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A votre guise

barbaraburgos Par Le 07/03/2020 0

Dans 2020

C'est un lieu commun de dire et de redire que le temps passe. Le début de ma phrase est déjà du passé, un temps qui ne reviendra pas, le point final est du futur à présent, mais une fois ce futur atteint, il deviendra passé. Le présent existe-t-il vraiment ? Il dure le temps d'une inspiration, à l'expiration l'air appartient au passé.
Le défi de ce blog était au départ d'écrire un billet chaque jour. Les bonnes résolutions se sont perdues dans le tourbillon de la vie. Plus de 9 années ont ou sont passées. Des traversées du désert, des éclaircies, des catastrophes naturelles, des longs fleuves tranquilles, une succession aléatoire d'événements non définis par un être supérieur ou l'influence de quelconques planètes. Juste un fil qui se déroule, auquel on veut chercher un sens, une signification profonde. Il est difficile de se résoudre à l'absurdité de la queston existentielle. Alors on remet son destin dans les mains de dieux inconnus, dans la reconnaissance de signes transcendantaux. Il est réconfortant de penser qu'en faisant brûler une bougie on aidera les bonnes âmes à atteindre le paradis. Qu'avec 2 pater 3 ave, un allah akbar, un rite vaudou , une communion, une circoncision, une bar-mitsva, un mandala ou dieu sait quoi encore on s'attirera les faveurs du tout puissant ou des forces bienfaitrices...pourquoi ?
Pourquoi ceux qui tentent de flotter sur une planche en Méditerranée gardent-ils la foi ? Pourquoi et comment trouvent-ils la force d'avancer ?
Moi une simple enveloppe estampillée "trésor public" me donne envie de creuser un terrier et de m'y enfoncer en attendant des jours meilleurs.
Bref aucun rapport, aucun lien de cause à effet. Chacun fait comme il peut, avec Allah, Bouddha, Jésus, Jéhovah, Google, Amazon, Ikéa. L'essentiel est de se distraire , de ne pas ressentir l'écrasante absence de signification de notre passage sur ce caillou en perdition. Comme je n'ai pas tous les mots et le talent pour expliquer ce que je ressens, j'emprunte ceux des autres, et pas n'importe qui

Enivrez-vous


    Il faut être toujours ivre. Tout est là : c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.

    Mais de quoi ? De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. Mais enivrez-vous.

    Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge, à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante, à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est ; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront : « Il est l'heure de s'enivrer ! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, enivrez-vous sans cesse ! De vin, de poésie ou de vertu, à votre guise. »

Charles Baudelaire - Le Spleen de Paris, XXXIII

 
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