Articles de barbaraburgos
Digression
Le mot zigzag tergiverse
Et le mot tergiverse zigzague
De détour en detour il n'en finit pas de s'éloigner de son but
La rosalie est un vélo rigolo
Le pédalo est un vélo sur l'eau
Le zigzag tergiverse en rosalie
Tandis que tergiverse fait des zigzags sur l'eau
Mouvement de la jambe en avant
Coup de pouet pouet en rosalie
Des ronds dans l'eau en pédalo
Le zigzag est sans cesse détourné de son but
Tel Zadig qui n'en finit pas de poursuivre sa destinée
Zadig zigzague du côté de Babylone
Il tergiverse aux confins de la Perse
Tout ceci pour finir empaqueté
Une enseigne lumineuse
Une marque d'habits
Alors pourquoi ne pas tergiverser en pédalo
Zigzaguer en rosalie
Ces vélos rigolos
Qui s'éloignent sans bruit
Sans atteindre leur but
Tant pis
L'enfance de l'art
Le monde sans art
Sans création
Standardisation
Plus de questions
La même pensée
Au pas de l'oie
Le goût du beau
Uniformisé
Une mode à suivre
Loi du marché
Un film
Deux millions d'entrées
Exposition
De lumières projetées
Le roman de l'année
Dégoulinant
De bons sentiments
Encensement
Le monde sans art
Sans réflexion
Plus de miroir
Aplanissement
Des émotions
Au pas de l'oie
Loi du marché
A telle heure
Il faut rire
A telle heure
Pleurer
Le libre arbitre
Est sur la touche
Le prêt à penser
Est découpé
Le bon modèle
A respecter
Sans dépasser
Le monde sans art
Sans élévation
De l'idée
Les mots eux-mêmes
Sont priés de se plier
Aux exigences
De l'intelligence
Au rabais
Au pas de l'oie
Loi du marché
Au loin se profile
Une ligne d'horizon
Asservie
A l'expression
Du plus grand nombre
Au ministère
De l'inculturie
On applaudit
Gens
Sans parler
Ils se croisent
Les gens
Des gens
Ces gens là
Ici
Ce lieu
Partagé
Ils se croisent
Les gens
Sans parler
Quand ?
Maintenant ?
Un temps distendu ?
Une dystopie ?
Les gens
Sans parler
Ils se croisent
Où ?
Cet ici partagé
Un lieu
Ils parlent
Sans se croiser
Les gens
Des gens
Ces gens là
Ici
Maintenant
Évitement
Évidemment
Non événement
Un lieu
Des gens
Des croisements
Dormir
J'écris tellement que je m'endors en écrivant ou que j'écris en dormant
C'est mon inconscient qui prend le dessus
Quand je me relis je ne suis pas déçue
Si je me lit, je dors
Si je maudis, je sort
Si j'encre, je port
De là je prends un bateau, je lève l'ancre, j'arme mon stylo
Si le stylo bille, je cour de récréation
Si le stylo plume, je oiseau
Depuis les airs l'océan est beau
L'encre se déverse
Bruit de la plume sur le papier
Bruit de la brume qui vient de tomber
Il est temps de rentrer
Je plume puis duvet
Passante du sans souci
Le nom vernaculaire des fleurs
Prend le funiculaire pour se hisser
Tout en haut des pages du dictionnaire
Exprimer la simplicité par un mot compliqué
Calendula officinalis se change vernaculairement en souci
Leucanthemum vulgare en marguerite des prés
Marguerite est un joli prénom
Souci, non
Est-ce vraiment drôle de prendre le funiculaire
Peut-être en Angleterre ?
En Espagne il faudrait deux points d'interrogation
Je n'en ai qu'un et je ne saurais où trouver
Ni le deuxième, ni le premier
A San Francisco, cable car plutôt que métro
Venez donc dîner, Marguerite Després
Pas de souci pour le trajet
Si question il y avait
Vous seriez priés de la poser en français
Pour la raison sus-citée
Et non en langue vernaculaire
Que personne ne comprendrait
Mais pourquoi faire simple
Quand tout peut être compliqué
Pour ou contre
J'aime pas le printemps
L'herbe est trop verte, trop grasse, trop haute
Les insectes apparaissent par nuées tout contents de pouvoir embêter les gens
Ce n'est pas le pire
Le pire c'est les engins motorisés qui vrombissent sur les chemins
Et les petits zincs qui font de même à basse altitude
J'en perds jusqu'à ma zen attitude
Je pourrais aussi en perdre ma bonhomie
Et semer des clous sur les sentiers
Lancer des flèches par mégarde
J'aime pas le printemps
Tout le monde est content, sourit
S'émerveille d'une heure de soleil supplémentaire
J'aime pas le soleil
Sur ma peau blême il se transforme en érythème
Et la peau blême c'est un problème
Difficile à solutionner
Pas de théorème pour l'enrayer
Quand les rayons trop fort viennent cogner
Sur le derme qui lui n'a rien demandé
J'aime pas le printemps
Trop clair trop chaud trop bruyant
J'aime encore moins l'été
L'été c'est le printemps au carré
La seule chose que j'aime en cette saison
C'est les papillons
Face caméra
Les petits gestes du quotidien
Les petits gestes anodins
Certains les subliment dans un film
D'autres les subissent de plein fouet
Mouvement d'une main en contre-plongée
Regards croisés
Instruments à cordes en fond sonore
Le drapé d'une robe au ralenti
Mouvements des mains dans l'évier
Regards embués
Linge étendu sur une corde
Tissu froissé à remettre en ordre
Détails créés face caméra
Détails ressentis au bout des doigts
L'esthétique de la fiction
La lumière crue de la réalité
A l'extérieur des salles obscures
Sublimer les petits gestes anodins
Faire de sa vie au quotidien
Du bout des doigts
Un scénario de cinéma
Du vent à Vannes
Jeanne va en van à Vannes
Ce n'est pas une vanne
C'est vrai
Elle est accompagnée
De son amie Vanina
Le prénom a été changé
Pour plus de confidentialité
Jeanne et Vanina vont donc en van à Vannes
Elles iront manger un kougn-amann
Une recette où le beurre devient pléonasme
Puis elles boiront du chouchen
Une recette où le miel adoucit les peines
C'est joli le Morbihan en cette saison
Disent-elles depuis le van sur la falaise
Le vent fouettent les visages
Elles savourent cette parenthèse
Les regards tournés vers le large
Un ciel d'hiver
Océan déchaîné
Une grande bouffée d'air
Et de particules iodées
Elles reprennent la route
Les doutes s'effacent
Sur le bas côté
Jeanne revient de Vannes en van
Son amie Vanina l'accompagne
Une histoire s'est finie
Une autre au début
Retour de vacances
La vie continue
Le temps et rien d'autre
Du temps volé
A la quotidienneté
Prendre le temps d'avoir le temps
Déguster une tasse de thé
En savourant chaque minute
La liberté de laisser le temps ainsi filer
Se prélasser
Se délecter des mots écrits
Une belle histoire
Une poésie
Du temps volé
A ce cadran
Qui tourne tourne sans perdre de temps
Tous les matins le même train-train
Pour une journée
Stopper l'aiguille
Prendre le temps d'avoir le temps
Le luxe ultime
Face à ce monde qui court tout le temps
Seconde sublime
Du temps volé
Entre parenthèses
La fantaisie
De contempler
La forme changeante d'un nuage
L'écoute attentive du silence
Prendre le temps d'avoir le temps
Une liberté
Un luxe
Une volupté
Hier ou peut être la veille
Hier c'était la sainte Rosine
L'occasion de me rappeler
Cette figure carcassonnaise
Qui arpentait les rues de la ville
Et comme le faisait Émile
Demandait à chaque passant
Une petite pièce de monnaie
En précisant néanmoins que le bon dieu la leur rendrait
Elle promenait toute la journée
Un vieux landau et sa poupée
Manteau usé
Sourire édenté
Elle faisait partie du décor
Rosine dormait-elle dehors ?
Émile rentrait bien au chaud
Puisqu'il habitait à l'asile
Des personnages de roman
Ils vivaient pourtant dans la ville
Une autre époque, un autre temps
Où tout en étant différents
Les oubliés de la société
Pouvaient se faire intégrer
Tout le monde les saluait
Une parole un sourire
Une petite pièce de monnaie
Le bon dieu jamais ne la rendit
Mais il rappela auprès de lui
Et la Rosine et l'Émile
Jamais plus on ne les revit
Arpenter les rues de la ville
Ils doivent maintenant rembourser
Tout le crédit que dieu leur a fait
Il manque quand même pas d'air celui-là
De reclamer les intérêts
A ceux qu'il a ainsi créés
Mais voilà que pendant que j'écrivais
L'heure a trop vite fait d'avancer
Et j'ai loupé la publication du billet