Articles de barbaraburgos
Titre de propriété
J'ai cru que c'était fini
Que la source s'était tarie
Que les mots ne pousseraient plus
Sur cette terre motagère
Ce petit lopin perdu
Dans une immense blogosphère
J'y suis revenue sans résolution
Sans un seul verbe à conjuguer
Je me suis sentie à la maison
Après quelques lettres assemblées
Je crois même que j'ai retrouvé
Ce qu'hier j'avais perdu
Ce n'était pas la faute du chat
Juste une fissure intérieure
A colmater par grand froid
Pour regagner la chaleur
Le moelleux de son chez soi
Je suis riche propriétaire
D'une terre motagère
Mais je ferais mieux de me taire
Je risquerais de devoir payer
Une trop grosse taxe foncière
Ma foi
J'ai perdu un bout de foi
Le chat l'a peut être mangé
Il ne s'agit pas de celui-là
Sans pour autant être pluriel
Le propos est singulier
Je ne le dirai qu'une fois
Le foie qui est masculin
Prend un e à la fin
Et la foi elle n'en prend pas
De quoi y perdre son latin
En plus de ce bout de foi
Que je ne retrouve pas
L'aurais-je jeté en pâture
Ou envoyé par la poste
Balancé dans les ordures
Mélangé à du compost ?
J'ai perdu un bout de foi
Je ne le retrouve pas plus
Que ce en quoi j'avais cru
A l'heure dite
A dix heures
Un matin
Mois de janvier
Un ciel serein
Rien ne s'agite
Rien n'est certain
L'ombre du doute
Quelle forme a-t-elle ?
Derrière les arbres
Joue à cache-cache
Toute la journée
Elle se déplace
Seul avantage de ce contour
Il disparaît avec le jour
Les incertitudes le suivront-il ?
A vingt-deux heures
Une soirée
Mois de janvier
Un ciel couvert
Rien ne s'agite
Rien ne transparaît
Pourtant le doute
S'est immiscé
Derrière les arbres
Dans les fourrés
Toute la nuit
Va zigzaguer
Inconvénient de ce parcours
Il laisse des traces
Seront-elles tenaces ?
Les biches
Où dorment les biches
Quand il fait froid
Ont-elles un duvet en plumes d'oie ?
Une cabane dans les bois
Un cerf gentil
Qui les attend dans leur logis ?
Que font les biches
Par grand froid
Des sports de glisse des étirements ?
Une patinoire dans les bois
Un petit faon
Qui joue avec les autres enfants ?
Que portent les biches
Avec ce froid
Ont-elles un manteau d'alpaga
Une cheminée un poêle à bois ?
Un confortable pyjama
Qui les protège du frimas ?
Oui c'est ainsi
Les riches s'enrichissent
Les pauvres s'appauvrissent
Et c'est ainsi
Et c'est ainsi
Que vont les hommes
Que va la vie
Ceux qui sont en haut aux manettes
Deux ou trois tours une pirouette
Et c'est ainsi
Et c'est ainsi
Qu'ils se protègent
Des intempéries
Pendant que les uns sont à la fête
Les autres accusent les défaites
Et c'est ainsi
Et c'est ainsi
Que l'écart se creuse
Que se fait le nid
D'une révolte sulfureuse
De l'élaboration d'un cri
Et c'est ainsi
Et c'est ainsi
Que des têtes sont déjà tombées
Dans le panier
Sans vouloir être belliqueuse
Il arrive qu'une goutte de pluie
Oui c'est ainsi
Oui c'est ainsi
Fasse déborder à l'envi
Des ruisseaux trop longtemps taris
Une vie
Les petites vies
Des petites gens
Ceux qui n'ont pas d'entrées VIP
Ceux qui disent hé ben tant pis
Jamais in the place to be
Les petites vies
Des petites gens
Loin de la fureur du bruit
Valent-elles moins que les autres
Ces existences médiocres ?
Les petites vies
Des petites gens
Qui rentrent se mettre à l'abri
Et pour ne pas tomber dans l'oubli
Écrivent de la poésie
Petit train
Le train roule sur des rails
Chaque jour la même routine
S'il déviait du tracé
Une catastrophe sur la ligne
Le train-train ne roule pas
Chaque jour au quotidien
Il propose les mêmes plats
De peu savoureux repas
Le train roule à grande vitesse
Il peut déplacer très loin
Un voyageur qui sans cesse
Veut avancer vers demain
Le train-train ne roule pas
Il ne peut se déplacer
Englué dans les mêmes pas
Un chemin de médiocrité
Le train roule à l'électricité
Le train-train n'est pas un jouet
Comment saupoudrer de piment
L'ordinaire de chaque instant
Bonne nuit
Le sommeil m'emprisonne
Une cage dorée
Dans laquelle je m'adonne
A mille activités
Je dévale des pentes
Ou j'atteins des sommets
Je m'envole dans les airs
Me pose à Papeeté
Je n'aime pas plus le ski
Que je n'aime l'été
C'est drôle comme dans un lit
Les codes peuvent s'inverser
Le sommeil m'emprisonne
Je me retrouve enchaînée
L'inconscient déraisonne
Et me fait dériver
Vers des contrées hors normes
Des pays enchantés
Et je rêve encore
Que dans mes rêves je dors
Pour pourvoir mieux songer
Aux plaisirs annoncés
Position allongée
Dans de nouveaux décors
Le sommeil m'emprisonne
Me voilà entravée
Et quand le réveil sonne
Impossible de me lever
Une rue
Il est seul
Il a froid
Bruit fracassant du silence
Personne
Seul
Absence de chaleur
Froid
Silence
Bruit
Fracas
Seuls
Résonnent
Battements du cœur
Pom pom
Faim et froid
Et seul
Et seul
Moutons
Un mouton des Carpates
Un mouton à quatres pattes
Un mouton du Japon
Un récit
De l'imagination
Naissent des théories
A l'oral à l'écrit
Des récits
Un mouton solitaire
Un mouton terre à terre
Un mouton investi
D'une mission
Course au mouton sauvage
Montagnes du Japon
Initiatique voyage
Dérision