Articles de barbaraburgos

Hiatus

Par Le 20/02/2011

Marie-Laurence et DD se reposent, ils aiment bien le dimanche, je les laisse à ce repos mérité et reprends ma prose des jours en i.
Des jours pétales de rose parce que c'est joli, des jours fleurs de lilas parce que ça va, des jours feuilles d'orties, des jours branches de buis, des jours épines de ronces, des nuits belles-de-jour puis des dimanches, des dimanches lourds. 

"Le dimanche n'est pas un jour normal, physiologique, c'est un hiatus, une solution de continuité dans la trame des jours vivants."

Chronique des Pasquier (1933-1945)
Georges Duhamel

A méditer car je n'ai pas encore tout compris, mais le sens qu j'y mets me plait.
Tout ça pour attendre le lundi

Chloé, ML et DD

Par Le 19/02/2011

En ce samedi mi-figue mi-pluie, Chloé se demandait où elle était tombée, n'ayant jamais entendu parler de Marie-Laurence et d'Edgard, elle se sentait perdue. Un peu sauvageonne, elle s'est eclipsée, a signé son poème sur la pointe des pieds, écrit une note et bye-bye saturday, elle n'est pas réapparue. Une question l'interrogeait, pourquoi Edgard prenait deux D, elle convint de le surnommer DD et d'attribuer le diminutif d'ML à qui vous savez. Puis elle les imagina sur une plage déserte dans le froid. Ils couraient face au vent, le sable piquait aux yeux et l'air iodé retombait en fines gouttelettes sur leur visage. ML enregistrait le paysage pour le diluer plus tard sur sa palette, Edgard cherchait un sujet original de conversation. Il n'était pas bavard de nature, discuter lui demandait des efforts constants. Il pensa aussitôt à son ami Constant parti vivre à Londres. Ainsi tous deux perdus dans leurs propres pensées, ML et DD déambulaient sur le sable, Chloé perchée sur son arbre, faisait bien sûr des ronds de savon en les observant d'un oeil amusé.

Edgard

Par Le 18/02/2011

Un soir de pleine lune, Marie-Laurence accepta les avances d'Edgard qui avait fini par se décider à avancer. Elle rangea sa palette de couleurs, nettoya ses pinceaux et mit du blush pêche sur ses joues pâles. Un soir de pleine lune d'hiver ai-je oublié de préciser. Une pleine lune étoilée qui plus est, ce qui finalement n'a que bien peu d'intérêt dans l'histoire, Edgard n'étant pas à ma connaissance un loup-garou.
La pleine lune aurait pu éclairer d'une lumière diaphane Marie-Laurence descendant les escaliers de marbre rose d'une démarche chaloupée, la virgule arrive sans plus tarder, reprendre son souffle et observer Marie-Laurence, mais elle habite en rez-de-chaussée. Donc cette lune n'a vraiment aucune utilité, laissons la briller en silence.
Edgard roule en berline allemande, il se gare et sonne chez Marie-Laurence. Elle attend depuis quelques quarts de pendule, feint cependant un "que le temps a passé vite, je n'ai pas eu une minute à moi aujourd'hui". Edgard se demande à qui elle cédé sa journée, se garde toutefois de le lui demander.
Il regarde autour de lui, des aquarelles tapissent les murs. "Tu es plutôt douée" "La question reste de savoir si plus tard je le serai aussi". D'accord, la jeune fille a de l'esprit, il se le met derrière l'oreille et continue la visite, curieux des possibilités offertes par la soirée.
Ils s'étaient comme prévu rencontrés au Pont du Gard, devisant de la beauté du site, de la nécessité de l'aquarelliser (Bob est notre ami commun) et de la continuité d'une relation amicale en milieu urbain.
Urbain étant par ailleurs le meilleur copain d'Edgard, qui envisageait à coup sûr à cet instant de déménager à la campagne et n'avait pas l'intention de jouer à Jules et Jim. Urbain est un peu comme la pleine lune de l'histoire, un décor tout au plus, au mieux une diversion.

Car pendant ce temps, Marie-Laurence et Edgard tournent et changent de direction

Marie-Laurence

Par Le 17/02/2011

Marie-Laurence peint, elle copie une aquarelle de Marie Laurencin, encore une fois je ne sais pas d'où cette phrase vient. Certes une affiche écornée s'affiche dans mon couloir mal éclairé (celui où j'avais un soir laissé traîner la lumière, si vous vous en souvenez), et cette affiche invite à visiter une exposition située au Forum des Halles du 4 février au 9 mai 1993 tous les jours sauf les lundis et jours fériés. Le thème de l'exposition était "Apollinaire critique d'art" et l'illustration une toile de sa dulcinée, signée Marie Laurencin. Je n'irai pas la revoir, c'est trop tard. Puis le 8 mai étant férié ils auraient pu, soit prolonger soit arrêter le 7, surtout si le pont passait sur l'Ascension. De toute façon je n'ai plus aucun souvenir de cette exposition, à part cette affiche racornie, et puis je n'aime pas les aquarelles à part celles de Marie Laurencin, mais il n'y en avait pas d'autres je crois.
Marie-Laurence, c'est un choix, elle elle aime bien, que ce soit de Marie Laurencin ou pas.
Si elle rencontrait Edgard sur le parking du Pont du Gard (attention parce que le prix d'entrée a pris un sacré coup d'inflation), aurait-il des égards à son égard, des regards éperdus dans le ciel dilué au-dessus de cet aqueduc aquarellisable (Robert me le pardonnera comme il pardonnera à ceux qui l'offenseront), l'emmenerait-il voir des expositions d'art. Les guerriers Massaï d'Ousmane Sow du 16 Juillet au 16 Octobre 2005, ce n'est pas certain. J'ai aussi une affiche affichée dans un petit coin. Une manie de tout garder pour se rappeler.

La suite demain

So...rry

Par Le 16/02/2011

Il ne faut pas beaucoup d'eau pour faire une larme, il en faut beaucoup pour en faire un seau, ou un saut ou tous les autres.
Bon parfois les phrases arrivent comme ça, je les laisse arriver, je n'ai pourtant pas envie de pleurer.
C'était une bonne journée, ensoleillée, amicale et gourmande. Les gâteaux sont encore au chaud.
Cette idée de seau et de larme me plait. Jamais personne n'a pleuré un seau de larmes, certains pleurent à chaudes larmes, mais n'en mesure pas la quantité. 
Un sceau de larme à la cire tiède, estampille du chagrin, empreinte de la peine.
Un saut de larmes quand elles contaminent le voisin, tout le quartier se met à pleurer, les seaux forment des ruisseaux, puis des torrents et c'est la catastrophe naturelle, les digues cèdent, et les maisons englouties par des flots de larmes sont emportées au loin.
Puis il y a bien sûr les sots, ceux qui ne pleurent jamais ou qui pleurent pour un rien, une poussière dans l'oeil du voisin, non le voisin est inondé il a coulé. Les sottes larmes dégoulinent en pluie fine et tombent dans le seau profond de l'oubli, un puits d'où aucun saut, ni sot ne pourra les ramener, il est scellé.

This story is so stupid, I'm so sorry

Mots de tête

Par Le 15/02/2011

Les mots me tournent dans la tête comme des dizaines de papillons, certains plus légers que l'air, disparaissent en un éclair, d'autres donnent des débuts d'idée puis s'envolent à tour de rôle, puis il y a les céphalées, les mots qui cognent fort sur les parois fragilisées de ma boite crânienne, de leurs petits poings serrés, ils se déchaînent déclenchant de façon certaine, une migraine. Heureusement, j'ai un secret, qui ne va plus l'être puisque dévoilé, un puissant antalgique, sans ibuprofène ni morphinique, des mots poétiques qui me bercent de leur douce musique. Je les entends jouer, résonner, je les vois se dessiner, de face, de profil, je les vois dérouler le fil, et les mots ailes de papillon reviennent virevolter comme des flocons. J'en attrape un, lui trouve une rime ou le repose pour en faire de la prose, je les assemble, je les rassemble, les mets ensemble s'ils se ressemblent ou les sépare s'ils se bagarrent. Je les pétris, je les malaxe, les passe par l'ordinateur, le scanner en cas de tumeur, le fax. Quand ils sont bien emmélés, que ma migraine s'est envolée, je me rends compte qu'ils ont semé des tas de petites graines, je me baisse pour les ramasser et découvre mille poèmes.

Oulipo, un petit pô

Par Le 14/02/2011

Aujourd'hui c'est lundi, donc le lundi pour ceux qui suivent c'est...pas raviolis, ni canellonis, ni escalopes de veau Boconccini ( gratin dégoulinant de crème et de fromage fondu), le lundi c'est ... poésie.
Ce soir je vais donc aller poétiser d'après des consignes éclairées, consignées sur du papier.
Un peu façon Oulipo. Oulipo, késako? Ouvroir de Littérature Potentielle. Tout un potentiel pour ouvrir les mots, les triturer, en sortir la substantifique moelle, sans jamais se faire mal, sans jamais les faire saigner. Ouvrir les potentialités, ne pas s'arrêter à la première vision, impression, les mots vont plus loin et la contrainte les libère. Je ne suis pas non plus experte, je ne voudrais pas risquer de trahir l'idée, car parfois oui, les mots nous trahissent, peut-être aussi nous haïssent-ils. Qui leur a demandé leur avis ? On les maltraite sur des claviers, des écrans tactiles, ils sont tronqués, amputés, anéantis. Certains n'ont plus droit de citer. Oubliés, obsolètes, désuets, au rebut, surannés, périmés, foutus.

Griserie

Par Le 13/02/2011

Gris
Gris dimanche de février
Gris dimanche qu'as-tu fait ?

J'ai offert aux demoiselles
De gros gâteaux au caramel
Des nuages de Chantilly
Sur des napperons en dentelle

Gris dimanche de février
Gris dimanche où es-tu allé ?

J'ai promené la vieille dame
Un petit tour à la campagne
Une grande bouffée d'oxygène
Un souvenir pour la semaine

Gris dimanche de février
Gris dimanche as-tu pensé ?

J'ai pensé toute la journée
A me prendre pour un lundi
Mais le temps a refusé
Dehors il fait triste et gris

Gris gris dimanche de février
Gris dimanche as-tu pleuré ?

J'ai pleuré les robes blanches
Les jeunes filles enrubannées
Qu'autrefois j'amenais danser
J'ai pensé aux robes blanches
Les belles robes enrubannées
Celles réservées aux dimanches
Aux dimanches bien plus gais

Le chat

Par Le 12/02/2011

Comment t'appelles-tu ?
Je m'appelle le chat
C'est tout, t'as pas un petit nom de plus
Non pas en ce moment
Pourquoi?
Parce que je suis un chat errant
C'est quoi un chat errant?
Ben, si tu veux je n'ai pas de parents
Et alors tu fais comment?
Je m'invite chez les gens, je fais les yeux doux, quelques ronronnements, deux trois miaous, ça marche à tous les coups
Et moi tu ne veux pas savoir mon nom
Non tu seras petit garçon, et ne me fais pas le coup de "dessine-moi un mouton"
J'aime pas les moutons, je préfère les lapins
Miam, c'est vrai tu as raison, un lapin avec un peu de thym...
Tu manges les lapins ?!
Ne fais pas le dégoûté, toi tu as ta maman qui te prépare ton goûter, moi je dois me débrouiller
Si tu veux on partage
Je ne mange que du bio
Maman, j'ai rencontré un chat bo-bo!
Chut, ne crie pas, souvent les adultes ne veulent pas de moi
Tu veux être mon ami? Je m'ennuie
Si tu veux mais pour cet après-midi, pas de promesses et tutti quanti, pas de je suis responsable de toi à vie et patati et patata, je suis un chat libre moi
D'accord moi ça me va, on joue à quoi, à chat ?

 

Chloé bis

Par Le 12/02/2011

Le samedi sera le jour de Chloé, ainsi l'a-t-elle décidé. Comme moi, elle déteste le dimanche.
Mais n'allez pas vous imaginer qu'il s'agit d'un simple dédoublement de personnalité. Que nenni.
Chloé est réellement une bulle de savon qui vient me rendre visite au gré de ses gravitations.
Parfois triste, parfois légère, parfois gaie, parfois désespérée. Je la laisse se poser, je l'écoute, la console, puis un courant d'air frais l'emporte plus loin. Chloé a besoin d'aventures, des vastes espaces, de sensations fortes, elle ne se contente pas d'une vie médiocre, pas d'horaires réguliers, ni de courses au supermarché. Chloé vit d'un peu de nectar des fleurs, de rosée des prés, le reste du temps, Chloé feu follet vole dans le vent et n'éclate jamais. Un tour de magie, un secret pour faire de l'éphémère une éternité...

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