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Novembre 2021

Pierre ou Paul ?

Par Le 03/12/2021

Il était solide comme un roc
Mais avait un coeur de pierre
Et parce que la vie est dure
Il gardait toujours
Un caillou dans sa chaussure
Il marchait en claudicant
Sur le gravier des allées

Ne restait pourtant pas de marbre
En face des fleurs ou des arbres
Il aimait glaner des galets
Au bord de toutes les rivières
Pour faire des ricochets
Un plaisir bien éphémère
Puis s'étendre sur un rocher
En observant les étoiles
Ces petites pépites perchées
Quand l'univers se dévoile
Il était solide comme un roc
A n'en pas douter
Son prénom commence par un P
Ce n'est pas Paul
Si cela était
Il s'appuierait sur une épaule
Pour avancer
Ne lui jetez pas la pierre
Si son coeur ne battait plus
Pour l'humanité entière
Il s'était épris d'une statue
Une beauté minérale
Qui jamais ne lui a répondu
Une histoire si banale
Entre les individus


 

Homonygramme

Par Le 30/11/2021

Je suis allée prendre un rêve
Que j'ai siroté alanguie

Dans une paillotte sur la grève
En bien charmante compagnie
Libérée de mes souliers de vair
J'ai foulé le sable chaud
Les yeux tournés vers l'univers
Ajustement des idéaux
Je me suis mirée dans l'eau claire
Au milieu des rimes à écrire
De la mer j'ai bu un verre
Une vision de l'avenir
De ce sérum physiologique
Murés dans ses convictions
Un palindrome stylistique
Une vérité sans concession
Je suis allée prendre un rêve
Puis la nuit s'est éclipsée
Restait bien droit sur la grève
Un grand verre d'eau salée
Et une pantoufle de vair
Abandonnée sur les galets





 

Trente ans

Par Le 29/11/2021

Trente ans
C'est un printemps
Même le 29 novembre
Précieux moments
Aux reflets d'ambre
Symbole de joie et d'harmonie
Une jeunesse qui s'épanouit
A l'aube d'une nouvelle décennie
Trente ans
Ce n'est qu'un début
Et toute l'étendue
Du champ des possibles
Des prairies verdoyantes
Des rêves accessibles
Aux couleurs sémillantes
Aux limites extensibles
A trente ans
Ou à n'importe quel âge
Il est important
De ne pas rester sage
Cueillir à chaque jour
La rose et le lilas
Même si sur le parcours
Les épines piquent parfois
Avoir trente ans
Un 29 novembre
C'est quand même un printemps

C'est encore un début

R
espire tous les parfums
Et des fleurs et de l'ambre
Les rêves sont étendus
Les possibles extensibles...









 

Le clan des italiens

Par Le 28/11/2021

Ils étaient cinq
Comme les doigts de la main
Jamais bien loin
Ils ont connu le chagrin
De quitter la terre natale
Mais à quiconque n'ont reproché
Cette peine capitale
Toujours unis
Toujours serrés
Ils ont su sur le chemin
Semé d'embûches et de cailloux
Faire face à tous les coups
Ils sont partis l'un après l'autre
Injustice du destin
Beaucoup trop tôt pour quelques uns
Ceux qui restaient
Etaient comme les doigts de la main
Jamais bien loin
Ils ont laissé en héritage
Toutes ces valeurs d'un autre âge
Qui nourrissent mon jardin
J'en ai écrit bien des pages
Aujourd'hui je me souviens
De toutes les soirées d'été
Quand on allait prendre "le frais"
Sur la terrasse des italiens
Après des journées de labeur
Loin des séries télévisées
Elle était plus belle la vie
Dans ce petit bout d'Italie
A la sortie du village
Un petit coin de paradis
Et des moments de partage
Ils ne possédaient pas grand chose
Peu d'objets peu de moyen
Mais ils étaient riches du plus grandiose
Du plus éclatant des biens
De l'or à chaque matin
Ils étaient unis
Comme les cinq doigts de la main
Chaque histoire a une fin
Je veux rendre ici hommage
A l'aînée des italiens
Qui a connu le grand âge
Et l'absence de tous les siens
Tu vas pouvoir les retrouver
Lina
Tous tes frères et soeur aimés
Joseph, Alphonse, Marcel, Nora
Passe leur notre bonjour
Et sachez bien qu'ici bas
Nous penserons à vous toujours


 

Jour de marché

Par Le 27/11/2021

Aujourd'hui j'ai fait des courses
Sur la constellation de la Grande Ourse
Demain je ferai le marché
Sur l'étoile du berger
Je rapporterai des rêves bien frais
A l'abri dans mon panier
Et puis j'irai boire un verre
Au-dessus de la stratosphère
En observant l'univers
Je cueillerai la lumière
A l'issue d'un trou de ver
Je glanerai des pépites
Sur une météorite
Ainsi bien achalandée
Je préparerai un festin
Saupoudré
De poussières d'étoiles
Et de songes enfantins

 

Paréidolie

Par Le 26/11/2021

Une auréole est apparue
Au plafond de mon salon
Pourtant pas un ange déchu
Plutôt un aigle ou un faucon
Qui déploient leurs grandes ailes
En me guettant depuis ce ciel
Cette cloison horizontale
Censée me protéger du dehors
M'empêcher de voir les étoiles
Me mettre à l'abri des météores
Quand la toiture n'est plus étanche
Que les certitudes prennent l'eau
Il est temps de prendre sa revanche
Sur les caprices de la météo
De voir les ailes d'un ange
Dans une trace d'humidité
De ces tâches un peu étrange
En faire un test de personnalité

 

Purée !

Par Le 25/11/2021

Quand la brume matinale
Sur le jardin jette un voile
Difficile de distinguer
Le bon mot à employer
Dans cette purée de pois
Il est aisé de confondre
La grammaire et le graminé
Les synonymes du concombre
J'avance en tatonnant
Dans cette atmosphère opaque
A la recherche du signifiant
Parmi les légumes en vrac
Se goberger d'aubergines
J'en ai déjà fait des lignes
Sans toutefois perdre la tête
Trouver l'adjectif parfait
Rimant avec feuille de blette
Attribut ou épithète
Le chou est cuit
COD
Le chou est à la chèvre
COI
Ce que la bonne est au curé
Dieu saura me pardonner
C'est bien lui qui a grisé
De ces vapeurs matinales
Un ciel qui n'a rien demandé
Qui se réveille bancal
Dans une purée de pois
Aurait-il la gueule de bois ?

Sur les chemins de la philosophie

Par Le 24/11/2021

J'écoute Schopenhauer
En prenant l'air
Pas une mélodie
Je ferais mieux
D'écouter Malher
Une symphonie
Car pour Arthur
Seules les douleurs
Du monde durent
Schopenhauer
Etait-il punk
No Future
Avant l'heure
Eudémonologie
A bas les idéologies
Fausses rumeurs
Sur le bonheur
Juste une absence
De souffrance
C'est déjà ça
Etre ce que l'on est
Pas ce que l'on a
Le phénomène
Vient de l'intérieur
L'art d'être heureux
Selon Schopenhauer
Qui dit mieux ?
Je l'écoute en prenant l'air
Pas une mélodie
Ni du malheur
En symphonie



 

Se coucounejer

Par Le 23/11/2021

J'ai sommeil
A m'en décrocher les mandibules
A faire bayer les corneilles
A dégoûter les noctambules
Je rêve d'un bon lit douillet
Où je pourrais m'étirer
De tout mon long me lover
Au milieu des oreillers
Laisser mes paupières tomber
Sur une lumière tamisée
Mes muscles se délasser
En caressant le projet
De rêver jusqu'à demain
Dormir le sourire en coin
Quand dehors il fait très froid
Il n'est pas meilleur endroit
Que le creux du matelas
La chaleur d'un duvet d'oie
Et le moelleux d'un pyjama


 

A la une

Par Le 22/11/2021

Chacun sur son chemin
Chacun dans sa rengaine
Chacun un point de départ
Une lignée d'arrivée
Parfois une droite tracée
Ou une route sinueuse
Parfois un filet d'eau
Ou des cascades montagneuses
Parfois le sable du désert
Ou des plages de grains fins
Chacun mord la poussière
Chacun reste dans son coin
Chacun rêve à plus loin
Ou bien ne rêvent plus
Englués à leur sort
A trop d'espoirs déçus
Tous seuls face aux frontières
Aux barbelés tendus
Par les mains d'un autre être
Qui s'appelle humain
Et tandis que certains
Partent conquérir l'espace
D'autres se retrouvent à terre
Piétinés par la masse
Jusqu'à quand ce caillou
Pourra rester debout
A la une des journaux
Le retour des héros
Côtoie le quotidien
Des milliers de clandestins
Est-ce que depuis les astres
Le monde semble plus beau
Une meilleure place
Pour contempler le désastre ?
Depuis la nuit des temps
C'est la même rengaine
Du point A au point B
La route n'est pas la même
Pour certains un chemin
Couvert de barbelés
Pour d'autres un voie royale
Illuminée d'étoiles
Gros titres dans le journal
Ou bien entrefilet
Tout au bout du chemin
La même ligne d'arrivée



 

Procrastination

Par Le 21/11/2021

Tous les jours je procrastine
C'est la seule chose enfin
Que je ne remets pas à demain
Je le fais en temps en heure
Dès que le réveil a sonné
Quelques minutes de plus au lit
Dehors il fait encore trop nuit
Quand je pose un pied par terre
Je me dis que j'aurais mieux fait
D'élucider le mystère
De ce rêve inachevé
Ainsi toute la journée
Je repousse le moment
D'accomplir ce que je devrais
Croyez-moi c'est agaçant
La pile de papiers grandit
Dans l'eau les grenouilles coassent
La poussière s'alanguit
Moi je bulle sur la terrasse
J'écris de la poésie
Quand soudain je me décide
A me mettre à la tâche
J'aperçois une fleur splendide
A admirer sans relâche
Et voilà que le soir tombe
Déjà une journée passée
A présent il fait trop sombre
Pour commencer un chantier
Demain à n'en pas douter
Je vais encore procrastiner
Ce n'est pas toujours que je veux
Mais c'est ce que je fais le mieux



 

Ville

Par Le 20/11/2021

Tous ces humains aux fenêtres
Ceux dont on ne sait rien
Ceux qu'on rencontrera peut-être
Avec qui on fera un bout de chemin
Comment vivent-ils leur vie
Ces inconnus
Entraperçus
Depuis les rues
Par des passants
Qui se questionnent
Sur le sort des hommes
Dans la cité
Se lèvent-ils tous les matins
Avec l'envie de continuer
D'aller plus loin
Que leur balcon ou leur jardin
Préfèrent-ils vivre protégés
Dans leur quartier
Leur  groupuscule
Ou veulent-ils ouvrir leur porte
Un pas vers l'autre
Sortir de la bulle
Tant d'inconnus
Qui se côtoient
Parfois se frôlent
Mais ne se parlent pas
Tant de solitude
Sous bien des toits
D'incertitudes
Qui ne se voient pas
Tous ces humains aux fenêtres
Une rencontre
Peut-être




 

Elle et lui

Par Le 19/11/2021

Le soleil luit
La lune aussi
Il luit
Elle luit
Et l'oiseau
Vole à tire-d'elle
De toutes ses ailes
Après minuit
Il se déplace
Dans la nuit
Vers une île
Où le soleil luit
Il cherche peut-être
A fuir sa vie
Son ciel
Où la lune
Elle
Est témoin
Des choses qui fuient
Et qui s'enfuient
A tire-d'aile
Sur un oiseau
De paradis
Qui lui n'est ni
Un coq en pâte
Au fait des choses
Si délicates
Ni un oiseau en fer
Au faîte d'un clocher
Une girouette
Très haut perchée
Le soleil luit
La lune elle
Finit sa nuit
Et va se coucher
De l'autre côté
De l'hémisphère
Direction indiquée
Par un oiseau en fer
Une île au paradis
Où le soleil hèle
Où la lune luit


 

Rendez-vous

Par Le 18/11/2021

Je ne sais pas dans quelle gare
Ni sur quel quai de métro
Dans quelle rue
Dans quel bistrot
Par quel hasard
Tu m'attendras
Quelque part
Je ne sais
Ni le jour
Ni l'heure
Ni la station de métro
Dans quel port
Dans quelle gare
Opérera le hasard
Par beau temps
Ou par brouillard
Tôt le matin
Tard le soir
Tu m'attendras
Quelque part
Je ne peux pas te dire où
Ni sur le quai de quelle gare
Aura lieu le rendez-vous
Tu m'attendras
Quelque part
Je viendrai de n'importe où
Nous monterons dans un train
Destination au hasard
Dans une gare
Ou plus loin
Tu m'attendras
Quelque part


 

Psittacisme

Par Le 17/11/2021

Un stock de paysages
Un stock de mots
Collage
Des feuilles scotchées aux arbres
Des oiseaux
Un toucan
En tous cas
Trouve son camp
Un ara
Sans arrêt
Vole bas
Un papagayo
Quelle pagaille
Dans les mots
Canopée
Tout en haut
Canapé
Bien au chaud
Les feuilles ne collent plus
A la cime des arbres
C'est l'hiver qui se prépare
Le désert des Tartares
Un chocolat un kouglof
Les aventures de Michel Strogoff
Tourbillons
De l'automne
Les mots tombent
Emmêlés
Sibérie
Sidérée
Les feuilles de papier
Tombent aussi
Il n'y a pas de perroquet
En Russie
Des cosaques
En casaque
Des paysages en stock
Des valises de mots
Et des trains en partance
Pour Vladivostok



 

Décompte

Par Le 16/11/2021

Ce qui est
Ce qui n'est pas
Ce qui n'est plus
Ce qui sera
Les lettres perdues
Les aléas
Les mots de trop
Ou les mots tus
Chaque jour s'écrit
Dans un haïku
Dix-sept syllabes
Pas une de plus
Extraire des heures
La poésie
Même si l'instant
Se teinte de gris
Il faut de l'ombre
Pour apprécier
Une grande clarté
Il faut de la pluie
Pour abreuver
Les sources taries
Ce qui était
Ne sera plus
Mais ce qui est
Garde parfois
Un goût troublant
D'éternité
Dans une minute
Soixante secondes
Pas une de plus

 

Flamants et vallons

Par Le 15/11/2021

J'ai vu des flamants roses
Bleus
Dans un ciel jaune
Radieux
J'ai vu avec mes yeux verts
Des fragments de lumière
Le spectre d'un rayon
Tout au bout de l'horizon
Les flamants roses
Bleus
Au-dessus des vallons
Dansaient tous deux par deux
Puis dansaient tous en rond
"Comme les flamandes
Qui dansaient sans rien dire
Aux dimanches sonnants
Parce que les flamandes
Ça n'est pas causant"
J'ai vu tout ça de mes yeux verts
De mes yeux vus
Et je n'avais pourtant rien bu

 

Auxiliaires

Par Le 14/11/2021

Être en vie
Avoir envie
Je suis ou j'ai
Tout à côté
Debout couché
Très bien assis
En mouvement
Ou à l'arrêt
Les pulsations
Rythment la vie
Les émotions
Insufflent l'envie
Soit le contraire
Selon l'auxiliaire
J'ai ou je suis
Ce grain de folie
Cette étincelle
Eau de mirabelle
Alcool de vie
J'irai je vais
Sur les chemins
Plus de frontières
Aux lendemains
Une autoroute
Un autobus
Une seule goutte
Un petit bonus
Après les doutes
Avoir envie
Debout assis
Juste être en vie

 

Flaubert et Stendhal

Par Le 13/11/2021

Vertiges
Face à la cathédrale
Syndrome de Stendhal
?
Les bras ballants
Le front brûlant
Madame Bovary
S'est enfuie
Est-il la preuve de Dieu
Cet édifice de pierre
Elancé vers les cieux ?
Un temple expiatoire
Faut-il donc être fou
Pour croire
Que l'homme se situerait
En dessous
D'une entité divine
Seules ses mains
Ont bâti le sublime
Grandeur étourdissante
Dans les moindres détails
Les couleurs insolentes
Du vitrail
Vertiges 
A la verticale
Madame Bovary se fige
Le syndrome de Stendhal ?






 

Maé Balcony Barcelona

Par Le 13/11/2021

Sur un balcon
A Barcelon
Y'a un petit peu
Du monde entier
Des jeunes des vieux
Des enjoués
Idéalistes
Contemplatifs
Simples touristes
Admiratifs
On a balcony
In Barcelony
On parle anglais
Les rires fusent
Dans l'air léger
Le thé infuse
En brésilien
En javanais
Les bruits du monde
Dans son entier
Una balcona
En Barcelona
Vue dégagée
Sur l'avenir
Morceaux du monde
A parcourir

Conjugaison
Du verbe ir
Ser y estar
En devenir
Sur un balcon
A Barcelone
Ailleurs ici
Autour du monde
Quelques paroles
En espagnol
Une rencontre avec Maé
Et de l'espoir
En cette part
D'humanité


 

Avant l'après

Par Le 11/11/2021

Avez-vous déjà songé où vous étiez
L'année d'avant
Et avec qui en cet instant ?
Ce que vous faisiez l'année dernière ?
Aviez-vous un souhait
Une prière ?
Où serez-vous l'année d'après
Une fois que les chiffres
Auront changé ?
Combien d'entre nous
Serons partis
Combien de nouveaux
Auront pris vie ?
Et ces desseins
A l'aquarelle
Devenus réels
Ou dilués
Comme l'eau de pluie
Sur de la craie
Serons-nous loin
Serons-nous près ?
Serrons-nous bien
A l'instant T
Car nul ne sait
L'année d'après

Mémé dans les orties ?

Par Le 10/11/2021

Sois prudent avec le mauvais temps
Disait la grand-mère à son petit-enfant
Si tu uses de l'imparfait
Parce que chacun peut se tromper
Tu pourras toujours écrire
Plusieurs verbes à l'avenir
Conjugaison au futur
Puisque jamais rien ne dure
Ni le beau ni le mauvais temps
Ça je le sais grand-maman
C'est bien mon petit-enfant
Je voulais en être sûre
Quand on a vécu longtemps
On voudrait laisser un peu
De tout cet enseignement
Pour que les autres vivent mieux
Mais je sais aussi petit
Que seule l'expérience dit
Ce que vaut vraiment la vie
Je te remercie mamie
Tu vois j'écris au présent
Fais attention aux orties
Tu as failli tomber dedans
Tu as raison mon chéri
Je ne les avais pas vues
Et ton regard très pointu
Me rassure pour la suite
Sois quand même prudent
Avec le mauvais temps
Mon tout petit enfant


 

Tout est relatif

Par Le 09/11/2021

Un tout est composé d'une multitude de riens
Un an: trois cent soixante-cinq jours (ou six si c'est une année bissextile)
Un jour: vingt-quatre heures
Une heure: soixante minutes
Une minute: soixante secondes
Une seconde, qu'est-ce que c'est ?
Une apostrophe, une ponctuation imperceptible du temps ?
Une vie serait donc une accumulation de ces secondes imperceptibles, un agglomérat de moments sans importance, une fulgurance de piqûres de moustique. Pourtant il des secondes de plomb et des secondes de plume. A poids égal, un duvet de plomb est moins chaud et douillet qu'un duvet de plume Une enclume en plume moins efficace qu'une enclume en plomb. Si du plomb dans l'aile, la plume alourdie, volera moins bien.
Pour voler dans un tout composé de riens, il faut bien des atouts pour ne pas tomber dans le trou, se laisser happer par les secondes avides de vide.
Trois cent soixante-cinq jours, trois cent soixante-cinq billets, le pari sera-t-il gagné ?
100 m en 10 secondes, 42 km en 2h, 14 sommets de 8000 m en 7 mois, 11mn en apnée, 20 000 lieues sous les mers, une saison enfer, 122 ans sur Terre.
Se surpasser, s'effacer, s'efforcer ? Tout ça finalement à une seconde près.

 

Réchauffement climatique

Par Le 08/11/2021

Un félibre fébrile
Est-il libre de ses écrits
Ou soumis à sa physiologie ?
L'élévation d'un degré
De sa température corporelle
A-t-elle une influence sur ses idées ?
Une incidence ponctuelle
Sur ses vers
Le même impact sur l'humain
Que sur la terre ?
A un degré près
La rivière sort de son lit
Le poète lui s'y plait
Il laisse vagabonder
Les pensées
De son esprit échauffé
De la glace appliquée sur son front
Sur le front des glaciers
La situation est brûlante
Inquiétudes pour le Gulf Stream
Il faudra trouver des rimes
Pour garder
Le climat tempéré
Le félibre prend la tangente
Loin de la fureur et du bruit
Malgré sa physiologie
Altérée
Dans la tiédeur de son lit
Il écrit
Des vers libres
Des paroles
Et du paracétamol


 

Athez-vous*

Par Le 07/11/2021

*billet susceptible de heurter la sensibilités des plus croyants

Un tissu de mensonges
Est-ce un Saint-Suaire ?
Loué soit le Seigneur
Il n'est donc pas à vendre
Et même s'il l'était
Je n'aurais pas acheté
Je veux bien spéculer
Avec des faux billets
Tout en jetant les dés
Boulevard des Capucines
Ou bien Rue de la Paix
Mais rien en moi
Ne s'est jamais illuminé
Face à la bonté divine
Pas le moindre sursaut de foi
Face à un Jésus sur sa croix
Je respecte les croyants
Ma parole sur le Coran
Et aussi sur la Torah
Je fais un baiser de Judas
Sur une statue de Bouddha
Je prône la non-violence
Le non-sens est mon essence
Je ne veux blesser personne
Sur la tête de la Madonne
Je périra en enfer
C'est écrit sur le Saint-Suaire


 

Après le déluge

Par Le 06/11/2021

Je me suis souvenue d'un livre de mon enfance "Après le déluge", j'en ai même retrouvé la trace  https://www.desfemmes.fr/jeunesse/apres-le-deluge/.
(et si je n'avais pas un triangle des Bermudes dans la maison, je pourrais même y mettre la main dessus)
Une famille de souris se réfugie au grenier après une inondation dans la cuisine. J'adorais cette histoire. Les enfants souris dormaient dans les tiroirs d'une commode abandonnée (il ne m'en reste que quelques flash, mais dormir dans un tiroir semblait déjà une grande aventure). Tiroir de ma cuisine dans lequel le monstre de sous l'évier aimait bien se promener, avant qu'il ne soit occis. Car c'est ainsi, un jour on fait le malin dans un tiroir, le lendemain on est mis au placard.
Dans une de mes anciennes maisons, il y avait un grenier, sans souris mais avec ce livre, ce livre de souris dans un grenier. Je crois qu'une des enfants souris s'appelait Sidonie, mais je n'en suis pas sûre. Les souvenirs d'enfance ne sont pas fiables, ils sont friables comme des madeleines ou des biscuits à la cuiller de chez le boulanger, chauds, légers, trempés dans un chocolat chaud, sucré.
Peut-être y avait-il aussi Mirabelle parmi les enfants souris, mais ça c'est encore moins certain. Et pas moyen d'avoir la moindre information là-dessus.
Je resterai avec ce souvenir enfui du nom des enfants souris. Ces souris que j'aimais pourtant, quand j'étais enfant

Des pieds et des mains

Par Le 05/11/2021

Quand tu as lâché ma main
La tienne aussi a disparu
Je l'ai cherchée dans tous les coins
Je ne l'ai jamais revue
Alors j'ai fait les cent pas
Parfois j'ai tapé du pied
Je suis passée de bras en bras
Sans parvenir à retrouver
Ce petit morceau de toi
La suite de ton poignet
Son toucher si délicat
De nombreuses années après
Un beau jour j'ai mis le doigt
Sur un très obscur objet
Source de beaucoup d'émois
C'était ton membre amputé
Qui gisait là dans un coin
Il était bien embêté
D'avoir perdu son chemin




 

Terrassement

Par Le 04/11/2021

Une mésange à ma fenêtre
Des peut-être
Rouge-gorge sur la terrasse
Jour qui passe
Et des pies qui piaillent piaillent
Funérailles
De la souris égarée
Dans le pré
Sale temps pour les rongeurs
A toute heure
Quand ils veulent se réfugier
Sous l'évier
Ou grignoter ma cuisine
J'assassine
Sans sommation sans sursis
C'est la vie
Et puis c'est la mort aussi
C'est ainsi
Une mésange à ma fenêtre
Un rouge-gorge qui passe
Des pourquoi ou des peut-être
Des bientôt sur la terrasse


 

Brume matinale

Par Le 03/11/2021

Les arbres dans la brume
Se dissipent en fumée
Semblables à l'écume
D'une mer évaporée
L'aube dans le brouillard
Se distillent en gouttelettes
Le regard humidifié
Ne voit plus d'images nettes
S'il faut de la clarté
Pour voir le bout de la route
La bruine en suspension
Dissimule les doutes
Et les yeux embués
Sur la campagne liquide
Profite de l'air troublé
Pour se perdre dans le vide


 

Peur primale

Par Le 02/11/2021

Il faut un jour se résoudre
A affronter ses démons
Ces monstres aux dents longues
Qui dévorent sans scrupule
Les murs et les fondations
Les croyances ridicules
Et les frayeurs sans raison
Pourtant j'hésite à ouvrir
Cette porte sous l'évier
Me retrouver nez à nez
Avec l'animal rusé
Qui parvient à déjouer
Les stratégies pour l'éloigner
Et chaque fois qu'elle gigote
Cette bête maléfique
Moi aussitôt je sursaute
Invoque des pensées magiques
Je rêve qu'une baguette pointue
Pourrait une fois pour toute
Me débarrasser de l'intrus
Sans trop ébranler mes doutes
Mes vices et ma vertu
Je suis plutôt pacifiste
Mais ce monstre sous l'évier
Va finir par entamer
Ma vision idéaliste
Des résolutions de conflits
De l'obtention d'un sursis
Etant dotée de la parole
J'ai essayé le dialogue
Avec cette satanée bestiole
La preuve en est sur mon blog
Pour attester de ma bonne foi
J'ai affronté bien des fois
Des démons aux dents trop longues
Je les ai souvent occis
Pourtant aujourd'hui je fuis
Et même armée d'un balai
Je n'arrive pas à braver
L'hideux monstre sous l'évier
Il faut parfois se résoudre
A modifier sa tactique
Et à verser de la poudre
Parfumée à l'arsenic





 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 








 

Time is money ?

Par Le 01/11/2021

Les horloges digitaliques
N'égrènent plus leur tic-tac
Affichage automatique
Du temps et de son ressac
On passe sans sourciller
De l'heure d'été à son contraire
Nul besoin de retarder
Toutes les pendules au même horaire
Qui a eu cette idée folle
Un jour d'enfermer le temps
De le mettre en symbole
Inséré dans un cadran ?
Puis verrouillé aux poignets
Surtout ceux des plus puissants
Qui peuvent tout acheter
Passé avenir présent ?
A chaque sonnerie du réveil
Commence une nouvelle journée
Tout en sachant que la veille
Est bien morte et enterrée
Que l'alarme du lendemain
Restera hypothétique
Que l'horloge soit d'airain
Ou de cristaux numériques