Articles de barbaraburgos
Pour ou contre
Marie-Laurence n’a pas bougé pendant ce mois d’août. Elle s’est laissée porter d’aqueduc en aqueduc par son archiduc, pesant le pour et le contre, dans cette balance imprécise du sentiment amoureux. Elle pensait à Edgard en regardant les étoiles filer, elle pensait à François-Ferdinand en regardant les avions se poser. Elle ne peignait plus, dormait très peu, se nourrissait de baies sauvages et refusait les cadeaux encombrants de Feu-Feu. Un jour ce fut un lama pure laine, le lendemain un matelas Mérinos, une autre fois un épais pull en cachemire, incongru pour la saison. Elle fut débarrassée de tout ce fourbi par une horde de mites affamées, lui rappela qu’elle ne s’appelait pas Hélène et qu’elle était allergique à cette matière. Il lui offrit alors un ver à soie en guise d’animal de compagnie, puis un ver luisant pour l’éclairer la nuit. Elle reçut aussi un champ de maïs, un château en Bavière, une mer d’huile et une autoroute désaffectée. Un soir, il arriva avec un jeu des sept familles, il fallut y jouer toute la nuit, un mortel ennui.
Edgard, de son côté, s’était finalement posé côté ouest de son long périple, et savourait la joie simple de se sentir vivant. Son coeur battait à un rythme régulier, plus de soubresaut, de tachycardie ou d’arrêt cardiaque à la seule évocation de sa mie lointaine. Il buvait du jus d’ananas sur la plage de Malibu, imaginant un futur voyage vers le Canada, pour aller voir des caribous. Le soleil californien avait fait blondir ses cheveux raides, et l’eau salée apaisé ses plantes de pied.
Retour du chat
Le chat bobo est revenu un jour où il ne faisait pas beau.
Le petit garçon : -Chalut ! Tu veux jouer ?
Le chat : -Chalut ! Tu pourrais pas plutôt me faire entrer, t’as vu le temps qu’il fait !
- Heu, ça je crois que ce n’est pas autorisé.
- Allez, juste un petit peu, je resterai dans la véranda, tu m’offriras un thé bien chaud et on jouera à ce que tu veux. Tout le monde est parti en vacances, je ne trouve que des souris qui dansent derrière des portes closes en me narguant du regard.
- Mon pauvre minet, t’es miné, je croyais que tu n’avais besoin de personne !
- Ah je vois que Monsieur s’est initié aux calembours. J’ai dit que je ne voulais dépendre de personne, ce qui ne veut pas dire que je n’ai pas besoin des autres. L’amitié c’est sacré, je n’oublie jamais un ami qui m’a aidé.
- Oui mais toi tu proposes quoi en échange ?
- Moi, je peux te raconter mes aventures aux quatre coins du monde, je peux t’apprendre à chasser le mulot (ceux des champs 100 pour 100 bio), je peux te faire Marquis de Carabas, le Chat Botté était un ancêtre à moi.
- Là tu te moques de moi, tu me charries !
- Ok, si tu veux on peut jouer à faire des jeux de mots, mais s’il te plait, laisse moi entrer !
- Bon d’accord, à condition que je puisse te prendre en photo.
- Tout ça pour pouvoir me dire « souris » et m’épingler au dessus de ton bureau. Si y’a que ça pour te faire plaisir, vas-y ! Et au fait, je ne bois pas de thé en sachet, que des feuilles à infuser et de l’eau de source filtrée.
- Chat sera tout ?
Valises
Les valises ont été lourdes à poser, longues à vider. Que contenaient-elles ? Des rêves, des souvenirs, des souhaits, des espoirs insensés, des remords, des regrets ? Un peu de tous ces sentiments, ces notions impalpables, glanés au fil des jours, aux hasards des voyages.
Valises à roulettes, bagages en bandoulière, sac à dos ou besace inutile. Des petits morceaux de vie, ailleurs ou ici. Parfois le plus agréable dans un voyage, c’est le retour. Pas le retour à la routine esclavagiste, au quotidien aliéniste. Le retour à soi, à ses racines, savoir quelle est sa terre d’origine, pouvoir ancrer ses deux pieds dans un sol fertile et regarder les avions passer dans le ciel parsemé de traînées blanches.
Rêver d’ailleurs tout en étant ici et d’ici en étant ailleurs. Insatisfaction personnelle ou quête incessante de l’humanité ? (N’ayons pas peur des grands mots !).
J’ai donc délaissé mon blog durant cet été, les neurones en jachère, les doigts de pieds en éventail à l’ombre d’un pin parasol. Les heures ont coulé fluides et rapides comme une cascade de montagne. Il est temps de remettre de l’huile dans les rouages, affûter sa matière grise comme la mine d’un crayon, et reprendre les bonnes résolutions du 1er janvier. En avant !
Rentrée
Le blog redémarre. Redémarrer est-ce sortir de la mare, d’une zone marécageuse de marasme ?
J'ai revu l’écureuil du fond du jardin, il n’était pas réapparu depuis plusieurs semaines, était-il parti en vacances ? Où vont donc les écureuils pendant leurs congés ?
Une énorme guêpe s’est posée sur mon épaule mais ne m’a pas piquée, je l’ai revue sur le mur et vlan la guêpe.
Ca y est c’est la rentrée ! Les rouages sont prêts à fonctionner, ça redéblogue, qu’on se le dise !
Ponts et merveilles
Avant mon départ en vacances, Marie-Laurence venait de rencontrer un archiduc nommé, comme il se doit, François-Ferdinand, Feufeu pour les intimes. Il avait lui-même surnommé ML Emmy, ne supportant que l’idée de l’inédit.
Edgard, pendant ce temps, marchait à perdre la raison et la voûte plantaire, à travers un désert insituable. ML avait eu une vague nostalgie de ce premier amour, une pensée fugace, un oscillement (je le dis si je veux) entre fougue et tendresse. Franç-Feu était tout feu tout flamme. Il promit à Emmy ponts et merveilles, il prévoyait déjà un survol des aqueducs dans son hélicoptère avec chauffeur et calculait l’économie de parking ainsi réalisée. Emmy ne voulant pas contrarier l’archiduc, se tut et décida d’ignorer la logique défaillante de son soupirant. Forcément, il l’amena à Venise puisque qu’il n’y avait pas d’aqueduc, tout en se répandant dans un discours logorrhéique dont elle n’arrivait plus à distinguer le début de la fin.
Si j’avais choisi Edgard, se disait-elle, je serais en train de manger des coquillages sur le sable d’une plage abritée. Nous aurions parcouru ensemble ce long chemin vers la sagesse, planté nos bâtons dans la terre calcaire ou ramollie, laissé ces infimes traces de nos passages, ces effleurements qui finissent par former une vie.
Mais voilà il était trop tard. Il aurait fallu réfléchir avant d’agir, se regarder dans une glace (inévitable pour réfléchir) et décider de quel côté du miroir il convenait de traverser.
Diminutifs
Les voeux d’ML furent exaucés, elle rencontra un archiduc, mais point aux abords de l’aqueduc, l’aristocrate était pingre, et la simple idée de devoir s’acquitter d’un droit d’entrée de 15€ lui donnait de l’urticaire. Il s’appelait bien évidemment François-Ferdinand, ses amis, peu nombreux, le surnommaient Feufeu. Toujours une étincelle au fond des yeux, un sourire brûlant et un désir ardent sur son visage poupin. Son comportement fantasque avait fait fuir les plus téméraires en même temps qu’il attirait les jeunes filles en mal d’émotions romantiques. Tout était paradoxe chez Feufeu, la douceur de ses traits, la fougue de son caractère, la blondeur de ses cheveux, la noirceur de ses idées ou la noirceur de ses cheveux et la blondeur de ses idées, c’était selon son humeur et la teinture du jour.
Quoiqu’il en soit, il fut ébloui par la pâleur d’ML, lui proposa d’emblée le surnom d’Emmy, il aimait l’idée de l’inédit.
De Marie-Laurence à Emmy, que de chemin parcouru, que de détours sinueux, d’arabesques enjambées au-dessus de ponts antiques ou non, que de diminutifs extorqués, escroqués, abusifs, que de paysages dépeints à l’ombre des pins, que de couleurs feintes, d’illusions colorées. Elle se surprit enfin à songer à Edgard, le pauvre hère qui erre. Mais Franç-Ferdinand, l’archiduc ardent dessinait d’autres projets...
14/07
"Le jour du 14 Juillet faut-il rester dans son nid douillet », faut-il aller défiler au son de "la musique qui marche au pas », faut-il aller danser au bal des pompiers ?
Edgard a résolu la question, il marche sans interruption, il marche à en avoir la nausée, il marche à ne plus avoir de pieds. De toute façon , il se sent amputé, écartelé, tiraillé, condamné. Un calvaire sans croix, un calvaire calcaire. Il est perdu dans un désert, il ne sait même plus lequel. Il était bien arrivé jusqu’à une mer, mais il a continué, un pied derrière, un pied devant, il a franchi un océan. Le visage buriné, les lèvres desséchées, les yeux délavés, un pied derrière, un pied devant, il avance inexorablement.
Dans une semaine très exactement, j’aurai 40 ans.
Question
Un orage, Edgard prend le large. Un orage orange, cela le dérange et le met en rage. Homard à la nage, léger court-bouillon, quelques coquillages sur les routes du pèlerinage. Emmelle en son for intérieur, pense haut et fort que cette histoire ne rime à rien, qu’elle repose sur un vide aussi vide que sa vie de peintre aquarelliste. Elle dessinerait un grand vide avec un point d’interrogation: pourquoi des mains sur un clavier ont-elles voulu me créer pour aligner de telles stupidités ? Pourquoi? Et pourquoi faut-il payer 15€ pour se promener aux abords du Pont du Gard ? Est-ce pour cela qu’Edgar a fui le Pont du Gard ou est-ce le hasard ?
ML se désole, elle voudrait ne pas avoir été créée, elle voudrait vivre sa vie tranquille, étaler des couleurs délavées sur du papier prévu à cet effet et se promener sans payer sur les rives de l’Aqueduc et peut-être qui sait, rencontrer un archiduc.
Mea culpa
Heureusement que Charlotte n’a pas Internet sur son lieu de vacances, sinon j’aurais eu droit à un zéro pointé pour les fautes d’orthographe du billet précédent. J’ai été horrifiée à la relecture, une énormité plus quelques autres fautes de frappe s’étaient invitées dans mon texte. Un effet de la chaleur sans doute, ramollissant mes cellules grises plus qu’à l’accoutumée.
Bon et alors à Avignon, y’avait quoi ? Y avait le pont, les fortifications, les fantômes des papes dans leur palais, la chaleur écrasante... et puis... et puis l’orage gronde au loin... je vais essayer de sauver ce qui reste de mon disque dur (enfin celui de mon ordinateur), que son état ne soit pas aggravé par un coup de foudre
Sur le pont d’Avignon
Malgré mon absence durant 3 jours, vous venez toujours faire un tour dans mon petit jardin, je suis très touchée. Continuez, même si je vous fais faux bond de temps en temps, mes mots aiment le monde, la compagnie, seuls, ils s’ennuient. Plus tard, je vous raconterai mon week-end à Avignon(car on dit bien à Avignon, en Avignon étant toléré mais incorrect, googlelisez si vous ne me croyez pas), cité des papes et du théâtre. Il s’agira de théâtre, la papauté ne me passionne pas. Mais là, ce que j’ai vu n’est pas encore parvenu au cortex enfin à la partie plus cortiquée de ma cervelle d’oiselle. Celle qui est sensée recevoir l’information, l’analyser, la restituer en toute objectivité. Je n’ai pas de diplôme en neurologie, c’est juste l’image que j’ai du truc mou et gélatineux qui me sert à penser. Sinon, je ressens, je ressens par tous les pores de ma peau, j’ouvre grand les yeux, libère le plus d’espace possible entre mes deux oreilles pour me laisser submerger, parfois me perdre dans ce monde illusoire ou trop réel ?
Seconde minute
Les minutes nutent et le temps tend à diminuer considérablement.
Ma mémé dit que 40 ans c’est le plus bel âge de la vie. Elle a 92 ans, j’aurais donc tendance à la croire. Bon ceci dit, les jours n’étant pas à rallonge, le billet de ce soir : ultra court car les minutes nutent et le temps tend tant et si bien qu'il n'est plus l'heure. Et que se passe-t-il après la première seconde ? Et pourquoi le S se prononce G?