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Articles de barbaraburgos

Dans 2013

Pont de pierre

Par Le 07/07/2013

Nougaro sur les bords de la Garonne sifflote un air un peu parti, un peu naze, sorti d'une boîte de jazz, le blanc qui chante Toulouse, le noir qui chante I was born to loose. Les mots des autres, quand les siens ne suffisent plus, quand la ville rose s'enflamme sous les rayons d'un été tardif.
Quand la Garonne ronronne sous le pont de Pierre, un Rigal pour les sens à fleur de peau, pour les initiés seulement. Les néophytes emprunteront le Pont Neuf comme il se doit, pour se rendre rue du Pont Vieux, déguster un plateau de sushis coréens. Chacun regagnera ensuite son train, son avion, son vélo, son auto, pour un ailleurs incertain.
Des liens tissés comme des toiles d'araignée, balayés par un coup de balai. Des rencontres, des hasards, de l'art. Dernière barrière contre la folie, étincelle de vie. Les corps s'entortillent, s'émotionnent, se contorsionnent. De l'autre côté du décor, les peaux frissonnent, les yeux s'embuent, le coeur s'accélère, les lèvres dessinent un sourire muet et béat.
 

Dans 2013

Glace à l'eau

Par Le 30/06/2013

Un iceberg dans une mare, des vilains petits canards dans la fanfare. Fausses notes dans le tableau, fausses notes dans le tempo. L'honnêteté s'est enfuie au pôle nord, la vérité au fond du puits, et le courage vers Tahiti. Des vagues, des océans ont englouti les années perdues, assassinées à la force du mépris.
Un iceberg dans le désert, un soir d'hiver. Un serpent au venin mortel s'insinue dans les failles d'un sable gelé, le scorpion affûte son poison. Qu'elle que soit l'issue, au petit matin, le vainqueur et le vaincu seront noyés, emportés par la vague déferlante d'un iceberg chauffé à blanc par un soleil meurtrier.
Il ne restera qu'une minuscule flaque, bientôt évaporée ou absorbée par une plante carnivore.Des rapaces nécrophages se chargeront de la maigre pitence laissée par tant de haine. Peut-être avaleront-ils des couleuvres pour satisfaire leur appétit, puis vomiront-ils leur indigestion sur un rocher arrogant.

Dans 2013

Orientation

Par Le 13/06/2013

Des larmes de thé vert, une théière argentée, des verres sérigraphiés. Vapeur, fumée, de la menthe poivrée. S'orienter vers l'orientalité, du rien, du thé, une boussole. Aller vers l'est pour retrouver le nord, contre sens, autoroute dans le désert, enlisement.
Se noyer dans un verre d'eau parce que la mer n'est pas à boire, que l'amer est imbuvable.
Dans l'oasis charnue, poussent des fleurs charnelles et coule l'eau limpide d'une source profonde. Demain, hier, les minutes, les secondes, les animaux à bosses, le sable doux et chaud, le bleu berbère éclaire une nuit sans étoiles. Les mots s'étiolent dans la fraîcheur du désert, le silence serpente, le scorpion affûte son venin. Et puis plus rien.

Dans 2013

Tout ou rien

Par Le 06/06/2013

Le rien est le contraire du tout ou inversement. Quatre lettres, deux consonnes, une au début, l'autre à la fin, au milieu deux voyelles. Fonctionnent avec être ou avoir, affirmation et négation. Avoir tout, n'être rien, n'avoir rien, être tout.
Le rien est aussi vague que le tout, le tout tout aussi inqualifiable que le rien. Ils peuvent cependant signifier la même chose, rien ne m'intéresse, tout m'ennuie. Ne pas confondre j'ai tout fait avec le verbe étouffer, le verbe nérienfer n'existe pas, pas de confusion de ce côté là.
Quand il n'y a plus rien, peut-on tout espérer?

Dans 2013

Flic floc

Par Le 30/05/2013

De la pluie comme s'il en pleuvait, les gouttes s'écrasent et dégoulinent sur les vitres alanguies de gris.
Les gouttes s'égouttent des parapluies à pois, ornés parfois de fausse dentelle.
Les flaques flic-flaquent puis se transforment en boue. Le chemin s'inonde et les toits ruissellent.
Point de pluie sans escargots heureux, du moins ceux qui ne seront pas cueillis pour finir sur le gril ou en sauce catalane.
La bergère a rentré ses blancs moutons, et ron et ron petit patapon. Il pleuvra demain aussi, et sous un coin de parapluie ce sera peut-être pour quelqu'un ou quelqu'une un petit coin de paradis, parlez moi de la pluie et non pas du beau temps bougonne tonton Georges dans sa moustache.
L'herbe verte et le printemps fuit clopin-clopant une blonde avec filtre, Tristan et Iseut forcément.

Dans 2013

Carpe diem

Par Le 15/04/2013

Comme prévu, le mois de mars n'a pas passé l'hiver et nous voici déjà mi-avril avec ce fil dont il ne faut pas se découvrir. Ne pas le perdre non plus, au fil de l'eau file le temps comme un pédalo absurde, une carpe affamée happe les souvenirs surannés, les autres poissons ne parlent que je sache,alors pourquoi dit-on muet comme une carpe. Carpe diem, forcément, après il n'est plus temps.Cela veut peut-être dire une carpe chaque jour au dîner. Mes mots sont fatigués d'être sans cesse détournés, ils sont démotivés.
Une carpe nage dans la rivière, un fil lesté de plomb, au bout un hameçon. La carpe n'a pas faim, les souvenirs sont indigestes, mais quel est donc cet insecte qui la nargue sans cesse? Une mouette pas muette, pas non plus de Neuilly (cf plan du métro parisien) donne des coups de bec dans l'eau, aussi inutile que des coups d'épée dans le dos, clapotis, clapoto. La carpe craque, avale le moucheron, le fil et l'hameçon et le gentil garçon venu en pédalo faire des ronds dans l'eau. Il aurait dû rester où il était et ne pas se croire plus malin qu'un poisson muet.

Dans 2013

Ni fait ni à faire

Par Le 03/04/2013

Dans le reflet de mes chimères, j'ai vu briller un soleil noir, un bouquet de fleurs démodées, fanées par l'air d'avoir trop fait semblant, des moucherons par millier avalés par un fourmilier, et la clémence des jours de printemps, la déchéance du temps. Obsolètes les amours décrêpies, ces bouts de murs écaillés qui finissent par tomber. De la dentelle de Pont-Aven, du beurre plein les galettes, du blé plein les poches, l'homme aux semelles devant, parce qu'on n'est pas sérieux quand on a 17 ans.
Dans le reflet de mes chimères, un miroir sans tain, visage terne, yeux cernés par les années, ce qui est à faire n'est pas fait.

Dans 2013

Sans queue ni tête

Par Le 27/03/2013

LIBERTE lettres rouges sur un mur noir, Street art, Banksy se déchaîne, lettres en capitale, Paris 14 juillet 1789, prise de la Bastille, prise de la prison.
Déclaration des droits de l'homme, la femme reste dans ses retranchements. Marie-Antoinette, la tête tranchée, sur le billot, étal du boucher, une tête de veau, persil dans le nez, un pied-de-nez, jambe de bois, claudication intermittente.
Un grain de sable dans le rouage de la démocratie, Camille Desmoulins tourne en rond poussé par le vent des Vendéens, les Chouans, les Sans-Culotte, la Terreur, fourches à la main, donnez leur de la brioche.
Le buste de Danton vacille, Robespierre perd la tête.
Abolition des privilèges. Space Invanders envahit les murs noirs de Paris.
LIBERTE, un état, une notion, place de la Nation, boulevard Voltaire, siècle des Lumières, puis la nuit noire comme du poison, annihilation, nuit de cauchemar, le corps engourdi, l'esprit paralysé, tétraplégie de l'âme, un appel au secours sans écho, le chaos.

Dans 2013

Cauchemar

Par Le 11/03/2013

J'ai rencontré au détour d'un nightmare 
Le plus pervers de tous les animaux de la terre
D'apparence humaine, il erre de mer en mer
De mare en mare, de gare en gare
Ou sort de nulle part une nuit de cauchemar
Il cache sous sa peau une carapace de pierre
Son coeur ne s'émeut pas du doux chant des sirènes
Ses veines ne véhiculent ni sang ni oxygène
Ne soyez pas crédules, il ne connaît pas la peine
Ses os trempés d'acier vous paraîtront légers
Ne vous y trompez pas, ils pourraient vous briser
Dans ses grands yeux de verre
Prenez garde de ne pas vous noyer
Et si un sourire se dessinent sur ses lèvres
Courez vite, il vient vous dévorer!

Dans 2013

No man's landes

Par Le 11/03/2013

Les pins pleurent des larmes de résine
Demain, bougies
Et douleurs assassines
L'océan fuit
Sous une nuit sans lune
Pas de rayon vert
Dans cet halo amer
Et le soleil galette
Crie sa défaite
Jusques en haut des dunes
A l'heure ou l'eau et l'air
Se confondent dans la brume
Les pins pleurent
Des larmes assassines
Les bougies meurent
Et les lueurs déclinent

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