Articles de barbaraburgos
Paul et Mick
Une palanquée de polémiques sur un peu tout, sur pas grand chose. Des allitérations pour m'indigner sans toutefois faire la révolution. Qu'en penseraient ceux qui vont rentrer au Panthéon ?
Dans ce pays des droits de l'homme, berceau des Lumières, où sont passées les idées, la liberté d'expression, le privilège de ne pas bêler avec le troupeau ?
Les bûchers de la place publique se sont transformés en plateaux de télévision, un tribunal sans magistrats, sans avocats.
Et sont jetés en pâture tous ceux qui osent défier la bien-pensance ambiante. Plus aucune grande voix pour un autre son de cloche.
Je m'étonne, je m'interroge tout en éteignant la télé promptement.
Mon Guillaume Erner est en vacances, je me demande ce qu'il en pense. Je me note de lui poser la question à son retour.
Je voulais écrire un billet sur Missak et Mélinée, un sujet d'actualité et de poésie. En faisant des recherches à leur sujet, je tombe sur plusieurs polémiques les concernant. Et toutes les autres, concernant d'autres gens.
Unetelle a osé émettre son avis sur un thème brûlant, pour ses mots elle sera punie, il faut rester dans le rang.
Finalement je préfère revenir à mes moutons, et même à choisir je préfèrerais avoir des brebis dans l'Aveyron. Je pourrais faire du fromage bleu du côté de Roquefort-sur-Soulzon.
Parce que je l'aime moi le fromage bleu. Et qu'il est temps de retrouver de la poésie, comme celle de Missak pour Mélinée. Alors je me tais
Past lives
Une flaque troublée
Un reflet
Souvenirs d'enfant
En Corée
L'une est partie
L'autre est resté
Une autre vie
En occident
Premiers émois
Qui ne s'oublient pas
Instants figés
Dans le passé
Une flaque troublée
Un reflet
Désir latent
Signe discret
Chuchotements
Le regard lent
Effleurement
Un mouvement
Dans un plan fixe
Geste en avant
Sans préjudice
Pour le présent
Photographie
Je prends des photos
A l'écrit
Des clichés
Instantanés de vie
Manuscrits
Feuilles libres ou attachées
Je zoome sur un fragment
Une particularité
Une phrase entendue
Un ressenti
Une belle chose aperçue
Une anomalie
Je fais une mise au point automatique
Une balance des blancs
Surexposition poétique
Selon l'éclairage du moment
Objectifs plus banals
En fonction de la focale
Je prends des photos à l'écrit
Un portrait nuancé par les mots
L'extrait d'une journée manuscrit
Instantané
Fragment de vie
J'écris des photographies
Bleu bleu
Eloge de la lenteur
Et des couleurs
Inutile de prendre l'avion
Sillonner les routes de Provence
Hors saison
Chênes verts
Oliviers
Pins sylvestres
Le décor est planté
Puissance de la Sorgue
A sa source
Un monde souterrain
Les eaux sauvages
En folle course
Jusqu'à l'écluse
A Fontaine de Vaucluse
Route touristique
Vieilles pierres
Panorama
Gordes en hiver
Haut perché sur son rocher
Les magasins de souvenirs sont fermés
Pas de cigales et leur mélopée
Le silence
La clarté
D'un ciel de Provence
Terre ocre
Et rouge flamboyant
Bien plus beau que le Colorado
Roussillon
Mieux que le grand canyon
Un peu plus loin
L'air est serein du côté de Lourmarin
Hommage à Camus
Un salut
Pas de cigales et leur mélopée
Magasins fermés
Le silence
La clarté
Inutile de prendre l'avion
Éloge d'un ciel de Provence
Hors saison
Mots tard
Les mots s'écrivent ou s'écoutent
Parfois même ils se goûtent
Des saveurs épicées
Fleur d'oranger
Un chawarma un mezzé
Ils s'égouttent quand il pleut
Ils se voient ou ils se touchent
Une caresse un baiser
Ils palpitent
Quand le cœur bat
Il périssent
De vie à trépas
Pages arrachées du dictionnaire
Ils peuvent couler telles des rivières
Se ramasser comme des cailloux
Faire des ricochets de chou à hibou
Ils pourraient se prélasser
Par un soir d'hiver bien froid
Mais pour cela il faudrait
Que du vrai froid il y en ait
Théorie de l'évolution
Le dodo
Gros oiseau
Un peu teubé
Une sorte de pigeonneau
Qui se gavait
De fruits tropicaux
Il en mangeait trop
Tambolacoques
A la toque
Sans prédateur
Pour lui courir derrière
Il ne connaissait pas la peur
Et restait sédentaire
Il ne s'est pas plus méfié
Des kilos
Qui l'empêchaient de voler
Que de l'homme blanc
Cet insolent
Venu en conquérant
S'approprier
Des terres inexplorées
Cela en fut fini du dodo
Ce gros oiseau
Un peu teubé
Et pas très beau
Il s'était laissé aller
Ce pigeonneau
A manger trop
De fruits tropicaux
Orthodontie
Pourquoi les papiers de bonbons font du bruit ?
Pourquoi les gens mangent des bonbons dont les papiers font du bruit ?
Pourquoi font-ils des bruits de bouche en mangeant leurs bonbons ?
Et pourquoi font-ils tout cela au cinéma ?
Une perte de temps
Une perte d'argent
Ce qu'ils ne savent pas c'est que ce sont des rescapés
Mais qu'ils soient prévenus désormais
Si je les croise à nouveau
Je leur casse les dents délicatement
Puis je leur démonte le nez
Si tout cela ne suffit pas
Je leur pèterai les tibias
Ainsi quand ils reviendront au cinéma
Ils auront retenu la leçon
Et fini les bonbons
Heureusement que je suis pacifique dans le fond
Sagesse
Elle est seule chez elle, des photos exposées trônent fièrement sur le buffet, témoins d'une autre vie, avant
Avant quand elle était plus jeune, quand elle était moins seule
Des cartes postales reçues, à côté des photos exposées sur le buffet
Témoins de douces pensées envoyées de pays où en aucun cas elle n'ira
Elle est seule toute la journée, pourtant elle ne s'ennuie jamais
Vit-elle avec ses souvenirs ?
Elle est seule et les gestes du quotidien deviennent douloureux, pourtant elle ne se plaint pas
Elle regarde les oiseaux qui s'arrêtent pour manger les graines qu'elle leur a laissé
Elle guette les nuages pour savoir si le vent soufflera du marin ou du cers
Elle envisagera d'aller étendre ses draps
Pour qu'ils sèchent au grand air
Puis elle les repassera
Au son d'une émission radio, elle se concoctera un bon petit repas
Un peu de veau en sauce
Parce qu'elle l'aime ça !
Une salade verte
Une pomme reinette ou canada
Ses proches peu à peu
S'en sont allés
A l'heure de la sieste va-t-elle les retrouver ?
Elle est seule et dit merci à ceux qui viennent lui rendre visite
Elle est seule et c'est ainsi que passent ses journées
Elle a tous ses souvenirs pour compagnon
Elle a toute l'affection de ceux qu'elle a fait grandir
Elle lit en gros caractères des histoires de gens bien plus malheureux qu'elle
Elle se trouve chanceuse et sourit
Elle sourit malgré les douleurs, malgré les absents, malgré le silence autour
Elle sourit doucement et profite avant tout de l'instant présent
Oupoco
La plume d'un canard pour écrire
Trop tard
Hier a fui aux alentours de minuit
L'Oupoco semblait pourtant un bon sujet
Ni trop ni peu
Il n'eût pas le temps de citer
Même un clavier ne saurait rattraper
Cette heure perdue
Ce moment d'égarement
Une plume de canard pour écrire hier
Trop tard
Mais au présent
Instant parfait
Un glissement sous le duvet
Si seulement je pouvais hiberner
Oulan Bator
Triste décor
Une jungle urbaine
Oubliées les steppes
Les vastes plaines
Où les ancêtres
Se déplaçaient pour assurer leur subsistance
Le nomadisme a laissé place à l'alcoolisme
La décadence
Des bidonvilles
Un air vicié
Le paysage est devenu laid
Ville glaciale
Oulan Bator
Triste capitale
Jungle inhumaine
Trois enfants se débattent
Une yourte sans chauffage pour tout foyer
Une assiette à partager
De l'eau gelée
L'énergie du désespoir de l'aîné
Oulan Bator
Promesses dans le décor
Des rêves en perspective
Une vie meilleure
Sérieuses expectatives
Ici ailleurs
Une même question d'instants
Après l'hiver
Un espoir du printemps