Articles de barbaraburgos
35 degrés
Chaleur
Des ondes translucides
Remontent à la surface
Et troublent la vision
Odeur
Dans l'air des terres arides
La sécheresse menace
Et coupe l'inspiration
Saveur
Dans les jardins torrides
Les fruits se gorgent d'audace
Et se croquent avec passion
Ferveur
Des musiques intrépides
Dans les verres de la glace
Et les corps en fusion
Fraîcheur
Des torrents d'eau limpide
S'agitent avec grâce
Et procurent des frissons
Bout à bout
Mis bout à bout, les mots forment un tout ou parfois rien du tout. Ils disent tout et son contraire quand par moment, ils feraient mieux de se taire, de s'effacer discrètement ou de rentrer bien sagement à la maison, dans un dictionnaire grande édition.
Comment voulez-vous que je ne déraille pas, quand dans mon train-train quotidien pléonasmique, je caresse des yeux mon Robert et trouve pour un seul nom, pléthore de définitions ?
Mises bout à bout, les significations de marabout forment dans un chant polysémique, une ribambelle éclectique, une farandole un peu mystique:
un musulman, un pieux ermite, grand échassier au bec épais, tombeau islamique ou sorcier et pour finir un jeu d'esprit genre cadavre exquis.
Et le bout de marabout devient ficelle, d'une ficelle, céleri, mais ça c'est pas bon, la preuve on n'en trouve pas en bonbon puis c'est pas la chanson.
On peut tout dire avec les mots, on peut ne rien dire et c'est encore un mot.
Silence, un joli mot, une absence ou du repos. Espace immense ou enfermement, un silence troublant quand les mots deviennent futiles, qu'il faut un autre langage plus tactile.
Les mots, petits bouts de vie, mis bout à bout, un grand récit, ou vains écrits. Quand le vin est tiré, il faut le boire. Et qu'importe les déboires, les adieux, les au revoir.
Qu'importe les errances, au bout de la route, le silence
Un tien vaut mieux...
Dora n'avait pas d'aura
Rêvait pourtant d'en avoir une
Avec tout son argent
Elle va chez le marchand
Il est en rupture
Laura l'a quitté
Elle n'était plus sûre
De vouloir rester
Plus d'aura ad hoc
Ni de Laura en stock
Pour se consoler
Il plante des boutures
De son bonheur passé
Dora s'aventure
Dans ce champ miné
Sur la devanture
Panneau à louer
Elle fait bonne figure
Pour ne pas pleurer
Le marchand d'aura
A plié boutique
Dora n'aura pas
L'attrait magnétique
Qu'elle espérait tant
La force de l'aimant
Ne se s'achète pas
Même le marchand
A compris très vite
Qu'il ferait faillite
Si le destin
Se vendait en magasin
Il aurait aimé Dora
Pourtant il ne l'aima pas
Il préféra Nora
Qui n'avait pas d'aura
Elle tissait juste des fils de soie
En imprimant des vers de soi
Sur le parchemin des jours
Un parcours long ou court
Que nul amour déçoit
Quant à la pauvre Dora
Elle se jetta
A corps perdu
Mais l'histoire ne dit pas d'où
Ni dans quoi
Et le marchand
A fini par vendre du vent
A des gens
Qui n'en avaient pas
Indispensable élément
Pour faire voler
Les cerfs-volants
Pour les plus rapides
Un écrit lucide
Sur le comportement !
Wonderland
Vite vite, plus que quelques minutes avant les douze coups de minuit. Après viennent les ennuis, la métamorphose en citrouille et tout le tralala. Il faudrait ensuite que tous les crapauds du canton se pressent devant ma porte pour me faire essayer le soulier, et des crapauds j'en vois déjà assez, j'en ai une réserve personnelle au fond du jardin. Ils n'ont même pas à se bousculer au portillon. Si d'ailleurs d'autres avaient envie de s'y presser, il ne ferme plus depuis les inondations. Je n'exigerais cependant que crapaud sur cheval blanc, un vrai de vrai, étant moi-même une authentique princesse. Tous les matins j'interroge mon miroir en croquant dans une pomme rouge, j'ai deux nains dans le lave-vaisselle qui s'occupent de récurer les assiettes sales, deux de plus dans la machine à laver, les trois autres entretiennent du jardin. Pendant ce temps, les crapauds filtrent l'eau de la piscine.
Les oiseaux viennent faire le ménage en chantant, et lorsque je fais un voeux, une horde de fées colorées l'exauce aussitôt.
Je vis vraiment dans ce monde merveilleux mais je ne vous en dis pas plus, je risquerais de faire des envieux
Rock, philo et coïncidence
En mars 2020, juste avant le 1er confinement, j'avais écrit un billet sur un concert (le 08/03/2020), des souvenirs adolescents et la coïncidence de croiser régulièrement depuis plus de 15 ans (2004 précisément) une maman et son fils dans des lieux culturels.
J'avais dit que je leur parlerais si je les revoyais. Chose faite ce soir. La maman a beaucoup apprécié le spectacle, son fils beaucoup moins. Le concept était un peu particulier, un guitariste prof de philo ou vice-versa, expliquait des concepts de sa spécialité à travers des reprises rock*.
Original et plaisant si on s'intéresse un peu à la philo (et au rock aussi). Cela ne semblait pas être le cas du jeune homme qui n'a pas eu la chance de suivre une scolarité ordinaire. Au fil des ans, j'ai recueilli, par hasard, des renseignements à son sujet.
Donc à la fin du spectacle, j'ai abordé la maman, lui rappelant les nombreuses fois où nous nous étions croisées. Elle m'a regardée d'un air dubitatif, a semblé me répondre "oui" pour me faire plaisir mais n'a pas poursuivi la conversation. Et ils sont repartis tous les deux sans me dire à la prochaine !
Soit j'ai trop de mémoire, soit je ne marque pas celle des autres !
Aseptisée
J'ai fait un choc sceptique
Je ne distingue plus le faux du vrai
Sans mesure prophylactique
Un crise de gouttes m'a alarmée
Les yeux plein de doute
J'ai claudiqué
Des tocs des tics
Comme diagnostic
Aporétique
Peau allergique
Une infection
Mots poétiques
En injection
J'ai fait un choc sceptique
Une rencontre avec Pyrrhon
Les doutes en perfusion
Et plus d'inspiration...
Polaroid
Photographie de l'instant
Impressions soleil couchant
Sur la table du salon
Une pile de livres
Un verre citron
Reflets de cuivre
Dans les glaçons
Un magazine
Hors série
De la nicotine
En flacon
Un recueil de poésie
Louis Aragon
D'une boite noire
Sortent des sons
Accords de guitare
En suspension
Regards au loin
Vue sur jardin
Vert enjoué
De l'olivier
Des fruits givrés
Dans un sorbet
Sur les canisses
Un air léger
Tendres prémices
Des soirs d'été
Cliché instantané
Impressions soleil couché
A tâtons
Quand les jours sont atones
Sans couleurs particulières
Je tatonne à trouver les mots
Rien de neuf rien de beau
Dans ces heures ordinaires
D'un début de semaine printanière
Il faut regarder parfois un peu plus haut
Parfois plus bas parfois plus loin
Pour déceler la poésie du quotidien
Quelques pincées d'épices
Dans le plat du dîner
Une liste de rimes en -ice
Pour écrire son billet
Une confiture de fraise
Dans le chaudron cuivré
De petites parenthèses
Des apostrophes dorées
Nos vies sont ponctuées
De ces discrets clins d'oeil
Doux pétales que l'on cueille
A la fin de la journée
En regardant le ciel
Lentement s'embraser
Et distiller ses mots
Comme on offre un baiser
Ex à gérer ?
Tombée du toi
J'ai mis de longs mois
A me relever
Un peu sonnée
Visage défait
Paralysie
Au fond de mon lit
Tombée du toi
J'ai payé cash
Toutes les ardoises
Ces dettes sournoises
Que l'on se cache
Au quotidien
Apre assassin
Tombée du toi
Tessons de bouteille
A l'arrivée
Pas une échelle
Pour remonter
Peau lacérée
Suppurent les plaies
Tombée du toi
Changement de niveau
De haut en bas
Le caniveau
Me tend les bras
De mâle en pis
Pas de sursis
Tombée du toi
Convalescence
De tous les sens
Les chemins noirs
Signent l'espoir
D'un renouveau
De bas en haut
De tous les mots
Faire pitance
Des idéaux
A la contingence
D'une chute
Des pas de danse
Fin de la souffrance
Tombée du toi
Juste pour les rimes
Au matin s'illumine
Le reflet des toits
Dans la brise marine
Les voiles de soie
Bercent l'intime
NRV !
J'ai bien la preuve aujourd'hui que Dieu, pas plus qu'Allah ou Hare Krishna, ne reconnaîtra les siens.
Je suis allée me faire vampiriser ce matin pour la bonne cause et n'ai pas du tout été récompensée en retour, au contraire.
J'ai dû parler à une borne puis à un humain du même acabit pour qu'il daigne lever une barrière qui aurait permis à ma voiture de me conduire vers des humains plus amicaux, vers des espaces plus colorés que ce sol chèrement bitumé sur lequel elle m'avait attendue le temps de ma B.A. Je présente à la borne l'attestation dûment estampillée, attestant de mon dévouement. Rien, la borne ne veut rien entendre, la borne n'est pas au courant, pas programmée pour la bonne action, la borne me conseille de m'acquitter de la réglementaire cotisation, si je ne veux pas risquer plus forte sanction.
Mon sang n'a fait qu'un tour, essayez-donc de discuter avec une borne, si intelligence il y a, elle n'est qu'artificielle; je ne voudrais pas vexer certaines machines capables de bien plus d'humanité que cette borne-là, qui ne mérite même pas un billet, mais qui a réussi à m'énerver, moi qui habituellement sais garder mon sang froid. Si j'avais gardé mon sang tout court, je n'aurais jamais rencontré ce prototype de borne, ça ne m'aurait d'ailleurs pas manqué. Mon sang peut-être à un autre être. J'espère juste qu'il n'ira pas à cette borne-là, ma générosité a des limites. Et moi qui suis d'un pacifisme océanique, je m'imaginais ouvrir ma portière, me camper sur mes deux pieds et d'un coup de boule envoyer la borne dans ses retranchements. Un coup de sang en somme. Je ne lui ai pas dit A+ en partant.
Heureusement, plus loin m'attendaient d'autres humains plus souriants et comme il me fallait me réhydrater et ne pas faire d'efforts physiques de la journée, j'ai bu des bulles en bullant à l'ombre d'un platane bienveillant.
De tout ce sang d'encre, un billet, cent pour cent pacifié