Oulipo Ouvroir de Littérature Potentielle Ecriture automatique

Dans Juin 2021

Madame Jourdain

Par Le 25/06/2021

En faisant des recherches plus approfondies sur l'Oulipo, je me suis rendue compte que telle Monsieur Jourdain, j'auto appliquais des contraintes oulipiennes sans le savoir.
En faisan cela, j'ai vu une perdrix apparaître dans l’œil de bœuf d'une fable vauclusienne ou d'un conte de Monte Cristo. A Cuba, Roméo et Juliette au balcon, quand Paco tisonne son trombone pasque Tonton a faim de haricots. Lardé de l'art scénique au cynisme acéré, chaque spire de l'avis général, donne un lavis délavé, au pied d'un volcan en éruption cutanée. Des furoncles ou des tantes mécontentes qui vont camper sur des fumerolles mazoutées.
Mais t'étais, je t'ai cherché, partout, n'importe où, dans les choux, les cailloux, à genoux, toi, jaloux comme un pou, des époux bafoués, bien trempés dans la boue. Moi debout, sans bijou, toute la nuit à faire le hibou, l’œil collé dans ce trou au plafond. Un faisan malotru, une perdrix incongrue, un guêpier bleu azur, un rapace dans l'espace. Le temps passe, outrecuidant, micro-ondes des instants. Polaroid en cellulose, poupée de chiffon recyclé, du papier dans un moulin noir de montagne, des éléphants en brousse, du fromage caillé, de la soupe de tortue au festin de Babette. La torture ne dure que si le tort dû dure alors que le tort tue à gages à n'importe quel âge. Cloche-pied à la nage d'écrevisse, que j'écrivisse dans les crevasses d'une brèche au niveau du lobe temporo-spécial, dont personne c'est certain ne comprendra rien. Pourtant en reliant chaque mot avec son précédent, on peut suivre le fil décousu, l'accroc dans le pardessus, barbelé, fer tendu, repasser, creuser les sous-entendus pour s'évader par dessous. Pour deux sous je ne veux pas me retrouver nue, mise en vers, étendue sur une plage et perdue. L'air de rien l'air marin fait bouger le tissu, une issue pour sortir de ce guêpier, s'envoler sur les ailes d'un oiseau coloré, en espérant revenir demain dans les embruns fluctuants du matin

Dans Mars 2021

Arrière-goût

Par Le 13/03/2021

Le temps passe sous les ponts et va se jeter dans l'amer, cet arrière-goût des pensées d'hier
Un aphorisme sans autre ambition que de placer un bon mot et m'auto-féliciter de la trouvaille(mon ego est tellement surdimensionné qu'il ne rentrera bientôt plus entre parenthèses).
Parfois (pas souvent) je ne pense absolument pas ce que j'écris puis je préfère les avant aux arrière-goûts. Ces petits picotements, ce pressentiment des papilles à la perspective de découvrir une nouvelle saveur, de vivre un grand événement. Ceci dit j'aime l'idée du temps qui coule sous les ponts, je l'ai eue en passant sur un pont écroulé.
-Non, ça c'est pas possible, si le pont s'est écroulé, on ne peut pas y passer dessus
-Pardonnez-moi, pour moi c'est un pont écroulé. Les gens des ponts et chaussées l'ont remplacé par un pont provisoire qui dure
-On se vouvoie maintenant ?
-Pourquoi, on devrait se tutoyer ?
- Je crois qu'on peut depuis le temps qu'on se connaît
-Ah c'est ma schizophrénie qui revient. Désolée je ne t'avais pas reconnue et ne me ressors pas que je suis toute excusée que tout le monde peut se tromper, ça tu me l'as déjà fait
- Oui d'accord, passons. Mais que vas-tu faire de ton idée sous les ponts ? Pas grand-chose je suppose, comme d'habitude
-Tu pourrais quand même noter le progrès, j'essaie d'écrire en prose
-C'est pas flagrant mais j'ose penser que tu vas y arriver
-Ce fut comme une déflagration, puis un torrent de boue
-Plus de deux ans après, il serait temps, tu ne me l'avais jamais raconté. Malgré tout tu es restée debout
-Oui mais il a fallu que je m'allonge sur le divan
-Le divan de Lacan pardi. Et tu n'as pas trop perdu ton temps ?
-Un peu mais je l'ai retrouvé, il passe et repasse sous les ponts
-Donc tu n'es pas froissée
-On dirait moi, tu es de moins en moins dissociée
-Je ne te le fais pas dire