Articles de barbaraburgos
Le ciel est par-dessus les toits...
Vue sur les toits
Les toi et moi
Une perspective
Dans le vide
Fil suspendu
Entre deux tuiles
Vue sur la ville
Adéquation
Entre toi et moi
La peur du vide
Depuis les balcons
Regards limpides
Vue dégagée
Sur l'horizon
Le ciel est bleu
Et toi et moi
A l'unisson
Un rêve pour deux
Une vue d'avion
Par dessus les toits
Volent nos émois
Les yeux lucides
De toi à moi
Par delà le vide
Le grand échiquier
Au jeu d'échec
J'ai fait sans
J'ai fait avec
Gambit de la dame
Tactique sacrificielle
Renoncer à l'étincelle
Pour éluder la flamme
Le sable du temps coulera
Cases en blanc et noir
Coups bas
Depuis sa tour d'ivoire
La reine abandonnée
Retourne le sablier
Echecs d'Alice
Jeux en miroir
Transformer avec délice
Les défaites
Les parties déjà jouées
Deviennent désuètes
Nécessaire cheminement
Pour savourer l'instant
De l'échec faire réussite
Château de cartes
Jusqu'au zénith
Puisque de toute façon
Nous ne sommes que des pions
Sur le grand échiquier
Des fous sur le damier
Hasard ou stratégie
Absurde ironie
Un jour une petite boite
Annonce échec et mat
Marée noire
J'ai souvent des idées qui me passent derrière la tête, mais celle-ci est arrivée par devant, frontalement. Une idée reçue comme un uppercut, elle m'a un peu assommée au passage. C'était une idée fixe qui avait trouvé son point d'encrage, polluant mon encéphale d'un sombre liquide visqueux, empêchant désormais les mots de s'envoler. Pris au piège comme des oiseaux mazoutés, les ailes engluées dans une soupe épaisse et noire, ils se débattaient en m'implorant de les sauver.
Alors j'ai bu un peu de curaçao, du liquide bleu pour colorer les mots, pour revoir leur corazon palpiter à l'unisson.
Soulevée par des vents alizés, j'ai dérivé d'est en ouest, jusqu'à diluer l'idée, l'évacuer de ma tête. Les mots ont emporté avec eux quelques bouts de cerveau, tant mieux, il pesait trop et penchait, pas toujours du bon côté. Ainsi allégée, j'ai pu aller gambader dans les prés.
- Tu radotes un peu
- Ah t'es resté toi ?
- Tu te débarrasseras pas de moi comme ça. Alors comme ça c'est l'Amoco Cadiz dans ta tête ?
- Non pas du tout, juste une juxtaposition de mots comme d'habitude. D'une idée derrière la tête à une idée fixe, ancrée, il n'y a qu'un pas pour que j'en fasse une marée noire.
- Ah je préfère comme ça, je commençais à me faire du sushi (excuse-moi je suis en train de manger japonais)
- Tu manges qui tu veux, tant que tu ne m'envahis pas trop.
Donc pas de souci, je n'ai pas d'idées noires pas plus que je ne vais gambader dans les prés avec une robe à fleur. D'ailleurs tu m'as déjà vue en porter une ?
- Oui, le 5 mai 1978
- Tu as plus de mémoire que moi
- Forcément, je suis ton inconscient
Floraison
Ma robe à fleur
Affleure
Dans la tiédeur
D'un souffle printanier
Tu effleures
D'un doigt léger
Les regrets
Ma peau
A fleur de mot
S'enflamme
Sur le fil
Du tissu
Suivre la trame
Avril
S'effeuille
Mise à nue
Des âmes
Promesse
Au seuil
D'une caresse
Ma robe affleure
Ta main
Drapé
Les plis tournoient
Valse lente
Emois
Volupté
Attente
Fleurs bleues
Dans le pré
Pétales de mots
Envolés
Papillons
Bucolique vision
Ma robe à fleur
De peau
Effleure
Les roseaux
Bord du ruisseau
L'eau fraîche
Empêche
Le chaos
Balade champêtre
Dans le champ lexical
J'ai récolté les fleurs du mal
Sur le champ de bataille
J'ai mordu la poussière
Au champ d'honneur
J'ai regagné les médailles
Force du champ magnétique
Fatale attraction physique
Champ de tension
Il était l'heure
De laisser le champ libre à la passion
Sur le champ je suis passée à l'action
J'ai couru à travers champs
Dévalé les pentes comme une enfant
Arrivée dans le champ des possibles
Au milieu de fleurs sensibles
Je me suis étendue
Le visage offert l'âme nue
Profondeur de champ infinie
Hors cadre j'ai souri
Dix versifications
Une vie de poète ne rime à rien
C'est une cata cata strophe
Ca vous conduit tout droit en enfer
Pour une saison plusieurs hivers
Faut être un peu sonnet
Un brin philosophe ?
Pour écrire une ode à l'aube
Sans apostrophe
Une vie de poète c'est pas tout rose
Quand ça rime pas c'est de la prose
Dans le bon ordre c'est le tercet
Et le Djinn coule des vers à pied
A pied balade dans la Pléiade
Avec deux ailes une chanson
Une métaphore
François Villon
Une vie de poète
C'est récolter des mots de tête
Une cata cata strophe
Qui vous conduit tout droit
Aux cata cata combes
Dans une tombe
A se faire bouffer en vers et contre tout
Se faire bouffer par petits bouts
Une vie de poète c'est un haïku
Un bref passage un peu flou
Une catha catharsis
Qui vous conduit tout droit
Aux jardins des délices
Un paradis artificiel
Sans il sans elle
Puisque césure
Rien ne dure
Instant de grâce
Une main sur l'épaule
Sur l'épaule de l'enfant
De l'enfant qui somnole
Somnole dans l'inconscient
Un geste pour apaiser
Apaiser la colère
La colère qui gronde
Gronde comme un volcan
Un mot une parole
Une parole un regard
Un regard qui implore
Implore un peu d'égard
Tendre enfant aujourd'hui
Aujourd'hui ton étreinte
Ton étreinte m'a guérie
Guérie de ces contraintes
Qui pourrissent nos vies
Elan répréhensible
Du nouveau code civil
Tu te dis différent
A cause d'un diagnostic
Un terme scientifique
Dans la bouche des savants
Mais comme il fut magique
Magique ce moment
Cette effusion intense
Qui nous a rendu grâce
La grâce d'être humain
Ton étreinte a guéri
L'enfant le tout petit
Tout petit qui somnole
Tout au long de nos vies
Nos vies malgré les rôles
Qui nous sont impartis
Ne sont qu'une course folle
Vers ces bras grands ouverts
Ces bras qui nous consolent
De tous les longs hivers
Fièvre
Exercice d'atelier d'écriture: écrire le rayonnement de la réalité à la façon d'André du Bouchet http://supervielle.univers.free.fr/poeme_dubouchet.htm
Fièvre
Draps
Bruissement
Crispation
Je m'enroule
La peau effleure
Affleure
J'ai chaud
Humidité
Sueur
Tremblements
Une heure
De nuit
Au printemps
Le drap
Bruit
Satin
Soi
Sauvage
Fils de lin
Entremêlés
Enlacement
Extase
Un lit
Bois brut
Solitaire
Tendre
Endormi
Vaines apparences
Effluves d'ambre
Nécessaire
Contingence
Draps
Déchirures
Je m'enroule
Je m'effleure
Chaleur
Je dérive
J'âme sœur
La princesse et le petit pois
J'ai acheté des petits pois au marché, phrase constative (source: my Lady Voltaire personnelle), information essentielle pour l'évolution de l'univers. Un petit pois pour l'homme, un pois de géant pour l'humanité, en somme. Et une question me taraude, pourquoi Andersen eut l'idée d'en placer un sous vingt matelas pour débusquer la princesse idéale ?
J'aurais bien convoqué Jean-Sol pour ce problème existentiel ou Sigmund pour une analyse substantielle, mais ils m'avaient fait tous deux savoir qu'ils organisaient une fête clandestine dans une cave germanopratine. Je me retrouvai bien isolée pour répondre à mes interrogations. Je décidai de prendre l'escargot par les cornes (un inconscient avait entrepris l'ascension de ma baie vitrée) et de chercher moi-même la solution.
Ce prince, insatisfait par tous les succédanés de noblesse, voulait trouver la vraie princesse. Un avatar bovaryen ? Savait-il penser par lui-même ? Car c'est sa mère, la reine, qui eut l'idée de placer le petit pois sous le matelas. Se figurait-elle qu'il n'y aurait pas de seins plus réconfortants que les siens ? Et la princesse a-t-elle donné son consentement pour épouser ce mari niais ? Fuyait-elle une mère abusive, un père alcoolique, un prétendant insistant ? Etait-elle une punkette anachronique, révoltée contre le système ? S'est-elle écriée au matin: "oh la daronne ton plumard il est grave pérave, j'ai passé la pire nuit de ma life"
Toutes ces hypothèses me trituraient les méninges, m'empêchant de dormir la nuit.
Au petit matin, je décidai de préparer les petits grains printaniers. Je repensais au prince et à la princesse. Lui qui voulait le meilleur, elle incapable de feindre ses émotions. Fallait-il les blâmer ou les féliciter de ne pas se contenter de la médiocrité ? Ont-ils pu prétendre au bonheur à effiler d'avril les écrins vert tendre pour en récolter les billes suaves ?
Mais comme je comptais les petits pois pour les répartir équitablement dans les assiettes, je constatai (phrase constative, Lady V ?) qu'il en manquait un.
Sous le lit de qui avait-il atterri ?
La promesse de l'aube
Envie d'ailleurs, de plus tard, d'aurores boréales, rallumer les étoiles avec Apollinaire, sommes-nous en guerre ? Est-ce une fin annoncée ce fléau qui essaime et le doute et la mort ? Comment faire espérer une jeunesse en attente de promesses. Celle de l'aube, décrite dans les plus belles pages de la littérature, est éristique. Et je tique tique tique du tac au tac.
"Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances." Romain Gary- La promesse de l'aube-
L'amour d'une mère aussi grand soit-il ne pourra jamais combler la soif et l'appétit de partir à la découverte de sa propre vie, de se frotter à la rugosité des cailloux sur le chemin, caresser la mousse onctueuse des sous-bois, s'offrir aux regards neufs, aux bouches voluptueuses.
Rien ni personne n'est irremplaçable. L'amour maternel doit seulement apporter la certitude que tout est possible, réalisable. Croire et croître en soi avec la force de cette maman qui croit en son enfant. L'accompagner sur le chemin vers plus loin, le guider à travers les ronces, les ornières, les groseilliers. Car la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Ce petit ruisseau que l'on imaginait couler serein éternellement en est l'illustration. Un jour les éléments se déchaînent, la terre tremble, les lits débordent, le magma entre en fusion. Pourtant la vie est là, malgré tout, malgré les catastrophes naturelles, malgré les particules lourdes, les goudrons noirs du doute qui tapissent les poumons, entravent l'oxygène. Alors sortir, respirer, trouver un nouveau souffle, une bulle d'air, imaginer Chloé dans ses ronds de savon, monter au belvédère d'un jardin séculaire, voir la ville d'en haut c'est plus spectaculaire. Les vieilles pierres toujours debout, les arbres centenaires. La beauté résiste. Cligner des yeux, les rouvrir en changeant les filtres. Ne pas laisser les mots en -eur s'immiscer sous les paupières, lourdeur, laideur, tiédeur. Le cœur de la ville palpite, il est à portée de main, aujourd'hui plus qu'hier. Le soleil au zénith, Zoël le Zoeil joue à cache-cache dans les buissons, en un battement de cils il sort de son cocon. De chrysalide il devient papillon. Magie des mots, imago. Métamorphose, anamorphose. Tromper le zoeil pour que le beau reprenne ses droits. Puisqu'il est là, puisqu'au printemps tout rené, tout reverdit, puisque les couleurs, les rayons du soleil, le bruissement du vent, la musique des fleurs, la poésie.
Et je l'affirme, à l'instar d'Eluard, la nuit n'est jamais complète, au-delà des tempêtes, des certitudes ébranlées, des idéaux à la baisse, chaque aube tient sa promesse