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Articles de barbaraburgos

Dans Mars 2021

No comment

Par Le 02/03/2021

Je ne parlerai pas de l'homme à tête de chou, non je n'en parlerai pas du tout. Je préfère laisser reposer sa mémoire et l'aube de mes vingt ans dans leur espace-temps.
Je cherchais cependant un idée pour mon billet quotidien , quand sur mon trajet un panneau lumineux m'indiqua le saint du jour : Charles le Bon. En voilà un sujet !
Le soleil brillait au zénith, j'écoutais de Prévert sa chanson et je pensais à ce pauvre garçon prénommé Charles le Bon.
Était-il un célèbre aquoiboniste, un black tromboniste dans une cave germanopratine, un accordeur d'accordéon ?
Il portait au cœur le poinçon d'un bonheur qui défonce à cent à l'heure, une fuite en avant, tant pis pour les aiguilleurs et les états proches du coma, de l'Ohio ou  d'ailleurs.
Hé oui Charles le Bon, c'est con ces conséquences, ces petits papiers forcés de brûler pour réchauffer les soirs d'errance. Déshérence des amours, des feintes, quand une dépression s'annonce au-dessus du jardin, la nostalgie te revient comme un boomerang et tes larmes n'y pourront rien changer. De variations en aéroplanes, tu contemples ces zéros pointés vers l'infini, ces petits riens mis bout à bout , ces bad news from the stars en recrachant des volutes de cigare, que l'on prend que l'on jette comme la mer rejette, tu le sais Charles le Bon, les goémons.
Perdue dans mes pensées, je m'interrogeais sur la destinée de ce bon Charles. Je l'imaginais beau vu de l'extérieur, un petit pull marine dessus, un chic type en dessous. Mais je cherchais en vain la porte exacte, le mot exit pour me sortir de ce cloaque, cette gadoue de mots que je ne comprenais plus du tout. Je m'étais égarée en chemin et me réveillai finalement sur canapé, Babe alone at home en somme, je ne reconnaissais plus rien ni personne. Mieux valait en rire de peur d'être obligée d'en pleurer.
Et bien évidemment j'allais signer ce billet initials BB

Dans Mars 2021

Enfant de coeur

Par Le 01/03/2021

Il faisait bleu un peu plus loin aujourd'hui
Ici vent marin en furie

Il faisait pluie sûrement ailleurs

Regard humide dans le rétroviseur


Il faisait triste au milieu du jardin
Lourds silences enfantins
Il faisait brume sur le rivage
Les yeux par delà les nuages

Il faisait vide dans ta vie
Giron incertain, faim inassouvie
Il faisait seul pour l'aiguillage
Une traversée et ses naufrages

Il faisait foudre vers le large
Dissonance
d'accords, décalage

Il faisait éclair et rage
Des ailes pour tout bagage

Il faisait ciel un peu plus loin
Un souffle de vent marin
Il faisait espoir aujourd'hui
Apaisement des chairs meurtries

Il ferait bleu demain
Au-delà des silences du jardin
Il ferait bleu enfin
Une main puis deux mains








 

Trois quatorze

Par Le 28/02/2021

Quoi de neuf dans ce huis-clos à deux ?
Rien qui ne casse trois pattes à un canard
Ce sont des gens modérés, jamais un mot de trop
Ils tournent sept fois leur langue dans leur bouche avant de parler
Ignorent les sept péchés capitaux
Peut-être ont-ils fait les quatre cents coups dans leurs jeunes années
Mais il ne reste rien de leur folie
Comptables moroses dans un bureau
Des semaines de trente-cinq heures
En guise d'espoir une grille de loto
Mêmes numéros jamais vainqueurs

Leur histoire n'est pas un conte des mille et une nuits
Pourtant ils restent unis comme les cinq doigts de la main
Et le resteront jusqu'à la fin
Avant de s'allonger six pieds sous terre
Dans le même carré au cimetière

Temps pis ?

Par Le 27/02/2021

J'aime la lumière d'hier
Regarder en arrière, fière
Le chemin parcouru ne le sera plus

J'aime les embruns d'aujourd'hui
Les souvenirs se volatilisent
Poussière des vagues qui se brisent

J'aime la couleur de la nuit
L'heure où les chats deviennent gris
Quand les mots vagabonds poétisent

J'aime la saveur de plus loin
La conjugaison aléatoire du futur
Espoir devient un verbe malgré les écorchures

 

Acouphènes polysémiques

Par Le 26/02/2021

Un bourdon bourdonne dans le jardin
Mais non ce n'est pas un bourdon , c'est la tondeuse du voisin, zinzin
Le Z c'était avant hier, pourtant voisin zinzin, je suis d'accord

Un bourdon bourdonne au loin
Mais non c'est la cloche qui sonne en mémoire des morts
Le M et N c'était hier pourtant elle résonne encore

Un bourdon bourdonne sur le chemin
Mais non c'est le bâton des pèlerins drelin drelin
Le D ce n'est pas fait pourtant c'est une idée

Un bourdon bourdonne dans les allées
Mais non c'est l'accord continu, un ison pas aigu
Le O magistral d'un orgue dans une cathédrale pourtant banale


Un bourdon bourdonne sans concession
Mais non c'est une faute de frappe, une erreur d'impression
Les lettres et les mots omis, pourtant ils étaient écrits

Un bourdon bourdonne dans la maison
Mais non c'est la mélancolie d'une chanson monotone
Le C du cafard à la tombée du soir, pourtant il ne fait pas nuit

Ce que l'on sème

Par Le 25/02/2021

Une erreur sur le clavier, haine devient son contraire. Il est courant de penser que les deux sentiments sont liés, que le premier ne peut apparaître qu'à la disparition du second. Je ne t'aime plus, je te hais ou tu ne m'aimes plus, je te hais.
Je hais le céleri pourtant je ne l'ai jamais aimé.
On peut haïr quelqu'un ou quelque chose, autrui ou soi-même puisque le verbe se construit aussi à la forme pronominale, idem pour aimer. Pourquoi n'y a-t-il pas de nuance entre "j'aime le chocolat" et "je t'aime toi". Le plaisir, l'intensité, la durée ne sont pas comparables, le palpitant ne bat à la même intensité. Un carré de chocolat qui fond dans la bouche est un plaisir éphémère et égoïste. T'aimer toi s'inscrit dans un espace-temps, une longue dégustation à partager. Ce qui donne à l'amour tout son piquant, toute sa saveur c'est justement le partage. Si le sentiment est unilatéral, il devient torture ou peut rendre zozo. Avant d'aimer l'autre ou de s'aimer les uns les autres, il est indispensable d'utiliser le verbe pronominal.
S'aimer soi-même, essaimer des petits cailloux sur les routes sinueuses des rencontres amoureuses, pour pouvoir se retrouver quand la touche M est remplacée par N sur le clavier.

Moi non plus je t'haime.

 

Zoom zozo

Par Le 24/02/2021

Un zèbre zélé zozotait sur les rives du Zambèze. Il hésitait entre plusieurs mots en -ze pour exprimer ses zémotions.
Zigzaguant à travers les joncs, il aperçoit des zippopotames qui zoukent au son d'un bouzouki.
Un doux alizé s'étire dans l'azur du soir. Un soleil zinzolin s'écrase à l'horizon. Dans ces zones zarides, à la tombée de la nuit, les zanimaux zinzibulent, gazouillent des notes de jazz. Un joyeux bazar dans la savane, loin des zizanies zhumaines.
Ces zigotos à deux pattes qui détruisent leur écosystème avec des zobjectifs de plus en plus zobtus. Faire voler les zavions toujours plus haut au-dessus de la couche d'ozone, en zyeutant sur les zautres planètes pour en trouver une d'occazion en cas d'anéantissement. Quand l'homme sera transformé en zombie, que restera-t-il de sa folie ? Plus de mosaïque de pays, du Mozambique à la Tanzanie, une morne plaine sans zespoir, sans zillusion.
Ce jour là, peut-être demain, j'irai vivre en Zambie parce que c'est plein de zambiens

Rhapsodie in blue

Par Le 23/02/2021

Il fait toujours bleu
Un peu plus loin
Partir à pied
Prendre un train
Changer d'angle de vue
Si la roue tourne carré
S'offrir un autre aperçu
S'élever au-dessus du plancher

Il fait toujours bleu
Quelque part
Partir seul ou à deux
Prendre un nouveau départ
Les perspectives depuis les sommets
Sont plus spectaculaires
Fermer les yeux
Et s'endormir heureux en haut d'un belvédère

 

Salade nîmoise

Par Le 22/02/2021

Madame Nîmes
S'anime de pensées intimes
Elle traîne sa bonhomie
Du côté des Arènes
Doit rejoindre ses amis
Aux Jardins de la Fontaine
Mais décide de flâner
Sur la Place du Marché
Salue le crocodile et son palmier
En temps déconfiné

Elle se serait assise en terrasse
Pour déguster une glace

Madame Nîmes
Aime les plaisirs infimes
Elle continue la balade
Emprunte la rue Fresque
S'attarde sur les façades
Apprécie le pittoresque
Arrivée à la Maison Carrée
Elle traverse l'allée
Ne voudrait pas être en retard
Elle reviendra plus tard visiter le Carré d'Art
Et se dirige à pas de loup
Vers le lieu de rendez-vous

Madame Nîmes
Affiche une mine badine
Le soleil l'éblouit
Sourit à ce dimanche et sa belle éclaircie
Photos au Temple de Diane
Grimper à la Tour Magne
Superbe panorama depuis le belvédère
Malgré les gestes barrière
Profiter de l'instant et renoncer au pire
La ville en perspective s'étire
Il est temps de prendre un verre
Et en toute sérénité trinquer à l'avenir




 

L'insoutenable légèreté...

Par Le 21/02/2021

- Je trouve que tes billets, certains jours c'est léger...
- Que veux-tu , ce n'est pas tous les jours facile de se renouveler, d'être visiter par la fée inspiration, d'avoir des idées de génie.
- Mais pourquoi écrire si c'est pour ne rien dire ?
- Pourquoi quelque chose plutôt que rien ?
- C'est tout à fait ça!
- Parce que c'est d'abord un contrat avec moi-même. Puis après avoir résolu le sens ou le non-sens de l'existence, il faut bien trouver ce qui la rendra supportable au quotidien, rester à flot, tenir la barre, malgré les inondations, les tempêtes, les coups de grisou.
- Se donner des contraintes pour mieux apprécier sa liberté ?
- Oui en quelque sorte. Si tout est trop léger, si rien n'a d'importance, quel intérêt ? Milan Kundera l'explique bien mieux que moi.
- Oui, ça je l'avais déjà remarqué chez toi et exprimé je crois, beaucoup de mots peu d'idées.
- Tu es conscient que ce que tu dis de moi s'applique aussi à toi puisque tu n'es qu'une partie de moi-même.
- J'en suis conscient mais ça ne fait pas avancer le débat. Tu commences une explication puis tu cites un nom célèbre, une pirouette, deux entre-chats et par ici la sortie. Je reste sur ma faim moi.
- Je sais, je manque de rigueur dans l'élaboration de ma pensée. Un nombre de neurones insuffisant pour aller plus loin dans mes ambitions. " Je voudrais bien mais je peux point".

- Ah oui, je vois les références. Et je suppose que tu vas tout remettre à demain en prétextant que quelqu'un t'attend.

- Comment t'as deviné ?

 

 

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