Juillet 2021

Nuitée

Par Le 31/07/2021

Les heures singulières
Dansent dans la nuit
Le temps délétère
Se teinte d'ennui
Ce qu'il faut de bleu
Pour rêver un peu
Une courte trève
Quand le jour se lève
Le mystère de l'aube
Soulève sa robe
Et déjà demain
Dans le ciel éclaire
Les pas sur le chemin
Clarté éphémère
Qui s'enfuit au loin
Seule dans les jardins
La terre tarie
Se gorge de pluie
Avant que l'été
L'espace d'une soirée
Dans un souffle polaire
Ne devienne hiver

Mot à mot

Par Le 30/07/2021

Les yeux mi-clos
L'adverbe bientôt
Les mots qui ne riment à rien
Dans le jardin
Ceux qui riment avec tout
Les mots tabous
Paupières lourdes
L'adjectif sourde
Les mots s'accordent au féminin
Dans le jardin
Ou se conjuguent au singulier
Les mots entiers
Vision fumeuse
Parole oiseuse
Les mots s'effacent un à un
Dans le jardin
Ou bien se tiennent par la main
Mots anodins
Les yeux mi-clos
Dormir bientôt
Les mots qui songent
Dans le jardin
Les mots s'allongent
Mots en déclin




 

L'hêtre et le néant

Par Le 29/07/2021

Quand est passé le verbe être
Fut-il en chêne fut-il en hêtre
Il ne reste que le néant
L'écho sourd des trous béants

Quand le vin est tiré il faut le boire
Ou se résoudre aux déboires
Les effluves d'un même tonneau
S'évaporent dans l'air chaud

Quand la coupe d'eau est pleine
Une seule goutte sur la plaine
Fait déborder les rivières
Le beau temps est éphémère

Quand la lame qu'on affûte
S'émousse au fil des ans
Le bois dont on fait les flûtes
N'a plus la souplesse d'antan

Et les fûts qu'ils soient de chêne
Qu'ils soient de hêtre
Ne conservent dans leur bedaine
Que l'essence du verbe être

 



 

Futilété

Par Le 28/07/2021

Le jardin aux loupiotes
S'illumine
Tandis que l'eau clapote
En ondes fines
Plic plac ploc
Une brise câline
Soliloque
Dans l'air intime
D'une soirée estivale
Souffle magnanime
Sous un regard amical
Lampions en fête
Notes cuivrées
Tendres ariettes
Des nuits d'été
Le jardin aux loupiotes
Scintille
L'eau clapote
Les vaguelettes brillent
Avant que les instants
Ne deviennent des souvenirs
Il restera le murmure troublant
D'une fleur qui soupire






 

Des A des N

Par Le 27/07/2021

Génotype humain
Le gène du type crétin
Est-il le même
Que celui du singe malin ?
Si Eugène se gêne
Il n'a pas de plaisir
Il voudrait pourtant sourire
A Eugénie
Ce phénomène
Cette sorte de génie
Sans anomalie
Un idéal chromosomique
Une perfection génétique
Contraire du type crétin
Un gène féminin
Plus malin ?
Eugène étudie son génome
Compte et recompte
Il manque un chromosome
Un sentiment de honte
S'empare alors de l'homme
"Je ne suis qu'une pauvre pomme
Et jamais Eugénie
Ne m'ouvrira son lit
Il me faudrait un clone
Un petit peu mieux fini"
Puis il file à Gérone
Par le dernier train de nuit
Eugénie quant à elle
Fort gratifiée d'allèles
De gènes bien aguerris
Cellules héréditaires
Habituées à pallier
Les manques délétères
De certains hominidés
Et tandis que l'Eugène
En délétion totale
Marche d'un pas bancal
En distillant sa peine
Eugénie pas peu fière
Peaufine son ADN
Et s'en va boire un verre
Sur une plage africaine
Moralité
Si les hommes sont ainsi
Quid de l'inné
Quid de l'acquis ?














Gratitude

Par Le 26/07/2021

J'ai reçu des cadeaux par milliers
Des cousus main
Et des fleurs en bouquet
De beaux objets
Et des poèmes reliés
J'ai reçu des sourires par milliers
Des notes de musiques
Et des mots attentionnés
De doux regards
Et des lingots d'espoir
J'ai reçu ce soir
De l'or en barre
Et de l'amour par milliers
Tant de chaleur
Qui continuera à rayonner
Pendant les cinquante prochaines années
Une chose certaine
Merveilleuse sortie de quarantaine





 

25 juillet

Par Le 26/07/2021

Mais où est donc passé le 25 juillet ? Zéro billet, pas l'ombre d'un mot, un hiatus dans les bonnes résolutions. Pas un manque d'inspiration, c'est tout bête, j'ai juste été happée par une envie de dormir irrépressible après deux jours de fête. Mes doigts se sont pourtant mollement activés sur le clavier mais n'ont pas pu aller jusqu'au bout de leur démarche, mes yeux se sont fermés avant l'enregistrement pour publication du dit billet.

Après la fête
Les couillons restent
Il faut mettre un chandail
Pour manger la soupe à l'oignon
Des retrouvailles
Laisser couler son émotion
Perles salées
C'était hier
Souvenirs sucrés
Dans le coin des paupières
La bobine du temps se déroule
Fils distendus ou renoués
Les heures s'écoulent
En grains serrés dans le sablier
Dans le ciel noir
La lune luit
Dans un regard
Il rebleuit
Une simple histoire
Cycle de la vie
Et les loupiotes dans le jardin
Lucioles inertes
Eclairent demain
Après la fête
Couillons sereins
Plein de beaux restes
Pour la suite du chemin





 

Le discours !

Par Le 24/07/2021

Juste quelques mots pour vous remercier d'être là ce soir pour m'accompagner et fêter cette double sortie de quarantaine.
L'hiver fut long, nous avons été contraints de nous cloîtrer dans nos appartements et nos maisons, pour certains de vivre une solitude forcée, de nous plier à toutes les lois parfois absurdes mais cela nous aura peut-être permis de nous recentrer sur les choses essentielles.
Nous aurions pu oublier ces chaleureuses valeurs, héritées pour ma part des ancêtres, tous ces migrants issus des mouvements de population d'un autre siècle. Ils sont arrivés avec des trous dans les poches, ils ont su finalement en tirer des pépites. Ils ne nous ont pas légué des lingots d'or, ils nous ont juste transmis ce goût des bons moments partagés, dans la simplicité et la convivialité, souvent autour de tables en fête.
Le temps file, les souvenirs défilent, beaucoup d'absents aujourd'hui, pourtant nous sommes encore quelques uns à vivre toujours ici, sur leurs terres. A cet endroit précis où ils cultivaient leurs vignes et leurs jardins. Nous sommes pour beaucoup les branches de ce grand arbre généalogique, venu prendre ses racines dans ce petit coin de terre entre Bade et Trapel.
Il y a les liens du sang et puis les liens qui se tissent au fil des ans et des rencontres, tout aussi forts et indéfectibles, des arbres « amicologiques » pourrait-on dire, plantés tout au long du chemin.
Ensemble toutes ces branches grandissent, et insufflent l'oxygène nécessaire, nous aident à croire encore un peu en l'humanité, à nous dire que nous sommes tous un peu  frères !!
Nous ne vous offrirons pas ce soir des mets sophistiqués dorés à l'or fin, nous vous invitons juste à partager quelques plats maison en toute simplicité, à profiter de ces instants de liberté après tous ces longs mois d'enfermement. Tout ne sera pas parfait, le terrain est en pente, l'herbe est plus verte chez le voisin, ni de vaisselle en porcelaine, ni de verres en cristal mais de quoi régaler nos oreilles, se sustenter, rafraîchir les gosiers et réchauffer les cœurs.
Car oui il y a eu de longs hivers, des étés secs comme des déserts, des catastrophes naturelles, de l'eau en avalanche qui emporte les ponts. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, mais le cours de la rivière reprend finalement sa course en nous murmurant de rester vigilants au caractère éphémère des choses et surtout des gens. Un souffle de « carpe diem » qui nous invite à profiter de chaque instant, à profiter de tous ceux qui sont présents.
Mangez, buvez, chantez, embrassez qui vous voudrez, dansez à deux, dansez en rond, l'eau continuera à couler sous les ponts...
Encore merci à vous toutes vieilles branches de mes arbres de vie.... Merci !


 

Boîte à musique

Par Le 23/07/2021

Une petite musique de nuit
Serine sereine
Une petite musique suit
La même rengaine
Un ciel où la lune reine
Encline s'incline
Un ciel où la lune pleine
De rouge s'illumine
Un homme à travers la plaine
Indécis décide

Un homme que le vent entraîne
A la verticale du vide
Une petite musique de nuit
Serine sa peine
Une petite musique fuit
La même rengaine
Et l'homme sous la lune blême
Transi transite
Un homme sans aucun poème
Dans un ciel gris anthracite


 

Tant et temps

Par Le 22/07/2021

Tango le vent
Ainsi va le temps
Tango la vie
Les pas unis
Bandonéon
Pauvre Léon
Sa Léonie
Lui a fait faux bond
Sous les violons
Le chant meurtri
Des asservis
Quand les esclaves
Dans leur enclave
Restaient parqués
Les coups de fouet
Des négriers
Un son un cri
Une révolte
Contre l'ennui
Une virevolte
Tango la vie
Ami tanguons
En Argentine
En Uruguay
Dans les salons
Dans les cuisines
Un pas de deux
Improvisé
Une milonga
Rio de la Plata
Jupe fendue

Sur bas résille
Jambes qui vrillent
Regard fondu
Flou enchaîné
Bruit des tissus

Tango tango
Montevideo

Tant va le temps
Sous les glycines
Enlacement
Valse argentine
Tango devant
Les corps s'animent
Face aux abysses
Le mouvement
Sans une parole
Les corps s'unissent
Une parabole
Sublime l'instant

Vingt et un zéro sept

Par Le 21/07/2021

A l'ombre des ventilateurs
Mois de juillet le vingt et un
Regards dans le rétroviseur
Le présent moins quelques uns

A l'ombre des réminiscences
Les traversées du désert
Ou les fontaines de jouvence
Dans les oasis en vert

A l'ombre de mes espérances
Le vingt et un de juillet
Malgré les périodes d'errance
Toujours reviendra l'été

A l'ombre des ventilateurs
Un jour de grande canicule
Le temps dans le rétroviseur
Avance plus qu'il ne recule




 

Cynégétique

Par Le 20/07/2021

Les braconniers
Aux bras d'acier
Débusquent
Dans les sous-bois
De pauvres bêtes
Aux abois
Ils ne s'offusquent
D'aucune feinte
Suivent l'empreinte
Traquent le gibier
Jusqu'au trophée
Un cœur planté
Au bout d'une pique
Effroi
Des proies
Sans viatique
Pour échapper
Aux affreux bras
Des braconniers
Mais prenez garde
Qu'un soir sauvage
Les belles captives
Dans les branchages
Victimes naïves

Ne se rebellent
Et vous dévorent
Sans un remord
Toute la cervelle

Après-midété

Par Le 19/07/2021

Chiller* sur une chilienne
Canisses horizontales
Derrière les persiennes
Ambiance tropicale
Chili dans les assiettes
Trente et un degrés cinq
Piment en goutelettes
Des flots bleu cristallin
La boule de feu diffuse
Une chaleur verticale
Et dans les verres infusent
Des cubes d'eau glaciale
Chiller sur une chilienne
Corps longitudinal
Une prière païenne
Dans la moiteur australe
Qu'un souffle de vent vienne
Un courant boréal
Rafraîchir la fournaise
Cette atmosphère torride
Brûlante telle la braise
Sur les peaux translucides
Qu'un peu de liquide apaise
Cette attitude languide
S'abandonner vaincu
A ce soleil trop cru
Chiller sur une chilienne

Et fermer ses persiennes



*prononcer tchiler


 

Passé simple

Par Le 18/07/2021

Nous nous plûmes
A ces heures
Où l'écume
Sur la mer
Affleure
Dans le plume
A tâtons
Sans costume

Bout des doigts
Pulsations
Nous nous plûmes
A minuit
Puis nous eûmes
Alanguis
Des frissons
Sur les plumes
Oiseau lyre
Se présume
Rouge porphyre
La passion
Nous nous plûmes
Clair de lune
Sous la plume

Se consume
nt
Les beaux mots
Nous nous plumons
L'ami Pierrot
Ferme sa porte
Chandelle morte
Oraison
Nous nous plûmes
Nous plumâmes
Amertume
Colombine
Larme
Nous nous plûmes
Pas un drame
Dans la brume
Un dessein
Des charmes
Une plume
Sur les ailes du désir
Se rallument
Un peu plus loin
Des soupirs





 

Abats

Par Le 17/07/2021

J'ai mangé du foie de veau
Un peu de mou en persillade
Pas du mouron pour les oiseaux
Ni du céleri en rémoulade

Des coeurs de canards en brochette
Assaisonnés sauce ravigote
Pas des rognons en crépinette
Ni des courgettes en papillotte

J'ai mangé de la cervelle de mouton
Un concentré neuronal
Pas de la tripaille de cochon
Ni des fraises en bocal

Une langue de boeuf aux cornichons
Accompagnée de mots nouveaux
Pas les parties molles d'un taurillon
Ni de la salade de museau

J'ai mangé du mou de veau
Puis du mouron pour les oiseaux
Roulé ma langue dans la farine
En balbutiant des néologismes

J'ai tout vomi
Même la panse de brebis
Et le trop plein d'andouillette
Quel gâchis toutes ces bêtes



 

 

Herméneutique

Par Le 16/07/2021

Eve rêve
For ever
Adam rêve
Faux rêveur
Une pomme
En travers du gosier
L'Eden ne tient pas ses promesses
Eve cruelle traîtresse
Elle veut sans artifice
Goûter à tous les fruits
Du Jardin des Délices
Elle s'enfuit
Sur le panneau central
Savoureuses bacchanales
Avant l'enfer et ses supplices
Eve rêve
De croquer la pomme
D'autres hommes
Faux rêveur
Adam somme
Sa moitié
De lui jurer fidélité
Cette ébauche
Par une volonté christique
Issue de sa cage thoracique
Il ignorait que Jérôme Bosch
Dans son élan artistique
Lui offrirait multiples tentations
Adam voudrait
Lui faire entendre raison
Il prie Dieu
Et tous les saints de la création
Mais Eve continue de rêver
Aux fruits qu'elle n'a jamais goûtés
Adam est dégoûté
Il s'arme d'un trident
Et empale le serpent
La métaphore mise à mort
Il espère récupérer
Ce que le Saint Père
Lui avait donné
Mais Eve rêve de s'envoler
Pas vers Adam
Faux rêveur
Trop plombé
De vanité
Vers ailleurs
For ever
Si Dieu avait été farceur
Il l'aurait baptisé Carrie
Et on aurait bien ri
Au bal ils auraient dansé
Des danses endiablées
Mais Dieu n'est qu'un facteur
Il délivre des messages
Pour nous délivrer du mal
Eve n'a pas été sage
Elle sera privée de bal



 

Détracteurs

Par Le 15/07/2021

Des tracteurs jettent des tracts dans des champs de bataille
Se battre vaille que vaille contre l'affront national
Limitée en action je veux bien militer en chanson

Sans élection est-ce utopique
De créer son propre parti poétique ?
Je suis partie en campagne
Des lecteurs de montagne
Ou l'inverse
Liberté de pensée
L'ivresse des hauts sommets
Sur les frontispices
S'ouvrent des précipices
Des gouffres où s'engouffrent
La haine du prochain
Chacun sa miette de pain
Sur les paliers plus de bonjour au voisin
Dans les bistrots les drapeaux battent leur plein
Couleurs primaires
L'arc-en-ciel devient précaire
Dans les pintes de bière grégaires
Naguère des guerres
Au nom de convictions sectaires
Il serait temps qu'un papillon
Sans contredanse se dresse d'un bond
Face à l'ignorance poétique
Des mots et de leur douce musique
Peuples de la terre
Unissez-vous
Contre les slogans délétères
Restez debout
Des bouts rimés pour tout projet
Des mains tendues
Du pain perdu et retrouvé
Entre copains
Des miettes ou des cailloux sur le chemin
Elle sera longue la route
Embouteillages du mois d'août
Le 14 juillet insuffle le doute
Sur le fronton des mairies
Les devises ont pâli
Et les lettres se dévissent
Quand les soirs d'été finissent





 

Rimes en août

Par Le 14/07/2021

Quand les doutes s'égouttent
En flaque sur la route
Il faut coûte que coûte
Rester à l'écoute

Quand les doutes déroutent
Vers la banqueroute
Il faut somme toute
Continuer les joutes

Quand les doutes s'encroûtent
En strate sous la voûte
Il faut au mois d'août
Appuyer sur reboot

Quand dans la tête c'est Beyrouth
L'air chargé d'une odeur de mazout
Il faut mettre ses doutes en soute
Par les cornes prendre le mammouth

Quand les doutes s'égouttent
Faire que la vie froufroute
Les pires souvenirs se floutent
Dans un verre de vermouth

Chloé poésie

Par Le 13/07/2021

Explosion des mots
Quand Chloé s'émeut
Au delà des sons
Parée d'un stylo
Des coins de ciel bleu
Transpercent l'horizon
Chloé poésie
Quand le monde rétrécit
Des rimes hasardeuses
Au fil de sa vie
Plus ou moins heureuses
Chloé réfléchit
Milieu de la nuit
Quand les yeux ouverts
Elle convoque en vers
Des lettres colorées
Toutes éparpillées
D'un geste de la main
Chloé les rassemble
Au petit matin
Elle les met ensemble
Une union sacrée
Les mots sont encrés
Une teinte noire
Empreinte de secrets
L'heure de la victoire
Ne sonnera jamais
Chloé de mémoire
Ignore le succès
Des mots illusoires
Chloé vocalise
Dans l'égo du soir
Elle fait ses valises
Referme le tiroir
Ce qu'il faut d'espoir
Pour que l'aube luise
L'espace d'un regard
A l'aide d'une plume
Tombée d'un canard
D'un revers allume
Une flamme dans le noir
Mille feux d'artifice
Dans les interstices
Et Chloé s'égare
Parmi les feuillets
Tant de mots hagards
Des romans de gare
Si vite effacés
Chloé persévère
Ou Chloé perd pied
De ses mots ses vers
Que restera-t-il
Infime tas de cendre
Une vie sur le fil

Le long des méandres ?


 

Avoir été

Par Le 12/07/2021

Tant de mots à inventer
Pour un sourire partagé
Un échange de baisers
Tant de mots à réécrire
Pour l'éclat de ton sourire
La douceur de tes baisers
Pourtant dans ce monde ivre
Peu de place pour les sourires
Temps compté pour les baisers
Pourquoi faut-il que sous le givre
Les mots restent prisonniers ?
Tandis que les heures s'étirent
Se rapprochent de l'arrivée
Mais que reprocher au pire
Si ce n'est d'être privé
De tous les mots à écrire
De nos baisers partagés
De la douceur des sourires
Par les belles soirées d'été



 

Poulailler song (sorry Souchong !)

Par Le 11/07/2021

Une poule se prenait pour un lapin
Ce n'était pas très malin
Elle rêvait tout en dedans
Depuis longtemps d'avoir des dents
Et quatre pattes pour gambader
Dans les herbes folles des prés
Elle lorgnait sur le clapier
De son collègue de quartier
Pensant qu'il serait plus doux
Que son poulailler d'acajou
Elle ignorait la nigaude
Que partout le renard rode
Qu'il croque sur son chemin
Et la poule et le lapin

Que le sort de son voisin
N'est pas meilleur que le sien
Que même les plus rusés
Finissent par dérouiller
Poule rousse ou blanc lapin
Le plus sage est d'accepter
Sa condition d'être, serein
Qu'en serait-il du serin
Si pour une quelconque raison
Il voulait devenir pinson

Cheminement

Par Le 10/07/2021

Les espoirs sur le chemin
Se cueillent d'une seule main
Se recueillent un peu plus loin
D'un mouvement incertain
Un caillou dans la chaussure
Combien de pierres pour un mur
Et de mots dans un murmure
Au milieu des ronces les mûres
Apparaissent sous le soleil cru
Des lumières incongrues
Dessinent les ombres nues
D'une branche biscornue
Les espoirs sur le chemin
S'attrapent d'une seule main
Défilent en rang sereins
Et avancent vers demain

 

La relève

Par Le 09/07/2021

La nuit est tombée
Fracturée en mille morceaux
Des fragments illuminés

Scintillent au-dessus des eaux
Les esquilles dans le ciel
Brillent quand le noir s'installe
Multitudes de petits soleils
Répondant au nom d'étoiles
La nuit est tombée
Mais rien ne dure ici-bas
Au bout de l'obscurité
Une lumière s'allumera
La fracture sera réduite
Déjà au loin l'aube poind
Et les sombres heures en fuite
Disparaîtront au matin
Dans la clarté silencieuse
A l'issue d'un dernier rêve
Des minutes délicieuses
Tandis que le jour se lève


















 

Cersitude

Par Le 08/07/2021

Le vent du nord
Souffle souffle
Et dans l'envers du décor
Les mots pudiques se camouflent
Derrière des poussières d'or
A l'abri sous les tonnelles
Au loin passe une hirondelle
Les nuages se défont
Dans les rimes d'une chanson
Le vent du nord
Siffle siffle
Il envoie dans le décor
Virevolter tous les sylphes
Témoins des paroles d'or
Sous les branches des sycomores
La fauvette des jardins
S'étourdit de quelques grains
Dans l'aube claire des chemins
Le vent du nord
Gronde gronde
Dans le décor plane l'ombre
D'une pensée vagabonde
Par les airs ou par les ondes
Toutes ailes déployées
Elle s'élance dans les allées
Et finit par s'envoler







 

Vers de contact

Par Le 06/07/2021

Un verre de poésie
Des Alcools d'Apollinaire
Cocktails au Djinn
Pour une Saison en enfer

De la poésie en flacon
Des rimes rouges d'Aragon
Tout au fond des yeux d'Elsa
Saturniennes Illuminations

De la poésie en tonneau
Des voyelles de Rimbaud
Enivrez-vous à votre guise
Quand surviendra l'Heure Exquise

De la poésie en barre
Des Paroles de Prévert
Une fourmi traînant un Char
De Fureur et de Mystère

Un verre de poésie
Le contact est établi
Je convoque tous les poètes
Ce soir on fera la fête


 

 

 

 



 

Vertigo

Par Le 06/07/2021

Vertige à la verticale
Tourbillon sous les étoiles
Je m'étale
Verdure à horizontale
Version panoramique
Des nuages
Versants fantasmagoriques
Images

Versification à la verticale
Écriture sous les étoiles
Je m'étale
Vermoulue à l'horizontale
Vernaculaire mosaïque
Des nuages
Verbiages allégoriques
Images

Vernissage à la verticale
Aquarelle sous les étoiles
Je m'étale
Vert-de-gris à l'horizontale
Verrouillage photographique
Des nuages
Versicolore réplique
Images

Vertige sous les étoiles
Verre plein à la verticale
Je m'étale
Verre vide à l'horizontale
Vertus idéologiques
Dans les nuages
Vérités philosophiques
Adages


 

Baladeuse

Par Le 05/07/2021

Sur les chemins de ma pensée
Balles de paille
Dans les champs de blé
Rouge soleil à l'horizon
Sur les chemins de ma raison
Un ciel de feu
Après moisson
Jaunes brindilles du jour qui fuit
Sur les chemins de la nuit
Métamorphose
En poésie
Vers chlorophylle dans les prairies
Sur les chemins de ma folie
Mille mirages
Dans le paysage
Nuances de bleu au crépuscule
Sur les chemins je déambule



 

Ergo sum

Par Le 04/07/2021

Je
Vacances
Vers libres
Attirance
Mots dans le vent
Mouvance

Je
Partance
Rimes riches
Élégance
Mots nouveaux
Fluctuance

Je
Résonance
Lettres vives
Contingence
Mots amis
Connivence


Je
Intense
Verbe haut
Prestance
Mots
d'esprit
Transparence

Je
Clémence
Billet doux
Fragrance
Mots dans l'eau
Vacances






 

Souchong Song

Par Le 03/07/2021

J'écoute Souchon
En buvant du lapsang souchong
Des feuilles de thé
Aux notes boisées
Accords délicats
Du goût de l'odorat
Et dans les oreilles
"On veut de la musique
Et des choses pareilles"

Paroles avisées
Il chante un baiser
Volutes de fumée
Au-dessus du thé
Avec élégance
Souchonnade des sentiments
Un genre de nonchalance
Pour exprimer les mots du dedans
La tasse de thé
Réconforte les cœurs
Sous le charme d'Ava Gardner
De "ces hommes qui sont ce qu'ils peuvent
Assis sur le bord des fleuves"
Ceux qui regardent passer le temps
Dans le vague de l'océan
Perdus dans nos ultras modernes solitudes
On s'ennuie parfois tellement
Qu'il faut prendre de l'altitude
Pour profiter de l'instant
Ou passer la nuit dehors
En relisant Théodore
Savourer son lapsang souchong
En écoutant une Souchon song


 

Démoustication

Par Le 02/07/2021

Un sticmou
Me fait les yeux doux
Il me survole
Et s'affole
Face à ma peau dévêtue
Folle bestiole convaincue
Sur mon bras
De jeter son dévolu

Un sticmou
Sur ma joue
Il rêve de m'embrasser
De me donner
Un baiser brûlant
Il ne sait pas
Que je déteste les insectes
Même en verlan

Un sticmou
Dans mon cou
Je suis pas farouche
Mais s'il me touche
A l'encolure
Ce malotru
Je vous jure
Je le tue !





 

Comète

Par Le 01/07/2021

Tirer des plans sur la comète
Dessiner un trait direct
Entre Dieu et ses exégètes
A l'aide d'un crayon à mine
Tracer une droite ligne
Sans tremblement ni hésitation
Du rêve vers ses ambitions
Deviner les perspectives
Point de fuite à l'horizon
Sous un portique en ogive
Une lointaine vision
Premières pierres à l'édifice
D'un château en Aragon
En Castille ou en Galice
Et la construction d'un pont
Au-dessus du précipice
Pour circuler de large en long
Prémices de la tentation
Quand un château en Espagne
Se transforme sans équivoque
En un pays de cocagne
Serait-ce une synecdoque
De penser qu'une seule étoile
Désigne une nuit d'opale
Et qu'une simple étincelle
Pourrait s'appeler soleil