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Janvier 2021

Des chiffres et des lettres

Par Le 31/01/2021

31 janvier, 31 billets, le compte est bon. Les résolutions de la nouvelle année ne se sont pas encore envolées. Elles résistent au vide, au covid (le féminin pour ce mot là ne me plaît pas), aux mauvaises nouvelles des étoiles, aux soirs où le ciel se voile.
Elles s'amusent avec les mots les jours plus beaux, en font des salades russes, gravissent des montagnes à sensation quand l'écriture automatique prend le relais.
En parlant de ciel, il est en train de nous dégringoler sur la tête rappelant des souvenirs qu'on aurait voulu oublier. Pourquoi l'eau ne reste-t-elle pas dans son lit ? Souffre-telle d'insomnie, elle aussi ? N'est-il pas assez confortable ce lit là pour que tu veuilles t'en échapper ? Moi j'aimerais bien rester dans le mien cette nuit, il est chaud et douillet, aucune envie de m'en extirper pour aller écoper tes débordements. Je voudrais bien dormir sur mes deux oreilles, lovée dans le creux de mes oreillers moelleux.
Pas d'eau s'il te plaît mon Dieu (promis je croirai en toit), juste dodo. Le T est un lapsus, une manifestation de mon inconscient, je crois en toi mon toit, (et j'ai croisé les doigts quand je lui ai promis de croire en lui). C'est pas aujourd'hui que je vais commencer à croire en quelqu'un, surtout quand ce quelqu'un n'existe pas, j'ai déjà mis presque 50 ans à croire en moi.
Ceci dit ce soir Il n'est vraiment pas content, j'ai l'impression qu'il fait gronder le firmament. A demain s'Il ne me foudroie pas.

 

Le jour d'après

Par Le 30/01/2021

Parce qu'aujourd'hui est la veille de demain et le lendemain d'hier. Quand l'absurdité vous saute en pleine figure un soir de lune du loup, que déjà qu'on ne croyait pas beaucoup, on ne croit plus du tout.
Et Charlotte Delbo à la rescousse, pour redonner un peu de sens à l'existence

Prière aux vivants pour leur pardonner d’être vivants

...Vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d’argent
comment comment
vous pardonner d’être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie
faites quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d’être habillés de votre peau de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.

 

Il y a toujours pire que le pire et boire en terrasse un lointain souvenir.
Sisyphe roule son rocher, à 18h va-t-il se coucher ?

https://www.franceculture.fr/emissions/poeme-du-jour-avec-la-comedie-francaise/priere-aux-vivants-pour-leur-pardonner-d-etre

 

 

 

 

 

Aujourd'hui

Par Le 29/01/2021

Parfois la vie s'arrête en plein vol, au milieu des projets et des rêves d'une deuxième jeunesse.
Pas le temps de dire au-revoir. Hier, il se promenait serein dans les rues de son village, aujourd'hui on parle de lui au passé.
Et tout d'un coup la conscience de la fragilité de l'existence.
On le sait mais on ne vit jamais comme si chaque jour était le dernier.
On remet sans cesse au lendemain ce qui pourrait être fait le jour même. On laisse partir les gens qu'on aime ou on ne le leur dit pas assez. On se laisse envahir par les détails du quotidien, endormir par le train-train.
Pourtant une fois le choc digéré, le temps reprend sa course et on oublie que d'un moment à l'autre peut s'afficher le générique de fin, un "The End" des vieux films hollywoodiens. Et pas de saison 2 en tournage, pas de page à tourner quand survient le terme du voyage. Clap de fin et regrets pour les vivants.
Alors il faut vivre et aimer tant qu'il est temps, c'est une banalité mais on l'oublie trop souvent.
Profiter des levers du soleil et des nuits de pleines lunes, d'un vol de libellule, d'un battement d'ailes de coccinelle, de la clarté des soirs d'été sous la tonnelle.
Profiter de la vague, des embruns, du goût du sel sur les mains. S'aimer nu, peau à peau , se caresser, s'embrasser.
Se sentir vivre, exister et vibrer. Aujourd'hui.

 

Gloubi-boulga

Par Le 28/01/2021

Une multitude de sujets s'offraient à moi aujourd'hui. Des policiers dansant la macarena dans un commissariat, aux mirlitons de Roland Barthes en passant par la lune du loup ce soir, jusqu'aux explications de Yann Arthus-Bertrand quant à l'origine du monde, je ne savais plus où donner de la tête.
Pour la création de l'humanité, j'ai maintenant la preuve qu'Il n'y est pour rien. Il nous a fait croire qu'il avait bosser six jours et s'était reposé le dernier. Que nenni, il avait posé une semaine de RTT, laissant le soin aux roches volcaniques de faire le job (le pauvre Job s'est bien fait avoir). Voilà donc plus de 2000 ans que notre civilisation se fourvoie et s'est laissée berner par des croyances oiseuses. Et Il ne nous a même pas envoyé le moindre petit SMS d'excuse. Je sais pas vous mais moi je ne l'ai pas reçu, pourtant ceux du gouvernement me parviennent alors qu'Il ne prétexte pas d'avoir égaré mon numéro.
En tout cas, maintenant que je sais d'où je viens, je peux enfin savoir où je vais. Mais le temps passant à toute allure, et avant de savoir où je vais, voilà qu'il faut que je publie mon billet si je veux dans les clous rester (sans mauvais jeu de mots (pas du tout le style de la maison) )

Si six scies scient six...

Par Le 27/01/2021

Sidonie se donnait la peine de rêver davantage, elle aurait l'avantage de s'évader plus facilement
Silex ne l'était plus, de l'étincelle jaillirait l'éblouissement
Ciboulette dans l'omelette, sensations évaporées
Silhouette plus fine, si Louis aminci
Citronelle dans les plats, plus de goût au repas
Citrouille, être rassuré
Cicéron, c'est pas carré
Sidéré, c'est dire hé
Cigare, grève des trains
Simagrée, du canard
Cithare, ce billet
Silence !
Siphonée!

Idée à liste

Par Le 26/01/2021

Trouver l'idée, aller la dénicher chaque jour, dans la lumière du levant, vision panoramique des sommets, danse des flammes dans la cheminée, langueur d'une soirée. Parfois elle jaillit telles les langues de feu du crépuscule, parfois elle reste tapie entre une parenthèse et une virgule. Pas toujours évident de la cueillir, l'accueillir, la faire passer par toutes les circonvolutions du cerveau, la convertir en mots, les assembler en phrases, les faire rimer pour plus de légèreté, y mettre du sens ou du non-sens. Laisser ses doigts courir sur le clavier, pianoter, une musique intérieure, et là, elle rappliquent par milliers (sans exagérer).
Et le mot "idéalise" s'autodétruit par une faute de frappe, "idéalyse" (lyse, du grec ancien lysis: dissolution), dissolution de l'idéal et apparition du banal dans le ciel de janvier.
Idéaux à la baisse à la station Abbesses (cf métro parisien), au pied de la butte Montmartre à l'heure où ferment les théâtres, où les muses s'ennuient dans les musées, où personne plus ne s'amuse dans les caves de Saint-germain-des-Prés puisqu'il y a eu un avant mais plus d'après. Ce n'est pas comme la pluie et le beau temps.
Et après tout ça, faudra encore appeler Lacan (voir billets précédents les précédents) pour analyser mon inconscient.
Je suis pas sortie de l'auberge bien que même pas entrée, elle sont toutes fermées.

 

 

 

Quartier libre

Par Le 25/01/2021

Aller faire un tour dans le coin pour ne pas tourner en rond. Il est cependant possible de tourner en rond dans un coin alors qu'on ne peut trouver aucun coin dans un rond. Ainsi les poissons rouges ne se cognent jamais le petit orteil à l'angle des pieds de la table du salon. C'est aussi parce qu'ils écoutent bien leur maman poisson (qui est bien gentille) et mettent toujours leurs chaussons.
Je tourne en rond dans les coins hypothétiques de mon aquarium
Des réminiscences du carré de l'hypoténuse m'amusent
Mon hypothalamus m'envoient des signaux de détresse
Et j'acquiesce
On ne peut pas sans cesse détourner les mots, qui par ailleurs ne sont pas le pluriel de mal, et les faire tourner en rond dans un bocal
"Ah bon excusez-moi je croyais qu'on pouvait
 a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
 a dit l'oiseau"
Pardon à Prévert pour cet emprunt inopportun, c'est mon hypophyse qui fait des bêtises

Le Quartier libre original c'est celui-là

J'ai mis mon képi dans la cage
et je suis sorti avec l'oiseau sur la tête
Alors
on ne salue plus
a demandé le commandant
Non
on ne salue plus
a répondu l'oiseau
Ah bon
excusez moi je croyais qu'on saluait
a dit le commandant
Vous êtes tout excusé tout le monde peut se tromper
a dit l'oiseau.

La nostalgie camarade !

Par Le 24/01/2021

Il est des musiques "madeleine" qui font ressurgir les souvenirs de moments précis. Tel accord, voilà que se plante un décor oublié, telle mélodie et apparaissent des visages amis,
Mais à quoi sert la nostalgie ? Ce qui a été vécu ne le sera plus.
Et que deviennent les souvenirs dans la mémoire de ceux qui les ont partagés avec nous ? Toutes ces personnes croisées, avec qui on a fait un bout de chemin, puis perdues de vue à un carrefour. Ces noms rayés dans les répertoires, envolés pour Tahiti ou vivant tout près d'ici. Des amis le temps d'une chanson, puis le disque continue sa gravitation.
Une tendre pensée pour tous ces bons moments passés, fous rires mémorables qui résonnent toujours plus de vingt ans après.
"Que sont mes amis devenus ?"
Je les évoque souvent, pensent-ils à moi de temps en temps ?

Cardiopathie

Par Le 23/01/2021

Entendu  ce matin au marché; "il est mort jeune, il avait des problèmes de coeur".
Pauvre homme! Pas de nom, pas d'âge, seulement cette information, "des problèmes de coeur".
Est-il mort d'un amour déçu, d'une peine dont il n'aurait pas eu le dessus ?
Une thrombose des sentiments, mort de trop d'indifférence, une vie en déshérence? 
Un accident vasculaire, nécrose coronarienne, un manque cruel d'oxygène.
Un trouble du rythme quand les coeurs ne battent plus à l'unisson, hypertension.
Angine de poitrine quand le coeur se serre d'avoir trop souffert.
Si au moins il s'était épris d'une infirmière peut-être aurait-elle pu le sauver.
Mieux vaut s'assurer que l'autre ait son brevet de premiers secours avant de succomber à l'amour !

Un point c'est tout !

Par Le 22/01/2021

Ponctualité et ponctuation trouvent leurs racines dans le latin "punctuare": marquer avec des points. Information essentielle pour un jour de janvier.
Le Petit Poucet ponctue son chemin de cailloux blancs, l'amoureux ponctue le temps pour être à l'heure au rendez-vous. Entre les deux propositions, une virgule. Cela aurait pu être un point, même si les phrases n'en ont pas de commun (de point).
Pour aller d'un point à un autre, deux pieds ou un engin motorisé suffisent.
Les points de suspension invitent au voyage, laisse libre cours à l'imagination...
(Et toujours les parenthèses pour dire que j'aurais pu en faire une thèse mais certains points étant plus éloignés que d'autres, il faut savoir poser ses valises avant que l'heure au clocher ne devienne imprécise et ponctuer son récit par un point sur le i)
A demain si ça te dit...

Telle est la question

Par Le 21/01/2021

Plus essentielle que la question de l'être et du néant, celle de « combien de pain pour le fromage et combien de fromage pour le pain? »
Quand arrêter cet engrenage qui pousse le gourmand (ou la gourmande) à reprendre un morceau de pain pour finir son fromage et un morceau de fromage pour finir son pain ? Si on rajoute l'inconnue du verre de vin, l'équation devient insoluble, une quadrature du cercle...vicieux.
Finir son morceau de fromage sans pain ou son pain sans fromage ? Quel dommage ! A quel moment renoncer à cet exquis mariage ?
La fin de la bouteille pourrait être un indice, mais pourquoi ne pas savourer les dernières gouttes du breuvage avec un carré de chocolat à 90%, un délice !
Je me pose vraiment des questions existentielles. Et comme l'existence précède l'essence, demain j'irai faire le plein et repartirai sur les chemins...

Parenthèse enchantée

Par Le 20/01/2021

Ces mots mis entre crochets, comme un hiatus, une digression non essentielle (les mots aussi ont des modes et défilent sur les podiums de la collection automne- hiver 2021) . Et pourtant, que de parenthèses enchantées, que de moments qualififiés de "sans importance" s'incrivent en majuscules, sans point ni virgule. Une respiration dans la phrase, un soupir sur la partition, un souffle d'air frais dans la monotonie des jours.
Un carré de chocolat noir, un morceau de gingembre confit et déjà presque minuit. Plus que quelques minutes pour son billet quotidien quand dans cet instant suspendu j'aurais pu croire au divin. Alors la suite demain...

Impressionnisme

Par Le 19/01/2021

Une casserole qui mijote
Un feu crépitant
Un peu souffle de l'océan
Pourtant malgré l'inspiration de cet air nouveau dans mes poumons, pas d'inspiration dans mes doigts ce soir pour retranscrire ces impressions. 
Ou trop enivrée d'atmosphère iodée, de liquide bordelais dans des verres à pied.
C'est une idée de vouloir écrire un billet quotidien, si c'est pour parler de rien, ce n'est pas bien malin.
Parler de rien c'est déjà parler de quelque chose, mais là je sens que l'autre va se remettre à dialoguer et je n'ai pas du tout envie de l'entendre. Je vais tendrement me laisser glisser dans les bras de Morphée, grisée par la brise marine et la bouteille divine !


 

Land(es)' Art

Par Le 18/01/2021

Aller d'un point à un autre. Rouler vers la lumière. Un ciel clair et dégagé. Une sensation de liberté.
Changement de décor, de lit, pas de corps, la métempsychose attendra.
Un coucher de soleil en filigrane dans les pins. Sérénité.
Avenue du Petit Parc ou Jardin des Tuileries, la même impression de fugacité éternelle ou d'éternité fugace.

-Là tu as conscience que personne ne comprend rien à ce que tu écris
-a-t-on besoin de tout comprendre ?

-un minimum quand même
-moi je me comprends en tout cas
-et moi, qui ne suis qu'une autre partie de toi, je ne saisis pas forcément les nuances
-ah, c'est pas simple la vie à deux ! Tu te rappelles tous ces instants ? La couleur du thé au gingembre, la caresse du soleil, les airs d'accordéon. Ces petites choses anodines et la plénitude de l'instant. L'ici et maintenant même si c'est demain et ailleurs.

-oui, oui, je vois vaguement
-tiens en parlant de vague, marchons vers l'océan !


 

A la source

Par Le 17/01/2021

J'écris souvent à partir d'un mot, d'une phrase lus ou entendus au détour d'une conversation, d'une émission radio, ou à partir d'une émotion, d'une sensation, d'une impression. (la différence entre ces termes pourra faire l'objet d'un autre billet)
Le mot Cythère m'évoque une cithare et c'est parti pour un voyage sur la mer (cf billets précédents).
Aller prendre l'air, forcément Baudelaire.
C'est parfois fatigant mais c'est souvent troublant de relier les mots avec son inconscient.
Et les rêves dérivent, les actes manqués s'esquivent, une erreur de clavier, un message effacé, jamais envoyé ou pas au bon destinataire, la communication et ses mystères.
"Mets à chauffer, j'arrive" peut prêter à confusion selon à qui c'est adressé, à l'employé des pompes funèbres ou à la maîtresse de maison. Tous les deux allumeront la flamme, la finalité sera en revanche très différente. Quoique. Tout ça peut finir en pot au feu, avec ou sans tiret, mais là il faut avoir l'humour noir et l'esprit mal tourné.
-Et tout ça pourquoi ?
-pour expliquer d'où viennent les idées...
-quelqu'un te l'a demandé ?
-non, j'ai juste parfois besoin de m'expliquer les choses à moi-même
-si tu t'expliques c'est forcément à toi-même
-oui je sais, j'ai fait exprès pour te faire parler
- tu sais que tu te parles à toi-même ?
- je sais
- et tout va bien ?
- ça va merci, ça pourrait aller mieux si un virus à picots ne nous obligeait pas à rentrer si tôt
- ça pourrait aller pire
- oui mais mon grand optimisme et ma foi en l'humanité me poussent à envisager le mieux
- là je ne te reconnais plus
-moi non plus !

J'ai fini par me faire taire moi-même parce que je ne m'entendais plus.

 

Chut

Par Le 16/01/2021

Le bruit du silence
Assourdissant
Lourdes heures immobiles
Les absents

L'écho du silence
Effrayant
Longues aiguilles d'éternité
Le passé

Le murmure du silence
Apaisant
Le temps s'étire
L'avenir

Le silence du silence
Enivrant
Les minutes savourées
Le présent



 

Pourquoi pas

Par Le 15/01/2021

Partir pour Cythère
Au son des cithares
Avec l'être cher
S'il n'est pas trop tard

Dès potron-minet
Prendre le bateau
Se laisser bercer
Par le bruit de l'eau

S'accouder au bastingage
Regards vers plus loin
Poser ses bagages
En rêvant demain

Pincement de cordes
Un vieux troubadour
D'un ton monocorde
Glorifie l'amour

Partir pour Cythère
Une fois réveillée
Curieuse chimère
D'où venait l'idée ?

J'avais oublié
Le nom de ce rivage
Puis je me suis rappelé
Baudelaire et son fameux voyage







 

Lucie fait rien

Par Le 14/01/2021

Le mot préféré d'Alain Rey est "luciférien" (Alain Rey, 1928-2020, mon pote radiophonique et celui à* Robert puisqu'il en était le rédacteur en chef).( *je sais qu'on dit "le pote de" mais là j'avais envie de dire "à").
Il en aime la sonorité, l'harmonie syllabique et l'idée de lumière introduite au plus profond des ténèbres.
J'ai souvent parlé à Dieu, jamais à Lucifer. Pourtant je sais que je finirai en enfer pour outrages à la pensée chrétienne.
Lucifer ne me dit rien, pas le moindre mot à mon oreille. Je succombe parfois à la tentation d'une tablette de chocolat, de pluies de nus sur moi, de soirées alanguies dans des sofas, mais il sait que je fais fi de la perfidie, que je donnerais mon foie pour les chers de ma chair, que le sort de mon voisin je n'envie pas et qu'il n'y a pas plus conciliant que moi !
De toute façon, je ne crois pas plus en lui qu'en l'autre, c'est normal me direz-vous, l'un ne va pas sans l'autre.
Je laisse donc Dieu dans son paradis avec Laura Ingalls et Lucifer dans son enfer avec Nelly Oleson, pendant ce temps j'irai voir les nuages spectaculaires dans la campagne alanguie et je dégusterai un chocolat étendue sur mon sofa.
Quant à mon ami Alain Rey, j'espère qu'un luciférien ne lui chatouille pas les pieds dans sa nouvelle demeure d'éternité. R.I.P

 

Atmosphère

Par Le 12/01/2021

La couleur du temps qui s'enfuit
Visages croisés
Morceaux de vie
Crépuscules lenticulaires
Quand le ciel aquarelle bleuit
Un changement d'atmosphère
S'ensuit

La saveur du temps qui s'étiole
Visages vaporeux
Souvenirs au vitriol
Front nuageux
Quand le ciel pastel devient bleu
Une perturbation atmosphérique
Se peut


La senteur du temps qui s'oublie
Visages troublés
Ambiance extatique
Totale nébulosité
Quand le ciel orageux blanchit
La pression atmosphérique
Se densifie

La couleur du temps qui s'enfuit
Crépuscule lenticulaire
Un changement d'atmosphère
Espère






 

L'aile ou la cuisse ?

Par Le 12/01/2021

Balade pour se promener ne prend qu'un L. Pas besoin de deux L pour marcher, deux pieds touchant le sol suffisent.
En revanche, deux L pour la ballade poétique et sa musique. Il faut bien deux L pour s'élever dans les airs. Pourtant la ballade répond à des règles de versification très strictes, pourquoi donc ? Là pour que ça marche, il faut plus de deux pieds. Huit ou dix par vers en trois strophes, huit ou dix vers par strophes, plus un envoi à la fin qui en contient la moitié.
Je résume:
- 3 strophes
- 8 vers de 8 syllabes
-1 envoi de 4 vers de 8 syllabes

C'est clair ?
Mais qui en a quelque chose à faire ?
On passe tellement de temps à faire des choses qui ne servent à rien, alors un peu plus, un peu moins, quelle importance !
Ce blog en est un exemple.
Et moi, je préfère les vers libres et les pieds pour aller marcher dans la campagne givrée.
Et avec un ou deux L, je parviens à m'élever au-dessus du sol... la si do. Là avec des si, je pourrais mettre Paris en bouteille, mais peut-être serait-il plus sage d'aller faire do do

 

A l'aise

Par Le 11/01/2021

J'ai mis le mot alèse sur un matelas, ce n'est pas un mot très joli pour de la poésie
Il faut bien changer ses draps mais ce n'est pas un très beau thème pour un poème
J'ai ouvert la fenêtre pour renouveler l'air
Ce n'est pas Baudelaire qui aurait écrit ces vers
Ni Aragon qui aurait parlé chiffons
Pourquoi toujours chercher des rimes ?
Vouloir toujours voler plus haut ?
Serait-ce un paradigme
Un idéal pour approcher Victor Hugo ?
Pourtant Prévert me demande si je me rappelle que les feuilles mortes se ramassent à la pelle
Bien sûr que je me rappelle puisque j'ai passé le balai
Pardonnez-moi poètes
Maintenant j'enfile une nuisette, je me glisse sous la couette
Je ne suis pas farouche
Comme on fait son lit on se couche !


 

Tôt ou tard

Par Le 10/01/2021

Il est trop tard pour se lever tôt, me disait un ami tantôt. Il n'en fallait pas plus à mon cerveau pour partir à vau-l'eau, sortir du lit du ruisseau et divaguer dans la campagne givrée.
Trop tôt pour être en retard sur le temps imparti. Pas trop tard pour se délecter de la tonalité de chaque jour. Douce mélodie, musique de chambre, symphonie, opéra, blues parfois, requiem quoi qu'il en soit.
Laisser s'envoler les canards, les fausses notes, les faux-bourdons (à ne pas confondre avec le mari de l'abeille) ( quand l'abeille se marie, part-elle en lune de miel?).
Faire fi des faux espoirs, des faux-semblants, des faux-amis, des faux-fuyants, des faux monnayeurs de billets doux. Pardonner les faux pas, puisqu'un jour ou l'autre sonnera le glas.
En attendant, tant que le vin se laisse boire, tant que la musique se laisse écouter, il ne sera jamais trop tôt pour batifoler au fil de l'eau, danser sur les toits, avec toi.

Météo

Par Le 09/01/2021

Du blanc du gris
En mode dégradé
Le ciel s'ennuie

Les longs silences
Lancinants
Le temps en suspens

Du gris du bleu
En pire en mieux
Le ciel pleut

Les longues absences
Esseulement
Le temps s'étend

Du bleu du gris
En harmonie
Le ciel s'éclaircit

Les longs soupirs
Reminiscences
Le temps s'étire

Du gris du blanc
En mouvement
Le ciel s'éprend

Les longues attentes
Essentielles
Le temps s'arc-en-cielle

Du blanc du bleu
En mode avion
Le ciel s'émeut








 

L'allumeur de réverbère

Par Le 08/01/2021

L allumeur de reverbereL'allumeur de réverbère
Sur un fil de lumière
Embrase les zones d'ombre
Quand s'installe la pénombre

En équilibre au-dessus du crépuscule
Magicien noctambule
Le petit homme illumine le décor
Explosion multicolore


D'une étincelle jaillissent
Mille petits feux d'artifice
Sur une toile de Marie
Le spectacle revient à la vie

Les artistes sont en berne
Le silence envahit les scènes
Et du fond de la nuit, un cri
De grâce, rallumez les lanternes!





 

Allitérations

Par Le 07/01/2021

Attendre
Espérer
Attendre
La dernière minute
Attendre
D'atteindre son but
Tendre vers l'absolue clarté
S'étendre dans sa nudité
Étreindre de grands projets
Éteindre ses regrets
S'astreindre à la lumière
Attendre
Le cœur serré
Cerner les zones d'ombre
S'extirper des décombres
Exhiber ses espoirs
Escompter un regard
Garder la flamme intacte
Farder ses yeux de noir
Attendre le deuxième acte
Applaudir le spectacle

Attendre
Espérer
Atteindre le miracle
S'étendre dévasté
Dans de vastes champs de blé
Étreindre dans l'herbe tendre
Ses plus beaux souvenirs
Restreindre ses regrets
Soupirer et sourire
Saupoudrer de givre

Les stigmates du passé

Et attendre
Et vivre
Et espérer
Jusqu'à la dernière minute
Et atteindre son but





 

Procrastination

Par Le 06/01/2021

Les lendemains chanteront-ils et seront-ils préférables aux jours longs et lourds des misères humaines ?
Tant d'horreurs quotidiennes indicibles, des vies détruites à peine commencées, des pansements sur des âmes sanguinolentes, des larmes recueillies, des fractures ouvertes.
Comment réparer l'enfance assassinée ? Du plomb dans l'aile, comment prendre son envol ?
Questionnement que je serais tentée de remettre à demain, par ricochet, le plomb m'empêche parfois de décoller.
Heureusement la poésie, pour croire encore un peu en l'humanité.

 

Quatre ou cinq verres de Prévert pour sentir l'ivresse des rimes
Deux yeux d'Elsa une rose un réséda trois strophes d'Aragon
Un comte de Lautréamont
Un trompettiste à Saint-Germain un Jean Richepin
Dix-huit fourmis de Desnos
Un hareng-saur de Charles Cros
Et douze pieds de Totor parce que Booz s'endort

 

Inventaire à la Prévert (commencement)

Par Le 05/01/2021

Un feu de cheminée
deux fugues de Bach
trois touches d'ivoire
quatre poires
une porte d'entrée
une fenêtre de sortie

une chauve-souris

une douzaine d'hommes en colère de la fumée des drames
un sourire de femme
une forêt en automne
six biches aux aguets
une cloche monotone
douze coups de midi

une autre chauve-souris

un départ pour Cythère
un navire de guerre
cinq canots de sauvetage
deux bouées
un bateau qui fait naufrage
une mer Méditerranée
trois pères Noël
trois mères Noëlle
une dizaine de cafards
un premier jour de janvier
trois tiroirs

quatre secrets
un cocher qui se mouche du coude
une interprétation de Glenn Gould
quatorze feux d'artifice
une reine d'Angleterre
un angle mort
six mots du dictionnaire
deux pinsons
un péché par omission
deux pétales fanés un épi de blé
un pain d'épeautre
une flamme de bougie
et...

cinq ou six chauves-souris

un victoire à la Pyrrhus
une famille de poupées russes
un hiatus
cinq doigts de la main
un pape Pie une litanie
quatre éléments un vent du nord
deux boussoles un virage à bâbord
un colvert trois cols blancs
un grand bol d'air un soulèvement
une clairière
trois soleils
un pays des merveilles
une horde de sangliers
un grain de poussière dans le sablier
un Gengis Khan dans les steppes de Mongolie
et...

plusieurs chauves-souris



Pour l'Inventaire original, c'est par là

http://francais.agonia.net/index.php/poetry/13984336/Inventaire

Janus

Par Le 04/01/2021

"Janus est le dieu romain des commencements et des fins, des choix, du passage et des portes. Il est bifrons (« à deux visages ») et représenté avec une face tournée vers le passé, l'autre sur l'avenir. Il est fêté le 1er janvier. Son mois, Januarius (« janvier »), marque le commencement de la fin de l'année dans le calendrier romain."
Source Wikipédia

Comme je me renseignais sur l'origine de la célébration du premier jour de l'année je tomba sur ça. Intéressant le gars, une face tournée vers le passé, l'autre vers l'avenir, le pauvre, il doit souffrir! Il n'avait pas lu Horace et son Carpe Diem, peut-être qu'en ce temps là, les bibliothèques et les librairies étaient ferméées pour cause d'épidémie, peut-être que les dieux ne savent pas lire ou peut-être préférait-il regarder des séries de combats dans les arènes romaines. Peut-être n'existait-il pas lui non plus.
Quant au mois de janvier qui marque le commencement de la fin de l'année, alors là je plonge dans des abîmes de perplexité. Nous sommes donc aujourd'hui le 4ème jour du commencement de la fin, ça vous en bouche un coin, à moi aussi, mais pas suffisant pour calmer ma faim. A demain pour finir ce que j'ai commencé !

 

Dimanche

Par Le 03/01/2021

Les repas du dimanche
Morceaux de vie
Autour d'une nappe blanche
Quatre générations réunies
Pour savourer des mets exquis!

Pourtant je déteste les dimanches, j'ai essayé mais je ne peux pas en faire une poésie. Cette aversion me vient de l'enfance (même Lacan n'a pas compris), sans que je trouve une réponse à la question. Chaque jour a une teinte, une saveur différentes. Le lundi est assez fade, un bleu pâle lui suffirait, le mardi est plus corsé, les choses ont déjà bien commencé, il serait dans les tons d'orangé, le mercredi est gris et doucereux, le jeudi c'est mieux, légèrement épicé et lumineux, le vendredi et le samedi sont délicieux, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel et les saveurs essentielles.
Puis le dimanche, blanc, bedonnant avec son D devant. Il va encore falloir que je m'allonge sur le divan, le dimanche c'est le jour du repos divin. Pour moi c'est le jour où je bois du vin (enfin pas aujourd'hui parce que je trouvais qu'il y avait eu beaucoup trop de dimanches ces temps-ci!).
Heureusement demain c'est lundi, premier jour de la première semaine de cette année nouvelle, en avant pour en découvrir tout son potentiel!

Rien que des mots

Par Le 02/01/2021

Des mots ancrés dans des rames de papier, des mots bateaux ?
Des mots encrés à la plume, des mots oiseaux ?
Des mots à tire-d'aile, des mots d'elle ?
Des mots chuchotés en secret, des mots clés ?
Des mots lancés au hasard, des mots dés ?

Des mots en bandoulière, des mots guitare ?
Des mots aux abonnés absents, des mots ment ?
Des mots jetés aux orties, des mots dits ?

Des mots couchés dans la nuit, des mots lits ?
Des mots entre parenthèses, des mots d'aise ?
Des mots aux îles Marquises, des mots valises...


 

Premier billet

Par Le 01/01/2021

Mise à nu, impudeur des âmes et des corps. Pourquoi ne pas se dire, pourquoi ne pas rire de tout, de ses jolis dessous.
Pourtant facebook vient de censurer mon collage "tomber des nues", il y pleut des femmes dévêtues, quelques images d’œuvres d'art célèbres.
"Cachez donc ce sein que je ne saurais voir"  explique la notification. Mais en quelle année sommes-nous donc? Avons-nous voyagé dans le temps cette nuit? La pleine lune a-t-elle laissé place à l'ère du roi soleil, la peste bubonique a-t-elle remplacé le covid? (oui je dis le pas la, ça me plait pas). La pointe d'un sein fait offense aux bonnes mœurs, si je faisais une pointe d'ironie, j'en parlerai au bon dieu et à ses saints, mais je ne le ferai pas. Jésus a-t-il tété le sein de Marie? (oh my god, je vais trop loin, je reviens!).
 Je ne risque cependant pas l'excommunication, n'ayant jamais officiellement communié. J'ai juste bouffé l'hostie une fois en clandé lors d'un séjour linguistique dans une famille irlandaise. Tous les dimanches matin c'était messe obligatoire, je me suis juste intégrée aux coutumes locales et je suis allée goûter le corpus christi en anglais. Je sais que j'irai cramer dans les flammes de l'enfer, en même temps passer l'éternité avec Caroline Ingalls à chanter "Jésus reviens parmi les tiens" ne me tente pas trop.
Bref, il semblerait qu'après ce voyage dans le temps, Marty McFly ait réussi à poser sa DeLorean en 2021, pour échapper à l'anéantissement de la population par un virus chinois. Je ne sais pas s'il a fait le bon choix. Nous aurons 365 jours pour y réfléchir. En attendant, je fais une croix sur ce premier jour de cette nouvelle année (hé non je n'ai pas fait de parenthèse après croix!). Un billet de plus, un de moins à écrire, si je résolus mes résolutions (et toujours les mêmes libertés avec Robert et M. Bled).
Portez-vous bien, portez aux nues qui vous voudrez, nu ou habillé, ne vous censurez pas et pardonnez mes offenses comme je pardonne à ceux qui m'ont offensée!
A demain ( et n'hésitez pas à me laisser vos commentaires, il n'est plus l'heure de se taire!)