Articles de barbaraburgos
Parrigue
J'étais en train d'écrire, un billet sublime, d'une inspiration rare, d'une grande beauté, le genre de billet qu'on écrit une seule fois dans sa vie, et voilà qu'Internet Explorer s'excuse qu'il doit fermer car un bug s'est produit dans le système X ou Y, bref tout s'est effacé je n'ai rien pu sauver, mon inspiration s'est envolée. Adieu billet sublime, idée géniale, j'aurais frôlé cette éventualité.
Pour résumer j'évoquais une balade dans la garrigue, l'écho de Manon des Sources et les cloches de la messe du dimanche. Puis le souvenir de Paris, déjà lointain, et cette exposition à l'Hôtel de Ville, où les Impressionnnistes peignaient le mouvement, le progrès. Les avenues infinies vers des ailleurs probables, les lampadaires dans les rues pavées, les enseignes des grands magasins, les cabarets de la butte Montmartre. Les tableaux semblaient prendre vie, on aurait pu y sauter à pieds joints et y entrer façon Mary Poppins.
J'étais donc dans la garrigue et je rêvais du pavé parisien...
Palissades
Les mains des marteaux piqueurs, lourdes , calleuses, ridées, des mains exsangues de rêves, ou alors il y a longtemps. Bien avant que les oreilles s'assourdissent, que la petite musique ne soit plus qu'un lointain souvenir. Car bien sûr qui tiendrait un marteau piqueur par plaisir ? Qui nourrit le rêve secret de percer le bitume gris des trottoirs, de respirer les poussières nocives, de n'être soi-même qu'une particule invisible dans un système saprophyte. Ca profite toujours aux mêmes, évidemment, une lapalissade devant les palissades d'un chantier en cours.
Demain
Les marteaux piqueurs ont dilapidé les heures d’or, milliers d’éclats de bitume, de particules de calcaires, poussières. Impromptu, le mot spontané, inattendu parce que pas espéré. Pluie sur les trottoirs, pas de l’oie sur les Grands Boulevards, des armées ravageuses piétinent le temps perdu. Le soleil ne s’est pas levé, il est resté caché derrière un rideau gris ourlé de vent marin. Que sera demain?
Coucher de soleil
Je n'ai plus le temps de voir le soleil se lever ni la lune se coucher ou vice-versa si vous préférez. Plus une petite minute de rab pour aligner quelques mots, il faut que je les arrache à ce temps marteau-piqueur (je me dois de le placer car j'ai eu des plaintes quant à la sous-exploitation du sujet). Le temps est chronophage donc cannibale puisqu'il se dévore tout seul. J'aurais peut-être dû rester en vacances, parce que finalement rien ne s'arrange!
Les marteaux piqueurs chevauchent des chevaux imaginaires, chevaliers urbains sur leurs montures d'acier, ils font respecter leurs lois le long des trottoirs gris
Méditerranée
Encore un samedi sans Chloé, un jour de plus sans billet.
J'étais allée voir du côté de la mer si le soleil brillait. Une envie soudaine d'air iodé, de sensation de sable fin sous le pieds, une illusion de liberté. J'ai vu deux goélands s'envoler, deux voiliers naviguer, deux crabes craboter, l'eau qui allait et venait, le soleil qui hâlait nos peaux blafardes de l'hiver. J'ai senti le sel sur mes lèvres, le vent frais sur mon visage et je rêvais de l'océan parce qu'on n'est jamais content de ce qu'on a. La Méditerranée à deux pas, ça ne suffit pas.
Méditations horizontales allongée sur le sable de Méditerranée, axe vertical d'un soleil dilué, un poème surrané avec des rimes en é, les mouettes dans le ciel toutes ailes déployées, guettent sans avoir l'air les restes d'un noyé.
J'aurais pu croiser Edith, mais je ne l'ai pas fait, peut-être qu'elle m'évitait ou savait-elle que je méditais. Edith travaille dans l'édition, mais elle travaille surtout à l'intuition. Si Edith médite à m'éditer là c'est sûr je l'invite au bord de la Méditerranée.
Puis je suis repartie pour la Suède aider le commissaire Wallander dans son enquête, je n'ai pas croisé Eléonore, la Suède c'est pourtant au nord. J'ai cru entrevoir une pointe de jalousie dans la voix de Chloé lorsqu'elle m'a annoncé son absence. Eléonore n'a pas l'air de lui plaire, Edith elle ne sait même pas qu'en penser. Quant à Marie-Laurence et Edgard, je me demande si je ne vais pas mettre Wallander sur le coup, ils ont disparu sans explication, aucune motivation, aucun indice sur leur destination. Si vous les apercevez, faites moi signe, vous savez où me trouver.
Eléonore
Eléonore dort, elle adore les aurores, état second entre la nuit et le jour. Eléonore, encore? Eléonore, une beauté maure ou une étoile du pôle nord.
Le clavier ne m'obéit plus, il insère des lettres incongrues au milieu des mots inscrits. Serait-ce une mutinerie? C'est pire, une conspiration, le message d'attaque imminente réapparait.
Mais à qui peut-on vraiment se fier?
Eléonore , dors, attends en rêvant ce doux moment de l'aurore, reviens encore, d'un pays maure ou du pôle nord, moi pendant ce temps je vais voir ce que je peux faire pour mon micro-processor!
Schizophrénie
Eléonore, au nord, honore un dieu païen.
Cela ne veut rien dire, mais alors rien.
C'est la seule chose qui m'est venue à l'esprit, pourquoi, je ne sais pas.
Qu'est-ce que cette histoire de dieu païen?
Un dieu qui ne croirait pas en lui, puisqu'il ne croirait en rien. Mais vous qui êtes vous? Je commence à écrire sur mon ordinateur, j'exploite, comme je peux, les esquisses d'idée et chaque fois vous revenez. Je ne vous vois pas, je ne vous entends pas, je ne lis que vos mots informatisés.
Je ne suis qu'une autre part de vous-même.
Donc nous nous connaissons, nous pourrions nous tutoyer
Je n'y vois pas d'inconvénient.
Et vous logez, pardon, tu loges dans mon cerveau.
Oui, tout là haut, bien au chaud. Parfois y'a du remue-méninge! Ca fait des étincelles tous ces neurones en connexion, ce n'est finalement qu'une production électrique. A d'autres moments, c'est le calme plat, en fait c'est rarement équilibré, soit pas de réflexion du tout, soit un flux continu de questions, de pensées superflues, de tohu-bohu. On s'habitue, mais il ne faut pas demander un effort dans la durée ou une analyse trop poussée, là, désolé de te le dire mais tu ne tiens plus la route. Continue donc à écrire tes billevesées et à t'amuser.
Oui, je sais tout ça, l'effort, l'analyse, la continuité. Ce qui me paralyse souvent c'est le doute. Je doute comme autant de gouttes de pluie dans un ciel anglais.
Tu as conscience que parfois ce que tu écris ne veut rien dire.
Oui, tout à fait, mais pour moi cela a un sens. Là par exemple, doute sonne dans ma tête avec goutte, je les relie dans un ciel anglais, mais bien sûr il ne faut pas mal l'interpréter, j'aime les ciels anglais.
Moi aussi j'aime bien, pourtant ils n'ont pas bonne réputation. Et Eléonore alors, elle vit sous un ciel anglais?
Je n'ai pas encore décidé.
Que sont devenus Edgard et Marie-Laurence ?
Ils se sont égarés, j'ai douté, ils se sont évaporés, comme des gouttes de vapeur d'eau.
Cela pourrait faire un beau tableau.
Je n'ai pas de pinceau, j'ai un bout de pain sceau, une branche de pin seau et un lapin sot.
Heureusement que je suis là pour arrêter les dégâts et stopper le débat. Le mieux c'est d'arrêter là.
Tu crois?
Insecticide
Je n'aime pas les bourdons noirs qui bourdonnent dans le ciel d'Avril. Bien sûr c'est un signe du printemps, mais je n'aime pas. Je n'aime pas leurs buzz buzz entêtant, je n'aime pas qu'ils s'invitent chez moi, et fassent des bruits d'hélicoptères en temps de guerre, je n'aime pas qu'ils envahissent mon espace vital. Je n'aime pas ça. A quoi ça sert un bourdon noir? A vous fiche le cafard!
Et toutes ces guêpes qui s'immiscent dans les interstices, on ne les voit pas venir, si l'on n'y prend garde, elles diffusent leur venin sournoisement. Je n'aime pas les guêpes non plus.
Les mouches m'insupportent, tourner en rond de la sorte, bzzi bzzi bzzi, quel intérêt à faire ceci.
Pourquoi les insectes ne restent pas chez eux? Pourquoi viennent-ils envahir nos maisons? Je crois que je pose là une vraie question.
Les abeilles ne me dérangent pas, elles butinent dans leur coin, je leur laisse leur butin.
Liens
Les liens. Attaches. Attachés. Liens invisibles. Chaînes des prisonniers. Fil d'Ariane, pour se répérer, ne pas se perdre dans le dédale.
Les liens, servitude ou liberté. Les miens, les tiens, chacun les siens. Ces riens qui nous unissent, nous désunissent, nous font chanter à l'unisson.
Créer du lien, attacher les atomes crochus, les promener en laisse. Marionnettes, pantins, qui tire les ficelles?
Difficultés de la vie en société, douleurs de la solitude.
Les liens tissent et métissent une géante toile d'araignée. Piège ou chemin pour s'évader ?
Les mots: liens matérialisés mais pas toujours explicites, lire entre les lignes, cliquer, allez donc voir les liens dans la rubrique éponyme, il y a des artistes à découvrir, pas nombreux mais de qualité.
Et l'art ne serait-il pas le lien entre nous-même et le divin
Un jour par semaine
Après un samedi sans Chloé, un dimanche venté. Aucune relation de cause à effet. Aucune signification. Les mots font ce que les pensées ont défait, ce qui fait que Chloé est une fée. Ce qui est fait n'est plus à faire. Affaires de coeur, valet de pique, homme d'affaire, serviteur. Un plateau, deux verres, un guéridon de bistrot. Deux hommes trinquent, deux hommes pleurent, plutôt rare de voir deux hommes pleurer à la terrasse d'un café. Pourquoi pleurent-ils? Parce qu'aujourd'hui c'est dimanche, ils pleurent les heures perdues, les minutes dégoulinantes des montres Dalisques(je dis Dalisque parce que ça me plait, si ça ne lui plait pas il peut venir me chatouiller les doigts de pieds, ça ne me dérangera pas). A-t-il peint ses montres molles le dimanche? Le gustaban a ti los domingos? (j'ai pas de correcteur espagnol sur ce traitement de texte donc pas d'accent ni de point d'interrogation à l'envers).
Pas moyen de me défaire de cette lourdeur particulière de ce jour. Je suis pourtant plongée dans un bouquin passionnant, je viens juste de le poser pour jeter ces quelques lignes et je n'attends que de le reprendre, mais c'est quand même dimanche. Il en sera de même dans une semaine.