de la fumée.Elle commence à dégouliner son cuivre, ce n'est plus qu'une flaque couleur rouille. Quand l'eau bouille, il faut se dépêcher avant que la marmite ne finisse en bouillie.Et quand le café a bouillu, il est foutu.

Baudelaire a fait meilleur usage du couvercle, mais si je m'appelais Charles ça se saurait

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