Créer un site internet

Mai 2021

Dans Mai 2021

Crapotage

Par Le 31/05/2021

Aujourd'hui un Prince Charmant est venu squatter ma piscine. Je ne l'avais pas invité et impossible de le déloger. Je lui ai proposé une citronnade (le lundi je me mets au vert, elle n'était donc pas faite avec des citrons jaunes), ce malotru m'a fait faux bond, préférant explorer les recoins du bloc de filtration. Je lui ai tendu une perche, il ne s'en est pas saisi, je crois qu'il n'a pas compris l'intention. Voilà bien ma veine je suis tombée sur un P.C teubé. J'ai essayé d'engager la conversation, il m'a dit qu'il en avait mare (non y'a pas de faute) de toutes ses ex, des princesses un peu mièvres, il rêvait de faire une trêve. Je lui ai dit qu'il pouvait pas rester là, que je faisais pas airbnb, il en était tout contrit. Puis il s'est mis à baver sur Blanche-Neige et Cendrillon, que c'était pas ce qu'on croyait, que sous leurs airs de grenouilles de bénitier, c'était de vrais démons. Et qu'on ne l'y prendrait plus avec le coup de la pomme ou du soulier, le pauvre teubé s'est vraiment fait entuber. Blanche-Neige s'est fait la belle avec Simplet, Cendrillon a préféré le cocher, il n'a jamais compris quelle mouche les avaient piquées.
Attendrie par son récit, je lui ai autorisé un court séjour, en le mettant en garde contre les produits, qui à forte dose, pouvaient conduire à la métamorphose. Ça n'a pas loupé, vous vous en doutez et Jean-Raymond le héron n'en a fait qu'une becquée.

 

Dans Mai 2021

Billet d'avion

Par Le 30/05/2021

Le téléphone en mode avion
Je m'apprête à décoller
Pour de lointaines destinations
J'ai relevé le dossier
Serré d'un cran ma ceinture
Suivi toutes les instructions
Parée pour le décollage
Je voulais être bien sûre
De recevoir un message
Un code de confirmation
Mais l'écran était muet
Et mes pieds restaient cloués
Passeport à jour
Du monde je comptais faire le tour
Pourtant pas la moindre réaction
De mon téléphone en mode avion
Publicité mensongère
Je me demande à quoi sert
D'imprimer un billet quotidien
Pour circuler dans son train-train
J'espère m'élever plus haut
Flotter au-dessus du lot
(Ce n'est pas une antonomase, mais deux majuscules changent la phrase !)
Le téléphone en mode avion
Je pensais voir du pays
A bord d'une compagnie
En appuyant sur un bouton
Mais en manque de kérosène
J'écris toujours la même rengaine
En jouant avec les mots
Comme je dois me lever tôt
Je vais mettre en mode avion
Mon téléphone et mes questions
Puis en mode allongée
Je voyagerai





 

Dans Mai 2021

Point de vue

Par Le 29/05/2021

Des escargots dans l'herbe tendre
Un écureuil de branche en branche
Une grenouille dans l'oeil du héron
Ainsi va la vie quand ça tourne rond
Des escargots en cassolette
Un écureuil face à la pie
Une grenouille dans le bec de l'échassier
Ainsi va la vie quand on est affamé
Des escargots en crêpe noir
Un écureuil sur la bruyère
Une grenouille dans la fontaine
Ainsi va la vie quand on fait de la poésie

Ainsi va la vie
Grand animal ou petite bestiole
Avec le temps l'herbe s'étiole
Avec le temps le verbe pâlit
Ainsi va la vie
Quand certains soirs pour un billet
Il n'y a plus d'encre dans l'encrier
Qu'il faut rentrer comme Cendrillon
A l'heure dite à la maison
Et qu'à force de se creuser la citrouille
Les crapauds deviennent grenouilles
L'écureuil se fait picorer par un corvidé
Les escargots craquent sous le pied
Le héron repu rentre dans son nid
Ainsi va la vie ainsi va la vie



 

Dans Mai 2021

A la dérobée

Par Le 28/05/2021

Je m'enrobe d'une robe
Qui se dérobe
Sans opprobre
Sous tes doigts

Je me dévoile
Sous le voile
Langoureux
De ta voix

Je me défais
De mes effets
Effeuillage
Des secrets


Puis délassée
De mes lacets
Elan de grâce
Tu m'enlaces !



 

Dans Mai 2021

Transat

Par Le 27/05/2021

Sur un siège transatlantique
Une chaise dépliée
Je m'allonge sans délai

Dans un état extatique
Je traverse déboussolée
Une dépression atmosphérique
Deux cyclones d'affilé
J'imagine l'Amérique
A l'horizon se profiler
Si mes rêves sont exotiques
Le temps lui est menaçant
Il avance plus qu'il ne recule
Et déclenche des ouragans
En faisant bien le calcul
Il m'en reste moins que plus
C'est pourquoi dorénavant
Comblée en décubitus
Je profite de l'instant
Installée sur mon transat
Un verre de vin à la main
Je me délecte avec hâte
Sans penser aux lendemains
Car il advient que tout craque
Dans les salons de jardin
Le bois ou le muscle cardiaque
Périront un jour certain




 

Dans Mai 2021

Lapalissade

Par Le 26/05/2021

Je pâlis à chaque réveil
Tu pallies le peu de sommeil
De ma nuit sur le palier
Pas alliés dans l'escalier

Tu palliais mes idéaux
Je pâlis sur la photo
Sur le discret lit de paille
S'effacent les termes du bail


Tu pâlis sous le froid soleil
Je palliais monts et merveilles
Maintenant sur le paillasson
Nos pas liés font abstention

Je pallie cette chute de haut
Tu pâlis devant tous ces mots

Nous piaillons dans les aigus
Fous à lier on s'entretue !



 

Dans Mai 2021

Jardin'hier

Par Le 25/05/2021

Il me vint des questions existentielles en faisant du jardinage ou plutôt du nettoyage de jardin durant ce week-end pentecostal (je laisserai cette fois-ci Jésus et son esprit sain aller dans la paix du seigneur, je crois que je l'ai mis en colère récemment, pour se venger, il m'a envoyé un message via son agent fiscal, pas un rigolo le gars (impossible de négocier avec lui une petite prime pour ma garde robe d'été), depuis je fais mon mea culpa. Puis dans le doute je préfère lui faire croire que je crois en lui sur sa croix et je le prie de prier pour moi pauvre pêcheuse)
Donc mes points d'interrogation:
1 - est-ce que, si on ne la coupe pas, l'herbe peut monter jusqu'au ciel ?
2 - est-ce que l'escargot rebondit sur une surface molle ?
3 - faut-il s'appeler Sisyphe pour être heureux de recommencer une tâche aussitôt terminée ?

A la question 1, je réponds je ne sais pas mais je dirai que c'est bien parti
A la 2, je réponds non, au vu de toutes les coquilles gluantes qui jonchent les parterres fleuris
A la 3 je dis oui, j'ai donc changé de prénom pour trois jours et j'ai enfin compris le concept

Vivement le week-end prochain et promis j'irai à la messe dimanche matin

 

 

Dans Mai 2021

Héron héron petit patapon

Par Le 24/05/2021

Monsieur le Héron aux yeux ronds a pris un nid en banlieue, à vol d'oiseau c'est beaucoup plus rapide qu'en métro. Du haut de son grand peuplier il regarde la rivière asséchée. Un modeste trou d'eau lui offre un maigre petit-déjeuner. Crapauds et grenouilles ont dû migrer, un passeur malhonnête aura-t-il pu les conduire en un lieu sécurisé ?
Monsieur Héron est solitaire. Madame Héronne l'a quitté par un matin d'été, elle a suivi une grue cendrée sur un coup de tête.
Ils avaient un beau nid en bord de fleuve, de petits hérons charmants, du poisson à profusion, un ciel tranquille, des nuits étoilées et la perspective d'une nouvelle couvée. Puis ce matin d'été.
Monsieur Héron ne supportait plus de rentrer dans son foyer vide, le poisson le dégoutait, il errait sans fin dans les airs, se laissant porter par les vents.
Alors ce nid de banlieue, parce qu'il faut bien se poser quelque part quand les ailes deviennent lourdes.
Ce matin, il a faim, mais rien à becqueter dans le coin, sa piaule est remplie de coton de peuplier, il n'a pas envie de faire le ménage. Soudain, il rêve de grand large. Il profite d'un courant propice et se jette à ailes perdues dans le souffle du cers. Sans but précis, il se dit qu'il est temps pour lui de voir du pays.
Il fait le tour du monde d'ouest en est, du sud au nord. Ses yeux ronds de héron s'émerveillent de toutes les beautés de la terre. Mais un jour convoqué par son notaire, il est contraint de rentrer. Son peuplier est menacé d'élagage. Il ne se bat pas, il le regarde tomber, il n'a plus aucun regret.
Il revient à chaque printemps faire le tour du propriétaire pour se rappeler qu'au fond, qu'on soit homme, crapaud, héron, on ne sera que locataire d'un petit lopin de terre.
J'aime bien le retrouver tous les ans au mois de mai. Ensemble on philosophe, il me parle de ses voyages, je lui déclame quelques strophes. Tout ça finit en barbecue de grenouilles potelées, on rigole, on boit des coups, on regarde la Lune briller. Un soir avec trois verres de trop dans le bec, allongé sur le gazon,  il me raconte ce qu'il vit comme un échec depuis qu'il est oisillon,  il a honte de son prénom, il s'appelle Jean-Raymond

Dans Mai 2021

Terre à terre

Par Le 23/05/2021

Au ras des pâquerettes
Sur un lit de rosée
Je me suis allongée
A l'échelle de l'univers
Particule de poussière
Pour le peuple herbacé
Un importun Gulliver
Des rayons ultra-chics
Sur ma peau reflétaient
Les teintes prismatiques
D'un arc-en-ciel défait
Mes pensées en goguette
Sous ce ciel immature
Voulaient compter fleurettes
Du tapis de verdure
Une coccinelle tranquille
Sur mon bras se posa
Elle ignorait les fils
Qu'une araignée tissa
Avant de prendre racine
Au sommet de mon crâne
Imprudente arachnide
De mon plafond émane
Tellement de paradoxes
Impossible de s'implanter
Sans un câble en inox
Muni de dents d'acier
Au ras des pâquerettes
Je contemple les bébêtes
Du haut de la canopée divine
Sommes-nous donc ces fourmis
Ces corpuscules infimes
Agglutinées en colonie
Insignifiants sisyphes
Accrochés au rocher
Sans textes explicatifs
Pour apprendre à exister
Des pâquerettes aux pissenlits
Toujours très près du sol
Se déroulent nos vies
Faut-il pour qu'on s'envole
Un peu de poésie ?


 

Dans Mai 2021

Embruns

Par Le 22/05/2021

Le blues de l'océan
Une sorte de vague à l'âme
Ondulations des lames
Sous les rafales du vent
L'amer coule dans les larmes
Quand les flots bleus se brisent
Dans un triste vacarme
Que le soleil méprise

Le spleen océanique
Une sorte de cafard
Contraire de pacifique
A l'heure des marées noires
Profondeurs abyssales
Quand le ressac attise
Le superlatif du mal
Chaos sur la banquise

Dépression maritime
Une sorte de tempête
Dans les remous intimes
De la vie du poète
Regards vers le rivage
Quand le gouffre s'éternise
Les espoirs sur la plage
Sous le sable s'enlisent

 

Dans Mai 2021

Contre toute attente

Par Le 21/05/2021

Le verbe attendre
A une pièce pour lui tout seul
Une salle vide d'espoirs déçus
Un vestibule rempli de doutes ?
Une antichambre de la douleur ?
Les heures stagnent
Un oeil se coince
Dans la fissure
D'un plafond triste
Un autre regarde
Par la fenêtre
Va-t-il pleuvoir
Va-t-il faire beau
Il faut être patient
En salle d'attente
Rage de dents
Douleurs au ventre
Peine de coeur
Faire allégeance
A la trotteuse
Pour espérer
Attendre moins
Que son voisin
Celui qui a fumé
Trois barreaux de chaise
S'est arraché les cheveux
A démonté la pendule
Creusé une dizaine tranchées
A force de faire les cent pas
Il n'aura pas su dompter son temps
La mort lui a murmuré à l'oreille
Rendez-vous
Rendez-vous en salle d'attente
Il n'a pas entendu la suite
Trop impatient de nature
Elle voulait simplement l'avertir
Que la vie entière
Est cette pièce parfois pleine
Parfois vide
Dont il faut savoir apprivoiser
Les heures
En attendant que son tour arrive
Et contre toute attente
Le poème n'est pas en vers
C'est la fantaisie du jour
Ceux qu'on prend avec humour
Alors que les minutes s'égrènent
Avant d'attendre sur la piste
Avant d'écrire un billet doux
Il faut pour un rendez-vous

Prendre son mal en patience
Et planifier sa visite

Chez le médecin ou le dentiste
Sans être idéaliste
Profiter de ce temps assis
Pour lire de la poésie !


 

Dans Mai 2021

Rien à déclarer ?

Par Le 20/05/2021

Quelle ne fut pas ma surprise de recevoir par SMS un message de la Direction Générale des Finances Publiques qui gentiment me rappelle de faire ma déclaration. Ça m'évoque instantanément la lettre de Desproges au trésor public*, et j'ai eu envie de répondre:

DGFiP je t'aime ! Je te fais une déclaration, ma déclaration, en te dédicaçant une chanson sur FIP.
Je contribue déjà largement au bien être de l'humanité en insufflant un peu de poésie quotidienne dans la morosité ambiante, plus deux ou trois autres trucs pour la collectivité, alors, si malgré tout l'amour que je te porte tu pouvais m'oublier, crois-moi je n'en serais pas peinée. Je ne serais même pas chagrine si tu préférais ma voisine.
Je constate ta délicatesse en me souhaitant le bonjour et en me laissant ton 08 en cas de besoin. Je t'en sais gré, car en effet j'ai des besoins. Il me faut renouveler ma garde-robe de printemps et prévoir mes vacances d'été. Tu vois, rien de superflu, donc si tu pouvais m’exonérer de taxes aléatoires, je pourvoirais au mieux à ces biens de première nécessité.
Comme tu as déjà mon 06, je te laisse me contacter en cas de bonne nouvelle. Je saurais te remercier en t'invitant à boire un verre en terrasse, maintenant qu'elles sont ouvertes, on ne va pas s'en priver !

Je te laisse en te souhaitant une bonne journée en retour

Bisous !

BB

 

*TRESOR PUBLIC

Trésorerie Principale

Paris Cedex 09



Mon Trésor,

Merci de ta gentille lettre P14B 7624, elle m'a fait bien plaisir.

Pour les 1,30 francs que tu me dois, tu serais sympa de les virer à mon compte bancaire le plus vite possible.
Ce serait pour acheter une demi-baguette à 1,90 francs avant que ça augmente encore.
Avec les 35 centimes en trop, je pourrais avoir un roudoudou ou deux carambars, à moins que je décide d'aider la recherche contre le cancer.

Ici, il fait un temps dégueulasse. J'espère qu'à Cedex 09 vous avez beau temps.

Je te prie d'agréer, Mon Trésor, l'expression de mes sentiments distingués.

Pierre Desproges

Dans Mai 2021

Singuliers pluriels

Par Le 19/05/2021

Un astre au firmament
Désastre dans le temps
Une tresse coiffure d'enfant
Détresse d'adolescent

Un goût pour le futile
Dégoût des choses serviles

Un tour en centre ville
Détour en terre hostile
Un bât qui parfois blesse
Débat d'idées en baisse
Un corps sous les caresses
Décors qui apparaissent
Une tension illusoire
Détention provisoire

Un sens exacerbé
Décence sauvegardée
Un gars à la bonne adresse
Dégât des belles promesses
Une errance singulière
Déshérence ordinaire
Une fête symbolique
Défaite anachronique

Un lit sous les étoiles
Délit subliminal

Dans Mai 2021

Tomorrow is another day

Par Le 18/05/2021

Aujourd'hui est la veille du jour d'une liberté conditionnelle. En sortant du boulot on ne prendra plus son auto, son vélo, son pédalo ou son métro pour aller s'enfermer à double tour dans sa prison aussi dorée soit-elle. On pourra avoir le choix d'aller boire un verre en terrasse avec d'autres humains démasqués, parler de la pluie et du beau temps, enfin surtout de la pluie en évoquant un hypothétique soleil qui brillera à nouveau, parce que sincèrement de mémoire d'hominidé on n'a pas connu de mois de mai aussi pourri depuis 30000 décennies.
Puis demain sera le Jour J, le D Day sans délai, et jeudi ne sera finalement que le lendemain de la veille, et on risque d'avoir sommeil d'être rentré si tard, à cette heure où la clarté dérive vers le soir.
On se dira, on vit décidément une drôle d'époque, jamais on aurait cru voir ça, puis on lèvera nos verres à l'aube de cette nouvelle ère où les gens seront heureux en chantant une ballade en l'honneur de tous leurs dieux....je vous prie de bien vouloir m'excuser, je m'étais un peu assoupie, l'occasion de vous prouver que je ne suis pas complètement agnostique, même si là-haut souvent Il tique lorsque j'évoque Son Nom. Je re-prie donc pour demain le Saint Père de nous offrir un ciel clément, une météo de rêve pour que l'espace d'un instant on puisse croire que les miracles existent vraiment !

Dans Mai 2021

Aller simple

Par Le 17/05/2021

Les arbres se sont figés
Verts verts
Dans le gris du soir
Pour composter mon billet
Je vais prendre
Un grand bol d'air
Et me retrouve sur le quai
D'une gare désaffectée
Voyage en première classe
Tandis que s'opère la grâce
En nuances de tons bleutés
Et le jour s'efface sans bruit
A la faveur de la nuit
Limite de validité
Des heures de cette journée
Si le temps est linéaire
Le train ne peut pas reculer
Il doit bien contraint forcé
Suivre le chemin de fer
En évitant de dérailler
A l'inverse le temps cyclique
A l'abri des lois cosmiques
Confond les conjugaisons
Dans une incessante répétition
Toutes ces questions ridicules
M'ont donné des céphalées
J'aurais dû me contenter
Sans faire tous ces détours
Sur l'éternel mythe du retour

De la magie du crépuscule
Pour ne pas obliger mes lecteurs

Qui se lèvent de bonne heure
A devenir noctambule
s !



 

Dans Mai 2021

Flaubertinage

Par Le 17/05/2021

J'aimais Emma
Tu aimas Emma
Il aima Emma
Et jamais il n'aima plus que ça
Jamais tu ne m'aimas plus qu'elle
Malgré toutes les séquelles
Les hématomes

Dans un coeur d'homme
Hémorragie
Pour cause d'hémaphilie
Les matins
Quand la plaie saigne
Tu aimas à peine
Mais en vain
Peine capitale
Démagogique
Dose létale
De barbituriques
D'Emma émane
Des maléfices
Mouvements d'âme
Mille cicatrices
J'aimais Emma
Avant toi
Mais jamais
Je ne l'ai aimée
Autant que toi
Tu l'aimas
Maintenant que sonnent les matines
A l'aube d'une deuxième vie
Tu pries une bonté divine
De t'accorder l'oubli
Devenir cet homme qui chemine
Loin de cette Emma qui varie
Et si les cloches ressonnent
Il fera beau voir Simone

Dans Mai 2021

Mignardises

Par Le 16/05/2021

J'ai préparé une pavlova
Pour ma babouchka
Un nuage sucré
Sans être un succès
Il fut avalé en un éclair
En trois coups de cuillère
Elle en est restée baba
Ma babouchka
Si Pépé avait été là
Bien qu'il fut vénitien

J'aurais fait un napolitain
Pour ce très bel italien
Un gloubi-boulga
Cette famille là
La Pavlova était russe
Le gâteau ne l'est pourtant pas
Et Mémé ne l'est pas plus
Mais j'aime dire babouchka
Polonaise de naissance
Elle a su faire science
De toutes les pâtisseries
Savoir qu'elle nous a transmis

Dotée des plus beaux diplômes
Un doctorat en tarte aux pommes
Une maîtrise en crème anglaise
En meringue plusieurs thèses
Sa spécialité

Le délice antillais
Quand j'étais petite
Je ne comprenais pas pourquoi
Il fallait préciser
Qu'il ne serait pas qu'à moitié
Ma belle Hélène
Porte en elle tant de douceur
Que j'ai hérité en retour
De toutes les poignées d'amour
Bien cachées au fond de son coeur
La relève est assurée
Pour perpétuer son talent
Sans en faire tout un roman
Je me sens assez à l'aise
Pour faire une charlotte aux fraises
Et garder toujours en moi
Le goût pour les madeleines
Car il coule dans mes veines
Ces images des choses anciennes

 

Dans Mai 2021

Bugs

Par Le 14/05/2021

Ce bug m'émug ai-je pensé en buvant mon thé, je ne peux pas modifier la date de publication, donc si je n'en écris pas un autre aujourd'hui, pas de billet au 14 mai. Je ne suis cependant pas une machine à écrire, il ne suffit pas de me taper dessus pour faire sortir des lettres, même s'il faut que les choses me touchent pour que je puisse en extraire des mots.
Je regarde le ciel en quête d'inspiration, une éclipse de soleil derrière un nuage sans nom, il doit bien en avoir un, je me pose la question, le savoir serait opportun pour briller dans les conversations. D'autant plus que ce matin j'ai lu ça https://www.franceculture.fr/sciences-du-langage/parler-de-tout-et-de-rien-nous-manque-plus-quon-ne-le-pense, le sujet étant dans le titre je ne vais pas m'étendre. Tout ceci pour dire qu'il va falloir que j'améliore mon vocabulaire pour pouvoir parler météo autour de la machine à café. Encore que ne rien dire c'est parfois en dire beaucoup, sans consentir pour autant. Mais je garde le sujet pour un prochain billet, mon ami Gus a aussi son avis sur la question, je vais aller l'étudier et en faire un résumé

Dans Mai 2021

A censurer

Par Le 13/05/2021

- Jésus est un ascenseur (c'est mon inconscient qui parle, mon surmoi faisant le pont impossible de censurer la question)
- D'où te vient cette idée, mécréant ?
- Il n'arrête pas de descendre et de monter
- Moi j'ai jamais rien compris à tous ces fériés, et chaque année je me demande pour quelle raison, plus de deux mille ans après, ce jeudi, on peut rester à la maison
- Ce jour là, c'est la dernière fois qu'il appuie sur le bouton, sous les yeux éberlués de ses douze assesseurs. Assesseurs censés prêcher les saints textes synthétisés, pendant qu'il va continuer à contempler le carnage depuis les plus hauts étages. Et pour ceux qui ont pas compris, il envoie le saint Esprit, aux apôtres et à Marie, le dimanche et le lundi de la semaine qui suit
- Donc si je comprends bien, il a planté tout le monde là pour aller se la couler douce avec son saint père dans les sphères supérieures, laissant les autres faire le plus gros du boulot. Saint père qui s'est pas trop foulé dans l'éducation de son fils, il a préféré laisser à Joseph le soin de s'en occuper sur Terre. Peut-être lui apparaissait-il en visio le soir à l'heure du dodo, en lui disant "je suis ton père". C'est comme ça qu'on fabrique des schizos, depuis tout petit il pensait avoir des hallucinations, il n'arrivait plus à distinguer les frontières de la réalité
Ce que je voudrais qu'on m'explique c'est pourquoi tant de gens ont cru et croient encore des histoires pareilles
- Que veux-tu il faut bien trouver des parades à la mort qui nous guette et imaginer des subterfuges pour espérer une vie éternelle
- Très peu pour moi, j'aurais déjà passé celle-là entourée de dingos, j'ai pas envie d'en retrouver là-haut pour l'éternité. Puis trois confinements, c'est assez long comme ça, alors me retrouver bloquée ad vitam aeternam au paradis, non merci
- Rassure-toi, tu n'as aucune chance d'y aller. Tu risquerais davantage le bûcher
- Ah oui, je suis rassurée et de toute façon Dieu reconnaîtra les siens

Dans Mai 2021

Oui Mai

Par Le 12/05/2021

En mai
Puis-je écrire ce qui me plaît
Sans me découvrir d'un fil
Ou devrais-je aller sur Mars
Récolter un brin d'audace
Visiter toutes les îles
A la quête d'un peu de grâce
En attendant le solstice
Raconter le temps qui passe
Saupoudré de quelques épices
Ce qui affleure en surface
Déterrer les paradoxes
Creuser les incohérences
Jusqu'au prochain équinoxe
Avec assez d'indulgence
Pour pardonner les rengaines
Et les rimes hasardeuses
Remiser toutes les peines
Avant l'heure de la faucheuse
En mai
Ecrire sur le fil
Le beau mot qui me plaît
Des pensées les plus subtiles
Aux idées trop immorales
Soumises à un long exil
Par absence d'idéal

 

P.S: bug dans le blog, billet publié le 12 par inadvertance (il n'était pas fini). Je comprends pas toujours tout à cet outil





 

Dans Mai 2021

Princesses

Par Le 12/05/2021

Si la Belle au Bois Dormant
Avait eu des insomnies
Qu'aurait fait le Prince Charmant
Eploré au bord du lit ?

Si la douce Blanche-Neige
Avait pris des vitamines
Nul besoin de ce manège
Pour qu'un galant la réanime

Si la pauvre Cendrillon
Avait mis des botillons
Elle aurait pu se soustraire
Au test du soulier de vair

Il sera une fois naïves princesses
La perspective d'être autonomes
Faire force de ses faiblesses
Pour enfin se passer des hommes !

 


 

Dans Mai 2021

Le pavot sur le pavé

Par Le 11/05/2021

Des coquelicots sur le chemin
Le printemps revient
Ephémère pétale
Les heures détalent
Une peau de chagrin

Course folle du lapin
Dans la lumière des phares
Un pavé dans la mare
Des lieux communs
Cet endroit à couvert
Dont l'envers
Ne dévoile
Qu'un cimetière
Sous les étoiles
Sépulture absolue
De tout le temps perdu
Refleurie
Aux beaux jours
Par une main amie
A chaque carrefour
Les pétales
D'un rouge coquelicot
Sur le bord de la route
Dans le gris pâle
Des gouttes

Font divaguer les mots
Et s'envoler les doutes



 

Dans Mai 2021

Enfantillage

Par Le 10/05/2021

Ribambelle farandole
Sautillantes paroles
Des cours d'école
Faire un voeu
Filaments
D'une fleur
D
ans le vent
Regards heureux
Un ruban
Un cerceau une toupie
Images d'antan
Embellies
Que sont devenus
Nos rêves d'enfant

En ribambelle
Nous avançons
Sur une passerelle
En apprenant des leçons
La craie fugace

S'efface

Les mots blancs
S'estompent
Au fil du temps
Sur le tableau noir
Le décompte
Des petits mouchoirs
Mis dans les poches
Sur les rêves de mioche


En farandole
Nous nous agitons
Dans divers rôles
Sans conviction
A la marelle
Nous oscillons
Entre terre et ciel
Ce n'était pas une sinécure
De continuer à gambader
Avec un caillou
Dans la chaussure

Sans s'écorcher les genoux
Que sont devenus
Nos rêves fous



 

Dans Mai 2021

*Avec modération

Par Le 09/05/2021

Au secours
Page blanche
L'encre sèche
Le dimanche
Mauvais jour
Pour la pêche
Aux idées
Sine die
Les mots
Ne mordent plus
A l'hameçon
Bredouille
Je rentre à la maison
L'âme
Sans le moindre son
Et je fouille
Dans tous mes sens
Lequel
Attisera la flamme
Lequel
Remettra en route
La musique
Et sa chanson
En attente du frisson
Je savoure les arômes
De quelques gouttes
De rhum*
Et je vois la fin des doutes
Dans le fond de la bonbonne !


 

Dans Mai 2021

Le loup et l'agneau

Par Le 08/05/2021

- J'ai une faim de loup, dit le loup, je mangerais bien quelques brebis et deux ou trois agnus dei
- Je ne le permettrai pas, dit le berger, je suis le seigneur de ces prés d'herbe fraîche où tu aimes te reposer
- Il me faut pourtant me sustenter, je ne peux point vivre d'oisiveté dans ton oasis de pureté
- Tu pourrais choisir de devenir végétarien à végéter comme tu le fais et brouter dans ces verts pâturages toute l'énergie dont Dieu nous gratifie
- Je suis athée, tu avais zappé ?
- Zaté ? Kézako ?
- Ze crois pas zau divin, en fait ze crois zenrien (il s'était mis à zozoter subrepticement)
- Je savais que toi et les tiens n'étiez pas des zambiens, mais des zatés j'ignorais. Tu n'es même pas un petit peu zoroastrien ? 
- Zenrien je te dis
- C'est pour ça que tu n'as aucune idée de la différence entre le mal et le bien ? Que tu plantes tes crocs dans n'importe lequel de mes moutons ou de mes agneaux
?
- Ça n'a rien à voir, je n'ai pas besoin d'un dieu pour m'indiquer le pire et le mieux. De toute façon Dieu est mort, tu ne le savais pas encore ?
- Dieu est éternel. Mais s'il était mort, ça prouverait bien qu'il a existé
- En attendant, moi j'ai toujours aussi faim. Et si ton dieu a existé, c'est ainsi qu'il m'a créé, doté de crocs à planter dans ton troupeau. On ne peut pas aller contre sa nature
- Ah c'est pratique, ainsi tout serait permis
- Tu m'ennuies à présent

Et sans autre forme de procès, le loup croqua le troupeau et son berger, un loup affamé en valant deux, puis s'en fut siffler là-haut sur la colline avant d'aller rejoindre son Hermine dans les vastes steppes occidentales.
Moralité: il ne faut pas philosopher avec un loup qui a la dalle

 

 

Dans Mai 2021

Des sens

Par Le 07/05/2021

Sidération
Je suis parcourue
D'un long frisson
Une vague chaude
De sensations

Vibration
Une corde de violon
Caresses de l'archer
Sensuelle mélopée
Au son des voluptés

Inspiration
Sous le zéphyr
Réminiscences
Jaillisent les souvenirs
Dans les cinq sens

Délectation
Du bout des lèvres
Ecumes salées

Toute la fièvre

D'une enivrante suavité


Irisation
Les pupilles dilatées
Entrevoient l'étincelle
Mille nuances colorées
De fragments d'arc-en-ciel

Dans Mai 2021

Patchwork

Par Le 06/05/2021

L'organdi
C'est joli
Son léger
Draperie
Un voile
Sur le temps
Moments
Choisis
Indigestes
Tourments

Quand de l'est
Bruit le vent

Le coton
C'est moelleux
Vertueux
Blanc poinçon

Pureté
D'un billet
Souvenirs
En dentelle
Sous le sceau
Du secret
Au plaisir
Mademoiselle

La soie sauvage
C'est l'apanage
Une étoffe
De mariée
Robe
Froissée
Faire-part
Raturés
L'aube éclaire
Une page
Délètére
S'est tournée

Le tissu
Cutané
Peau velours
Satinée
Un batik
Exotique
Métissage
Des mots
Tricotage
Calicot
Une voile
Un bateau

Dans Mai 2021

Robot tique

Par Le 05/05/2021

Je ne suis pas un robot
J'ai cliqué trois fois
Sur des vélos
Coché au bon endroit
Je me sens plus humaine
Ma foi
Que cet outil moderne
Qui pourtant me promène
Dans des contrées
Sans loi
Me fait voir du pays
Sans sortir de mon lit
Il veut la certitude
De mon humanitude
Une autorisation
D'accéder
Aux options
Paradis cathodique
Exit la religion
Jésus n'est plus légion
Marchands du temple
De la surconsommation
Des pommes en exemple
Fruits du péché originel
Gratifiés de pixels
Nouveaux dieux
Dans les cieux
Je ne suis pas un robot
Je suis
vraie
Bien en chair
Pas une réalité
Virtuelle
Je ne vénère
Pas plus les nouvelles
Que les anciennes divinités
Pour cette faute
Je serai châtiée
Mon écran
Vient d'annoncer
Une fin du monde
Dans douze secondes
Mais je ne suis pas un robot
J'ai cliqué sur trois vélos
Preuve de mon humanité
Je sais enfin différencier
Le bon grain de l'ivraie

 

Dans Mai 2021

Cyanotype

Par Le 04/05/2021

Un type bleu
En jeans
Une photo
Indigo
Denim

Un type bleu
Monochrome
Négatif
Supplétif
De l'homme

Un type bleu
Anachronique
Un cliché
Décalé
Charismatique

Un type bleu
Photosensible
Une pellicule
Au crépuscule
Inaccessible


Un type bleu
Qui s'étiole

Un portrait
Dégradé
Au vitriol

Un type bleu
Anarchiste
De profil
Sur le fil
De l'artiste

Un type bleu
En jeans
De trois-quart
Aux beaux-arts
De Nîmes

Un type bleu
Cyanotype ?
Sous les gouttes
Tous les doutes
Se dissipent


 

Dans Mai 2021

SDF.

Par Le 03/05/2021

Vivre sans toit
Homeless
Si tu me laisses
Aux abois

Sans adresse
Divaguer
Je me perdrais

Vivre sans toit
Footloose
Si tu me lâches
Dans les bois

Un soir de blues
Sans attache
Je tomberais

Vivre sans toit
Nomadic
Si tu m'expliques
Sans émoi
Comment sans toi
Loin de ta voix
Je survivrais

Vivre sans toit
I'm not mad
Si tu me persuades
De l'impossible
De cette idylle

A domicile
Je
comprendrai

Vivre sans toit

For ever
Si ce n'est plus l'heure
Il restera
De cette histoire
Tant de douceur
Je m'en souviendrai


Et si un jour
Du futur
Ou du passé
Le retour
Nous souriait
Si de nos sorts
L'ironie s'inversait


Vivre avec toi
Home safe
Si changement d'adresse
Bien à l'abri
Sous tes caresses
Un nid douillet
Je m'endormirai !



 

Dans Mai 2021

Electrocardiogramme

Par Le 02/05/2021

Tes petits cœurs
Ne m’écœurent pas
Ils font battre en moi
Des pulsions créatrices
Au rythme de tes messages
Pulsations tentatrices
Malgré le décalage

Je t'écris à cœur ouvert
Sous inspirateur naturel
Contractions systoliques
A la lecture de tes mails
Au rythme de tes mots
Pointes paroxystiques

Un souffle de renouveau

Je veux t'apprendre par cœur
Compenser toutes les peines
Tant qu'il est encore l'heure
Sans que les plaies ne saignent
Au rythme de nos artères
Fibrillations ventriculaires
Sans déveine pulmonaire

Tu me mets du baume au cœur
Pure bouffée d'oxygène
Un soupçon d'adrénaline
Réanime mes poèmes
Au rythme de nos thèmes
Hypertension sanguine
Quand tu me dis je t'aime





 

Dans Mai 2021

Apocope

Par Le 01/05/2021

Pour la fête du taf, je ferai le minim en explorant une nouv tendance à parler troncat.
Ce mat je suis allée à la boulang acheter un pain tranché. J'ai ensuite élagué quelques branches d'arb qui poussaient zarb avant de raccourcir les brins d'herb dans le pré. Et comme on ne fera pas de l'avant un après, j'ai profité de l'inst en buv une coupe de champ langoureusement installée sur mon canap. J'aurais pu perdre la tête, j'ai pas été décap. Je vais pas en faire un dév, c'était un mom de rêv, mais la clochette a sonn, c'était même pas mon phon, c'était celle du mug, du brin du 1er mai, qui coupa court à mes épanchements, abrégeant ainsi l'instant.
Faut pas sortir d'une école d'ing pour parl commak mais pas sûr que j'en fasse une poés même si tel était mon dés.
Je vais donc écourter ce massacre de mots à l'apocopeuse et vous souhaiter un joli mois de mai, un brin pluvieux en ce premier

×