Articles de barbaraburgos
Zoé et les zoizeaux
Les zoizeaux zozos font du zèle à coup de marteau, jouent du djembé sur les chêneaux, gazouillent à tire d’ailes, zozotant dans le vent une nouvelle chanson. Zoé, énervée par ce réveil, promet des représailles imminentes. La chouette hulotte chez Mr Hulot, le hibou bout chez Mme Dugenou. Curieux verbe que bouillir, j’ai dû vérifier certaines terminaisons, le bout de « il bout » me semblait bizarre. Et là je suis tombée sur le verbe racabouillir, qui est apparemment un synonyme du précédent. Je racabous, tu racabous, il racabout, nous racabouillons de légumes, lui-même synonyme de racacuire. Zoé racacuisait une ratatouille puis caracolait en cabriolet sur la Promenade des Anglais. Les zoizeaux zozos la saluaient du haut des palmiers-horodattiers, une fois fini le temps prépayé, coup de fusil. Du plomb dans l’aile des zoizeaux zozos sans cervelle.
Zoé pourra dormir cette nuit.
Manchedi
Ce dimanche penche inexorablement vers un lundi, déjà la fin d’après-midi. La courbe de fréquentation de ma blogosphère explose, sauf le dimanche. J’en conclus que je dois ennuyer tout le monde avec mes lamentations dominicales. Donc à partir d’aujourd’hui, je traiterai le dimanche comme un jour ordinaire, le rebaptisant dès à présent manchedi, pour ne pas faire de différences avec ses congénères.
Quel beau manchedi que nous offrit ce mois de juillet naissant. Nous pûmes goûter aux charmes chaleureux de rayons isothermes d’un soleil radieux, en même temps un petit vent nous insufflait l’air nécessaire pour ne pas succomber au ravage de la canicule. Un tintement de glaçons nous rappelait la fraîcheur éphémère d’une eau limpide et pure.
C’était plutôt un manchedi prometteur, mais en fin d’après-midi le ciel se chargea de lourds nuages gris. Alors, quand je vous le dis que ce jour là n’est pas fiable, croyez-moi
Crépin's
Hier mon petit écrureuil m’a gentiment cloué le bec ! Il me rappela sans ménagement que je m’inquiétais du destin d’un pirate imaginaire. Les animaux peuvent être cruels parfois ! Pourtant je l’aurais bien vu dans ce décor, mon Crépounet de pirate de rivière. En fait, je le vois arriver au loin, il s’est lui aussi procuré une Barley, mais l’a customisé à ses propres effigies. Guidon composé d’une cuillère à soupe et d’une fourchette en inox, selle en cuivre, accélérateur en téflon et batterie de casseroles à l’arrière pour le bruit sourd et mélodieux. La vigie est constituée d’une pied de mixeur retourné, sur lequel Bertrand le Corboquet se plait à corboqueter. Les Ragon’s et les Din’s essaient d’entretenir les meilleures relations avec le pirate, car s’il s’énerve, il fait tellement de vagues que toutes les équipées tombent à l’eau.
Crépin et son corboquet s’étaient servis de l'occasion pour faire leur retour à Villégaillant, après de longs détours dans les méandres de la rivière Tutrappelles. Ils ne savaient pas encore si les habitants accepteraient leur présence, mais ils ressentaient tous deux un besoin vital de fouler à nouveau le sol natal. Bertrand en profita pour poser une question qui le tarabustait depuis des années.
-Crépounet tu m’avais promis que quand je serais grand tu me révèlerais le secret de ma naissance. Je crois que j’ai l’âge maintenant, non ?
-Pas encorre, pas encorre mon poussinet, il te reste encorre des morceaux de coquilles sur la tête.
-Là je suis trop jeune mais ensuite tu me traites de vieille volaille. De toute façon, si tu ne me le dis pas, j’irai enquêter par moi-même.
-Et bien va, vieilles plumes, je ne te donne pas plus de 24 h pour revenir au bercail, ingrate volaille. Tu ne crois pas qu’on a autre chose de plus important à faire pour le moment, si on commence par faire du raffut ils ne voudront plus jamais de nous.
- Crôa croôa du raffut sur un rafiot !!! Bertrand fut pris d’un fou rire communicatif, ni les Ragon’s ni les Din’s ne purent y résister et jusqu’au confins du village, au lieu-dit du Pitchoun Robert, on entendait des éclats de rire fendre comme du bois blanc au soleil.
Crépin, la tête entre les mains, essayait de se retenir mais rien n’y faisait, comme si sa crétinerie était devenue contagieuse. En même temps il redoutait le verdict, lui qui en secret brûlait de revoir Bella...
Pendant ce temps, ML et Edgard crament sous un ciel de plomb, dans une atmosphère chauffée à blanc.
Ragon's et Din's
Très intriguée par cette histoire de Ragons Din’s, je laissai tomber Emmelle au pied de son aimé et décidai d’en apprendre davantage sur ce club de barkers. Armée de jumelles, je m’approchai doucement. L’écrureuil m’épiait du haut d’un cognassier. Le spectacle valait le détour. Les Ragons Din’s s’étaient procurés, je me demande comment, des lunettes noires à leur taille, des blousons noirs en simili cuir, et s'étaient coiffés de bandanas ou de bonnets.
-Tu te demandes comment ils ont eu tout ça ! Murmura Mr Panache
- J’avoue que je suis curieuse de le savoir.
-La déchetterie ! Tu n’imagines pas ce que les gens peuvent jeter. Ils ont trouvé un stock tout neuf de grosses peluches à moto, de là leur est venue l’idée de l’adapter à leur lieu de vie. Les peluches, à leur taille, se laissèrent dévêtir sans problème, plutôt soulagées de ne plus avoir à porter cet accoutrement et ravies d’être sorties de la poubelle. Le reste ne fut plus q’une question d’organisation. Ils commencèrent par faire le ménage dans le ruisseau. Les rats furent priés de passer une visite médicale, les porteurs de maladie furent mis en quarantaine. Ils demandèrent à la famille Corvidez de prendre en charge un service propre de pompes funèbres, la famille Reptilius devaient gérer la surpopulation mulotine (Mr et Mme Mulot, très amoureux, faisaient à eux seuls grimper de façon inquiétante le taux de natalité), les Batracciani s’occuperaient des insectes nuisibles (ex les moustigres ). L’organisation semblait des plus idéales et des plus opérationnelles, sauf qu’évidemment, il se crée toujours des jalousies au sein d’un groupe. Quelques Ragondins dissidents décidèrent de monter un autre club et de tirer profit de tous les services rendus. Parce qu’au départ, le Din’s était un club à but non lucratif, ils acceptaient quelques cadeaux, mais ne se laissaient pas acheter.
Le 2e groupe se baptisa les Ragon’s attribuant au 1er la deuxième partie du nom, donc les Din’s. Depuis c’est la guerre, et les familles Corvidez et Reptilius, (perso, je les ai jamais trouvés bien nets) jouent tantôt le jeu de l’un ou de l’autre club, selon leurs propres intérêts.
-Ouah ! Si j’avais su qu’il se passait tout ça dans mon jardin ! J’en reviens pas ! Et vous, la famille Panache dans tout ça.
- Nous, on fournit des munitions au Din’s, noisettes, fruits, cailloux, frondes en bois de noisetier, en échange ils nous protègent des pies et des corneilles affamées. Les Corvidez honnêtes ne doivent éliminer que les corps sans vie.
-Mais comment ils font pour vous protéger si une pie vous attaque en haut d’un arbre ?
-Ils se sont assurés les services du Seigneur Héron, le marquis du Peuplier, de son nid hyper-haut perché, il surveille ce petit monde et intervient à la moindre anicroche. Et crois-moi, les autres ne font pas les fiers.
- Et Crépin qu’est-ce qu’il devient, vous le voyez parfois ?
- Si tu te souviens bien, Crépin est tout droit issu de ton imagination, c’est à toi de nous donner des nouvelles !
-Je vois qe mon petit écrureuil n'est pas sans cervelle!
L'écrureuil
Ce matin, j’ai eu envie de venir travailler mon jardin, deux trois rangées de rime, une ligne de prose, des mots verts et roses. L’écrureuil m’a regardée, tiens une faute de frappe s’est glissée, mais c’était finalement bien un écrureuil, vu sa couleur :
- Tu es bien matinale, est-ce un jour spécial ?
- Non, rien de particulier, une envie de rimer, de prendre un peu de cet air frais du jardin. Et toi, ça va, la forme ?
- Ouais, ça peut aller. J’ai sympathisé avec le chat bobo qui vient quelques fois, il est devenu complètement végétarien, ce qui fait qu’il ne nous court plus après à Mister Rabbit et moi. (Le lapin s’est découvert des origines britanniques, depuis il ne parle plus qu’anglais et exige qu’on lui donne du Mister Rabbit, je le soupçonne de devenir snob). Ce qui fait que maintenant on joue à plein de trucs senchationnels !
- Et avec la pie, comment ça se passe ?
- Toujours aussi coriace, il faut sans arrêt se méfier, en plus elle s’est acoquinée avec toutes les corneilles du quartier, quand elles sont par là, pas question de bayer ni de bâiller, faut déguerpir fissa ! Mais le chat nous a promis son aide contre une cargaison de noisettes décortiquées et un chargement de carottes râpées.
- C’est bien si vous pouvez vous entraider.
- Ouais (il ne dit jamais oui), au fait t’es au courant pour les ragondins du fond du jardin ?
- Non qu’est-ce qui se passe ?
- Ils ont monté un club de Barley ?
- Késako ?
- Des barques motorisées, guidon cintré, bicylindres en V, bruit des profondeurs, pas désagréable d’ailleurs. Ils ont juré de faire respecter les lois naturelles sur le territoire. Que chacun puisse bouffer sa proie mais sans exagérer, sans perturber l’écosystème. Par exemple, on a eu une attaque de moustiques tigres, les Ragons Din’s (c’est le nom du club et de ses membres) ont organisé des tours de garde de crapauds pour éliminer un max d’insectes.
- Pas mal !
- Bon et toi, tes mots, ils poussent bien ?
- Ca dépend des jours. Soit ils s’épanouissent à la lueur d’une étincelle, soit ils se recroquevillent, s’enfouissent six pieds sous terre pour se taire. Alors là, faut creuser, creuser, creuser des jours et des nuits durant, sans être sûr du résultat. Parfois je les retrouve, parfois pas.
- Si tu ne les retrouves pas, ton jardin devient le désert du Sahara.
- C’est un peu ça, mais parle moi encore de ces Ragons Din’s
- Euh, là je dois y aller, la prochaine fois
- Ca marche, à bientôt !
Suite de la veille
( La veille:Emmelle était soulagée, un dialogue semblait s'être amorcé...)
Un dialogue en forme d’hameçon auquel était accrochés des points d’interrogations.
-Je crois qu’il va faire beau, commenta le serveur d’un air compatissant.
Edgard d’habitude si calme se sentait bouillir. Il avait envie de partir, oublier cette mauvaise journée, revenir à la case départ. Recommencer ce qui finalement n’avait été qu’esquissé. Il retournerait au Pont du Gard, croiserait un autre regard, une autre ML, il la choisirait avec un nom plus simple, Eve, Léa, Lou, Zoé, 3 lettres pas plus. Une femme avec un prénom de 3 lettres ne devait pas être compliqué. Avec un prénom composé, il aurait dû s’attendre à des difficultés. Oui, c’était ça, il allait se lever, dire au revoir, désolé de d’avoir connu, reprendre sa main détrempée, marcher sur le pied du serveur par pure sournoiserie puis continuer sa route, au lieu du Pont du Gard, il envisageait d’aller à Etretat, même si ça ne rimait pas.
Instant T
Nous en étions au moment fatidique ou soit Emmelle avance d’un pas, soit elle recule. Un pas en avant sans être une métaphore, peut signifier le détachement, la rupture, une décision lourde de conséquence. Un pas en arrière, non pas une régression, mais un retour nécessaire sur une situation épineuse. Et comme par hasard, Edgard plonge sa main dans un massif de ronce envahi d’orties. Sauf que si je ne m’abuse, Edgard devait avoir sa main dans celle de ML ou alors c’était l’autre. De toute façon la sensation était à peu près la même, une douleur vive et allergisante, un épiderme dévasté meurtri jusqu’au milieu d’une chair rouge sang.
Emmelle fut contrainte d’effectuer un demi-tour, la souffrance n’étant pas sa tasse de thé, elle proposa à Edgard de continuer la conversation autour d’un café.
- Quelle conversation, cela fait des jours que tu ne dis plus rien.
- Cette conversation là, précisément. Je ne sais plus ce que j’ai à dire, ce que je dois faire, je doute, je re-doute et je redoute encore.
- Deux cafés s’il vous plait et une bassine d’eau si c’est possible.
- Vous avez un chien ?
- Non j’ai juste une main et un mal de chien.
- Bien, avec ou sans glaçon la bassine, si vous voulez nous avons aussi une piscine.
- Merci, mais une bassine fera l’affaire.
- Tu as mal ?
- Oui.
- C’est pas beau à voir
- C’était mieux dans le brouillard. Pourquoi on s’est perdu quand la clarté est revenue ?
Emmelle était soulagée, un dialogue semblait s’être amorcé.
Repassage
Le poème d’aujourd’hui, « Repassage », n’est pas le témoin d’une humeur morbide mais bien de la hauteur de la pile de ma corbeille de linge. Là, tout d’un coup le mot poésie déguerpit, il laisse place aux mots corvées et quotidien, un au pluriel, l’autre au singulier. Peut-on dire une corvée aux quotidiens ? Je n’en sais rien. Ce que je sais c’est que ce n’est pas en alignant des lettres sur un clavier que ma pile va diminuer. Cela ne retarde que de quelques minutes le moment où, armée d’un fer chauffé à blanc, je vais devoir m’attaquer à ce tas inerte de textiles froissés. Le temps que je passe à repousser l’échéance doit être supérieur à la durée réelle de la corvée elle-même.
Mais ainsi va la vie, hier dimanche, aujourd’hui lundi.
Poids chiche
Avez-vous remarqué que les dimanches reviennent plus vite que les autres jours ? Non, bien sûr. Vous n’avez pas un petit vélo qui mouline dans le cerveau et un pois chiche en guise de matière grise. Le dimanche, le temps dégouline des montres molles*, il se répand comme une traînée de caramel issue d’un volcan en sucre, emprisonnant sur son passage mouches et fourmis trop gourmandes. Un Saint-Honoré d’insectes englués, un crucifix à Chamonix, un sorbet cassis à Cassis et des essaims d’abeilles à Marseille. Des lettres qu’on écrit et qu’on ne prononce pas, des jours que l’on nomme et qui ne passent pas. Et pourquoi dimanche a un adjectif pour lui tout seul alors que les autres jours n'en ont pas? Et si on reste sur un divan toute la journée est-ce un divanche? Si on danse de façon effrénée, un dihanche ? Si ce n'est pas une bonne journée, un dimoche? Si le suivant est beaucoup moins bien que le précédent ou si au contraire il est trop épicé, est-ce un pimanche ?
* Je ne m’appelle pas plus Boris Vian** que Salvador Dali, c’est un tort mais tant pis.
**Voir billet de je-ne-sais-plus quelle date, il n’y a pas très longtemps
Les plaines vides
Chloé est revenue ce samedi parce que ça lui a dit. Elle a auparavant croisé ML et 2D au milieu des vastes plaines vides. Ils semblaient en mauvaise posture. ML le regard tourné vers le large, 2D le regard centré sur sa dulcinée, et le souffle d’un vent du nord entre les deux. Seul élément mobile dans le tableau, sinon le temps paraissait s’être arrêté, un appui prolongé sur pause, une publicité pour les « Montres Molles » avec un slogan prometteur :
-« Avec les Montres Molles, le temps dure ».
Puis la fonction lecture reprend, ML dégage sa main et bouge un pied, va-t-elle avancer ou reculer ?
Vous le saurez en lisant les aventures palpitantes d’Emmelle et Deudé dans le prochain numéro