Une erreur sur le clavier, haine devient son contraire. Il est courant de penser que les deux sentiments sont liés, que le premier ne peut apparaître qu'à la disparition du second. Je ne t'aime plus, je te hais ou tu ne m'aimes plus, je te hais.
Je hais le céleri pourtant je ne l'ai jamais aimé.
On peut haïr quelqu'un ou quelque chose, autrui ou soi-même puisque le verbe se construit aussi à la forme pronominale, idem pour aimer. Pourquoi n'y a-t-il pas de nuance entre "j'aime le chocolat" et "je t'aime toi". Le plaisir, l'intensité, la durée ne sont pas comparables, le palpitant ne bat à la même intensité. Un carré de chocolat qui fond dans la bouche est un plaisir éphémère et égoïste. T'aimer toi s'inscrit dans un espace-temps, une longue dégustation à partager. Ce qui donne à l'amour tout son piquant, toute sa saveur c'est justement le partage. Si le sentiment est unilatéral, il devient torture ou peut rendre zozo. Avant d'aimer l'autre ou de s'aimer les uns les autres, il est indispensable d'utiliser le verbe pronominal.
S'aimer soi-même, essaimer des petits cailloux sur les routes sinueuses des rencontres amoureuses, pour pouvoir se retrouver quand la touche M est remplacée par N sur le clavier.
Moi non plus je t'haime.
Ce que l'on sème
Dans Février 2021
Ajouter un commentaire