Articles de barbaraburgos

Dans Mai 2021

Jardin'hier

Par Le 25/05/2021

Il me vint des questions existentielles en faisant du jardinage ou plutôt du nettoyage de jardin durant ce week-end pentecostal (je laisserai cette fois-ci Jésus et son esprit sain aller dans la paix du seigneur, je crois que je l'ai mis en colère récemment, pour se venger, il m'a envoyé un message via son agent fiscal, pas un rigolo le gars (impossible de négocier avec lui une petite prime pour ma garde robe d'été), depuis je fais mon mea culpa. Puis dans le doute je préfère lui faire croire que je crois en lui sur sa croix et je le prie de prier pour moi pauvre pêcheuse)
Donc mes points d'interrogation:
1 - est-ce que, si on ne la coupe pas, l'herbe peut monter jusqu'au ciel ?
2 - est-ce que l'escargot rebondit sur une surface molle ?
3 - faut-il s'appeler Sisyphe pour être heureux de recommencer une tâche aussitôt terminée ?

A la question 1, je réponds je ne sais pas mais je dirai que c'est bien parti
A la 2, je réponds non, au vu de toutes les coquilles gluantes qui jonchent les parterres fleuris
A la 3 je dis oui, j'ai donc changé de prénom pour trois jours et j'ai enfin compris le concept

Vivement le week-end prochain et promis j'irai à la messe dimanche matin

 

 

Dans Mai 2021

Héron héron petit patapon

Par Le 24/05/2021

Monsieur le Héron aux yeux ronds a pris un nid en banlieue, à vol d'oiseau c'est beaucoup plus rapide qu'en métro. Du haut de son grand peuplier il regarde la rivière asséchée. Un modeste trou d'eau lui offre un maigre petit-déjeuner. Crapauds et grenouilles ont dû migrer, un passeur malhonnête aura-t-il pu les conduire en un lieu sécurisé ?
Monsieur Héron est solitaire. Madame Héronne l'a quitté par un matin d'été, elle a suivi une grue cendrée sur un coup de tête.
Ils avaient un beau nid en bord de fleuve, de petits hérons charmants, du poisson à profusion, un ciel tranquille, des nuits étoilées et la perspective d'une nouvelle couvée. Puis ce matin d'été.
Monsieur Héron ne supportait plus de rentrer dans son foyer vide, le poisson le dégoutait, il errait sans fin dans les airs, se laissant porter par les vents.
Alors ce nid de banlieue, parce qu'il faut bien se poser quelque part quand les ailes deviennent lourdes.
Ce matin, il a faim, mais rien à becqueter dans le coin, sa piaule est remplie de coton de peuplier, il n'a pas envie de faire le ménage. Soudain, il rêve de grand large. Il profite d'un courant propice et se jette à ailes perdues dans le souffle du cers. Sans but précis, il se dit qu'il est temps pour lui de voir du pays.
Il fait le tour du monde d'ouest en est, du sud au nord. Ses yeux ronds de héron s'émerveillent de toutes les beautés de la terre. Mais un jour convoqué par son notaire, il est contraint de rentrer. Son peuplier est menacé d'élagage. Il ne se bat pas, il le regarde tomber, il n'a plus aucun regret.
Il revient à chaque printemps faire le tour du propriétaire pour se rappeler qu'au fond, qu'on soit homme, crapaud, héron, on ne sera que locataire d'un petit lopin de terre.
J'aime bien le retrouver tous les ans au mois de mai. Ensemble on philosophe, il me parle de ses voyages, je lui déclame quelques strophes. Tout ça finit en barbecue de grenouilles potelées, on rigole, on boit des coups, on regarde la Lune briller. Un soir avec trois verres de trop dans le bec, allongé sur le gazon,  il me raconte ce qu'il vit comme un échec depuis qu'il est oisillon,  il a honte de son prénom, il s'appelle Jean-Raymond

Dans Mai 2021

Terre à terre

Par Le 23/05/2021

Au ras des pâquerettes
Sur un lit de rosée
Je me suis allongée
A l'échelle de l'univers
Particule de poussière
Pour le peuple herbacé
Un importun Gulliver
Des rayons ultra-chics
Sur ma peau reflétaient
Les teintes prismatiques
D'un arc-en-ciel défait
Mes pensées en goguette
Sous ce ciel immature
Voulaient compter fleurettes
Du tapis de verdure
Une coccinelle tranquille
Sur mon bras se posa
Elle ignorait les fils
Qu'une araignée tissa
Avant de prendre racine
Au sommet de mon crâne
Imprudente arachnide
De mon plafond émane
Tellement de paradoxes
Impossible de s'implanter
Sans un câble en inox
Muni de dents d'acier
Au ras des pâquerettes
Je contemple les bébêtes
Du haut de la canopée divine
Sommes-nous donc ces fourmis
Ces corpuscules infimes
Agglutinées en colonie
Insignifiants sisyphes
Accrochés au rocher
Sans textes explicatifs
Pour apprendre à exister
Des pâquerettes aux pissenlits
Toujours très près du sol
Se déroulent nos vies
Faut-il pour qu'on s'envole
Un peu de poésie ?


 

Dans Mai 2021

Embruns

Par Le 22/05/2021

Le blues de l'océan
Une sorte de vague à l'âme
Ondulations des lames
Sous les rafales du vent
L'amer coule dans les larmes
Quand les flots bleus se brisent
Dans un triste vacarme
Que le soleil méprise

Le spleen océanique
Une sorte de cafard
Contraire de pacifique
A l'heure des marées noires
Profondeurs abyssales
Quand le ressac attise
Le superlatif du mal
Chaos sur la banquise

Dépression maritime
Une sorte de tempête
Dans les remous intimes
De la vie du poète
Regards vers le rivage
Quand le gouffre s'éternise
Les espoirs sur la plage
Sous le sable s'enlisent

 

Dans Mai 2021

Contre toute attente

Par Le 21/05/2021

Le verbe attendre
A une pièce pour lui tout seul
Une salle vide d'espoirs déçus
Un vestibule rempli de doutes ?
Une antichambre de la douleur ?
Les heures stagnent
Un oeil se coince
Dans la fissure
D'un plafond triste
Un autre regarde
Par la fenêtre
Va-t-il pleuvoir
Va-t-il faire beau
Il faut être patient
En salle d'attente
Rage de dents
Douleurs au ventre
Peine de coeur
Faire allégeance
A la trotteuse
Pour espérer
Attendre moins
Que son voisin
Celui qui a fumé
Trois barreaux de chaise
S'est arraché les cheveux
A démonté la pendule
Creusé une dizaine tranchées
A force de faire les cent pas
Il n'aura pas su dompter son temps
La mort lui a murmuré à l'oreille
Rendez-vous
Rendez-vous en salle d'attente
Il n'a pas entendu la suite
Trop impatient de nature
Elle voulait simplement l'avertir
Que la vie entière
Est cette pièce parfois pleine
Parfois vide
Dont il faut savoir apprivoiser
Les heures
En attendant que son tour arrive
Et contre toute attente
Le poème n'est pas en vers
C'est la fantaisie du jour
Ceux qu'on prend avec humour
Alors que les minutes s'égrènent
Avant d'attendre sur la piste
Avant d'écrire un billet doux
Il faut pour un rendez-vous

Prendre son mal en patience
Et planifier sa visite

Chez le médecin ou le dentiste
Sans être idéaliste
Profiter de ce temps assis
Pour lire de la poésie !


 

Dans Mai 2021

Rien à déclarer ?

Par Le 20/05/2021

Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir par SMS un message de la Direction Générale des Finances Publiques qui gentiment me rappelle de faire ma déclaration. Ça m'évoque instantanément la lettre de Desproges au trésor public*, et j'ai eu envie de répondre:

DGFiP je t'aime ! Je te fais une déclaration, ma déclaration, en te dédicaçant une chanson sur FIP.
Je contribue déjà largement au bien être de l'humanité en insufflant un peu de poésie quotidienne dans la morosité ambiante, plus deux ou trois autres trucs pour la collectivité, alors, si malgré tout l'amour que je te porte tu pouvais m'oublier, crois-moi je n'en serais pas peinée. Je ne serais même pas chagrine si tu préférais ma voisine.
Je constate ta délicatesse en me souhaitant le bonjour et en me laissant ton 08 en cas de besoin. Je t'en sais gré, car en effet j'ai des besoins. Il me faut renouveler ma garde-robe de printemps et prévoir mes vacances d'été. Tu vois, rien de superflu, donc si tu pouvais m’exonérer de taxes aléatoires, je pourvoirais au mieux à ces biens de première nécessité.
Comme tu as déjà mon 06, je te laisse me contacter en cas de bonne nouvelle. Je saurais te remercier en t'invitant à boire un verre en terrasse, maintenant qu'elles sont ouvertes, on ne va pas s'en priver !

Je te laisse en te souhaitant une bonne journée en retour

Bisous !

BB

 

*TRESOR PUBLIC

Trésorerie Principale

Paris Cedex 09



Mon Trésor,

Merci de ta gentille lettre P14B 7624, elle m'a fait bien plaisir.

Pour les 1,30 francs que tu me dois, tu serais sympa de les virer à mon compte bancaire le plus vite possible.
Ce serait pour acheter une demi-baguette à 1,90 francs avant que ça augmente encore.
Avec les 35 centimes en trop, je pourrais avoir un roudoudou ou deux carambars, à moins que je décide d'aider la recherche contre le cancer.

Ici, il fait un temps dégueulasse. J'espère qu'à Cedex 09 vous avez beau temps.

Je te prie d'agréer, Mon Trésor, l'expression de mes sentiments distingués.

Pierre Desproges

Dans Mai 2021

Singuliers pluriels

Par Le 19/05/2021

Un astre au firmament
Désastre dans le temps
Une tresse coiffure d'enfant
Détresse d'adolescent

Un goût pour le futile
Dégoût des choses serviles

Un tour en centre ville
Détour en terre hostile
Un bât qui parfois blesse
Débat d'idées en baisse
Un corps sous les caresses
Décors qui apparaissent
Une tension illusoire
Détention provisoire

Un sens exacerbé
Décence sauvegardée
Un gars à la bonne adresse
Dégât des belles promesses
Une errance singulière
Déshérence ordinaire
Une fête symbolique
Défaite anachronique

Un lit sous les étoiles
Délit subliminal

Dans Mai 2021

Tomorrow is another day

Par Le 18/05/2021

Aujourd'hui est la veille du jour d'une liberté conditionnelle. En sortant du boulot on ne prendra plus son auto, son vélo, son pédalo ou son métro pour aller s'enfermer à double tour dans sa prison aussi dorée soit-elle. On pourra avoir le choix d'aller boire un verre en terrasse avec d'autres humains démasqués, parler de la pluie et du beau temps, enfin surtout de la pluie en évoquant un hypothétique soleil qui brillera à nouveau, parce que sincèrement de mémoire d'hominidé on n'a pas connu de mois de mai aussi pourri depuis 30000 décennies.
Puis demain sera le Jour J, le D Day sans délai, et jeudi ne sera finalement que le lendemain de la veille, et on risque d'avoir sommeil d'être rentré si tard, à cette heure où la clarté dérive vers le soir.
On se dira, on vit décidément une drôle d'époque, jamais on aurait cru voir ça, puis on lèvera nos verres à l'aube de cette nouvelle ère où les gens seront heureux en chantant une ballade en l'honneur de tous leurs dieux....je vous prie de bien vouloir m'excuser, je m'étais un peu assoupie, l'occasion de vous prouver que je ne suis pas complètement agnostique, même si là-haut souvent Il tique lorsque j'évoque Son Nom. Je re-prie donc pour demain le Saint Père de nous offrir un ciel clément, une météo de rêve pour que l'espace d'un instant on puisse croire que les miracles existent vraiment !

Dans Mai 2021

Aller simple

Par Le 17/05/2021

Les arbres se sont figés
Verts verts
Dans le gris du soir
Pour composter mon billet
Je vais prendre
Un grand bol d'air
Et me retrouve sur le quai
D'une gare désaffectée
Voyage en première classe
Tandis que s'opère la grâce
En nuances de tons bleutés
Et le jour s'efface sans bruit
A la faveur de la nuit
Limite de validité
Des heures de cette journée
Si le temps est linéaire
Le train ne peut pas reculer
Il doit bien contraint forcé
Suivre le chemin de fer
En évitant de dérailler
A l'inverse le temps cyclique
A l'abri des lois cosmiques
Confond les conjugaisons
Dans une incessante répétition
Toutes ces questions ridicules
M'ont donné des céphalées
J'aurais dû me contenter
Sans faire tous ces détours
Sur l'éternel mythe du retour

De la magie du crépuscule
Pour ne pas obliger mes lecteurs

Qui se lèvent de bonne heure
A devenir noctambule
s !



 

Dans Mai 2021

Flaubertinage

Par Le 17/05/2021

J'aimais Emma
Tu aimas Emma
Il aima Emma
Et jamais il n'aima plus que ça
Jamais tu ne m'aimas plus qu'elle
Malgré toutes les séquelles
Les hématomes

Dans un coeur d'homme
Hémorragie
Pour cause d'hémaphilie
Les matins
Quand la plaie saigne
Tu aimas à peine
Mais en vain
Peine capitale
Démagogique
Dose létale
De barbituriques
D'Emma émane
Des maléfices
Mouvements d'âme
Mille cicatrices
J'aimais Emma
Avant toi
Mais jamais
Je ne l'ai aimée
Autant que toi
Tu l'aimas
Maintenant que sonnent les matines
A l'aube d'une deuxième vie
Tu pries une bonté divine
De t'accorder l'oubli
Devenir cet homme qui chemine
Loin de cette Emma qui varie
Et si les cloches ressonnent
Il fera beau voir Simone

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