Articles de barbaraburgos
Ligne d'horizon
Montagne bleue
A l'horizon
Ligne de tes yeux
Haute tension
Arbres inertes
A l'encre de Chine
Tableau sous la bruine
Vue d'une fenêtre
Une lucarne contemplative
Loin des néons
Une digression méditative
Pour s'échapper d'une réunion
Montagne bleue
A l'horizon
Loin de tes yeux
Baisse de tension
Arbres inertes
Par la fenêtre
Une île déserte
A l'encre de Chine
La pensée chemine
Entre les néons
Grande évasion
Par le faux plafond
Le vin bourru
"Le déchet n'existait pas encore, ni la poubelle, ni le ramassage des ordures [...]
Rien ne se jetait. Toute boîte de conserve vide s'emplissait de graines, ou de boutons, ou d'appâts pour la pêche. [...]
L'idée même de jeter -mais jeter quoi ? et où ? -eût semblé absurde. "
J'ai connu les miettes de ce temps ancien, où les femmes allaient faire les commissions à l'épicerie avec un filet à provisions.
J'ai connu les cabanes de jardin ou les caves avec des boîtes de conserve remplies de clous ou de ficelle.
Rien ne dure mais tout recommence.
Après l’ère du tout jetable, nous revenons à l'ère zéro déchet. Pourtant il est difficile de freiner cette frénésie de surconsommation, d'autant plus qu'elle ne s'est pas arrêtée aux objets, elle a atteint les relations humaines. Un nouveau vocabulaire pour faire d'un coup de cœur un "like" en mode "swipe" et tout un lexique d'anglicismes pour décliner les dérives tordues d'humains déviants.
Plus de bonjour ni d'au-revoir en signe de politesse, de respect entre mammifères éduqués.
Salue-t-on un sac plastique, un pot de yaourt ou un mégot de cigarette ? Non, on le laisse choir, on l'écrase du bout du pied sur le trottoir, il partira dans le caniveau balayé par un jet d'eau.
Non ce n'était pas forcément mieux avant. C'était sûrement mieux caché.
Mais les mots et les pensées me font aussi dériver du sujet initial, ça ne me vaut rien d'écouter les infos.
"Un million de choses à dire de la vie, très peu de la mort. Personne ne sait bien en parler, pas même le curé avec ses histoires de vie éternelle, qui passent au-dessus des têtes.[...]
" Là où il est maintenant", disait-on. Mais il n'est nulle part, on le sait bien, il est simplement mort, comme d'autres avant lui, et d'autres après.
On le mettra demain au cimetière, dans son caveau, là où il a toujours su qu'il finirait, chez lui".
Le vin bourru, Jean-Claude Carrière (1931-2021)
Griserie
Le ciel dégringole en gouttes sonores
Le noir succède au gris
La nuit révèle ce que le jour ignore
Petits arrangements avec la vie
Un couvre-feu sur les envies
Une couverture sur le lit
Un éteignoir sur les bougies
Des compromis
Une liberté conditionnelle
Des émotions non essentielles ?
Le vibrato d'un violoncelle
La folie que la nuit honore
Quand le ciel dégringole
En gouttelettes sonores
Sous les vapeurs d'alcool
Détour vers le futur
"Le temps qui passe ne revient pas. A moins que... ? Cette vérité inéluctable et parfois difficile à accepter, gravée dans le marbre des théories physiques fondamentales n'est peut-être pas la seule possibilité. Un physicien britannique a conçu une alternative, où du big bang s'écouleraient deux flèches du temps avec deux Univers distincts !" https://www.science-et-vie.com/technos-et-futur/
Mes capacités cognitives ne me permettent pas de comprendre toutes les subtilités du sujet mais je reste fascinée par l'hypothèse. Moi qui écrivais hier, le passé était, le futur sera, le présent est. Comment conjuguerait-on si le passé revenait ?
Hier j'étaisserai, demain je serétais, aujourd'hui je sais ?
Aujourd'hui, ce que je sais c'est que je ne sais rien (je ne m'appelle pourtant pas Jean Gabin).
Je sais que j'en sais trois fois rien. Même en multipliant la somme de mes ignorances, le résultat ne décolle pas de zéro.
Le physicien à l'origine de la découverte, Julian Barbour, a nommé "point de Janus" , le point de départ de ces deux flèches du temps. Janus je connais, j'en ai fait un billet ! Plus loin on peut lire "c'est l'entropie, autrement dit le désordre toujours croissant de la matière, qui impose également à une tasse de thé brûlante de se refroidir, à nos corps de vieillir ou encore aux nuages de se dissiper. Mais cette unique flèche entropique du temps fait débat chez les physiciens."
Tout ça aussi je connais, c'est joli comme de la poésie! Mon thé refroidit dans sa tasse tous les matins, mon miroir tient le décompte chaque jour d'une sortie de quarantaine imminente, et les nuages heureusement finissent par se dissiper, puisqu'après la pluie vient le beau temps.
Faut-il se réjouir du désordre toujours croissant de la matière ? Je ne saurais dire. Ma matière grise à moi est souvent en ébullition, bouillonne comme du magma en fusion mais n'a pas forcément les capacités de comprendre des concepts élaborés.
Juste la possibilité de penser à ce que serait le calendrier si hier était demain, aujourd'hui incertain et le futur pas sûr vu la conjoncture. Et si on pouvait revenir dans le passé et tout changer ! Ce sera ou ce fut un autre billet dans cet univers ou son parallèle. Et s'il en manque un dans le décompte de mes résolutions vous pourrez aller voir ailleurs si j'y serai !
Lettre et le néant
- On ne s'écrit plus, s'écrie ma boite aux lettres alors que je regarde ce qu'elle a dans le ventre
- Que veux-tu! Le courrier se déplace à pas de tortue alors que le lièvre internet délivre des messages en quelques millièmes de secondes
- A quoi je sers dans ce cas ?
- Tu reçois des courriers administratifs, nécessaires au bon fonctionnement de la nation.
- Je les aime pas ceux-là, ils n'ont aucun vocabulaire, aucune conversation, des formules toute faites et souvent des appels à contribution. Les gens intéressés ne sont pas intéressants.
- (Tiens cette expression me rappelle quelqu'une); c'est vrai pas grand intérêt, mais si tu ne les ouvres pas, intérêts tu auras à payer, enfin moi, pas toi.
- Tu vois, moi je ne suis d'aucune utilité dans cette société. Je passe ma vie à attendre, je ne peux même pas aller faire un tour, je suis plantée là et je suis constamment soumise aux caprices du temps. Non crois-moi, c'est pas facile d'être moi.
- Je te comprends mais que veux-tu que j'y fasse, je ne vais pas m'envoyer du courrier pour pallier ton sentiment de vacuité.
D'ailleurs moi-même je n'écris plus de lettre, je n'écris presque plus sur du papier. Il faut vivre avec son temps.
-Je trouve que c'était mieux avant
-Avant quoi ? Moi je trouve pas. Certaines choses étaient mieux mais beaucoup étaient pire. Puis le passé est ce qu'il était, le futur ce qu'il sera, seul le présent est ce qu'il est.
- Ma grand-mère me parlait de toutes les belles lettres qu'elle recevait, de tous ces papiers colorés ou unis, de premier choix, caressés par une plume d'oie. C'était joli et elle se régalait de lire tous les secrets.
- Parce que tu lis mon courrier !
- Faut bien passer le temps. Mais je n'ai rien de passionnant à me mettre sous la dent.
- Tes voisines sont sympas ?
-Il n'y en une avec qui je m'entends, les autres sont dans l'hyper consumérisme, avalent des liasses de publicité et se sentent
obligées de commenter les bonnes affaires de la journée. Ce n'est pas ma tasse de thé.
- Et tu sais, quant à l'utilité de chacun sur cette planète, c'est bien relatif. Qui est utile, qui ne l'est pas ? Et puis en ce moment on est un peu tous plantés là. L'essentiel c'est de trouver quelque chose qui t'anime, qui te donne envie de te réveiller le matin.
- C'est le chien du voisin qui me réveille tous les matins ! Ce qui m'anime (mais chut c'est un secret) c'est d'écrire. Tu voudrais lire mon poème ?
- Avec plaisir !
Blues d'une boîte aux lettres
J'aimerais recevoir une lettre
Une lettre manuscrite bien écrite
Sur un papier de premier choix
Bien écrite
A la plume d'oie
J'aimerais recevoir un courrier
Un courrier en rime ou en prose
Dans une enveloppe parfumée
Aux pétales de rose
Pétales de rose séchés
J'aimerais recevoir un billet doux
Un billet de Papeete de Tombouctou
Respirer l'air des îles
En déchiffrant des mots subtils
Ou des mots de rien du tout
J'aimerais recevoir une carte postale
Une carte d'aurores boréales
Sortir de cette boîte de métal
M'évader aux quatre coins du monde
Même si la Terre est ronde
J'aimerais recevoir une invitation
Une invitation pour de lointaines destinations
Visiter des contrées éclatantes
Adressez désormais votre courrier
En poste restante
- C'est pas mal, y'a de l'idée, continue !
- Merci, ça fait un bien fou de parler avec toi.
- Y'a pas de quoi !
Carnaval es arribat
Non je ne m'habitue pas à croiser des humains masqués. J'ai l'impression de vivre dans un film de science-fiction.
Il y avait au départ les pour, les contre, les sans opinion, ceux qui opinaient inopinément.
Devant la fragilité de notre condition, nous avons accepté d'évoluer dans cet univers dystopique depuis bientôt un an.
Des mots nouveaux sont apparus pour tenter de comprendre, d'expliquer la restriction de nos libertés.
Covid d'abord, employé au masculin, que des gens sûrement occupés à ne rien faire, ont changé de sexe par la suite. Pour se protéger de la petite bête serial-killeuse, le Confinement. Une première expérience, plutôt plaisante pour beaucoup, une pause dans la frénésie des jours, un temps pour soi, l'espoir d'un renouveau, d'un changement radical de comportement à l'issue de l'enfermement. Ce fut l'éclosion des ApéroSkype, des Zoomeeting, ou autres rassemblements virtuels dans un ciel de printemps.
Puis une tentative de reprise de vie ordinaire en respectant les Gestes Barrières, la Distanciation Sociale et Physique, armés de Gel Hydroalcoolique, nous avons pu descendre dans la rue, Déconfinés qu'on était, sans Attestation de déplacement.
Puis Carnaval es arribat, sorties masquées obligatoires, même dans les rues où il ne traîne pas un chat, ni une chauve-souris ou un pangolin. Dans ces mêmes rues sombres où se trament les théories complotistes d'une fin du monde programmée sur la paillasse d'un laboratoire chinois.
Bref, on a dansé tout l'été et nous sommes retrouvés fort dépourvus quand la bise fut venue. Et plus moyen d'aller crier famine chez la fourmi notre voisine, le Reconfinement était acté. Il fallait en plus s'auto-isoler si on était Cas Contact avéré et bien sûr faire un Test PCR et Téléconsulter son médecin au moindre doute.
Trève des confiseurs, Papa Noël devait pouvoir descendre dans les cheminées et remplir les petits souliers. Mais si l'on était pas tous les jours très sages, un 3ème confinement serait décrété? Alors on a fait manger Mémé dans la cuisine, on a évité de faire la bise aux frangines pour la nouvelle année, on a même pensé faire une téléfête en faisant tourner les serviettes devant Patrick Sébastien (bon ça ce sera pour la Saint Glinglin et je ne veux surtout pas être là pour voir ça).
Malgré tout ça, increvable la bestiole à picots. Pour échapper au re-re confinement et faire mentir l'adage, le Couvre-Feu où comment nous apprendre à rester sages.
Pendant ce temps et ce depuis le début de la Pandémie, les supermarchés sont pleins à craquer, les gens excédés se marchent sur les pieds, se postillonnent dessus, parce que faut pas croire que le français soit un modèle de propreté. D'après une étude sur l'hygiène, seuls 73% des hommes changent de caleçon tous les jours. Donc de là à changer de masque 2 fois par jour.
Tout ça pour dire que j'en ai marre, ras le bol, ras la casquette, ras le bonnet, j'en peux plus ! J'en peux plus de sortir du boulot à 17h30 et de retourner m'enfermer sans espérer aller boire un verre, rencontrer d'autres humains démasqués, se faire une toile, respirer un peu d'art frais. Reste à regarder les étoiles mais les ciels d'hiver sont trop souvent couverts.
A Limoux fin mars c'est la nuit de la Blanquette, on fête la fin de Carnaval en le faisant cramer sur la place publique, après l'avoir jugé et accusé de tous les péchés. A quand la nuit du Corona et les pintes de bière coulant à flot où l'on pourra faire brûler tous nos masques, enfin voir nos visages nus et espérer un renouveau ?
L' Escalier de Louis
Etre "de quelque part", faire partie d'un lieu, d'une époque, d'une communauté de gens croisés au fil des ans.
J'allais à "l'Escalier" depuis mon enfance, pizza 4 fromages et glace au café. J'étais fascinée par le décor, la musique, l'ambiance conviviale. On s'interpelait d'une table à l'autre et les serveurs avaient un petit mot pour chacun. Les amis s'y retrouvaient, les âmes égarées venaient chercher un peu de réconfort. Avec mes yeux d'enfant, j'avais ce sentiment sécurisant des choses immuables.
Puis les repas de classe du lycée, passage incontournable avant de finir les nuits au "Privé". C'était il y a longtemps.
De l'eau a passé sous les ponts, et l'enfant a eu des enfants. Fascinés par le lieu eux aussi. Charlotte curieuse et gourmande a dû goûter toute la carte, Roman est resté à l'invariable combo pizza 4 fromages, glace au café ! (ce sentiment sécurisant des choses immuables ou atavisme culinaire ?!).
On ne venait pas à l'Escalier seulement pour se restaurer, on venait y trouver un peu de chaleur humaine, partager un moment, écouter, voir et vivre son époque, comme un instantané d'un moment donné, actualités en live d'un instant T.
C'était aussi le seul endroit où l'on pouvait espérer manger à n'importe quelle heure, quand les cloches sur Carca avaient sonné.
Et les cloches sur Carca ou ailleurs finissent toujours par sonner. Et non les choses ne sont pas immuables.
Il nous aura accompagnés pendant plus de trois décennies, il aura rythmé nos soirées de jeunesse, offert ce hâvre d'amitié, été le témoin de nos vies.
Aujourd'hui nous t'accompagnons pour gravir les dernières marches d'un escalier éternel, bon voyage Louis vers un ciel plus clément sans virus et tous ses variants.
L' Escalier de Louis
Etre "de" quelque part, faire partie d'un lieu, d'une époque, d'une communauté de gens croisés au fil des ans.
J'allais à "l'Escalier" depuis mon enfance, pizza 4 fromages et glace au café. J'étais fascinée par le décor, la musique, l'ambiance conviviale. On s'interpelait d'une table à l'autre et les serveurs avaient un petit mot pour chacun. Les amis s'y retrouvaientt, les âmes égarées venaient chercher un peu de réconfort. Même avec mes yeux d'enfant, j'avais ce sentiment sécurisant des choses immuables.
Puis les repas de classe du lycée, passage incontournable avant de finir au "Privé". C'était il y a longtemps.
De l'eau a passé sous les ponts, et l'enfant a eu des enfants. Fascinés par le lieu eux aussi. Charlotte curieuse et gourmande a dû goûter toute la carte, Roman est resté à l'invariable combo pizza 4 fromages, glace au café ! (ce sentiment sécurisant des choses immuables ou atavisme culinaire ?!).
On ne venait pas à l'Escalier seulement pour se restaurer, on venait y trouver un peu de chaleur humaine, partager un moment , écouter, voir et vivre son époque, comme un instantané d'un moment donné, actualités en live d'un instant T.
C'était aussi le seul endroit où l'on pouvait espérer manger à n'importe quelle heure, quand les cloches sur Carca avaient sonné.
Et les cloches sur Carca ou ailleurs finissent toujours par sonner. Et non les choses ne sont pas immuables.
Il nous aura accompagnés pendant plus de trois décennies, il aura rythmé nos soirées de jeunesse, offert ce hâvre d'amitié, été le témoin de nos vies.
Aujourd'hui nous t'accompagnons pour gravir les dernières marches d'un escalier éternel, bon voyage Louis vers un ciel plus clément sans virus et tous ses variants.
Paréidolie
Un oiseau sur la branche
Ou une feuille oubliée
Une feuille de papier ?
Une lettre envoyée
Par un jour de grand vent
Une adresse erronée
Dans un espace-temps
Un oiseau sur la branche
Une feuille de papier noir
Les espoirs en suspens
Une lettre égarée
Dans le déclin du soir
Une adresse décalée
Par un facteur distrait
Un oiseau sur la branche
Ou une feuille accrochée
Une image écorchée
Une lettre manuscrite
Le soleil au zénith
Une adresse exacte
L'oiseau était un mythe
Des confitures
Un carré de chocolat
Des ronds dans l'eau
La poésie du soleil levant
Tableau vivant
Et mouvant
Une confiture de mots
Les conserver en pot
Saveurs édulcorées
Regards amoureux
Sur une boule bleue
Un carré de chocolat
Quand le monde ne tourne pas rond
La poésie du soleil couchant
Tableau figé
Essouflé
Une confiture de mots
Les conserver en pot
Saveurs acidulées
Les étaler les soirs de doute
Et continuer sa route