Articles de barbaraburgos

A dieu

Par Le 20/01/2011

Dieu ne croît pas en moi, il se fait tout petit sur sa croix, sans doute sait-il que je ne crois pas en lui. Ce n'est pas lui sur la croix me direz-vous, c'est son fils. Avec des fils on fait aussi du point de croix, mais ne blasphémons pas.
De toute façon, Dieu ne croit pas non plus en moi, il me l'a laissé croire lors de notre dernière entrevue, dans sa bonté divine, ne m'a cependant pas condamnée au purgatoire.
"-Et d'où te viendrais cette idée de Dieu, d'un tout puissant, d'une entité supérieure si je n'avais jamais existé ?
-Heu je ne sais moi, de l'insondable noirceur de la Voie Lactée.
-La Voie Lactée n'est pas noire, elle est éclairée.
-Si vous le dites. L'idée de Dieu... parce qu'il y a des églises, des cloches, Pâques, Noël, tout ça.
-Je me disais bien..., c'est comme Oui-Oui avec son grelot, beaucoup de bruit, peu de mots.
-Bon mais alors, donnez moi une preuve de votre existence
-Tous pareils ! Les enfants ont chaque année une preuve de l'existence du Père Noël, une multitude de cadeaux au pied du sapin, est-il pour autant réel ?
-Un point pour toi (un point de croix?), si tu permets qu'on se tutoie.
-Ce n'est pas tout, j'ai du travail en retard, on me prie de toutes parts.
-On vous prie de quoi ?"

Il était déjà parti, me laissant sans réponse dans le courant d'air, il était pourtant écrit "Prière de fermer la porte en sortant."

Pleine Lune

Par Le 18/01/2011

C'est une nuit de pleine Lune, peut-être allons nous voir un zoizeau s'y poser.
Peut-être que ma petit idée va revenir dans le creux de mon oreiller, que mes bonnes résolutions vont s'estomper, que la lumière va s'éteindre, que les haïkus auront vingt pieds, que je vais souhaiter frénétiquement la Bonne Année, que mon humeur vagabondera de la Réunion à Tahiti, que je ferai une vraie galette des rois en divaguant sur le temps de cuisson des coquillettes, puis peut-être qu'en cliquant sur la case "amis" du manager de site, je verrai le compteur à 10 000.
Tout ça pour voir si vous suivez.

Les zoizeaux

Par Le 17/01/2011

Est-ce-que les oiseaux volent jusqu'à la Lune ?
Non mon petit garçon, ils volent dans l'air, dans l'atmosphère, dans les nuages mais pas jusqu'à la Lune.
Pourquoi, parce qu'ils ont pas envie ?
Je ne sais pas, peut-être que c'est pour ça. Ils n'ont pas envie alors ils n'y vont pas. Ou alors ils ont envie et ne peuvent pas, ou bien ils y vont et on ne le sait pas.
Et ils font comment pour y aller s'ils y vont et qu'on ne le sait pas ?
Ils volent, je suppose.
Ils ne prennent pas une fusée ? Ca y irait plus vite.
Ca se peut, des zoizonautes décollent de Baïkonour (ils parlent déjà russe, c'est plus facile pour eux), alunissent à la tombée du jour, repartent pour Cap Canaveral, auraient fait un détour par le carnaval de Rio, mais trop d'eau, alors ils vont voir un gourou à Kourou, puis reviennent atterrir dans le jardin. Et vous où allez vous demain?

Lumière

Par Le 16/01/2011

J'ai laissé traîner la lumière, dans le couloir sombre. Pourtant la lumière ne traîne pas, elle va à toute vitesse, à la vitesse de la lumière. Mais là elle traînait, toute seule, sans personne à éclairer. Elle se consumait, inutile. L'obscurité s'impatientait: "je me languis du noir, je n'en peux plus de cette clarté, laissez mes monstres réapparaître dans le couloir."
La lumière se fatiguait: "pourquoi briller sans but, gaspiller ses forces, je n'aime pas stagner, j'aime les va-et-vient, l'agitation, voir du monde, scintiller avec utilité. Là, je suis perdue dans ce morne couloir."
Alors elle s'est mise à clignoter, à émettre un sifflement à peine perceptible. Les monstres d'ombre se redessinaient sur les murs par intermittence.
Elle était pourtant jeune cette lumière, estampillée 30 000 heures de vie, économie d'énergie, planète verte, tutti quanti.
Elle s'est éteinte dans un dernier soupir, une ultime étincelle. Le couloir s'est repeuplé de formes terrifiantes.
Demain ma lumière s'envolera pour le paradis du recyclage, si je la retrouve emballée dans du carton recyclé, je la reprendrai, mais cette fois je ne la laisserai pas traîner.

Haïku

Par Le 15/01/2011

Haïku: poème japonais en dix-sept syllabes (5-7-5), ayant pour sujet la nature, les saisons

Dans le ciel bleu gris
Les arbres à l'encre de Chine
Juste avant la nuit

                                                   Crépuscule d'hiver
                                                   Le vent fuit dans les roseaux
                                                   Clapotis de l'eau

Une fine gelée
Lueur rosée de l'aurore
La terre figée dort

Vraiment

Par Le 14/01/2011

Un vrai soleil, dans un vrai ciel bleu, pas une "Histoire de faussaire" (cf Brassens). De vrais couleurs, pas des retouches Photoshop, pas des couleurs LED, Megapixels, du jaune, du bleu, bien réels.
Il se trouve que je n'aime ni le jaune ni le bleu, que je n'aime pas non plus l'emploi abusif du mot "vrai". Pourquoi l'écrire alors ? Parce que je me pose de fausses questions, avec un point d'interrogation à l'envers, comme en espagnol. Qu'est-ce qu'une vraie question ? Celle-ci en fait-elle partie ? Comment inverse-t-on le point d'interrogation sur un clavier de PC ?

A 8 ans, je croyais que les faux tableaux étaient de Maître Zaumur dans "Histoire de Faussaire", c'étaient simplement de faux tableaux de maîtres aux murs, c'est dur la vraie vie.

Pas d'amis ?

Par Le 12/01/2011

"Vous n'avez pas d'amis".
Un message clair, net précis, du texte brut, sans fioriture, sans chichi. C'est qu'il faut être armé pour utiliser cet outil là, il traque la moindre faiblesse, se glisse dans l'interstice le plus ténu. J'ai quand même les mots, mes amis-mots, ça ne compte pas ça, les mots ?
"Non ça ne compte pas, ça n'a pas de blog, pas d'e-mail, pas d'URL, pas de flux RSS, aucune notion d'HTLM."
Je n'en reviens pas.
"Si vous n'en revenez pas , restez donc là-bas"
Où ça là-bas ? Je n'y comprends rien. Les ULM, HLM, R.A.S. Mais qu'est-ce ?
"Etes-vous sûr de vouloir tout quitter?"
Je ne veux rien quitter du tout, ma vie me convient comme elle est, quelle indiscrétion!
"Voulez-vous supprimer les originaux et ne sauvegarder aucune copie?
Non non surtout pas les originaux, si je dois sauvegarder des amis je me débarrasse des copies, et je ne garde que les vrais. Mais comme soit disant je n'en ai pas, je ne vois pas trop comment les supprimer. Et par supprimer qu'est-ce qu'il entend par là, supprimer définitivement?
"Voulez-vous supprimer définitivement les originaux?"
Oui, c'est ça. Terroriste ! Ce n'est pas parce que je n'ai pas d'amis que je vais les laisser tomber comme ça. Ne vous inquitez pas , je vous protègerai de ce néant annoncé. Venez me rejoindre, ensemble nous lutterons contre les messages abrupts, annonciateurs de catastrophes imminentes, et nous tisserons, métisserons ces liens indislocables, remplirons les cases "amis" d'adresse HLM en survolant de vastes prairies dans des ULM.
Et vous comment ça va ? Moi R.A.S

J'ai vu

Par Le 11/01/2011

J'ai vu un oiseau emporté par une bourrasque de vent, un oiseau de la famille des rapaces, un oiseau à la dérive dans le gris de cette fin d'après-midi. Majestueux malgré son déséquilibre, fragile et vulnérable à la fois, il aurait pu être la proie.

J'ai vu  de la pluie tomber, ce n'était pas le déluge par Jupiter déclenché, mais une fine pluie froide.

J'ai vu des gens dans la rue et je me demande parfois "quelle est leur vie, que se passe-t-il derrière les rideaux des fenêtres éclairées?" Je ne me réponds pas, je laisse mon imagination s'en charger. Je réponds rarement à mes questions, si j'y répondais c'est que j'aurais la réponse donc si j'avais déjà la réponse pourquoi me poserais-je la question? Manière de parler, rester en relation avec soi-même. Avoir l'illusion d'une vie intellectuelle riche. Oui (avec un accent snob), je me questionne beaucoup et vous? C'est fou le nombre d'interrogations qui s'imposent à moi dans une seule journée! Mes chaussettes seront-elles assorties à mon sac à main ce matin? Une main c'est un matin sans t. Un matin sans thé c'est un matin raté...

Ecrire tous les jours c'est bien mais si c'est pour forcément raconter n'importe quoi, il faudra peut-être que je revoie mes idéaux à la baisse.

 

 

Temps de cuisson

Par Le 10/01/2011

Vite, vite, 20 mn pour la soupe, 7 pour les coquillettes, plus que quelques secondes pour mon billet quotidien. Le temps file et les pensées décousues ne se retrouvent plus, perdues dans le Dédale, sans fil d'Ariane pour retrouver la sortie, un minotaure enragé dévore les lettres en fuite, Minos sème la peur sur la ville et Thésée part en Perse. Mais où est donc Icare ?

Et voilà 7 mn, et c'est trop cuit. Les pâtes c'est comme le café bouillu, quand c'est trop cuit c'est foutu.

Oui mais les minutes aussi sont décousues, le fil des heures s'est rompu, des millions de graines de sablier se répandent sur la terre, se mélange à l'eau salée, pas celle des pâtes, l'eau originelle, et apparaissent alors de somptueuses plages sur les rivages de la Mare Nostrum, polluées depuis, par un tourisme de masse croissant.

Une petite idée

Par Le 09/01/2011

Une idée a germé au creux de la nuit, dans le creux de mon lit, celui de derrière l'oreiller, là où ma tête faisait semblant de se reposer. J'ai entendu tinter la clochette de l'illumination, cling-cling-cling, vu briller l'étincelle de l'ingéniosité. Elle est apparue, une idée nouveau-né, un bébé. Je l'ai prise dans le creux de ma main, elle m'a souri, puis très vite a grandi. Elle est devenue une belle et grande idée, autonome, responsable de ses actes. Toujours aussi exceptionnelle, aussi lumineuse. Je la dorlotais, elle me berçait de ses douces promesses. Une seule qualité manquait à mon idée sublime, l'humilité. Sa grandiloquence n'avait plus de limites, elle était superlative. "Je suis l'idée la plus génialissime du siècle, suis moi et je te conduirai vers les plus hautes sphères de la gloire".

Elle était toujours présente pour moi, savait me consoler les matins gris, me réconforter les soirs de doute, me réchauffer, m'attiédir, m'apaiser, m'exalter, m'insuffler de l'espoir, mais là, je dois avouer qu'elle m'effrayait. Aurais-je dû tout quitter, la suivre, tout recommencer ? Et si c'était là ma chance, si je la laissais filer ? Je n'en dormais plus de la nuit. Je tournais, me retournais dans le creux de mon lit. Allais-je devoir l'abandonner ?

Après plusieurs jours de vaines argumentations avec moi-même, j'étais épuisée. Je tournais et me retournais encore et encore toutes les nuits. Puis vous vous en doutez au petit matin de cette courte et unique nuit, ma petite idée a fui. Je l'ai cherché partout, dans le creux derrière l'oreiller, dans ma tête qui semblait reposée. Ce n'était qu'un leurre, une présomption d'idée, j'ai cru y avoir passé ma vie et ce n'était qu'une courte nuit. J'ai cru y avoir laissé ma vie, ce n'était qu'un rêve endormi.

Ma petite idée, si une nuit tu t'ennuies, si un rêve endormi ne te suffit pas , reviens-moi, je t'accueillerai, au creux de la nuit, dans le creux de mon lit, tu sais , derrière l'oreiller, là où ma tête fait semblant de se reposer.

 

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