Mars 2021

Dans Mars 2021

Maux d'enfants

Par Le 31/03/2021

Quand les enfants se confient
J'entends de la poésie
Des boutons d'or sur les collines
Prendre de l'air à pleins poumons
Courir courir juqu'à la ligne
Courir courir vers l'horizon

Quand les enfants se taisent
J'entends leur profond malaise
La pleine Lune allume la chambre
Un ciel lourd comme en Novembre
S'évader s'évader jusqu'à l'extrême
S'évader s'évader vers un poème

Quand les enfants s'expriment
J'entends des rimes
Des mots de toutes les couleurs
Joies peines et douleurs
Chanter rire dessiner ses peurs
Chanter rire dessiner ses pleurs

 

Dans Mars 2021

Avec tout mon humour

Par Le 30/03/2021

Un tableau de Maître Zaumur
Accroché au mur
Avec une pointe d'ironie
Coup de marteau du sort
Avant que tombent dans l'oubli
Les toujours les encore
Tour de vis du destin
Les trop tôt les trop tard
Les lendemains

Un tableau de Maître Zaumur
Scellé au mur à la patafix
Coup de pouce du hasard
Renaissance du phénix
Ou billet de retard
Un clin d'oeil des étoiles
Pour suspendre une toile
Dessein humoristique
Des aléas peu éthiques

 

Dans Mars 2021

Pourquoi ?

Par Le 29/03/2021

Parce que ce n'était pas mieux avant
Parce que ce sera mieux demain

Parce qu'on rate toujours un train
Et que ne passe pas le suivant


Parce que les saisons se bousculent
Parce que le lilas refleuri
Parce qu'à l'aube de nos envies
S'ébauchent les feux du crépuscule

Parce que s'il a plu il pleuvra
Parce que de l'or au bout des doigts
Parce qu'on ne fera pas recette
Avec ce que le temps laisse de miettes

Parce qu'une irisation entre les gouttes
Parce qu'un jour la fin des doutes
Parce qu'un dernier arrêt en gare
Et qu'il sera alors trop tard

Dans Mars 2021

Charlotte ta soeur

Par Le 28/03/2021

Charlotte se plaint de la mise en page de mes billets concernant la ponctuation. Elle m'a fait un mémo, c'est rigolo !

Point: [mot]. [espace]
> Roman adore le thym. [espace] C'est sa nouvelle passion.

Virgule: [mot], [espace] +[autre mot]
> Roman adore le thym, autant qu'il adore sa sœur.

Point virgule: [mot]; [espace]
> Roman est aux Beaux-Arts; Charlotte à l'ICT.

Deux points: [mot]: [espace]
> Roman a dit: «J'adore les herbes de Provence».

Points d'interrogation/ d'exclamation: [mot] [espace] ?!
> Je suis jalouse de mon reuf [espace]!
>Tu préfères Roman ou Charlotte [espace]?

Parenthèses/crochets/accolades: (mot); {mot};[mot]: pas d'espace entre les parenthèses, crochets, accolades et le mot
> J'adore mes enfants (surtout Charlotte).

Tiret: - [espace]
> - [espace] Roman, range ta chambre!
   - [espace] Non, je fais ce que je veux maintenant!

Avant sa naissance, j'avais écrit un poème où je la faisais rimer avec rigolote, je ne m'étais donc pas trompée. Mais c'est seulement cette année qu'elle s'est rendue compte de la finesse, de l'acuité de son humour. De son acuité tout court d'ailleurs. Si je la flatte trop, elle va me dire "n'importe quoi", elle va me le dire quand même pour m'indiquer qu'elle ne le dit plus depuis qu'elle a avalé tout entier le dictionnaire pour son projet Voltaire.
Et je préfère la voir plancher sur Voltaire que survoltée. La vie n'a d'intérêt que si elle offre des étincelles, il faut juste attiser celles qui éclaireront le chemin au loin et éteindre avant l'incendie celles qui provoqueront des courts-circuits. Apprendre à se délecter des fins mets, présentés dans des assiettes artistiques, dont elle régale ses invités, quand elle troque ses jeans troués et ses Dr Martin's contre des habits de Lady. Couteau à droite, fourchette à gauche, verre à eau, verre à vin et regards assasins à qui ne respecte pas le protocole. Elle va dire "c'est pas drôle". Mais si ça l'est ma chérie, c'est pas vraiment sérieux la vie, tu le sais, ta maman te l'a dit.
Ton professeur de pensée autonome et toutes tes lectures aussi te l'ont appris. Et rassure-toi les livres ne brûleront pas, comme dans cette ignoble mise en scène qui t'avait fait pleurer en CP.
C'est que Charlotte adore les bouquins autant que son frère le thym ! Il en est certains dont il faut savoir ressemer les graines, en bouturer les pensées pour voir se transformer au matin les fleurs du mal en bien.
Et n'oublie pas, Madame Bovarie parfois, Madame Bovarit c'est un choix !

Quelques vers évidemment de Charles Baudelaire, pour que tu ne sois pas jalouse de ton frère !

Élévation

Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins ;

Celui dont les pensers, comme des alouettes,
Vers les cieux le matin prennent un libre essor,
- Qui plane sur la vie, et comprend sans effort
Le langage des fleurs et des choses muettes !

Dans Mars 2021

Tout un Roman

Par Le 27/03/2021

Mon fils me dit qu'il est tête en l'air. Tête de linotte ? J'aurais pu en faire une litote mais je ne connaissais pas l'origine de l'expression, je n'avais aucune idée de la définition de linotte, et ce n'est pas hier à mon cours de français langue étrangère que j'aurais pu en apprendre davantage. Je laissai donc le pioupiou à son pépiage (je prends aussi des cours de néologisme) pour revenir au carafon de mon garçon.
Je lui réponds qu'il vaut mieux avoir la tête en l'air que dans le caniveau. Elle est plus à son aise dans les nuages qu'à se la taper contre les murs et se triturer le cerveau.
Ceci dit ce n'est pas nouveau, déjà en CE2 son enseignante m'avait convoquée et après lui avoir reproché de ne pas être sa sœur, l'avait qualifié de "petit prince sur sa planète". Elle ne s'était pas trop trompée. Ce qu'elle ne savait pas, c'est que de là-haut il bénéficiait d'une vue plus large et dégagée sur nos réalités.
Il a observé le monde des grands avec ses yeux d'enfant, il en est devenu myope par trop de discernement. Il a préféré laisser les contours se diluer dans les couleurs du temps et les étaler dans des tableaux abstraits, éclairant son univers par ses propres lumières.
Pourquoi toujours vouloir niveler les apprentissages par le bas. Certains ont besoin de prendre de la hauteur, s'élever au-dessus des sens propres et figurés.
Zoël le Zoeil se moque bien du calcul de l'angle obtus des triangles ambigus, mais au lycée non plus pas de compréhension de la part de son professeur d'addition. Heureusement avec celui de peinture il a pu écrire sur les murs ses murmures adolescents.
Il est grand maintenant de la tête au pied , je lui dis quand même mon petit, restes-y sur ta planète, surtout ne mets jamais ta tête à couper, chante à tue-tête en chœur ou en tête à tête mais redescends de temps en temps pour venir voir ta maman ! Et comme tu n'as plus 17 ans, je passerai de Rimbaud à Verlaine pour un petit bout de poème:

Art poétique

De la musique encore et toujours !
Que ton vers soit la chose envolée
Qu'on sent qui fuit d'une âme en allée
Vers d'autres cieux à d'autres amours.

Que ton vers soit la bonne aventure
Éparse au vent crispé du matin
Qui va fleurant la menthe et le thym...
Et tout le reste est littérature.

J'ai réussi à placer le thym, vous en doutiez, ça vous étonne ? Pas peu fière la daronne !

Dans Mars 2021

Cendrillon

Par Le 26/03/2021

Mon aspirateur vient de se faire sauter le caisson. Je le trouvais déprimé depuis un moment, il n'avait plus d'appétit, quelques miettes lui suffisaient pour arriver à satiété. Il se trainait mollement d'une pièce à l'autre.
J'avais bien essayé de lui faire prendre l'air, l'avait incité à vider son sac, je lui avais même filé quelques tuyaux. Je crois qu'il ne parvenait plus à faire le tri entre les particules élémentaires et les non-essentielles. Il ne jouait plus à attraper les grains de poussière dans les arcs-en-ciel. Parfois le filtre entre le bien et le mieux arrive à saturation. Je me souviens qu'il m'avait posé une question sur le propre de l'homme. Je ne soupçonnais pas qu'il était en proie à des doutes existentiels.
J'aurais du lui répondre que le propre de sa destinée était justement de faire le propre dans son home. Mais peut-être était-il écœuré de voir tant de saletés ? Pourtant, les saletés sont plutôt propres par ici. Le tapis m'a confié qu'il lui avait dit d'aller se brosser, qu'ils n'étaient plus amis.
Il était arrivé au bout du rouleau, n'aspirait plus à rien. Et sans aspiration, difficile d'accepter sa condition. RIP feu aspirateur, peut-être connaîtra-t-il la vie après la vie à la déchèterie ?
Il me reste le balai, même pas peur, ni trouille ni citrouille, je chausse mes pantoufles d'intérieur et pour ramasser les moutons, me transforme en Cendrillon

Dans Mars 2021

WTF ! (What The Fuck)

Par Le 25/03/2021

J'ai suivi un cours intensif de FLE (Français Langue Étrangère) pour être en mesure de comprendre mes congénères de moins de trente ans.
C'était chaud, un peu le zbeul au début mais comme j'étais déter, maintenant ça passe crème,  je suis opé en mode bilingue.
En vrai j'ai quand même eu le seum face à l'étendue de mon ignorance, j'ai presque failli être en dep. Je ne parviens trop pas à tout traduire mais à force de charbonner, y'aura moyen d'avoir la moyenne. Ça m'aura fait ma journée, c'était trop stylé d'apprendre une nouvelle langue
, en vrai j'ai surkiffé !
Je vais me poser OKLM puis j'irai m'enjailler avec mon crush, ça sera ma meilleur vie.
Une question me taraude cependant, est-ce-que Ken a ken Barbie ? Perso je les ai toujours trouvés grave chelous ces deux là

Dans Mars 2021

Réunion

Par Le 24/03/2021

Une libellule est née
D'un gribouillage
Au crayon à papier
Une fée un peu volage
Entre les lignes du cahier

Elle s'élance dans les airs
Un ciel sans nuage
Evasion salutaire
S'éloigner des orages
De cette cage de verre

Une libellule sauvage
Des fils de soie ailés
Un fragile métissage
Sur une feuille quadrillée
Le temps devient plus léger

Dans Mars 2021

Aller voir à Yeur si j'y suis

Par Le 23/03/2021

J'ai voulu aller ailleurs
Je n'avais pas l'adresse
Une maladresse ?
Dernier domicile connu
Une impasse au bout de la rue
Crépuscule sur le boulevard
Poussière de craie sur le trottoir
Les certitudes se diluent
Voie barrée sur l'avenue


J'ai voulu aller à Yeur
Tu n'y étais pas
Un cheval de Troie ?
Dernière maison au fond de l'allée
Fantôme d'un hôtel particulier
Crépuscule sur le boulevard
Halo de réverbère sur le trottoir
Convictions nulles et non avenues
Voies sans issue


 

Dans Mars 2021

"Est-ce que tu sais"

Par Le 22/03/2021

"Indispensable l'envie
Redoutable le temps"

"Quand les larmes montent
  Quand le moral descend "

"La photo de la forme des nuages
Celle de la forme de l'eau
Juste avant le naufrage"

-J'ai un autre TOC, celui d'écouter des chansons en boucle, presque jusqu'à l’écœurement
-T'es quand même vraiment siphonnée toi, pour ne pas dire chelou
- Tu trouves, tant que ça ? Et c'est bien que tu emploies siphonnée parce que j'y aurais fait une faute
- Honte à toi
-Comme tu le sais je ne m'appelle pas Robert
-Tu ne t'appelles pas de plein de noms mais te rappelles-tu seulement le tien ?
- Parfois j'oublie
-Bon, sinon c'était pourquoi ces citations ?
- Des extraits de chansons de Gaëtan Roussel dans son nouvel album "Est-ce que tu sais?"
- Je croyais que t'aimais pas
- Y'a que les imbéciles qui se découvrent pas d'un fil
- Et donc ?
- Donc, c'est beau comme de la poésie, ça m'émeut
- Pitié pas l'autruche
- Non, j'en suis plus là
- Content pour toi
- L'une des chansons s'intitule "Les matins difficiles"
- Ils le sont pour toi ?
- Non généralement pas, sauf après quelques nuits sans encore moins de sommeil que d'habitude
- L'habitude t'aimes pas ça de toute façon
- Oui tu as raison. Mes matins ne sont pas difficiles, ils sont teints de doutes, de certitudes, d'une douce clarté...
- Des matins teints parfumés au thym en lisant Tintin je suppose
- Non pas tout ça. Je tenais peut-être le début d'un poème, tu m'as interrompue dans mon élan créateur
- Oh la la, les grands mots. Je te laisse te concentrer sur ton œuvre
- Non ne pars pas ! J'aime bien nos conversations et puis j'ai plus d'inspiration
- Je te rappelle que tu ne discutes qu'avec toi-même
- T'es vraiment rabat-joie toi
- Ça tombe bien je suis plus là

Dans Mars 2021

La quadrature du cercle

Par Le 21/03/2021

Cadavre exquis
Une table carrée
Un cercle de poésie
Des mots des regards
Des secrets enfouis
Au fond du tiroir
Il ferait beau
Prendre l'air du soir

Inventaire à la Prévert
Une table ronde
Tournent les secondes
Ouvroir potentiel de littérature
Liberté ou auto-censure
L'un reste l'autre part
Au fond du tiroir
Dansent les papillons du soir

Anagramme de Marie
Un cercle en poésie
Des calligrammes d'Apollinaire
De l'alcool des rimes des verres
Au fond du tiroir
Dans l'air du soir

M
eurent les phalènes
La joie vient-elle après la peine ?

Dans Mars 2021

Emma Bovary Song

Par Le 20/03/2021

Emma tu te débats
Dans des ébats imaginés
Tu ne sais pas vivre
Pour de vrai
Du luxe à la luxure
Tu ne sais pas vivre
Non tu ne sais pas
Et tes amours ne durent
Ne durent qu'un soupir
Qu'un instant
Une vie de Flaubert
De Maupassant ?

Tu te débats Emma
Des hauts des bas
Dans tes ébats
Emma

Emma tu te grises
D'heures exquises
De sentiments
Et Jeanne sort du couvent
Des maris décevants
Une vie en Normandie
C'est parfois désolant
Sensuelle Emma
Tu rêves de caresses
De mains déchirant tes bas
Mais de vaines promesses
T'entrainent toujours plus bas

Tu te débats Emma
Des hauts des bas
Dans tes ébats
Emma


Et tes amours ne durent
Qu'un flacon de cyanure
Extravagante Emma

Déjà sonne le glas

Tu débats avec la mort
Jeanne pleure dehors
"La vie ça n'est jamais si bon
Ni si mauvais qu'ont croit"*
Mais pas pour toi Emma
Pas pour toi
Tu n'as jamais compris
Comment vivre ta vie


Il est trop tard Emma
Trop tard pour toi
Mais pas pour moi
Emma
Pas pour moi
Et pas pour toi et moi...




*citation de Flaubert dans une lettre à son ami Maupassant

Dans Mars 2021

A l'heure de nos chimères

Par Le 19/03/2021

Aucune description de photo disponible.

Un petit poème d'après la dernière toile de mon amie Marie

A l'heure de nos chimères

L'heure tourbillonne
Indomptable mouvement
Et la grande aiguille sonne
A la porte du printemps

L'heure tourbillonne
Un soleil iridescent
Diffuse des flammes jaunes
A l'aube d'un été brûlant

L'heure tourbillonne
Faire un vœu souffler au vent
L'écho des chimères résonne
Par delà l'enfermement

L'heure tourbillonne
Des promesses de beau temps

Quand les minutes monotones
S'effaceront éternellement

 

 

Peut être une image de 1 personne et sourire

 

 

Dans Mars 2021

In the mood

Par Le 18/03/2021

L'absence interdite
Interdite face aux sentiments

Sensations inédites
La peau jamais ne ment
Désorientée par un écrivain
Les mots resteront vains
A l'abri des portes cochères
Lourdes comme des aveux d'adultères
Choisir les pleurs ou le désir
Avoir peur de tout détruire

Les deux amants hypothétiques se sont rejoints
Dans le discernement d'une attraction lunaire
Comme dans ce film plein de violons
Violences des émotions
Dans l'ombre des portes cochères
Ces frissons qui parcourent les peaux
Sublimer le doux mal en mots
Effleurements des lettres sur le clavier
Caresses couchées sur du papier
Un baiser idéal jamais reçu jamais donné

Le plus bel amour n'est pas celui qu'on a perdu
N'est-il pas celui qu'on n'a jamais vécu ?

 

 

Dans Mars 2021

Giboulées

Par Le 17/03/2021

Le printemps frappe aux carreaux
Il fait pleuvoir
Il fait beau
Le vent du nord vient de la plaine
Il fait joie
Il fait peine
Les nuages s'en vont s'en viennent
Il fait plus loin
Il fait petit matin
Le passé se défait de ses chaînes
Il fait tombée du jour
Il fait lourd
Les jours dérivent vers ailleurs
Il fait meilleur
Il fait midi

Et puis la nuit
Et puis la nuit

 

Dans Mars 2021

C'est quoi ce délire ?

Par Le 16/03/2021

J'entendis ce matin à la radio une information qui aussitôt réveilla mon cerveau: journée de la schizophrénie. Je n'avais pas perçu le S , renseignements pris il s'agissait d'une semaine consacrée à cette maladie. Et pour moi l'occasion de faire une mise au point sur mon utilisation abusive de la question. Je ne ferai pas un cours de psychiatrie, je soulignerai juste que la schizophrénie n'est pas un dédoublement de personnalité comme cela peut être couramment admis et véhiculé souvent au cinéma.
Il y a des symptômes dissociatifs, avec une perception altérée de la réalité mais aussi des symptômes dits positifs (parce qu'ils font du bruit pas parce qu'ils sont sympas), délires, hallucinations et des symptômes négatifs, isolement, apathie et surtout une grande souffrance.
Je garde une grande empathie et sympathie envers ces patients pour avoir travaillé des années auprès d'eux. Pourquoi alors alimenter moi-même de fausses croyances quant à cette pathologie ? C'est la question que je me suis posée, et les circonstances se prêtaient aujourd'hui à rétablir la vérité.
Preuve aussi que je peux écrire de sérieuses choses, en prose.
-Oui mais t'es pas drôle
Ma douce folie ne se taira donc pas, décidément on ne se refait pas

Dans Mars 2021

Le pot aux roses

Par Le 15/03/2021

J'ai découvert le poteau rose
Alors que je m’apprêtais à disserter en prose
Écrire pour une fois de sérieuses choses
Je voulais prendre une photo
graphie
D'un bouquet de fleurs fanées
Dans son vase ébréché
Là m'est apparue la supercherie
Les secrets bien gardés
Révélés par la nuit
Et Ronsard et Sully
N'y pourront rien changer
Jeunes filles, à peine éclos
Vos pétales faneront
Même s'il est des mots nouveaux
Pour dire l'obsolescence
Ne croyez pas que vos pinceaux
Cacheront vos impudences
Ne laissez pas les fissures
Toucher au cœur le point de rupture
Souriez sur la photo
Un jour envoyées au poteau
Fut-il bleu fut-il rose

Il ne sera plus temps pour la prose
Ou pour la poésie d'antan
Il n'est pas de plus sérieuse chose
Que la fugacité de l'instant


 

Dans Mars 2021

Ce rêve...

Par Le 14/03/2021

Le thème de ce printemps des poètes est le désir. https://www.printempsdespoetes.com/Edition-2021
En philosophie, une attente ou un manque ? L'essence de l'action ? Et qui dit essence dit moteur, et si moteur, action, silence ça tourne !  

Justement, cette nuit, j'ai fait un rêve saturnien. Est-il inconscient cet inconscient de réveiller le désir quand le corps s'endort ? Je m'éveillai brûlante de questions. Un plan séquence sans conséquence, si ce n'est le regret de ne pas avoir eu de remords
-Ah ben là t'y vas fort
-Elle t'a dit pas de rime
-Et voilà qu'ils s'y mettent à deux maintenant, non mais vous n'avez pas pris vos pilules ( c'est ma schizophrénie qui parle)
-Pas encore
-Il serait peut-être temps, la céphalée me guette
-Et alors, le désir ?
-Il serait un printemps, si je veux rester poète. Non pas un manque, une attente plutôt mais pas une attente dans la douleur, une attente douce, indolente. Le désir peut-il suffire à se combler lui-même?

-Par définition, non. Il serait alors un penchant, une inclination, une vague aspiration
-Pourtant Robert cite tous ces termes comme des synonymes
-Tout dépend du sens, philosophique ou courant. Et comme je le veux poétique, je continuerai avec les saisons
-Et donc ?
- Le printemps, désir naissant, léger, bulle de savon, tiens, un sujet pour Chloé
  L'été, forcément désir brûlant, des flammes par rayons, des orages, paroxysmes des sensations
  L'automne, désir plus sage au coin du feu, pourtant couleurs flamboyantes des feuilles dans la tourmente
  L'hiver, les arbres sont à nu, le désir n'est cependant pas mort, il serpente comme une eau sous-jacente, avant de rejaillir troublant aux premiers jours du printemps
-Pas mal, mais faudrait se méfier de ne pas prendre ses désirs pour des réalités
-Ça manque un peu de référence, non ?
-Que voulez-vous je m'appelle pas Platon

Dans Mars 2021

Arrière-goût

Par Le 13/03/2021

Le temps passe sous les ponts et va se jeter dans l'amer, cet arrière-goût des pensées d'hier
Un aphorisme sans autre ambition que de placer un bon mot et m'auto-féliciter de la trouvaille(mon ego est tellement surdimensionné qu'il ne rentrera bientôt plus entre parenthèses).
Parfois (pas souvent) je ne pense absolument pas ce que j'écris puis je préfère les avant aux arrière-goûts. Ces petits picotements, ce pressentiment des papilles à la perspective de découvrir une nouvelle saveur, de vivre un grand événement. Ceci dit j'aime l'idée du temps qui coule sous les ponts, je l'ai eue en passant sur un pont écroulé.
-Non, ça c'est pas possible, si le pont s'est écroulé, on ne peut pas y passer dessus
-Pardonnez-moi, pour moi c'est un pont écroulé. Les gens des ponts et chaussées l'ont remplacé par un pont provisoire qui dure
-On se vouvoie maintenant ?
-Pourquoi, on devrait se tutoyer ?
- Je crois qu'on peut depuis le temps qu'on se connaît
-Ah c'est ma schizophrénie qui revient. Désolée je ne t'avais pas reconnue et ne me ressors pas que je suis toute excusée que tout le monde peut se tromper, ça tu me l'as déjà fait
- Oui d'accord, passons. Mais que vas-tu faire de ton idée sous les ponts ? Pas grand-chose je suppose, comme d'habitude
-Tu pourrais quand même noter le progrès, j'essaie d'écrire en prose
-C'est pas flagrant mais j'ose penser que tu vas y arriver
-Ce fut comme une déflagration, puis un torrent de boue
-Plus de deux ans après, il serait temps, tu ne me l'avais jamais raconté. Malgré tout tu es restée debout
-Oui mais il a fallu que je m'allonge sur le divan
-Le divan de Lacan pardi. Et tu n'as pas trop perdu ton temps ?
-Un peu mais je l'ai retrouvé, il passe et repasse sous les ponts
-Donc tu n'es pas froissée
-On dirait moi, tu es de moins en moins dissociée
-Je ne te le fais pas dire

Dans Mars 2021

Trois fois rien

Par Le 12/03/2021

Sur une ligne allant du rien au tout, vers son milieu, il y aurait des petits bouts de rien du tout. Petits bouts de vie, de chemin partagé, petits plaisirs futiles, aussi légers qu'un reflet dans une tasse de thé, une bulle de savon de Chloé, un regard, un effleurement, un désir naissant.
Le juste milieu peut sembler ennuyeux. "Je ne m'attendais pas à ce que ce soit comme ça la vie, qu'est-ce qu'on s'ennuie !" me dit une voix amie récemment.
Qu'espérais-tu ma douce Emma ? Des roses sans épine offertes chaque jour, des sensations sublimes , du soleil en rafale, que quotidiennement le cœur s'emballe ?
Ne pas se contenter du train-train, préférer le TGV. Et s'il faut renoncer au tout, choisir le rien pour ne pas vivre à moitié. La tiédeur exaspère. Un thé tiède , l'allitération est laide et la dégustation peu concluante. Brûlant ou glacé, il serait plus excitant, ferait battre le palpitant.
Mais une chaleur excessive brûle les papilles, ôtant ainsi toute possibilité de goûter à d'autres saveurs. Le trop emprisonne, rend servile et le trop peu tend vers le néant.
Pourquoi ne pas alors explorer ce juste milieu sans pour autant s'accommoder d'une langueur tiédasse.
Coudre bout à bout tous les petits bouts, un patchwork d'événements insignifiants, une mosaïque d'instants.
Contempler d'un sommet cette œuvre d'art unique, d'une unique vie parmi des milliards.
Du rien au tout, des montagnes de l'Oural aux mornes plaines, ce sont finalement tous ces petits bouts qui feront battre le palpitant puisque de toute façon nous ne naviguons, marchons, courons ou volons que d'un néant à l'autre et nous sommes de nos vies le seul apôtre (cette dernière partie ne signifie rien mais j'ai un TOC, je ne peux m'empêcher de rimer et les parenthèses me manquaient, d'une pierre deux coups et des mots pour ne rien dire du tout) (quand le langage ne veut rien dire du tout, il a une fonction phatique, uniquement utilisé pour établir une communication, mais ce sera un autre billet sinon ce sera trop long)

Dans Mars 2021

Potiche !

Par Le 11/03/2021

J'ai revu l'écureuil
L'écureuil dans son pin
Aux heures du petit matin
La pie guettait l'oeil en coin
Le chat sournois se lèchait les babines
Cours petit écureuil
Va cueillir quelques pignes
Puis reviens à l'abri
Du chat et de la pie
Goûte aux pignons
Avec passion
Délecte-toi de ce doux printemps
Mais méfie-toi des prédateurs
Aux dents longues
Tu n'es pas né dans un jardin d'Eden
Tu es né dans la jongle
Méfie-toi de leurs regards enjôleurs
Ils ne songent qu'à t'arracher le coeur
Prends soin de toi
Sinon personne ne le fera
Je veux continuer à te voir gambader
Je veux admirer ton panache
Observer ton cache-cache
Et faire des rimes riches
Je ne suis pourtant pas une potiche !

Dans Mars 2021

La complainte de Carrie Adam

Par Le 10/03/2021

Un jour la petite souris m'a dit
Brosse toi bien les dents
Tu n'auras pas de carie
Quand tes premières quenottes
Attraperont la tremblote
Je viendrai au milieu de la nuit
Déposer une pièce et peut-être un secret
Dans le creux de ton oreiller

Aujourd'hui j'affiche un beau sourire
Oubliées les risettes de bébé
Les moqueries des cours de récré
Les dents d'acier à l'âge ingrat
Les mercredis chez le dentiste
Pas de chance pas sur la bonne liste
Puis en soignant ses racines attendre avec sagesse
Des défenses incisives pour panser ses faiblesses


La petite souris se rappelle parfois à mon souvenir
Ne mange pas trop de sucrerie
Mais croque la vie à pleines dents
Il ne dure pas si longtemps
Ce joli sourire sur les lèvres
Pense à faire fructifier les pièces sur sous l'oreiller
Un jour tu seras vieille édentée
Avec tes économies tu pourras t'offrir un beau dentier !

Dans Mars 2021

Point virgule

Par Le 09/03/2021

J'ai décidé à l'unanimité avec mes mois, sans trop d'émoi de ne plus mettre de point final à mes billets. Pourquoi ? Pourquoi  pas ? Une fantaisie symbolique. La plupart du temps, ils ne sont pas finis, ils pourraient être un commencement, s'inscrire dans un continuum ad libitum. Le point final est radical, l'idée initiale parfois radicule bien que souvent ridicule. Pourtant des points il en faut ! Oui mais point trop.
Quand l'idée a germé, pourquoi ne pas la laisser s'épanouir, grandir, lui offrir la possibilité d'atteindre des sommets ? Mettre un point d'orgue, arriver au paroxysme de sa pensée.
Rien ne dure, tout recommence. Du mythe de l'éternel retour à celui de Sisyphe, apparaît l'absurdité de la condition humaine. Ainsi demain, j'écrirai un autre billet, aussi insignifiant que les précédents. Je l'écrirai quand même pour inventer un sens, encore un mot aux multiples définitions, de la signification à la direction. Un axe pour trouver une vaine explication à la marche du monde. Pourquoi tout plutôt que rien ? Pourquoi un point ou point ? Pourquoi une propension agaçante à la rime dans ma prose ? Par quelle opération le phénix renaît-il de ses cendres. Bois lourd, cendre légère (non je ne suis pas devenue sage chaman indien). Le feu ne renaît pas forcément au matin.
Heureusement, Dieu gît dans les détails

Dans Mars 2021

Joyeuse Anne e.versaire

Par Le 08/03/2021

Il est arrivé ce jour qu'on n'aurait su imaginer dans notre folle jeunesse, cette dizaine censée annoncer un tournant. Mais tu habites à la bonne adresse, une longue avenue, la vue est dégagée et le ciel est clément.
De ces années adolescentes, nous avons su en apaiser les tourments. Il est quand même des avantages à devenir grand !
Apprécier la lumière de l'instant, la senteur du "Blue moon" parce que c'est rafraîchissant, savoir que "provisoirement ça veut dire pas tout le temps", mais que d'autres choses durent longtemps, que Chloé ne rime pas avec nénuphar, qu'il est toujours un phare éclairé au milieu des nuits les plus noires, que "tomorrow is another day"
, que malgré les tempêtes et les ciels enflammés Tara résistera et que Scarlett O'Hara...
Le nombre peut résonner comme une grosse caisse, un roulement de tambour, il sonne lourd dans l'inconscient collectif. Pourtant ce n'est pas un récif où le bateau pourrait s'échouer, c'est au contraire la promesse d'une suite de voyage sans ambages.
Les printemps passés, les écueils des saisons antérieures n'auront pu effacer ton sourire enchanteur, ton humeur badine, ton regard pétillant et malicieux sur le monde et les gens.
Continue à nager, petit poisson dans les eaux sereines des courants qui te sont chers, de l'Aude à la Seine, des cascades enjouées aux rivières souterraines, des rivages océaniques aux côtes méditerranéennes. Et pour t'évader, tu vas parfois promener tes pensées sur les rivages de la mer de la Tranquillité, je le sais je t'y ai croisée...
Les cinquante balais ne te serviront qu'à déblayer ces quelques feuilles mortes qui s'immiscent subrepticement sous les portes, et les éventuelles traces sur ton joli minois dans le miroir ne seront qu'illusoires, "l'essentiel est invisible pour les yeux..." et nous c'est sûr nous ne serons jamais vieux ! (ni mâles non plus mais fallait que ça rime un peu!)
Pour célébrer cette sortie de quarantaine (illusoire elle aussi à cause d'un virus, un minus surexcité), un petit billet comme un poème... rêve, vis, aime...

 

A très vite, je te rejoins bientôt , je suis déjà sur l'embarcadère, en route pour cette autre moitié séculaire !

Dans Mars 2021

A vol d'oiseau

Par Le 07/03/2021

C'était plutôt clair pour une couleur sombre, une sorte de halo dans la pénombre ?
Mais alors que je m'apprêtais à divaguer sur les nuances de l'ombre, je tombai (sans déplorer la moindre plaie) sur un mot guilleret, inconnu à mon vocabulaire: guillemot, sans guillemet vous vous en doutez. Nom vernaculaire, me renseigna Robert, oiseau palmipède voisin du pingouin.
C'est bien, il n'est pas tout seul, s'il a faim, il peut aller crier "j'ai faim"  chez le pingouin son voisin, porte de gauche sur son palier. Là arrivent les guillemets à point nommé. Le pingouin est un fin gourmet prêt à pallier par de succulents mets l'appétit de son voisin.
Ils vont ensuite danser tout l'été la polka du côté de l'Alaska.
Ne me départant pas cependant de ma première idée, j'étudiai plus en détail la couleur de ses plumes, et j'appris que son dos et ses ailes étaient d'un brun foncé, donc un noir clair. Je savais bien que je trouverais un point commun entre les deux histoires. Toujours en quête d'un savoir universel (non je n'ai pas peur des mots), je découvris que Maupassant, Guy de son prénom, avait écrit une nouvelle intitulée "La roche aux guillemots". Pourquoi donc n'ai-je pas connu plus tôt ce nom d'oiseau ? (J'en ai pourtant rencontrés de toutes sortes).
Et de me plonger dans la Vie tourmentée de ce pauvre Maupassant. L'avais-je su, l'avais-je oublié ? C'était le pote à Flaubert. Il ne se remit jamais de sa mort et écrivit, deux points, ouvrez les guillemets : "Je sens en ce moment d'une façon aiguë l'inutilité de vivre, la stérilité de tout effort, la hideuse monotonie des évènements et des choses et cet isolement moral dans lequel nous vivons tous, mais dont je souffrais moins quand je pouvais causer avec lui."
C'est noir sans aucun espoir de clarté, point d'oxymoron dans l'énoncé, juste matière à se faire du mouron. N'étant pas aujourd'hui d'une joyeuse humeur morbide, je laisserai reposer en paix ces braves Guy et Gustave, et irai plutôt faire une balade avec une tendre amie, puisque désormais Emma Bovarit.

Dans Mars 2021

Chloé anaphore

Par Le 06/03/2021

Que devient Chloé* en ces temps pseudo confinés ? Je l'ai un peu perdue de vue ces dernières années. Parvient-elle à garder sa légèreté dans cette liberté barbelée ? Comment s'arrange-t-elle d'un quotidien restreint ?

Chloé tous les jours
Malgré les années
Vit un grand amour
Réel ou rêvé
Sur sa balançoire
Ecrit des histoires
Pour le raconter
Chloé pétale de rose
En poésie en prose
Chloé perle de rosée
Aux premières clartés
Se gorge de l'instant
Edulcore son ignorance
Et chante dans le vent
Un soupçon d'insouciance
Chloé frivole
Revient dans la danse
Une époque folle
Le monde a changé
Il s'est barbelé
Drôles d'incidences
Chloé en silence
Contourne les barrières
S'envole dans les airs
Un oiseau sans cage
Chloé n'est pas sage


* Chloé antérieure dans la rubrique Chloeserie

 

Dans Mars 2021

Anamnèse

Par Le 05/03/2021

Je me confonds dilemme et indemne dans le positionnement du M et du N, lequel en prend deux , lequel ne prend qu'un M suivi d'un N. J'ignore par ailleurs la pronominalité et la transitivité, me perds parfois en translation dans les lignes du dictionnaire. Faut-il alors se taire ou se terrer , jouer de son altérité ?
Un dilemme avec deux M, un thème à aborder avec son alter ego ? Un drôle deux mots, que Robert définit (accord sylleptique) outre "un autre moi" par "bras droit". Je suis très satisafaite du mien, je n'en veux pas un autre. Mon moi est parfois défaillant mais depuis le temps que nous nous fréquentons, j'ai appris à faire avec ce qu'il était et sans ce qu'il n'est pas. A l'automne de nos vies, nos histoires sont-elles condamnées à l'oubli, à l'amnésie ?
Il n'est pas toujours facile de sortir indemne d'une relation à deux, pourtant qu'y a-t-il de plus savoureux que la caresse d'un regard amoureux ? Il y aurait bien ce verre de vin mais quel intérêt s'il ne trinque pas avec le tien.
Mon billet va sentir le réchauffé, le M et le N j'en ai déjà parlé et minuit a sonné alors que je m'étais mollement laissée aller dans les bras de Morphée, une somnolence entre deux insomnies. J'en suis ressortie indemne, et là pas de dilemme, je vais me coucher !

Dans Mars 2021

Gaubergine

Par Le 04/03/2021

Se goberger signifie-t-il se gaver d'aubergines sur canapé ? Une gabegie d'aubergines ? Mais ce n'est pas la saison. Il faut se contenter de carotter quelques carottes sur le marché. Les temps sont durs pour les rêveurs et la période tellement propice à l'absurdité, pourquoi ne pas se goberger d'aubergines, au lieu de poireauter bettement* en espérant des jours meilleurs. Au risque de faire chou blanc en racontant des salades, je préfère me fendre la poire avec des significations illusoires. Même si ce que j'écris compte pour des prunes, mon coeur d'artichaut ne se lasse pas de s'émouvoir d'un bon mot. Un soupçon de piment pour relever le plat, lui donner du relief, oublier ses griefs et dans une rime entrevoir une madeleine. Un cratère de purée garni d'un jus léger, dix centimètres de dénivelé. Je voudrais bien emprunter l'autre courbe du temps et revenir dans ce jardin d'antan, un espace protégé où j'étais traitée aux petits oignons, un cocon, quand j'étais haute comme trois pommes. Puis j'ai poussé comme un champignon, suis devenue asperge avant de finir princesse avec un petit pois sous son matelas. Maintenant que les carottes sont cuites, je me retrouve courgette dans une tambouille de mots, une ratatouille lexicale. Je suis mi-figue, mi-raisin, je peine à différencier le bien du mal. Ce que je sais c'est qu'à minuit, Cendrillon ne se transforme pas en potiron, son carrosse si, j'ai découvert le pot aux roses récemment.
Avant de manger les pissenlits par les racines, je veux croquer les pommes à pleines dents sans y tomber dedans.
Et tant que mon pois chiche s'agitera frénétiquement dans son bocal, je me gobergerai d'aubergines, écrirai des lignes bancales et détournerai les mots en attendant la fin des haricots

Dans Mars 2021

Mauvais oeil

Par Le 03/03/2021

Ne croire en rien, c'est déjà croire en quelque chose. Croire que rien n'est déterminé, que tout est à inventer.
Un chat noir passe sous une échelle, une salière renversée sur un pain retourné, une table de treize convives face à un miroir brisé. Laissez-moi toucher du bois pour me protéger de tous ces sortilèges.
Pourquoi une entité supérieure s'intéresserait à nos pauvres carcasses de mammifères ? Pourquoi un sombre félin et quelques grains de sel feraient notre malheur alors qu'un trèfle à quatre feuilles ou un fer à cheval nous redonneraient chance et félicité?
Et si tout était écrit où seraient consignées nos destinées ? Dans un netflix universel, une plateforme de séries VOD en illimité.
Les dieux sont devenus addict aux écrans, ils s'adonnent au binge-watching sans complexe, négligeant même les saints textes. Leur dernière folie, une super production originale, la propagation d'un virus international. Ils s'en donnent à coeur joie, se tapent sur les cuisses en contemplant le zbeul qu'ils ont créé.
Quant à moi, à force de blasphémer, je finirai sur le bûcher, à me consumer comme un bâton d'encens. Telle est sûrement ma destinée

Dans Mars 2021

No comment

Par Le 02/03/2021

Je ne parlerai pas de l'homme à tête de chou, non je n'en parlerai pas du tout. Je préfère laisser reposer sa mémoire et l'aube de mes vingt ans dans leur espace-temps.
Je cherchais cependant un idée pour mon billet quotidien , quand sur mon trajet un panneau lumineux m'indiqua le saint du jour : Charles le Bon. En voilà un sujet !
Le soleil brillait au zénith, j'écoutais de Prévert sa chanson et je pensais à ce pauvre garçon prénommé Charles le Bon.
Était-il un célèbre aquoiboniste, un black tromboniste dans une cave germanopratine, un accordeur d'accordéon ?
Il portait au cœur le poinçon d'un bonheur qui défonce à cent à l'heure, une fuite en avant, tant pis pour les aiguilleurs et les états proches du coma, de l'Ohio ou  d'ailleurs.
Hé oui Charles le Bon, c'est con ces conséquences, ces petits papiers forcés de brûler pour réchauffer les soirs d'errance. Déshérence des amours, des feintes, quand une dépression s'annonce au-dessus du jardin, la nostalgie te revient comme un boomerang et tes larmes n'y pourront rien changer. De variations en aéroplanes, tu contemples ces zéros pointés vers l'infini, ces petits riens mis bout à bout , ces bad news from the stars en recrachant des volutes de cigare, que l'on prend que l'on jette comme la mer rejette, tu le sais Charles le Bon, les goémons.
Perdue dans mes pensées, je m'interrogeais sur la destinée de ce bon Charles. Je l'imaginais beau vu de l'extérieur, un petit pull marine dessus, un chic type en dessous. Mais je cherchais en vain la porte exacte, le mot exit pour me sortir de ce cloaque, cette gadoue de mots que je ne comprenais plus du tout. Je m'étais égarée en chemin et me réveillai finalement sur canapé, Babe alone at home en somme, je ne reconnaissais plus rien ni personne. Mieux valait en rire de peur d'être obligée d'en pleurer.
Et bien évidemment j'allais signer ce billet initials BB

Dans Mars 2021

Enfant de coeur

Par Le 01/03/2021

Il faisait bleu un peu plus loin aujourd'hui
Ici vent marin en furie

Il faisait pluie sûrement ailleurs

Regard humide dans le rétroviseur


Il faisait triste au milieu du jardin
Lourds silences enfantins
Il faisait brume sur le rivage
Les yeux par delà les nuages

Il faisait vide dans ta vie
Giron incertain, faim inassouvie
Il faisait seul pour l'aiguillage
Une traversée et ses naufrages

Il faisait foudre vers le large
Dissonance
d'accords, décalage

Il faisait éclair et rage
Des ailes pour tout bagage

Il faisait ciel un peu plus loin
Un souffle de vent marin
Il faisait espoir aujourd'hui
Apaisement des chairs meurtries

Il ferait bleu demain
Au-delà des silences du jardin
Il ferait bleu enfin
Une main puis deux mains