Juin 2021

Dans Juin 2021

Paroles paroles

Par Le 30/06/2021

Des millions de mots en vie
Mais très peu sont usités
Qu'ils soient dits ou bien écrits
Ils ne suffisent pas toujours
Pour exprimer au grand jour
La profondeur des pensées
Ils restent parfois cachés
Tapis dans des zones d'ombre
Tas de mots sous les décombres
Des maux dits dans la pénombre
A force de les faire rimer
Ils se mettent à dériver
Finissent par être vidés
De leur substance initiale
Se retrouvent dépossédés
De leurs lettres capitales
Ils deviennent minuscules
Privés de leurs majuscules
Des gribouillis ridicules
Insignifiantes particules
Dénuées du moindre scrupule
A parler ou à se taire
Face aux immenses mystères
D'une vie d'humain sur Terre
Je rêverais d'une galaxie
Où tous les mots seraient dits
Du plus gros au plus petit
Prononcés avec magie
Murmurés sur l'oreiller
Mais à force de rouiller
Dans des salons trop feutrés
Coincés dans les dictionnaires
Ils perdent de leur caractère
Est-ce la faute à Voltaire
Si une fois tombés dans l'eau
Ils ne remontent plus le ruisseau
S'ils ne coulent plus de source
Qui viendra à leur rescousse ?









 

Dans Juin 2021

Fun funérailles

Par Le 29/06/2021

Un enterrement de vieux garçons
Suivi de près
Par un cortège de vieilles filles

Portant mantille
Une procession insolite
Anachronique

D'anachorètes ou cénobites
Achromatiques
Dans leur posture statique
Les costumes empesés
Des souliers vernis aux pieds
Les vieilles filles empourprées
Déboutonnent les gilets
Les faux-cols amidonnés
Virevoltent dans l'air guindé
Les mantilles sur les têtes
Esquissent une pirouette
Les chaussures s'aventurent
Sur une plage de grains purs
Tous les corps sont libérés
De ces carcans surannés
Et les vieux garçons s'enterrent
Dans les dunes de sable clair
Avec les vieilles filles résolues
A ne pas rester cucul
De ces funérailles postiches
Il est resté sur la grève
Les habits de moines pastiches
Et les filigranes d'un rêve






 

 

Dans Juin 2021

Dorothée

Par Le 28/06/2021

Une Lune de profil
Suspendue à un fil
Une Lune qui pivote
Dans le ciel de mon séjour
Tandis que l'aiguille trotte
A la grande horloge des jours
Une Lune avec des yeux
Une bouche et un nez
Une Lune façonnée
Par les mains de Dorothée
Une Lune papier mâché
Aujourd'hui le regard triste
J'ai vu la Lune verser
Une larme pour l'artiste
Ceux qui osent sur les sentiers
Détourner le quotidien
En nous montrant d'un clin d’œil
La beauté sur le chemin
Une lune ou un soleil
Un souvenir dans nos mains
Rayonnent avec discrétion
Dans la chaleur des maisons
Ton sourire s'est éteint
Mais survivent tes créations
Cette Lune qui pivote
Petite lumière qui clignote
Dans le ciel de tous les jours
Et de ses lèvres pulpeuses
Elle susurre à nos oreilles
Que la vie est hasardeuse
Que ne durent pas toujours
Le beau temps ou le soleil
Mais dans nos mémoires persistent
Les empreintes de tes mains d'artiste


 

Dans Juin 2021

Etendue

Par Le 27/06/2021

La mer se lève à l'est
Et s'étang s'étang
En flânant sur pilotis
Roses flamants
Alanguis

Le vent d'est se lève aussi
Et sur l'étang étend
Son souffle sur pilotis
Un air salé
Attendri

Le soleil vers l'ouest
S'enfuit
Et dessine sur pilotis
L'empreinte de nos pas

Amis

La Lune par l'ouest
Sourit
Et diffuse sur pilotis
L'ombre humide de la nuit
Affranchie

Le petit matin bleuit
Flâner autour de l'étang
S'arrêter sur pilotis
A la faveur d'un instant
Accompli



 

Dans Juin 2021

L'un lune

Par Le 26/06/2021

Une voile
Descend

Un voile
Décent
Des mille
Et des cents
D'Emile
Indécent
Dans un ruisseau
La faute à Rousseau
Une part du gâteau
Un reste
L'autre part bientôt
Le mât du bateau
L'amas des trop
Des trop peu
Un piquet
Un pieu
Le lit
La lie
Au fond du verre
La mer
S'étend
La Lune hier
Disque géant
Un livre ouvert
Une pinte de bière
Un pub irlandais
Irish café
Un jeu de fléchettes
Une cible
Target
Un tout
Intangible
Un tatou
Tatoué
Jusqu'au cou
Un tabou
Au bar
Une victoire
Un presque rien
Une presqu'île
Il est urgent
De rester fébrile
Le rideau tombe
Sur la pénombre
Un nombre impair
Une ombre claire
Un voile décent
Une voile descend
Des mille et des cents

Un rendez-vous
Des riens du tout


 

Dans Juin 2021

Madame Jourdain

Par Le 25/06/2021

En faisant des recherches plus approfondies sur l'Oulipo, je me suis rendue compte que telle Monsieur Jourdain, j'auto appliquais des contraintes oulipiennes sans le savoir.
En faisan cela, j'ai vu une perdrix apparaître dans l’œil de bœuf d'une fable vauclusienne ou d'un conte de Monte Cristo. A Cuba, Roméo et Juliette au balcon, quand Paco tisonne son trombone pasque Tonton a faim de haricots. Lardé de l'art scénique au cynisme acéré, chaque spire de l'avis général, donne un lavis délavé, au pied d'un volcan en éruption cutanée. Des furoncles ou des tantes mécontentes qui vont camper sur des fumerolles mazoutées.
Mais t'étais, je t'ai cherché, partout, n'importe où, dans les choux, les cailloux, à genoux, toi, jaloux comme un pou, des époux bafoués, bien trempés dans la boue. Moi debout, sans bijou, toute la nuit à faire le hibou, l’œil collé dans ce trou au plafond. Un faisan malotru, une perdrix incongrue, un guêpier bleu azur, un rapace dans l'espace. Le temps passe, outrecuidant, micro-ondes des instants. Polaroid en cellulose, poupée de chiffon recyclé, du papier dans un moulin noir de montagne, des éléphants en brousse, du fromage caillé, de la soupe de tortue au festin de Babette. La torture ne dure que si le tort dû dure alors que le tort tue à gages à n'importe quel âge. Cloche-pied à la nage d'écrevisse, que j'écrivisse dans les crevasses d'une brèche au niveau du lobe temporo-spécial, dont personne c'est certain ne comprendra rien. Pourtant en reliant chaque mot avec son précédent, on peut suivre le fil décousu, l'accroc dans le pardessus, barbelé, fer tendu, repasser, creuser les sous-entendus pour s'évader par dessous. Pour deux sous je ne veux pas me retrouver nue, mise en vers, étendue sur une plage et perdue. L'air de rien l'air marin fait bouger le tissu, une issue pour sortir de ce guêpier, s'envoler sur les ailes d'un oiseau coloré, en espérant revenir demain dans les embruns fluctuants du matin

Dans Juin 2021

Régime sans E (lipogramme)

Par Le 24/06/2021

Il plô
Sur Oulipo
Millions d'oulipions
Couriront dans un bond
A l'abri sous un pont
Ils boiront du bon rhum
Tout au fond vagabonds
Ils sauront
Sans maison
Amoindrir l'inconfort
Gars trop forts
Pour noircir
Tout un art
D'un crayon
Mais sans fard
Maints frissons
Par la main
Inscriront
Un futur
Aux frontons
Pour toujours
Si un jour
Il plô plus
Oulipions convaincus
Moult rayons
Palpitant
Pulsations
Par la main
S'uniront
Un grand rond
Par monts
Par vallons
Inondations
Mots d'amour
Papillons
Si un jour
Oulipo
Apparition
Un tout p'tit pô
Confusion
Au grand air
Un frisson
Sur ta chair


 

Dans Juin 2021

Etat critique

Par Le 23/06/2021

J'aurais voulu écrire un billet intelligent sur "L'anomalie" d'Hervé Le Tellier mais l'heure tourne et je me sens plutôt comme un âne au Mali à essayer de donner mon avis sur cette œuvre littéraire magistrale. Sachant qu'il est 23h44 en ce 23 juin 2021, que nous sommes situés sur le 43ème parallèle nord, que la température extérieure affiche 15°Celsius, quel sera l'âge du capitaine à la fin du billet ?
Suis-je un être de chair et de sang libre de mes décisions et de mes mouvements, ou suis-je une représentation virtuelle, une ombre qui se reflète sur les parois de la caverne ?
Le temps est-il linéaire ou cyclique ?
La procrastination en réponse à trop de questions en supposant que je suis encore moi et que j'avance inexorablement d'un point A à un point B, et la trotteuse trotte trotte trotte

 

Dans Juin 2021

Sur le fil

Par Le 22/06/2021

B: Je suis allée à un atelier d'écriture
C: Quoi ? Un atelier de couture ?
B: Non ! D'écriture !
C: Ah parce que je ne t'imaginais pas faire du point de croix !
B: Ça tu as bien raison, je ne point crois en rien. Pourtant tous les jours je me faufile entre les lignes pour écrire mon billet quotidien. Ce n'est pas pour gagner mon bifteck ni mon faux-filet, seulement pour le plaisir des mots, pour tenter de faire passer par le chas d'une aiguille, un chameau
C: Tu es toujours aussi zozo mais tu restes complètement tunique, pour rester dans le champ du lexique. Je sais que tu as dû en découdre, tu n'as pas gardé le petit doigt sur la couture du pantalon mais de fil en aiguille tu as pu dessiner ton propre patron
B: J'ai juste tirer quelques ficelles pour savoir si la vérité est tailleur ou ici, une chose est sûre, je coudrai maintenant des boutons à la place des pressions
C: Et le point de surjet, tu maîtrises ?
B: Oui mon surmoi maîtrise le sujet ! Je ne fais pas toujours dans la dentelle, mais avec mes dix doigts je me prends parfois pour une fée!!
C: Félicitations donc ! Continue à tricoter avec tes dix doigts des idées, c'est toujours un plaisir de te lire

B: Mercerie mon amie !

Dans Juin 2021

Nuisance !

Par Le 21/06/2021

La nuit parfois j'ai des insomnies
Au petit matin elles s'enfuient
Elles vont récupérer
Leur manque de sommeil
Sous un arbre accueillant
A l'ombre du soleil
Tandis que s'envolent les corneilles
Moi je baille je baille
Je ressemble à un épouvantail
Parée de cernes bleus
Les cheveux en bataille
Des valises sous les yeux
Je rêve d'un long voyage
Jusqu'au bout de la nuit
Je rêve que le marchand de sable
Me conduise à Paris
Un train train confortable
A bord d'un wagon lit
Bercée par le bruit des rails
Je baille je baille
Je pourrais bien sombrer
Dans une nuit sans faille
Mais une fois bien reposées
Mes insomnies sont prêtes à grignoter
Mon sommeil à la petite cuiller
Et je vois défiler
Le nom de toutes les gares
Les corneilles se marrent
Tandis que je baille baille
Et que le train corail
Fonce à vive allure
Vers un lointain futur
Où sous un clair de lune
Mes insomnies cruelles
Finiront sans rancune
Par une nuit éternelle !








 

Dans Juin 2021

Orage

Par Le 20/06/2021

Eau
D'en haut
Rage
Eclair
Nuage
Noir
Lumière
Ouvroir
De littérature
Potentielle
Hachures
Dans le ciel
Obscur
Les doutes
S'égouttent
Soleil
Le vent déroute
Au loin
Rayons
Diffus
Dans l'air
Perdus
Lumière
De l'eau
En bas
Des flaques
De-ci de-là
Opaque
Vision
Lumière
Couleurs
Fragments
Moiteur
Tourments
Visions
De l'eau
En bas
En haut
Soleil
Au loin
Arc-en-ciel
Dans un coin





 

Dans Juin 2021

Birth day

Par Le 19/06/2021

19/06/1999

Charlotte rigolote
Espiègle et légère
Un sourire aux anges
S’évade dans les airs

Des rêves parfumés
Charlotte découvre
Les premières senteurs
Des matins d’été

Caresses du soleil
Charlotte s’émerveille
Une tendre chaleur
Sur sa peau rosée

Puis comme par magie
Une douce mélodie
Réveil des oiseaux
Charlotte réfléchit

Ouvre ses petits yeux
Rayons de ciel bleu
Un nounours câlin
Tout est si serein

Charlotte goûterait bien
Aux saveurs sucrées
De ce doux matin
D’un coup de baguette
La fée du berceau
Exauce ses vœux aussitôt

Charlotte ravie
Puis sourit aux anges
Espiègle et légère
S’évade dans les airs
Mais sait bien
Que le paradis c’est sur terre

19/06/2021

Charlotte sa marotte
C'est le projet Voltaire
Elle avale les mots
Leurs nombreux mystères

En tournant les pages
De tous les dictionnaires
Elle a pris de l'âge
Mais toujours espère

Atteindre des sommets
Les plus hautes sphères
Des aréopages
Piste d'atterrissage

Poser ses bagages
En prenant un thé
Délicieux breuvage
Aux notes raffinées

Une assiette anglaise
A la petite cuiller
Un cheesecake acidulé
Décoré de fraises

Elle peut s'étourdir
D'une coupe de champagne
D'un verre de houblon
D'un crû de la région
Pourvu que l'ivresse
Sorte du bon flacon

Pas de part pour les anges
Ignorants des louanges
De la nouvelle marotte
De Lady Charlotte
Qui sait mieux que Voltaire
Que le paradis c'est sur terre





 

 

Dans Juin 2021

Journée d'appel

Par Le 18/06/2021

En mode call
Je décolle
Hold on hold on
Je m’affole
Dans ce nouveau rôle
Call me come on

En mode call
Je m'alanguis
Un cas d'école
J'oublie
Tous les symboles
Yes call me call

En mode call
Je m'envole
Sans boussole
Je me perds
Dans les airs
Rainbow dreamer


En mode call
Je me saoule
De tes paroles
Un peu maboule
Sous alcool
When you call

En mode call
Je raccroche
Si loin si proche
Coupure de ligne
See what I mean
So far so close

Dans Juin 2021

Ambroisie

Par Le 17/06/2021

Amélioration substantielle du quotidien
Quand pour se sustenter
On se laisse tenter
Par des mets délicats
Les papilles frétillent
A la vue de chaque plat
Des saveurs inédites
Chatouillent le palais
Et le vin gouleyant
Du domaine des Schistes
S'accorde en dansant
Dans des verres élancés
Un repas finement orchestré
Des mise en bouche aux mignardises
Un voyage gustatif
Sans aller aux Marquises
Gourmand dérivatif
Dans la tiédeur des jours
Quand une tomate cerise
Devient une pomme d'amour
Sans prétendre à l'ivresse baudelairienne
Il est bon d'extraire de sa vie quotidienne
Une peu de fantaisie
Contre la monotonie
Pour ne pas périr d'ennui
Bien sûr de la poésie
Deux ou trois embellies
Et un peu d'ambroisie

 

http://www.ambrosia-pezens.com/

 

Dans Juin 2021

A mi-mot

Par Le 16/06/2021

Certains soirs, mes amis mots ne viennent pas me voir
Ils désertent les chemins de mes pensées
Et c'est le désert sur le clavier
Aujourd'hui une singulière visite
Un petit animo
Accro comme du velcro
Un gecko insolite
Il se colle de bas en haut
Et gobe les moustiques
Il me paraît sympathique
Ce curieux lézard statique
Avec ses pattes ventouses
Je serais presque jalouse
De sa capacité à s'ancrer au plafond
Quand j'écoute du blues
Couchée dans les bas-fonds
Il me tire la langue
Une bestiole exsangue
Animal à sang froid
Drôle de margouillat ?
Je l'ai baptisé Gino
Il rejoint mon zoo
Toute ma cour de crapauds
Autour de Jean-Raymond

Majestueux héron
De Solange la mésange
Mais peut-être qu'il s'appelle Michel-Ange
Et qu'avec ses petits petons
Il va repeindre mon plafond




 

Dans Juin 2021

L'île aux oiseaux

Par Le 15/06/2021

Avant
A L'île aux oiseaux
On pouvait manger
Des assiettes
De couteaux
Sans fourchette
C'était chouette
Sans débourser
Beaucoup de billets
Maintenant
A L'île aux oiseaux
On peut manger
Dans des assiettes
Avec couteaux
Et fourchettes
Et débourser
Plus de billets
C'est moins chouette

Alors
Je n'y suis pas allée
J'ai préféré me poêler
Coquillages et crustacés
Et au couteau en me poilant
Peindre une page
Pour mon billet

Après avoir étudié des prix la fourchette
C'est aussi chouette


 

Dans Juin 2021

35 degrés

Par Le 14/06/2021

Chaleur
Des ondes translucides
Remontent à la surface
Et troublent la vision
Odeur
Dans l'air des terres arides
La sécheresse menace
Et coupe l'inspiration
Saveur
Dans les jardins torrides
Les fruits se gorgent d'audace
Et se croquent avec passion
Ferveur
Des musiques intrépides
Dans les verres de la glace
Et les corps en fusion
Fraîcheur
Des torrents d'eau limpide
S'agitent avec grâce
Et procurent des frissons







 

Dans Juin 2021

Bout à bout

Par Le 13/06/2021

Mis bout à bout, les mots forment un tout ou parfois rien du tout. Ils disent tout et son contraire quand par moment, ils feraient mieux de se taire, de s'effacer discrètement ou de rentrer bien sagement à la maison, dans un dictionnaire grande édition.
Comment voulez-vous que je ne déraille pas, quand dans mon train-train quotidien pléonasmique, je caresse des yeux mon Robert et trouve pour un seul nom, pléthore de définitions ?
Mises bout à bout, les significations de marabout forment dans un chant polysémique, une ribambelle éclectique, une farandole un peu mystique
:
un musulman, un pieux ermite, grand échassier au bec épais, tombeau islamique ou sorcier et pour finir un jeu d'esprit genre cadavre exquis.
Et le bout de marabout devient ficelle, d'une ficelle, céleri, mais ça c'est pas bon, la preuve on n'en trouve pas en bonbon puis c'est pas la chanson.
On peut tout dire avec les mots, on peut ne rien dire et c'est encore un mot.
Silence, un joli mot, une absence ou du repos. Espace immense ou enfermement, un silence troublant quand les mots deviennent futiles, qu'il faut un autre langage plus tactile.
Les mots, petits bouts de vie, mis bout à bout, un grand récit, ou vains écrits. Quand le vin est tiré, il faut le boire. Et qu'importe les déboires, les adieux, les au revoir.
Qu'importe les errances, au bout de la route, le silence

Dans Juin 2021

Un tien vaut mieux...

Par Le 12/06/2021

Dora n'avait pas d'aura
Rêvait pourtant d'en avoir une
Avec tout son argent
Elle va chez le marchand
Il est en rupture
Laura l'a quitté
Elle n'était plus sûre
De vouloir rester
Plus d'aura ad hoc
Ni de Laura en stock
Pour se consoler
Il plante des boutures
De son bonheur passé
Dora s'aventure
Dans ce champ miné
Sur la devanture
Panneau à louer
Elle fait bonne figure
Pour ne pas pleurer
Le marchand d'aura
A plié boutique
Dora n'aura pas
L'attrait magnétique
Qu'elle espérait tant
La force de l'aimant
Ne se s'achète pas
Même le marchand 
A compris très vite
Qu'il ferait faillite
Si le destin
Se vendait en magasin
Il aurait aimé Dora
Pourtant il ne l'aima pas
Il préféra Nora
Qui n'avait pas d'aura
Elle tissait juste des fils de soie
En imprimant des vers de soi
Sur le parchemin des jours
Un parcours long ou court
Que nul amour déçoit
Quant à la pauvre Dora
Elle se jetta
A corps perdu
Mais l'histoire ne dit pas d'où
Ni dans quoi
Et le marchand
A fini par vendre du vent
A des gens
Qui n'en avaient pas

Indispensable élément
Pour faire voler
Les cerfs-volants
Pour les plus rapides
Un écrit lucide
Sur le comportement !






 

Dans Juin 2021

Wonderland

Par Le 11/06/2021

Vite vite, plus que quelques minutes avant les douze coups de minuit. Après viennent les ennuis, la métamorphose en citrouille et tout le tralala. Il faudrait ensuite que tous les crapauds du canton se pressent devant ma porte pour me faire essayer le soulier, et des crapauds j'en vois déjà assez, j'en ai une réserve personnelle au fond du jardin. Ils n'ont même pas à se bousculer au portillon. Si d'ailleurs d'autres avaient envie de s'y presser, il ne ferme plus depuis les inondations. Je n'exigerais cependant que crapaud sur cheval blanc, un vrai de vrai, étant moi-même une authentique princesse. Tous les matins j'interroge mon miroir en croquant dans une pomme rouge, j'ai deux nains dans le lave-vaisselle qui s'occupent de récurer les assiettes sales, deux de plus dans la machine à laver, les trois autres entretiennent du jardin. Pendant ce temps, les crapauds filtrent l'eau de la piscine.
Les oiseaux viennent faire le ménage en chantant, et lorsque je fais un voeux, une horde de fées colorées l'exauce aussitôt.
Je vis vraiment dans ce monde merveilleux mais je ne vous en dis pas plus, je risquerais de faire des envieux

Dans Juin 2021

Rock, philo et coïncidence

Par Le 10/06/2021

En mars 2020, juste avant le 1er confinement, j'avais écrit un billet sur un concert (le 08/03/2020), des souvenirs adolescents et la coïncidence de croiser régulièrement depuis plus de 15 ans (2004 précisément) une maman et son fils dans des lieux culturels.
J'avais dit que je leur parlerais si je les revoyais. Chose faite ce soir. La maman a beaucoup apprécié le spectacle, son fils beaucoup moins. Le concept était un peu particulier, un guitariste prof de philo ou vice-versa, expliquait des concepts de sa spécialité à travers des reprises rock*.
Original et plaisant si on s'intéresse un peu à la philo (et au rock aussi). Cela ne semblait pas être le cas du jeune homme qui n'a pas eu la chance de suivre une scolarité ordinaire. Au fil des ans, j'ai recueilli, par hasard, des renseignements à son sujet.
Donc à la fin du spectacle, j'ai abordé la maman, lui rappelant les nombreuses fois où nous nous étions croisées. Elle m'a regardée d'un air dubitatif, a semblé me répondre "oui" pour me faire plaisir mais n'a pas poursuivi la conversation. Et ils sont repartis tous les deux sans me dire à la prochaine !
Soit j'ai trop de mémoire, soit je ne marque pas celle des autres !

*https://fr.wikipedia.org/wiki/Rock%27n_philo

Dans Juin 2021

Aseptisée

Par Le 09/06/2021

J'ai fait un choc sceptique
Je ne distingue plus le faux du vrai
Sans mesure prophylactique
Un crise de gouttes m'a alarmée
Les yeux plein de doute
J'ai claudiqué
Des tocs des tics
Comme diagnostic
Aporétique
Peau allergique
Une infection
Mots poétiques
En injection
J'ai fait un choc sceptique
Une rencontre avec Pyrrhon
Les doutes en perfusion
Et plus d'inspiration...

Dans Juin 2021

Polaroid

Par Le 08/06/2021

Photographie de l'instant
Impressions soleil couchant
Sur la table du salon
Une pile de livres
Un verre citron
Reflets de cuivre
Dans les glaçons
Un magazine
Hors série
De la nicotine
En flacon
Un recueil de poésie
Louis Aragon
D'une boite noire
Sortent des sons
Accords de guitare
En suspension
Regards au loin
Vue sur jardin
Vert enjoué
De l'olivier
Des fruits givrés
Dans un sorbet
Sur les canisses
Un air léger
Tendres prémices
Des soirs d'été
Cliché instantané
Impressions soleil couché




 

Dans Juin 2021

A tâtons

Par Le 07/06/2021

Quand les jours sont atones
Sans couleurs particulières
Je tatonne à trouver les mots
Rien de neuf  rien de beau
Dans ces heures ordinaires
D'un début de semaine printanière
Il faut regarder parfois un peu plus haut
Parfois plus bas parfois plus loin
Pour déceler la poésie du quotidien
Quelques pincées d'épices
Dans le plat du dîner
Une liste de rimes en -ice
Pour écrire son billet
Une confiture de fraise
Dans le chaudron cuivré
De petites parenthèses
Des apostrophes dorées
Nos vies sont ponctuées
De ces discrets clins d'oeil
Doux pétales que l'on cueille
A la fin de la journée
En regardant le ciel
Lentement s'embraser
Et distiller ses mots
Comme on offre un baiser

 

Dans Juin 2021

Ex à gérer ?

Par Le 06/06/2021

Tombée du toi
J'ai mis de longs mois
A me relever
Un peu sonnée
Visage défait
Paralysie
Au fond de mon lit

Tombée du toi
J'ai payé cash
Toutes les ardoises
Ces dettes sournoises
Que l'on se cache
Au quotidien
Apre assassin

Tombée du toi
Tessons de bouteille
A l'arrivée
Pas une échelle
Pour remonter
Peau lacérée
Suppurent les plaies

Tombée du toi
Changement de niveau
De haut en bas
Le caniveau
Me tend les bras
De mâle en pis
Pas de sursis

Tombée du toi
Convalescence
De tous les sens
Les chemins noirs
Signent l'espoir
D'un renouveau
De bas en haut

De tous les mots
Faire pitance
Des idéaux
A la contingence
D'une chute
Des pas de danse
Fin de la souffrance

Tombée du toi
Juste pour les rimes
Au matin s'illumine
Le reflet des toits
Dans la brise marine
Les voiles de soie
Bercent l'intime




 

Dans Juin 2021

NRV !

Par Le 05/06/2021

J'ai bien la preuve aujourd'hui que Dieu, pas plus qu'Allah ou Hare Krishna, ne reconnaîtra les siens.
Je suis allée me faire vampiriser ce matin pour la bonne cause et n'ai pas du tout été récompensée en retour, au contraire.
J'ai dû parler à une borne puis à un humain du même acabit pour qu'il daigne lever une barrière qui aurait permis à ma voiture de me conduire vers des humains plus amicaux, vers des espaces plus colorés que ce sol chèrement bitumé sur lequel elle m'avait attendue le temps de ma B.A. Je présente à la borne l'attestation dûment estampillée, attestant de mon dévouement. Rien, la borne ne veut rien entendre, la borne n'est pas au courant, pas programmée pour la bonne action, la borne me conseille de m'acquitter de la réglementaire cotisation, si je ne veux pas risquer plus forte sanction.
Mon sang n'a fait qu'un tour, essayez-donc de discuter avec une borne, si intelligence il y a, elle n'est qu'artificielle; je ne voudrais pas vexer certaines machines capables de bien plus d'humanité que cette borne-là, qui ne mérite même pas un billet, mais qui a réussi à m'énerver, moi qui habituellement sais garder mon sang froid. Si j'avais gardé mon sang tout court, je n'aurais jamais rencontré ce prototype de borne, ça ne m'aurait d'ailleurs pas manqué. Mon sang peut-être à un autre être. J'espère juste qu'il n'ira pas à cette borne-là, ma générosité a des limites. Et moi qui suis d'un pacifisme océanique, je m'imaginais ouvrir ma portière, me camper sur mes deux pieds et d'un coup de boule envoyer la borne dans ses retranchements. Un coup de sang en somme. Je ne lui ai pas dit A+ en partant.
Heureusement, plus loin m'attendaient d'autres humains plus souriants et comme il me fallait me réhydrater et ne pas faire d'efforts physiques de la journée, j'ai bu des bulles en bullant à l'ombre d'un platane bienveillant.
De tout ce sang d'encre, un billet, cent pour cent pacifié

Dans Juin 2021

Charabia

Par Le 04/06/2021

Un mistigri par un temps gris, un chat caché sur un arbre perché lorgnait sur une souris casher en se léchant les babines. Il s'imaginait déjà attablé dans sa cuisine Ikéa, découpant la malheureuse sur sa planche en épicéa. Il inventait des recettes, des mini mousses d'abats, des salades de museau, un gigot à la ficelle, garni de quelques nids d'hirondelles. Le festin défilait devant ses yeux, il ne se prénommait pourtant pas Babette, cela ne l'empêchait pas de se délecter d'une poignée d'escargots en cassolette.
La souris sous sa kippa ne l'entendait pas de cet œil là, en tournicotant ses rouflaquettes, elle réfléchissait à un plan pour se sortir de ce guêpier. Il en passa justement un, un européen pas trop ashkénaze. Elle le pria de l'envoler loin de ce jardin où elle avait trop pataugé.
Le chat pantois de voir ce casher-volant lui échapper, se vengea sur une biche aux aguets. Il ignorait qu'elle était armée d'une dague acérée, et d'un coup d'un seul le transperça de son regard d'ébène. Il reconnu sa veine de tomber sur une cervidée pacifique, qui ne fit même pas usage de son pied.
Le pauvre chat ne s'est pas marré, quand on s'appelle mistigri, difficile d'être coloré, il était plutôt chamboulé de tout ce chahut pour si peu de chose. Il avait eu sa dose de ce quartier mal famé où il restait si affamé.
Il acheta un chalutier et expia ses péchés en pêchant des poissons chats, forcément, dans des eaux chamarrées de l'autre côté de l'océan (lequel ? l'histoire ne le dit pas)
Mais un jour il chavira dans un terrible charivari. Une sirène qui avait pourtant donné sa langue au chat, rapporta son dernier cri: in'cha'là, mais on ne le revit pas

Dans Juin 2021

Déverbiage

Par Le 03/06/2021

Il pluie
Un ciel grisaille
Par le vent marin
Une pie
Sur les rocailles
Regard en coin
Au loin
Dans les embruns
Reflets lumière
De tes yeux mer

Il pluie
L'herbe verdure
Dans les jardins

Mots zèles
Des papillons
A tire-d'aile
Chanson
Lettres de ton nom
En suspension
Dans l'air

Il pluie
Et puis
Par petits bouts
Un soleil bleu
Dans la grisaille
Des petits trous

Plus clairs
En représaille
Le vent des fous
Colère

 

Dans Juin 2021

Pantagruella

Par Le 02/06/2021

J'ai mangé un loup
Une chèvre et deux choux
Quatre ronds de flan
Pour remplir ma dent
J'ai vidé un bar
Pas l'amer à boire
Plutôt du petit lait
Pour se rincer le gosier
J'ai ensuite graillé
Un silo de blé
Deux ou trois andouilles
Plus quelques citrouilles
J'aurais bien bouffé
Un boeuf et sa grenouille
Si je n'avais pas fait Carême*
Devenir tout blême
A lire mes poèmes
Pour rendre à Maurice
Ce qui lui revient
J'ai fini par une saucisse
Dans un bout de pain
Et pour avoir enfin
Le ventre bien plein
Je croque la vie
Avec mes deux mains


*http://lakanal.net/poesie/logre.htm

Dans Juin 2021

Table de multiplication

Par Le 01/06/2021

J'ai adopté une table, une table en bois d'arbre, un arbre d'une forêt, une forêt dans la montagne ?
Une table très ancienne qui vivait auparavant dans une maison à la campagne, un pays de Cocagne où les meubles étaient entiers, une table avec quatre pieds et des rallonges intégrées. Une maison de gens gentils où elle ne faisait pas tapisserie, une table pour partager des petits plats faits avec amour dans de la vaisselle de tous jours, une table pour apprendre ses leçons, pour recevoir les amis, pour écrire son courrier, pour repriser les chaussettes, une table pas obsolète
Une table du siècle dernier qui ne comptent plus les dîners, des festins, des tête-à-tête, témoin silencieux et honnête des fêtes et défaites
Pas un meuble prédécoupé avec une notice scandinave, un casse-tête suédois, un puzzle rempli d'entrave avant qu'il ne tienne droit
Je lui offre une deuxième vie, une maison à la campagne avec aussi des gens gentils, du courrier et des amis et des repas du dimanche, on lui mettra une nappe blanche car cette table là n'est pas une simple planche