Articles de barbaraburgos
Liens
Les liens. Attaches. Attachés. Liens invisibles. Chaînes des prisonniers. Fil d'Ariane, pour se répérer, ne pas se perdre dans le dédale.
Les liens, servitude ou liberté. Les miens, les tiens, chacun les siens. Ces riens qui nous unissent, nous désunissent, nous font chanter à l'unisson.
Créer du lien, attacher les atomes crochus, les promener en laisse. Marionnettes, pantins, qui tire les ficelles?
Difficultés de la vie en société, douleurs de la solitude.
Les liens tissent et métissent une géante toile d'araignée. Piège ou chemin pour s'évader ?
Les mots: liens matérialisés mais pas toujours explicites, lire entre les lignes, cliquer, allez donc voir les liens dans la rubrique éponyme, il y a des artistes à découvrir, pas nombreux mais de qualité.
Et l'art ne serait-il pas le lien entre nous-même et le divin
Un jour par semaine
Après un samedi sans Chloé, un dimanche venté. Aucune relation de cause à effet. Aucune signification. Les mots font ce que les pensées ont défait, ce qui fait que Chloé est une fée. Ce qui est fait n'est plus à faire. Affaires de coeur, valet de pique, homme d'affaire, serviteur. Un plateau, deux verres, un guéridon de bistrot. Deux hommes trinquent, deux hommes pleurent, plutôt rare de voir deux hommes pleurer à la terrasse d'un café. Pourquoi pleurent-ils? Parce qu'aujourd'hui c'est dimanche, ils pleurent les heures perdues, les minutes dégoulinantes des montres Dalisques(je dis Dalisque parce que ça me plait, si ça ne lui plait pas il peut venir me chatouiller les doigts de pieds, ça ne me dérangera pas). A-t-il peint ses montres molles le dimanche? Le gustaban a ti los domingos? (j'ai pas de correcteur espagnol sur ce traitement de texte donc pas d'accent ni de point d'interrogation à l'envers).
Pas moyen de me défaire de cette lourdeur particulière de ce jour. Je suis pourtant plongée dans un bouquin passionnant, je viens juste de le poser pour jeter ces quelques lignes et je n'attends que de le reprendre, mais c'est quand même dimanche. Il en sera de même dans une semaine.
Train-train
Aujourd'hui , c'était le jour de Chloé, mais elle n'est pas venue. Chloé est éprise de liberté, un seul jour ne saurait l'emprisonner. Je la laisse gambader. Elle reviendra quand elle voudra, ou elle ne reviendra pas.
Le quotidien. Son pain. Son train-train, contraire du TGV. Prendre le TGV tous les jours doit lasser.
Le quotidien a un côté douillet, mais aussi un côté oxygène saturé. Renouveler l'air du quotidien en prenant le TGV pour aller plus vite que son train-train, se griser de vitesse, découvrir de nouveaux chemins, rencontrer. Rencontrer l'autre, l'inconnu, s'exposer, recevoir, échanger. Les idées circulent, les fils se tissent, tissu social, patchwork, passionnant, les histoires s'entremêlent, le temps d'une poignée de main, d'un repas, d'un regard, d'une discussion, un partage.
A partir de ce moment là, l'autre ne sera plus inconnu. Il tiendra entre ses doigts un bout du tissu. On le reconnaîtra, on se sentira partie prenante de ce monde, un fil aussi nécessaire qu'un autre dans la trame du tissu.
Tissu est un mot qui laisse libre court à mes pensées décousues. Je pense aussitôt à tiramisu et j'imagine une étoffe couleur café crème. Une étoffe sucrée saupoudrée de cacao. Un bout de tissu à déguster. Oui je sais ma gourmandise me perdra, et les mots se révolteront. Un jour ils en auront assez d'être détournés, ils me tourneront le dos, alors j'irai manger un tournedos, ils disserteront dans mon dos pendant que je desserterai une tarte aux fruits de saison. Bien sûr je n'y irai avec le dos de la cuillère mais je nierai toutes responsabilités dans la signification de ce billet.
J'ai faim ! Et après dodo.
Bug.
Mon ordi bugue, il m'annonce une attaque virale imminente, peut-être va-t-il anéantir mon blog, il n'en restera plus rien, plus un mot, plus une virgule, juste un point, final. Parfois je soupçonne mon propre disque dur personnel de disjoncter aussi, on pourrait le mettre sur le compte d'un virus hivernal, mais nous voilà maintenant au printemps. Je m'aperçois que ma logique n'est pas à l'endroit.
Et oui je veux continuer même si cette page contient des risques pour ma sécurité! Il m'énerve à la fin de me poser la question toutes les 30 secondes. Ecrire comporte des risques, taper sur un clavier comporte des risques, comme marcher dans la rue, respirer, chanter, aimer, manger, fumer, boire, désirer, espérer, vouloir, avoir, être, enfin tous les verbes de tous les groupes comportent des risques, plus des noms propres ou communs, poison, venin, vipère, sucre, cigarette, un Robert tout entier de risques potentiels. J'ai encore une fois perdu le fil de mes pensées, je suis fillogique, je ne suis que le fil de mes idées (du verbe suivre), me perds en chemin mais trouve d'autres issues, sentiers obliques, détours ironiques, pentes douces ou abruptes. J'arrive toujours à destination, en déroulant le fil , on ne se perd point.
Adam et Eve
Un dimanche après un samedi d'absence, les billets perdus, comme le temps, pourront-ils être rattrapés? Ou sont-ils perdus à jamais, envolés, feuilles d'éphémérides arrachées, le temps éparpillé. Le temps et sa relativité.Les minutes savoureuses, celles lourdes comme du plomb, celles légères comme de la plume, chaud duvet dans un grand lit en bois. Odeur du parquet ciré, de la buée sur les vitres, dehors il fait si froid. En bas, dans une casserole en cuivre, une grand-mère aux joues roses fait chauffer un chocolat au lait pur cacao, pas de l'instantané au micro-onde, un vrai chocolat qui épaissit dans la casserole. Des tartines d'un grand pain beurré et de la confiture maison, cuite au chaudron. Une grande pendule dans le salon, et l'heure sonne, retour des minutes de plomb. Ce n'était qu'une hypothèse, un souvenir inventé à l'évocation du mot duvet, plus léger que le mot plomb, qui lui ne m'inspire qu'une pâte grise au goût électrique à la surface d'une dent cariée, rien de très poétique.
Alors s'envoler sur une plume de duvet ou s'y lover...rêver... Eve rêve for ever, Eve erre aux pays des rêveurs, for rêver faut partir ailleurs, errer dans des paradis égarés, regarder les minutes s'égréner et revenir chargées de plomb, truc infame sur la dent. Quel rêve pour l'Adam, si Eve erre for ever aux pays des rêveurs ? Dans son verre à dent, Eve a déposé son dentier, elle ne pourra jamais croquer dans la pomme, dans son verre Adam boit du petit lait, une recette pur cacao, et s'en va ailleurs parce qu'une Eve édentée ne le fait pas rêver.
Et maintenant comment il fait le Bon Dieu pour peupler la terre ?
Fêlure
- Je suis un génie!
- Au moins vous ne souffrez pas de modestie.
- Non, de ce côté là ça va, la modestie ne m'étouffe pas.
- Et les chevilles, pas trop gonflées ?
- Pas du tout, je suis aussi légère qu'une libellule.
- Les libellules n'ont pas de pieds.
- Pourtant elles peuvent quand même aller danser.
- Nous nous éloignons du propos initial.
- Qui était ?
- Votre géniale particularité. Et sur quels critères votre jugement est-il basé ?
- Sur le simple fait que je suis une fée.
- De mieux en mieux, vous une fée ? Alors moi je suis Harry Potter.
- Non, pas possible !
- Bien sûr que non pas possible, en plus il n'a jamais existé.
- Harry Potter ? Mais si il existe, je l'ai rencontré ! Il attendait le bus à Picadilly Circus.
- Puis il vous a invité à boire une potion magique à Soho.
- Non pas si haut et c'était une menthe à l'eau.
- Vous allez me dire qu'il est ensuite reparti à Poudlard, parce qu'il en avait marre des moldus.
- Non, non, il aime bien les gens de la rue, il défile dans les Carnaval en distribuant sa potion magique dans des timbales.
- Je crois que vous êtes complètement fée, mais vraiment fêlée.
- Vous croyez !
C'est fort !
Quand les métaphores sonnent trop fort, les lourds nuages gris s'en vont fondre vers des pays de glace, terres gelées inhabitées, blanc paradis ?
Les images affluent dans tous les sens, à tous les coins de rues, les métaphores suspendues à des photophores révèlent des nuances plus ténues.
Les métaphores ne veulent rien dire, au mieux des sémaphores dans la baie du Bosphore, au pire des mots à enfouir dans les derniers vestiges d'un empire en déclin, d'antiques amphores.
J'aurais pu continuer, encore, mais je ne trouve plus de rimes en -phore, mon cerveau est en train d'être grignoté par un doryphore, plus moyen de cogiter, il a cramé tout mon phospore !
Solitude
Un jour. Trop tard. Un numéro aux abonnés absents. Désuet. Messagerie vocale. Voix standardisée. S.O.S amitiés en danger.
Un jour. Trop tard. Le silence. L'indifférence. Les gens déambulent dans leur bulle. Les autres. Une notion passagère.
Un jour. Trop tard. La résonnance. Le vide. Les mains se desserrent. En guise de dessert. Une amande amère. Des sourires déguisés.
Un jour. Trop tôt. Un signe de croix. Signe de dévotion. Ou d'abandon. Barrée. Ou supplément d'âmes. La croix de l'addition. Ou une croix partagée, alors égale à une soustraction. 1/2 +=-
Solitude des nombres premiers. Rien à ajouter.
Heure d'été
Aujourd'hui un pull noir. Le dimanche n'est pas un jour d'espoir. Toujours l'écharpe rose pour assortir au liseré des baskets. Kitsch à souhait. Il faudrait que je songe à maquiller mes joues et mes paupières de la même couleur.
Mais il me vient une autre idée, qu'a dit le curé ce matin à la messe de onze heure ? Aimez-vous les uns les autres, serrez-vous la main, soyez tous frères? Et attendez le ite de la fin pour aller cracher votre venin loin des bénitiers et des grenouilles coassantes.
Aider son prochain. Son prochain quoi ? Son prochain ami, son prochain voisin, son prochain concubin, non ça c'est pas permis, son prochain mari, le prochain train c'est à quelle heure ? Pour aller où, vers qui? Vers des pays en pleurs d'où les prochains sont partis, vers des pays lointains sans prochaine accalmie, vers des pays en guerre où les prochains frères iront se sacrifier ? Vers des pays en paix d'où le mot prochain s'est échappé ?
Faut-il aimer le dimanche pour être curé ? Pour raconter à ses agneaux , ses brebis égarées que ça vaut le coup de se lever tôt.
Un dimanche avec une heure en moins c'est plutôt bien.
Qui ?
Qui se soucie des corps malades, des âmes blessées ? Qui se soucie des failles, des fissures presques invisibles qui craquèlent les murs ? Qui les voit, qui les entend? Qui se préoccupe des fêlures, des os cassés, des élans brisés ?
Qui recueille dans sa main les larmes lourdes du chagrin ? Qui répare, qui console ? Qui voit l'humanité dans sa plus grande nudité ? Qui accompagne la vie jusque dans son dernier souffle ? Qui apaise la folie du jour, les angoisses de la nuit ? Qui répondra dans l'urgence ou fera preuve de patience ?
Qui refroidira les brûlures, attiédira les soirées de glace ? Qui posera sur la plaie qui suppure un regard cicatrisant ? Qui fluidifiera le sang qui stagne dans les veines, paralysé par trop de peine ? Qui tracera la carte électrique du coeur ? Qui soulagera les douleurs ?
Du premier cri à l'agonie, vous n'aurez qu'une seule amie. Qui ?