Dames-jeannes alanguies
Au soleil des quatre saisons
Saurez-vous gorger d'envie
Ce breuvage à l'abandon ?
Au sein de vos formes généreuses
Se prépare l'alchimie
La transformation divine
D'un vin quelque peu aigri
En une substance sublime
Dames-jeannes majestueuses
Vous vous tenez droites et fières
Au sommet des vieilles pierres
Un décorum minéral, afin qu'opère la magie
Des conditions idéales pour un goût de paradis.
Dames-jeannes alignées
Prêtes pour aller danser ?
Dames-jeannes ordonnées
En un immobile ballet
Dames-jeannes serez-vous
À l'heure pour le rendez-vous ?
Mais voilà que des messieurs
Décidèrent que les cieux
Allaient devoir renoncer
Au privilège délicieux
De contempler le spectacle
Ils voulurent déboulonner
Ce que Dieu avait souhaité.
Sans relever du miracle
Le savoir-faire est humain
Des hommes, des femmes, des mains
Mais il restera toujours
Cette intervention étrange
A l'aube de chaque jour
Une belle part pour les anges
Est-ce un impôt prélevé
Par Dame nature
Pour nous rappeler
Que nous sommes redevables
De ce que la terre a donné
Et inspirer le respect
Du travail pour le récolter
Alors ensemble rêvons un peu
Alors ensemble Messieurs
Regardons vers les cieux
Contemplons ces vieilles pierres
Au coeur des Corbières
Et savourons des yeux
Ce ballet immobile
Et de grâce
À Lagrasse
Laissez-les donc tranquilles
Alanguies et lascives
Ces belles dames-jeannes
Inoffensives