Articles de barbaraburgos
Longtemps
Après un après-midi
De tonnerre de nuages
D'éclairs de grondement
En somme un orage
Je scrute le couvercle
En quête d'une éclaircie
Dans l'air limpide du soir
Je me regarde en miroir
J'aperçois les stigmates
De multiples tempêtes
La peau est délicate
Et bien souvent reflète
Plutôt que les victoires
Les nombreuses défaites
Tout comme la planète
Qui garde en elle les traces
Du temps qui se déchaîne
Ainsi que du temps qui passe
Il faut parfois longtemps
Avant que ne revienne
Cette croyance en l'espoir
Il faut parfois longtemps
Avant que ne s'éteigne
Cette sourde rengaine
Il faut parfois longtemps
Avant de l'entrevoir
Cette belle éclaircie
Dans l'air limpide du soir
Beaucoup
Si quand y'en a pour un, y'en a pour deux, pourquoi en faire pour deux quand on est deux. Autant en faire pour un puisque y'en aura pour deux. Le problème se complique si un invité surprise arrive. Il pourrait se dire, l'invité, si y'en a pour deux, y'en a pour trois. Il ignore le postulat. Les hôtes, gênés de ne pas inviter l'invité, font l'effort de partager leur maigre pitance. Et là, on toque à la porte. Bonne année et surtout la santé, blablabla, mais entrez donc s'il vous plaît, on va trinquer à la nouvelle année. Et les hôtes en train de calculer. Et le dîner en train de mijoter. Et le train en train de siffloter. L'heure tourne, les ventres sont affamés. Vous resterez bien dîner, bien volontiers, quand y'en a pour deux, y'en a pour trois et quand y'en a pour trois y'en a pour quatre ! Les hôtes, partis à la cuisine, reviennent dépités, on pouvait s'en douter, le dîner a cramé
Parfois
Je m'ennuie au cinéma
Je m'ennuie les jours de pluie
Et les jours trop chauds aussi
Je m'ennuie parfois
Je m'ennuie l'après-midi
Je m'ennuie quand souffle le vent
Et aussi quand il faiblit
Je m'ennuie souvent
Je m'ennuie au mois de janvier
Je m'ennuie du lundi au samedi
Et tous les dimanches aussi
Je m'ennuie à volonté
Je m'ennuie quand je suis seule
Je m'ennuie accompagnée
Et aussi quand t'es pas là
Au fond je m'ennuie de toi
Aujourd'hui
A fleur de peau
D'enfant
Écorchure
Une plaie
Dans le vif
Du sujet
Des cris
Détresse
Des coups de pied
Dans un système déglingué
De la souffrance
A fleur de peau
Douleur intense
De l'enfant
Incohérences
Des plus grands
Écorchure
Plaies à vif
Un effleurement
Comme une lame
De fer blanc
Sur la peau
De l'enfant
Des cris
Des coups
Et l'absence
D'apaisement
Parallèlement
Des trains en partance
Des trains à quai
Des trains délivrance
Des trains arrivés
Des trains qui commencent
D'autres dépassés
Des trains qui avancent
D'autres retardés
Des trains qui se croisent
Des correspondances
Des trains en errance
Des trains de sénateur
Des trains longues distances
Des trains pile à l'heure
Des trains en partance
Des trains qui avancent
Des trains pour ailleurs
Toujours
J'ai vu du gris
A Varsovie
J'ai vu du gris
A Cracovie
J'en ai même vu
Sur le trajet
Du gris du blanc
Plaines enneigées
J'ai vu des rails
J'ai vu des barbelés
J'ai entendu
Le bruit des bottes
Les cris l'effroi
Et le silence
Les chiens qui aboient
J'ai vu les cendres se disperser
J'ai vu plus que ce qui était suggéré
J'ai vu le froid
J'ai vu les rails
J'ai vu les quais
J'ai vu les bottes
Les pyjamas rayés
J'ai vu les cris
J'ai vu l'effroi
J'ai entendu le silence
Les chiens qui aboient
J'ai vu les barbelés
J'ai vu ce qui n'était pas suggéré
J'ai vu les plaines de décembre
J'ai confondu
Des flocons et des cendres
J'ai vu du gris
J'ai vu du gris
Sur de longues étendues
J'ai vu du gris
J'ai vu du gris
Partout
Tout près de Cracovie
Naguère
Une balançoire
Un tourniquet
Dans un jardin d'après-guerre
Des trains de banlieue
Des bouts de vie
Dans le Surrey
Du vert
De la pluie
Toujours la même interrogation
Trouver la réponse à la question
Apercevoir un sens
Une éclaircie
Dans un jardin d'après-guerre
Une balançoire
Un tourniquet
Finalement
Une vie entière
Désormais
Désormais
Lui et moi c'est fini
Il m'écrit des mots sans queue ni tête
Est-il devenu analphabète ?
Je ne sais plus comment faire
Ce n'était pas une affaire
Pourra-t-on réparer
Tous ces boutons cassés
Toutes les lettres obsolètes
Ne me reste plus qu'un téléphone intelligent
Pour tenter patiemment
De tenir mes résolutions
Écrire mon billet
Le huitième de janvier
Sans remettre en question
Ce défi ambitieux
N'ai-je pas eu les yeux
Plus gros que le ventre
Que diantre !
Jadis
Des verres qui s'entrechoquent
Des mains levées
Les regards s'illuminent
Des mains serrées
Des chansons folkloriques
A l'unisson
C'était jadis
C'était naguère
C'est maintenant
Des mains
Des verres
Des mouvements
Un peu de chaleur
Des frôlements
Un peu d'espoir
Près du comptoir
Auparavant
Le vent se lève, une information dans un bulletin météorologique
Le vent se lève, une conversation avec un inconnu
Le vent se lève, une constatation en regardant les nues
Le vent se lève, une citation quelque peu poétique
Un vers marin, du gris un matin
L'après-midi, une éclaircie
Un vers libre
Le vent se lève !...Il faut tenter de vivre !*
*Paul Valéry Le cimetière marin