Articles de barbaraburgos

Rue Blanche

Par Le 25/02/2011

Un logo sur ma barre d'outils, Paris 12°, un nuage gris, de la pluie. Je n'ai pas vérifié la véracité de l'information, je me questionne rarement sur la météo à venir. Je vois au fur et à mesure du temps qui passe le temps qu'il fait. Mais voilà, c'est un sujet dont on ne peut se priver, la preuve en est. Quand on n'a rien à raconter, forcément on évoque les éléments, c'est aussi un exutoire discret pour exprimer une insatisfaction permanente, " Un vent de tous les diables, à décorner les boeufs" (ou les cocus si on pense qu'ils en sont nantis), "Y en a marre de cette pluie", alors que deux jours avant on s'alarmait "d'une sécheresse désastreuse", et puis "Quelle chaleur! Je n'en dors plus de la nuit", alors qu'on s'est plaint tout l'hiver du gel et de la pluie.
Alors que Google soit averti, je me fous du temps qu'il va faire, pas la peine de m'allécher avec des propositions de météo en temps réel sur une zone déterminée. S'il pleut, on ouvrira les parapluies, si le soleil est là on les refermera, s'il neige, on fera de la luge, s'il déluge, les eaux nous engloutiront, et s'il repleut encore nous rentrerons nos blancs moutons.

Rue Blanche, un Dimanche, nous déjeûnerons, dans le ciel, il y aura des moutons
Rue Blanche, un Lundi, nous grignoterons, dans l'air, des brins d'inspiration
Rue Blanche, un Mardi, nous dînerons, dans la rue, des fleurs de coton
Rue Blanche, un Mercredi, nous goûterons, dans le bruit des papiers de bonbons
Rue Blanche, un Jeudi, nous boirons et nous arrêterons le temps, nous oublierons le temps qu'il fait et jusqu'au Dimanche suivant nous divaguerons dans les rues intemporelles de Paris la Belle.

Pianotage

Par Le 24/02/2011

Le piano pianote, il frappe quelques notes, tiens on frappe à la porte. C'est vous qui jouez? Non c'est mon piano, moi je suis trop sérieux pour jouer. Pourriez vous dire à votre piano de la mettre en sourdine? Là, il fait sa Gymnopédie quotidienne, c'est le médecin qui le lui a prescrit, après je transmettrai, mais je ne sais pas s'il sera d'accord. En principe, il devrait l'être, bon merci quand même.

Le piano pianote, pianote, toc toc toc à la porte. Une question, le Boléro il l'a trouvé où votre piano, j'en cherche un pour une soirée habillée et je ne sais pas où en trouver. Je crois que c'est chez Ravel, quartier Bastille ou Opéra. Très bien j'irai voir demain. Et dites lui de ne pas oublier la sourdine. Je ne voudrais pas qu'il m'envoie valser.

Le piano pianote, pianote, pianote, pom, pom, pom, pom, encore la porte. Cela fait deux Nuits que votre piano joue sa Petite Musique, et il n'a toujours pas trouvé la sourdine, je ne veux pas devenir sourde comme Ludwig. Bon allez qu'il baisse le volume une fois pour toute et on n'en parle plus. Au fait, je suis allée faire un tour dans le 9ème et on m'a dit non, pas de Boléro que du Beethoven.  

Le piano pianote, pianote, pianote, pianote, boum boum boum boum contre la pore. Dites à votre fichu piano d'arrêter ces notes, j'ai des marteaux qui martèlent dans la cervelle. C'est que je ne fais pas ce que je veux avec mon piano. Je ne veux rien savoir, sinon je reviens avec une scie. Une Si Do Ré ? Non mais il se moque de moi ce malotru là. Tu vas voir ce que je vais en faire de ton piano, des planches et des Rameaux. Vous ne voulez plus de Boléro? Non j'ai raté ma soirée, cela fait une semaine que votre piano m'empêche de dormir. Et bien alors vous auriez dû sortir!

Secrets

Par Le 23/02/2011

Un billet de février dans le vent frais, un billet s'envole à tire d'ailes, emporte avec lui ses secrets.
Secrets murmures d'enfants, secrets légers des demoiselles, secrets plus étoffés des dames, état de leurs états d'âme, billets fripés des vieilles femmes, les secrets s'émoussent puis disparaissent. Disparaissent aussi les promesses, les secrets révélés, le voile levé, voile d'organdi nuancé, joue dans les courants d'air, une villa en bord de mer et des chemins de bois sur les salins. La forte odeur iodé, les secrets retombent en pluie de sel. Au fond, de la vase verte, les secrets s'engluent et se diluent, engloutis. Et la vieille femme et la dame, et la demoiselle et l'enfant marchent d'un pas lent sur les chemins de bois des marais salants.

A vue de nez

Par Le 22/02/2011

Saurez vous voir dans l'air du soir danser les noirs papillons , échoir les doutes , fondre les hasards ?
Dévaler les pentes enneigées, blanches avalanches sur les certitudes surannées.
Encore une fois les mots viennent et je ne sais pas où ils veulent aller, ils me mènent par le bout du nez. Me font voyager, découvrir des senteurs inconnues, d'où l'intérêt d'être mener par le bout du nez, cela permet de respirer de nouveaux parfums. Ceux là deviendront peut-être un poème, ou resteront juste la première phrase du billet du 22 Février. C'est selon. L'air du temps, mon inspiration, encore une question de nez. Quand on n'est (ou nez) pas inspiré on ne parle pourtant pas d'expiration, même si le pire est à prévoir, on dirait plutôt exaspération ou mieux exaspiration. Les espoirs sont périmés ils ont expiré, ont péri, atrophiés comme des fruits pourris sur un arbre sain. La périltude, le péril de périr en altitude, ne plus avoir son instinct de conservation, grimper sur les plus hauts sommets et ne plus pouvoir redescendre, constater que sur la boite en fer la date de péremption est dépassée. Je n'ai aucune explication à fournir, je n'y comprends rien moi-même. Je n'aime pas l'altitude, n'y vais jamais. Quoiqu'en cherchant bien, je devrais trouver une petite idée, peut-être dans le creux de mon oreiller, je vais aller voir si elle y est ...

Hiatus

Par Le 20/02/2011

Marie-Laurence et DD se reposent, ils aiment bien le dimanche, je les laisse à ce repos mérité et reprends ma prose des jours en i.
Des jours pétales de rose parce que c'est joli, des jours fleurs de lilas parce que ça va, des jours feuilles d'orties, des jours branches de buis, des jours épines de ronces, des nuits belles-de-jour puis des dimanches, des dimanches lourds. 

"Le dimanche n'est pas un jour normal, physiologique, c'est un hiatus, une solution de continuité dans la trame des jours vivants."

Chronique des Pasquier (1933-1945)
Georges Duhamel

A méditer car je n'ai pas encore tout compris, mais le sens qu j'y mets me plait.
Tout ça pour attendre le lundi

Chloé, ML et DD

Par Le 19/02/2011

En ce samedi mi-figue mi-pluie, Chloé se demandait où elle était tombée, n'ayant jamais entendu parler de Marie-Laurence et d'Edgard, elle se sentait perdue. Un peu sauvageonne, elle s'est eclipsée, a signé son poème sur la pointe des pieds, écrit une note et bye-bye saturday, elle n'est pas réapparue. Une question l'interrogeait, pourquoi Edgard prenait deux D, elle convint de le surnommer DD et d'attribuer le diminutif d'ML à qui vous savez. Puis elle les imagina sur une plage déserte dans le froid. Ils couraient face au vent, le sable piquait aux yeux et l'air iodé retombait en fines gouttelettes sur leur visage. ML enregistrait le paysage pour le diluer plus tard sur sa palette, Edgard cherchait un sujet original de conversation. Il n'était pas bavard de nature, discuter lui demandait des efforts constants. Il pensa aussitôt à son ami Constant parti vivre à Londres. Ainsi tous deux perdus dans leurs propres pensées, ML et DD déambulaient sur le sable, Chloé perchée sur son arbre, faisait bien sûr des ronds de savon en les observant d'un oeil amusé.

Edgard

Par Le 18/02/2011

Un soir de pleine lune, Marie-Laurence accepta les avances d'Edgard qui avait fini par se décider à avancer. Elle rangea sa palette de couleurs, nettoya ses pinceaux et mit du blush pêche sur ses joues pâles. Un soir de pleine lune d'hiver ai-je oublié de préciser. Une pleine lune étoilée qui plus est, ce qui finalement n'a que bien peu d'intérêt dans l'histoire, Edgard n'étant pas à ma connaissance un loup-garou.
La pleine lune aurait pu éclairer d'une lumière diaphane Marie-Laurence descendant les escaliers de marbre rose d'une démarche chaloupée, la virgule arrive sans plus tarder, reprendre son souffle et observer Marie-Laurence, mais elle habite en rez-de-chaussée. Donc cette lune n'a vraiment aucune utilité, laissons la briller en silence.
Edgard roule en berline allemande, il se gare et sonne chez Marie-Laurence. Elle attend depuis quelques quarts de pendule, feint cependant un "que le temps a passé vite, je n'ai pas eu une minute à moi aujourd'hui". Edgard se demande à qui elle cédé sa journée, se garde toutefois de le lui demander.
Il regarde autour de lui, des aquarelles tapissent les murs. "Tu es plutôt douée" "La question reste de savoir si plus tard je le serai aussi". D'accord, la jeune fille a de l'esprit, il se le met derrière l'oreille et continue la visite, curieux des possibilités offertes par la soirée.
Ils s'étaient comme prévu rencontrés au Pont du Gard, devisant de la beauté du site, de la nécessité de l'aquarelliser (Bob est notre ami commun) et de la continuité d'une relation amicale en milieu urbain.
Urbain étant par ailleurs le meilleur copain d'Edgard, qui envisageait à coup sûr à cet instant de déménager à la campagne et n'avait pas l'intention de jouer à Jules et Jim. Urbain est un peu comme la pleine lune de l'histoire, un décor tout au plus, au mieux une diversion.

Car pendant ce temps, Marie-Laurence et Edgard tournent et changent de direction

Marie-Laurence

Par Le 17/02/2011

Marie-Laurence peint, elle copie une aquarelle de Marie Laurencin, encore une fois je ne sais pas d'où cette phrase vient. Certes une affiche écornée s'affiche dans mon couloir mal éclairé (celui où j'avais un soir laissé traîner la lumière, si vous vous en souvenez), et cette affiche invite à visiter une exposition située au Forum des Halles du 4 février au 9 mai 1993 tous les jours sauf les lundis et jours fériés. Le thème de l'exposition était "Apollinaire critique d'art" et l'illustration une toile de sa dulcinée, signée Marie Laurencin. Je n'irai pas la revoir, c'est trop tard. Puis le 8 mai étant férié ils auraient pu, soit prolonger soit arrêter le 7, surtout si le pont passait sur l'Ascension. De toute façon je n'ai plus aucun souvenir de cette exposition, à part cette affiche racornie, et puis je n'aime pas les aquarelles à part celles de Marie Laurencin, mais il n'y en avait pas d'autres je crois.
Marie-Laurence, c'est un choix, elle elle aime bien, que ce soit de Marie Laurencin ou pas.
Si elle rencontrait Edgard sur le parking du Pont du Gard (attention parce que le prix d'entrée a pris un sacré coup d'inflation), aurait-il des égards à son égard, des regards éperdus dans le ciel dilué au-dessus de cet aqueduc aquarellisable (Robert me le pardonnera comme il pardonnera à ceux qui l'offenseront), l'emmenerait-il voir des expositions d'art. Les guerriers Massaï d'Ousmane Sow du 16 Juillet au 16 Octobre 2005, ce n'est pas certain. J'ai aussi une affiche affichée dans un petit coin. Une manie de tout garder pour se rappeler.

La suite demain

So...rry

Par Le 16/02/2011

Il ne faut pas beaucoup d'eau pour faire une larme, il en faut beaucoup pour en faire un seau, ou un saut ou tous les autres.
Bon parfois les phrases arrivent comme ça, je les laisse arriver, je n'ai pourtant pas envie de pleurer.
C'était une bonne journée, ensoleillée, amicale et gourmande. Les gâteaux sont encore au chaud.
Cette idée de seau et de larme me plait. Jamais personne n'a pleuré un seau de larmes, certains pleurent à chaudes larmes, mais n'en mesure pas la quantité. 
Un sceau de larme à la cire tiède, estampille du chagrin, empreinte de la peine.
Un saut de larmes quand elles contaminent le voisin, tout le quartier se met à pleurer, les seaux forment des ruisseaux, puis des torrents et c'est la catastrophe naturelle, les digues cèdent, et les maisons englouties par des flots de larmes sont emportées au loin.
Puis il y a bien sûr les sots, ceux qui ne pleurent jamais ou qui pleurent pour un rien, une poussière dans l'oeil du voisin, non le voisin est inondé il a coulé. Les sottes larmes dégoulinent en pluie fine et tombent dans le seau profond de l'oubli, un puits d'où aucun saut, ni sot ne pourra les ramener, il est scellé.

This story is so stupid, I'm so sorry

Mots de tête

Par Le 15/02/2011

Les mots me tournent dans la tête comme des dizaines de papillons, certains plus légers que l'air, disparaissent en un éclair, d'autres donnent des débuts d'idée puis s'envolent à tour de rôle, puis il y a les céphalées, les mots qui cognent fort sur les parois fragilisées de ma boite crânienne, de leurs petits poings serrés, ils se déchaînent déclenchant de façon certaine, une migraine. Heureusement, j'ai un secret, qui ne va plus l'être puisque dévoilé, un puissant antalgique, sans ibuprofène ni morphinique, des mots poétiques qui me bercent de leur douce musique. Je les entends jouer, résonner, je les vois se dessiner, de face, de profil, je les vois dérouler le fil, et les mots ailes de papillon reviennent virevolter comme des flocons. J'en attrape un, lui trouve une rime ou le repose pour en faire de la prose, je les assemble, je les rassemble, les mets ensemble s'ils se ressemblent ou les sépare s'ils se bagarrent. Je les pétris, je les malaxe, les passe par l'ordinateur, le scanner en cas de tumeur, le fax. Quand ils sont bien emmélés, que ma migraine s'est envolée, je me rends compte qu'ils ont semé des tas de petites graines, je me baisse pour les ramasser et découvre mille poèmes.

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