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Souvenir

barbaraburgos Par Le 10/12/2020 0

Dans 2020

Villegailh'heart

Dimanche 16 Novembre 2008 : Villegailhenc exposait ses arts et ses artistes : Villegailh'art

Après maintes hésitations, je m’inscris à la manifestation, mais très vite je panique à l’idée de ne pas être à la hauteur. A la hauteur de quoi ? De mes espérances peut-être ? Mon nom est déjà imprimé sur le papier, je ne vais pas me débiner.

Le samedi vers 17h, je suis au rendez-vous pour installer mes « œuvres », totalement néophyte dans l’art de suspendre un quelconque tableau sur un panneau d’affichage. Je n’ai rien prévu, ni crochet, ni décoration, puis je n’ai même pas fini ce que je voulais faire, ah la la, cela s’annonce mal ! Heureusement mes voisines de stand  me proposent spontanément leur aide. Ouf, je vais peut-être y arriver !
Je rentre chez moi et me remets au travail. Je ne veux pas décevoir ceux qui vont se déplacer, puis il y a le lieu. Ce n’est pas à Carcassonne, Paris, Londres, New York ou Tokyo ! C’est bien plus. C’est ici, dans le village de mon enfance, dans ce village où j’ai fait mes premiers pas, dit mes premiers mots, rencontré la poésie pour la première fois : c’était un après- midi d’automne sur le chemin de la Croix, les azeroliers et leurs mille petites pommes s’offraient à moi. Les vignes dans leur dernier manteau rouge et or de feuilles séchées me saluaient. Un vent froid venu du nord soufflait ou était-ce une brise légère ? Le ciel en camaïeu hésitait entre une tempête et une ondée passagère. Je garde en moi l’image de ce tableau mouvant et émouvant, un mélange paradoxal des quatre éléments. La terre fertile et craquelée sous mes pieds, l’air violent et doux à la fois, les feuilles incandescentes des vignes et l’eau en rafale sur mon visage émerveillé.
Et à toi, mon petit village devenu grand (tout comme moi) que vais-je offrir ?
Vais-je retranscrire cette émotion qui toujours vers toi m’a fait revenir ?
Je ne sais pas ce que je vais découvrir en osant m’exposer. Retrouverais-je mes rêves d’enfant ? Il n’est pas sage d’espérer autant !

Dimanche matin, 10h 25, je finis d’arranger mon décor.

Les premiers visiteurs arrivent, premières impressions d’inconnus, de proches, premiers échanges. Je découvre ou redécouvre certaines personnes. Je les regarde me regarder à travers mes poèmes entoilés. Je les regarde aussi s’exposer. J’observe les curieux, les gênés, les enthousiastes, les indifférents, les inconditionnels ! J’observe surtout cette assemblée « d’artistes » venus partager un moment de leur passion, de leur foi, de leur humanité.
Et miracle ! Je retrouve un bout d’azerolier sur une photo encadrée, plus loin c’est une croix au détour d’un chemin, un tableau aux couleurs de l’enfance…Des instants comme il n’en existe pas tant. Je pourrais fermer les yeux, sentir à nouveau le souffle du vent, les gouttes de pluie et l’odeur de la terre mouillée.Alors, je me sens soulagée.
J’ai bien fait de venir m’exposer, bien fait de passer le cap de cette réserve naturelle qui m’empêche souvent d’aller vers les autres.
J’ai aimé les sourires sur les visages amis, j’ai aimé les regards bienveillants, j’ai aimé les mains tendues. J’ai aimé ce dimanche, moi qui en temps normal déteste ce jour.
Mon petit village m’a donné la foi de continuer, continuer à dire, à écrire, à partager. Continuer à transmettre le savoir, les idées, se souvenir du passé pour pouvoir serein avancer vers l’avenir, s’ouvrir au monde en sachant d’où l’on vient.
N’est-il pas sage d’espérer autant ?

 
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