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Mars 2024

Dans Mars 2024

Digression

 

Le mot zigzag tergiverse
Et le mot tergiverse zigzague 
De détour en detour il n'en finit pas de s'éloigner de son but
La rosalie est un vélo rigolo
Le pédalo est un vélo sur l'eau
Le zigzag tergiverse en rosalie
Tandis que tergiverse fait des zigzags sur l'eau 
Mouvement de la jambe en avant
Coup de pouet pouet en rosalie
Des ronds dans l'eau en pédalo
Le zigzag est sans cesse détourné de son but
Tel Zadig qui n'en finit pas de poursuivre sa destinée
Zadig zigzague du côté de Babylone
Il tergiverse aux confins de la Perse
Tout ceci pour finir empaqueté
Une enseigne lumineuse
Une marque d'habits
Alors pourquoi ne pas tergiverser en pédalo 
Zigzaguer en rosalie
Ces vélos rigolos
Qui s'éloignent sans bruit
Sans atteindre leur but
Tant pis 

 

 

Dans Mars 2024

L'enfance de l'art

Le monde sans art
Sans création
Standardisation
Plus de questions
La même pensée
Au pas de l'oie
Le goût du beau
Uniformisé
Une mode à suivre
Loi du marché
Un film
Deux millions d'entrées
Exposition
De lumières projetées
Le roman de l'année
Dégoulinant 
De bons sentiments
Encensement
 

Le monde sans art
Sans réflexion
Plus de miroir
Aplanissement
Des émotions 
Au pas de l'oie
Loi du marché
A telle heure
Il faut rire
A telle heure
Pleurer
Le libre arbitre
Est sur la touche
Le prêt à penser
Est découpé
Le bon modèle
A respecter
Sans dépasser

Le monde sans art
Sans élévation 
De l'idée
Les mots eux-mêmes
Sont priés de se plier
Aux exigences
De l'intelligence
Au rabais 
Au pas de l'oie
Loi du marché
Au loin se profile
Une ligne d'horizon
Asservie
A l'expression
Du plus grand nombre 
Au ministère
De l'inculturie
On applaudit 

 

 

 

 

Dans Mars 2024

Gens

Sans parler
Ils se croisent
Les gens
Des gens
Ces gens là
Ici
Ce lieu
Partagé
Ils se croisent
Les gens
Sans parler
Quand ?
Maintenant ?
Un temps distendu ?
Une dystopie ?
Les gens
Sans parler
Ils se croisent
Où ?
Cet ici partagé
Un lieu
Ils parlent
Sans se croiser
Les gens
Des gens
Ces gens là
Ici
Maintenant
Évitement
Évidemment
Non événement
Un lieu
Des gens
Des croisements 

 

 

Dans Mars 2024

Dormir

 

J'écris tellement que je m'endors en écrivant ou que j'écris en dormant 
C'est mon inconscient qui prend le dessus
Quand je me relis je ne suis pas déçue 
Si je me lit, je dors
Si je maudis, je sort
Si j'encre, je port
De là je prends un bateau, je lève l'ancre, j'arme mon stylo
Si le stylo bille, je cour de récréation
Si le stylo plume, je oiseau
Depuis les airs l'océan est beau
L'encre se déverse
Bruit de la plume sur le papier
Bruit de la brume qui vient de tomber
Il est temps de rentrer
Je plume puis duvet 

 

 

Dans Mars 2024

Passante du sans souci

Le nom vernaculaire des fleurs
Prend le funiculaire pour se hisser
Tout en haut des pages du dictionnaire
Exprimer la simplicité par un mot compliqué 
Calendula officinalis se change vernaculairement en souci
Leucanthemum vulgare en marguerite des prés
Marguerite est un joli prénom
Souci, non
Est-ce vraiment drôle de prendre le funiculaire 
Peut-être en Angleterre ?
En Espagne il faudrait deux points d'interrogation
Je n'en ai qu'un et je ne saurais où trouver
Ni le deuxième, ni le premier 
A San Francisco, cable car plutôt que métro
Venez donc dîner, Marguerite Després
Pas de souci pour le trajet
Si question il y avait
Vous seriez priés de la poser en français
Pour la raison sus-citée
Et non en langue vernaculaire
Que personne ne comprendrait
Mais pourquoi faire simple
Quand tout peut être compliqué 

 

 

Dans Mars 2024

Pour ou contre

J'aime pas le printemps
L'herbe est trop verte, trop grasse, trop haute
Les insectes apparaissent par nuées tout contents de pouvoir embêter les gens
Ce n'est pas le pire
Le pire c'est les engins motorisés qui vrombissent sur les chemins
Et les petits zincs qui font de même à basse altitude
J'en perds jusqu'à ma zen attitude
Je pourrais aussi en perdre ma bonhomie
Et semer des clous sur les sentiers
Lancer des flèches par mégarde 
J'aime pas le printemps
Tout le monde est content, sourit 
S'émerveille d'une heure de soleil supplémentaire
J'aime pas le soleil
Sur ma peau blême il se transforme en érythème
Et la peau blême c'est un problème 
Difficile à solutionner
Pas de théorème pour l'enrayer
Quand les rayons trop fort viennent cogner
Sur le derme qui lui n'a rien demandé
J'aime pas le printemps
Trop clair trop chaud trop bruyant
J'aime encore moins l'été
L'été c'est le printemps au carré 
La seule chose que j'aime en cette saison
C'est les papillons 

 

Dans Mars 2024

Face caméra

Les petits gestes du quotidien
Les petits gestes anodins
Certains les subliment dans un film
D'autres les subissent de plein fouet

Mouvement d'une main en contre-plongée
Regards croisés
Instruments à cordes en fond sonore
Le drapé d'une robe au ralenti 

Mouvements des mains dans l'évier 
Regards embués
Linge étendu sur une corde
Tissu froissé à remettre en ordre

Détails créés face caméra 
Détails ressentis au bout des doigts 
L'esthétique de la fiction
La lumière crue de la réalité

A l'extérieur des salles obscures 
Sublimer les petits gestes anodins
Faire de sa vie au quotidien 
Du bout des doigts 
Un scénario de cinéma 

 

Dans Mars 2024

Du vent à Vannes

Jeanne va en van à Vannes
Ce n'est pas une vanne
C'est vrai
Elle est accompagnée
De son amie Vanina 
Le prénom a été changé
Pour plus de confidentialité
Jeanne et Vanina vont donc en van à Vannes
Elles iront manger un kougn-amann
Une recette où le beurre devient pléonasme
Puis elles boiront du chouchen
Une recette où le miel adoucit les peines
C'est joli le Morbihan en cette saison 
Disent-elles depuis le van sur la falaise 
Le vent fouettent les visages
Elles savourent cette parenthèse 
Les regards tournés vers le large
Un ciel d'hiver
Océan déchaîné
Une grande bouffée d'air
Et de particules iodées
Elles reprennent la route
Les doutes s'effacent
Sur le bas côté 
Jeanne revient de Vannes en van
Son amie Vanina l'accompagne
Une histoire s'est finie 
Une autre au début 
Retour de vacances 
La vie continue 

 

 

 

Dans Mars 2024

Le temps et rien d'autre

Du temps volé
A la quotidienneté 
Prendre le temps d'avoir le temps
Déguster une tasse de thé
En savourant chaque minute
La liberté de laisser le temps ainsi filer
Se prélasser
Se délecter des mots écrits
Une belle histoire
Une poésie

Du temps volé
A ce cadran
Qui tourne tourne sans perdre de temps
Tous les matins le même train-train
Pour une journée
Stopper l'aiguille
Prendre le temps d'avoir le temps
Le luxe ultime
Face à ce monde qui court tout le temps
Seconde sublime

Du temps volé
Entre parenthèses
La fantaisie
De contempler
La forme changeante d'un nuage
L'écoute attentive du silence
Prendre le temps d'avoir le temps
Une liberté
Un luxe
Une volupté 

 

Dans Mars 2024

Hier ou peut être la veille

Hier c'était la sainte Rosine
L'occasion de me rappeler
Cette figure carcassonnaise
Qui arpentait les rues de la ville 
Et comme le faisait Émile 
Demandait à chaque passant
Une petite pièce de monnaie
En précisant néanmoins que le bon dieu la leur rendrait
Elle promenait toute la journée
Un vieux landau et sa poupée
Manteau usé
Sourire édenté
Elle faisait partie du décor 
Rosine dormait-elle dehors ?
Émile rentrait bien au chaud
Puisqu'il habitait à l'asile
Des personnages de roman
Ils vivaient pourtant dans la ville 
Une autre époque, un autre temps
Où tout en étant différents
Les oubliés de la société
Pouvaient se faire intégrer
Tout le monde les saluait
Une parole un sourire 
Une petite pièce de monnaie
Le bon dieu jamais ne la rendit
Mais il rappela auprès de lui
Et la Rosine et l'Émile
Jamais plus on ne les revit
Arpenter les rues de la ville 
Ils doivent maintenant rembourser
Tout le crédit que dieu leur a fait
Il manque quand même pas d'air celui-là 
De reclamer les intérêts
A ceux qu'il a ainsi créés
Mais voilà que pendant que j'écrivais
L'heure a trop vite fait d'avancer
Et j'ai loupé la publication du billet