Avec ou sans verbe, il n'y a pas de cygnes sur les lacs gelés. Ils sont simplement allés de l'autre côté, là où l'air est plus clément. La migration du cygne noir en pays tropical est bien connue. Il traverse l'Europe de part en part et part vers des contrées inconnues. On les confond souvent avec les nuages noirs de l'automne, avec des nuées de cafards, dont ils font d'ailleurs ripaille lors de leurs grandes envolées. D'aucun prétendent qu'ils tiendraient leur couleur de ces misérables cloportes . Ils gobent aussi quelques bourdons au passage puis vont digérer sur un rocher en lisant le Spleen de Baudelaire. Ainsi passent les saisons au gré des migrations. Quelques uns se font broyer par un Boeing ou un Airbus long courrier, d'autres meurent simplement de chagrin ou d'épuisement. Ils partirent 1000, il revinrent 600. Une perte de 40% de la population de cygnes noirs n'émeut personne, oserai-je l'autruche, non.
Quelques uns préfèrent rester dans le froid, il périssent congelés mais dignes. Autrefois ils ornaient les banquets de tous les rois de France, malgré une chair peu goûteuse et coriace. Abandonnés au profit des oies grasses, ils furent donc promis à une vie d'oiseau oisive. Point n'eurent cette chance leurs congénères cirrhotiques. En plus d'être gavés les voilà maintenant grippés. Que vont grailler tous ces malheureux carnivores au réveillon?
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