Articles de barbaraburgos
Jachère
Mon motager est resté en jachère durant de longs mois. Pourquoi? Parce que le temps nous emporte parfois, bourrasques de vent d'automne, même si l'été vit ses dernières heures. Parce que mon ordinateur a mouru, mon disque dur a fondu, les mots se sont dérobés sous les touches de mon nouveau clavier. Envolés, disparus, je ne les retrouvais plus. Un désert blanc, une traversée aride, pas la moindre petite lettre, pas de point, point de virgule, pas l'accent le plus ténu, même pas un circonflexe pour me protéger de cette sécheresse.
Pourtant les mots ne m'en veulent pas, ils acceptent de se laisser à nouveau cultiver, ils s'amusent d'être détournés, malmenés, les mots ne sont pas rancuniers, sauf ce dernier puisque telle est sa nature, s'il pouvait il ne le serait pas. Il serait plutôt coquelicot ou maître saucier dans un restaurant étoilé.Hé oui, tout dépend sous quelle étoile on naît.
Page d'écriture
Page d’écriture
Jacques Prévert est mort, c’est écrit dans toutes ses biographies. Jacques Prévert est mort alors que je pensais qu’il était encore en vie.
Né à Neuilly en 1900, il a donc 111 ans, enfin il aurait, puisqu’il est mort. Je n’en reviens pas encore.Pour me consoler, je me dis qu’il est au Paradis avec quelques autres Enfants maudits, même si je n’y crois pas plus que lui. Les portes de l’enfer étaient fermées ce jour là pour cause d’Inventaire.
Les Visiteurs du soir l’ont guidé, un long Cortège à travers Paris at night, le long du Quai des brumes, vers ce Quartier Libre qu’est l’éternité. C’était un peu comme En sortant de l’école, les enfants traînant les pieds dans les tas de Feuilles Mortes qui, si je me rappelle, se ramassent à la pelle. Ils fredonnaient la Chanson des escargots qui vont à l’enterrement de l’une d’entre elles, « du crêpe noir autour des cornes ».
Arrivé là-haut, Le contrôleur lui demande de réciter un Pater Noster :
- « Notre Père qui êtes aux cieux restez-y et nous nous resterons sur la terre qui est quelques fois si jolie ».
- Non, tout ça c’est fini, ce n’est plus vous qui faites La Pluie et le Beau Temps, mais vous verrez, vous vous habituerez, il y a beaucoup d’avantages. Plus besoin de mettre Les petits plats dans les grands, vous pourrez faire La Grasse matinée à votre guise, rattraper Le temps perdu, aller A la pêche à la baleine, relire les Ecritures Saintes ...
- Etrange d’Etre ange, dois-je faire mon Mea Culpa avant tout cela ?
- Pas de mea culpa, c’est la Belle Vie ici !
- Et Pour faire le portrait de d’un oiseau ?
- Allez donc à L’école des Beaux-Arts !
Et voilà justement Pablo qui passe par là :
- Une petite Promenade (de) Picasso ?
Ah, Les prodiges de la liberté !
Pendant ce temps, en bas, Le Désespoir est toujours assis sur un banc. Il attend.
Drôle de Drame.
Barbara
Saint Crépin c'est demain
Préparez vos casseroles et vos petites cuillères, demain c'est la Saint Crépin, pirate de rivière et roi des crétins. Si vous voulez, vous pouvez lui laisser un message, je transmettrai.
Bon, sinon , mon site n'a pas encore retrouvé sa mise en page initiale, je ne peux rien y faire, j'attends que les petits bonhommes qui travaillent là dedans finissent leur boulot et rentrent chez eux en sifflant une chanson de nain.
Le vent marin souffle une brume grise sur les feuilles jaunies
Pré-tendre
J'étais déjà pas douée en informatique, mais maintenant que tout a changé, je ne suis même plus motivée!
Je n'écris plus et l'automne est venu, inconcordance des temps, un automne qui ressemble au printemps
Cette machine ne m'obéit plus et mon imprimante déverse des tas de feuilles mortes que je ramasse à la pelle et je me rappelle, il pleuvait sans cesse ce jour là, un poète que je ne connaissais pas me croisa. Une mégalomanie de se prendre pour la muse d'un poète endormi ? Et la mer efface sur le sable les pas des amants désunis, Prévert fume sa clope au paradis, il ne craint plus les avertissements des marchands de tabac, Fumer tue, il est déjà mouru. Comment ça déjà mouru ? Pourtant je le vis aujourd'hui, est-il plus simple de voir au passé que de vivre au présent ? Je vis, je vis, un plat de lasagnes à la Bescherelle, un tour de vis, écroué à la prison de la santé. Les mots suivent leur logique. Je ne contrôle plus rien, dites moi si vous comprenez, ou pas, ce mois ci ou un autre, qu'importe.
Bugs
L'hébergeur de mon blog bugue depuis 15 jours, c'est donc pour des raisons indépendantes de ma volonté que je n'ai pas écrit depuis tout ce temps. Je m'y remets dès que tout est complètement rétabli. A très vite.
Quatre saisons
L’automne nous étonne par sa chaleur sirupeuse. Le soleil se répand comme du miel, englue les velléités dans ce qu’elles sont. L’herbe se met à jaunir, les oiseaux ne veulent plus partir, le ruisseau s’ennuie tout seul dans son lit, plus une goutte d’eau pour lui tenir compagnie. Le bleu se languit du gris, le vent en panne d’inspiration a cessé de s’agiter, un décor d’été figé, une impression de stagnation.L’hiver pourtant, arrivera bien vite, il remplacera les couleurs éclatantes par son inévitable dégradé de gris, le vent se lèvera sur la plaine gelée, les nuages éplorés se coucheront dans les lits des cours d’eau esseulés.
Et là, je rêverai de soleil sirupeux, de ciel bleu, je guetterai le retour des oiseaux migrateurs, les bourgeons des lilas en me disant que de bla-bla inutile à parler de météo, le temps qui passe est un sujet plus subtil pour jouer avec les mots.
Que j'écrivisse
Un dimanche qui fait la planche, une nage sur le dos
Une écrevisse en bateau et c’est là que le bât blesse
Curieuse association d’idées, étrange disposition des mots
Que ferait un crustacé sur une barque de pêche ?
L’écrevisse est-elle un crustacé ?
Elle pourrait y être si elle avait été pêchée
Si elle même avait péché et qu’elle soit punie
Par un dieu impie qui ne croit pas en lui
Il suit une thérapie comportementale
Pour retrouver l’estime de soi
Un traitement expérimental
Consistant à un retour à l’état original
Il doit mettre son nez dans le ruisseau
Parce que c’est la faute à Rousseau
Puis retomber par terre
A cause de Voltaire
Il a des doutes mais s’exécute
Jusqu’au jour où l’écrevisse lui pince le bout du nez
Et c’est un raz de marée
Dieu ose enfin s’affirmer
Et l’écrevisse à la nage nage sur le dos
En ce dimanche qui fait la planche et surfe sur les mots
Orangerie
Service Or...., bonjour, tapez 1 puis étoile puis 12 et dièse, bémol puis clé de Sol, j’ai pas ça sur mon clavier, et ben clé de Fa enfin peu importe du moment que vous mettez la main au porte-monnaie.
Après 5mn d’attente et de pianotage intempestif sur mon clavier de téléphone:
- Bonjour, Elodie Duschmoll à votre écoute, que puis-je pour vous ?
- Ma fille voit les minutes de son forfait bloqué fondre comment neige au soleil, alors qu’elle a normalement un crédit de SMS illimité de 16 h à 20 h.
- C’est normal, Madame, vous n’avez pas envoyé la justification prouvant qu’elle n’a pas 18 ans.
- J’ai fourni une photocopie de sa carte d’identité lors de la souscription du contrat.
- Oui mais chaque année il faut fournir ce justificatif
- Mais vous avez bien la photocopie ?
- Oui nous l’avons
-Vous voyez donc qu’elle n’a pas 18 ans
- Oui mais c’est comme ça, il faut fournir ce justificatif
- Sa date de naissance n’a pas changé depuis l’année dernière
- Je sais bien, mais c’est comme ça
- Donc je vous renvoie une photocopie de sa carte d’identité que vous avez déjà
- C’est à peu près ça
- Et comme voulez vous que j’enseigne ensuite la logique à mes enfants ?
- Vous avez raison, je vous comprends, mais c’est la procédure
- Tiens à propos, vous savez combien coûte un appareil d’orthodontie ?
- Aucune idée, c’est un peu hors sujet
- Au point où on en est. J’ai l’impression d’être une oie en train de me faire plumer et je rêve de valises pleines de billets...
- Et moi savez vous combien je suis payée à écouter toute la journée des gens pleurer sur leur forfait ?
- Très peu, j’imagine, tout juste le quart d’un appareil dentaire peut-être, mais vous devez avoir les communications gratuites, je suppose
- Pas du tout, d’ailleurs pour tout vous dire, j’ai mon abonnement chez un concurrent
- Ah bon, et c’est mieux ?
- C’est pas pire
Bip bip bip, votre temps de communication imparti est écoulé, merci de bien vouloir nous rappeler, vous pouvez nous contacter toute la journée de préférence le matin entre 6 h 50 et 6 h 59 ou le soir de 23h23 à 23h26.
Mieux vaut aller faire un tour au musée de l'Orangerie, dans le jardin des Tuileries, je suis pas tout près mais j'ai une affiche affichée qui parle "d'immersion poétique", alors oui, immergeons nous dans la poésie pour oublier les petites tracasseries!
Just another brick in the wall
Le long du mur, j’ai oublié le chat qui se promenait par une nuit étoilé. Toujours le même, épris de liberté. Un chat bobo, nouvelle race après les aristos. Il roule à vélo, ne mange que du bio, économise l’eau, utilise un sac à dos, ne regarde pas de série en vidéo, n’écoute pas de musique électro, boit du lait de sojo, se soigne à l’homéo, se chauffe avec des copeaux, recycle les mulots, marche sur des murs blanchis à la chaux et quand il fait trop chaud pas de ventilo. Parfois, dans ses rêves apparaissent des hamburgers géants de chez M...o, mais il ne l’avoue pas, il a raison car c’est pas bon !
Et le mur reste là, coi, sous les pas du chat. On veut toujours attribuer des oreilles aux murs, alors qu’ils aimeraient tout simplement parler, converser avec ceux qui passent le long, dessus, qui creusent dessous, qui font des trous.Et voilou.
Mur mur
Courir, le long du mur. Grimper comme du lierre vert. S’incruster dans la pierre. Prendre racine le long du mur. Ecouter les murmures de la pierre. Cueillir des fruits mûrs sur la branche au-dessus du mur. Sauter. Se retrouver de l’autre côté. Au pied du mur, adossé. S’asseoir, se reposer. A l’ombre de la branche, lézarder. Une ronce pleine de mûres serpente sur le mur, plus loin un rosier. Des épines sur le mur, des pans lissés. Un paon de mur fait la roue en braillant. Se réveiller, repartir en courant le long du mur, le sauter ?